Programme avec un volet important, l’élection présidentielle. Nous en parlerons ce soir avec le chef du gouvernement, le Premier ministre Guillaume Kigbafory Soro. Vous êtes ce soir face à la nation pour répondre aux préoccupations des Ivoiriens. Avant de dérouler le contenu de ce programme de sortie de crise, je voudrais, actualité oblige, qu’on aborde l’élection présidentielle. La campagne, c’est parti depuis hier. Quels commentaires ? C’est un rêve qui se réalise... Guillaume Soro: Avant de faire des commentaires, vous me permettrez de saisir l’occasion qui nous est donnée pour cette émission, de commencer par saluer les Ivoiriens, tous nos collaborateurs, le gouvernement, tous les acteurs politiques ivoiriens qui nous ont permis d’arriver à ce niveau, à ce stade de la campagne officielle. Je dois dire que la campagne est effectivement ouverte. Et pour nous, c’est plutôt un moment historique pour les Ivoiriens. Ça fait dix ans que nous n’avons pas organisé d’élection présidentielle, depuis la dernière de 2000. Nous pensons que c’est une occasion formidable pour les Ivoiriens d’aller exprimer leur choix dans les bureaux de vote. Ceci passe naturellement par toutes les actions que nous sommes en train de mener. Mais, je dois dire que c’est une bonne chose pour la Côte d’Ivoire, parce que cette élection était attendue par l’opinion publique nationale d’abord et par la communauté internationale. Les Ivoiriens, c’était inespéré pour eux. Tout n’est pas rose M. le Premier ministre, il faut bien le dire. Qu’est ce qui s’est passé dans les bureaux de délivrance de cartes d’électeur et carte nationale d’identité ? Guillaume Soro: Il me faut préciser que la distribution des cartes d’identité et d’électeur que nous avons voulue couplée, devait démarrer le 10 octobre. Mais vous savez, j’ai fortement insisté auprès des structures nationales pour que cette opération démarre à l’avance. Donc, non seulement les cartes d’identité devaient arriver sur le territoire national le 4 octobre, nous avons mis la pression, insisté auprès de Sagem, pour que ces cartes viennent le 1er octobre. Ce qui a été fait. La distribution devait démarrer le 10, nous avons insisté pour que ça démarre plutôt pour donner plus de temps aux Ivoiriens de prendre leurs cartes, de les retirer. Et de procéder à une distribution satisfaisante. Evidemment les 48 premières heures ont été difficiles. On a noté quelques cafouillages. Mais le processus est bien repris. Puisque maintenant nous avons atteint une vitesse de croisière importante. Hier déjà, on me disait que sur 1.700.000 cartes qui doivent être distribuées. A Abidjan, nous en avions déjà distribué 1 million. Donc ça veut dire que le processus marche très bien. L’intérieur a démarré, il y a 48 heures. Et nous sommes convaincus que c’est une opération qui va se dérouler dans les meilleures conditions. Et à satisfaction de l’ensemble de la population. Est-ce qu’on n’a pas confondu vitesse et précipitation, parce que c’était prévisible, l’affluence ? Il n’y a pas eu de mesures de sécurité, c’est ce qu’on nous a rapporté. Des mesures tardives. Guillaume Soro: Vous savez, je suis plutôt satisfait en ce qui me concerne. Aucune œuvre humaine n’est parfaite. Donc naturellement, les premiers jours, il y a eu quelques balbutiements. Parce que nos équipes n’étaient pas rodées. Mais c’est toujours les difficultés de tout début. Maintenant l’opération a gagné en vitesse de croisière. Les choses se déroulent très bien. Nous avons même réduit le temps du retrait de la carte. Ils en étaient à dix minutes, maintenant, ils sont à 5 minutes. Il y a des équipes qui ont pu réduire le temps à 2 minutes. Ce qui est une bonne chose. Donc je pense qu’il faut se féliciter que nos équipes qui ont eu une entrée en matière quelque peu difficile ont aujourd’hui maîtrisé le processus, sont rôdées et font une distribution à une vitesse de croisière acceptable. Sauf qu’il n’y a pas beaucoup d’affluence, c’est ce qu’on nous rapporte. Guillaume Soro: Les premiers jours, il y a eu de l’affluence. J’ai eu l’occasion moi-même de passer… Maintenant… Guillaume Soro: Oui bien sûr. Ce qui est tout à fait normal. Est-ce que c’est pas inquiétant justement ? Parce qu’on est déjà le 31? Guillaume Soro: Non ! Pas du tout. Ça montre que les Ivoiriens ont bien écouté le message que nous leur avons lancé. Nous leur avons dit, «N’attendez pas les derniers jours pour retirer vos cartes». Nous avons commencé la distribution des cartes le 6 octobre. Nous sommes à 1 million de cartes déjà distribuées, sans compter les retraits de ce jour même. Nous pensons, techniquement, en faisant des simulations et des évaluations que nous aurons achevé la distribution autour du 20 octobre à Abidjan. Ce qui est quand même un record. Et jusqu’à quand on peut retirer ces cartes ? Guillaume Soro: On continuera de retirer les cartes jusqu’au plus près de la date de l’élection. Il faudra arrêter quelques 48 heures ou 72 heures avant le vote, pour nous permettre de reconditionner les cartes résiduelles qui seront restées dans les bureaux de distribution. En vue, exceptionnellement encore, de mettre à la disposition de l’éventuel électeur les cartes résiduelles dans les bureaux de vote. De sorte que, même si on n’a pas pu retirer sa carte avant la date du vote, on pourrait, le jour du vote, aller se présenter à son bureau de vote, retirer sa carte et procéder au vote. Parlant de la carte nationale d’identité, c’est net et clair, quand vous regardez cette carte, il n’y a pas de cachet officiel, ni de signature d’une autorité ivoirienne. Déjà des commentaires fusent de partout… Guillaume Soro: Ces commentaires sont infondés. Ce n’est vraiment pas un vrai débat. La carte d’identité, pour qu’elle soit éditée, confectionnée, a fait l’objet d’un décret pris en conseil des ministres, définissant les spécifications de la carte nationale d’identité, indiquant aussi l’autorité de tutelle de la carte nationale d’identité. Donc il n’y a pas de débat. Il y a eu un décret, ensuite un deuxième décret est venu autoriser la délivrance de la carte nationale d’identité à partir de la liste électorale définitive. Donc en matière de norme juridique, les questions ont été valablement traitées par le gouvernement. Maintenant, je peux comprendre le débat qui se pose, mais qui est un faux débat. C’est que la carte que vous avez bénéficie d’une technologie de pointe avancée. C’est une carte qu’on appelle la carte sans contact. Nous avons 52 critères de sécurité dans cette carte, qui sont invisibles à l’œil nu. Il faut des appareils de lecture pour pouvoir détecter les critères de sécurité. Une carte que détient le président de la République, que détient le Premier ministre, que détiennent les ministres, c’est quand même une carte valable. Je veux dire que cette carte a été préparée, confectionnée avec tous les soins et toutes les précautions. Elle est valable, et c’est elle qui va nous régir en matière d’identité, pendant 10 ans. On a toujours le temps de rattraper les erreurs éventuelles... Guillaume Soro: Les erreurs matérielles. Il est possible que, certaines personnes, en ayant retiré leurs cartes, trouvent quelques erreurs matérielles sur leurs noms, sur leurs signatures... Effectivement, sur les signatures, on nous dit qu’il y a des erreurs. Guillaume Soro: Même sur les signatures, oui. Mais ce sont des réclamations qui se feront après l’élection présidentielle. Le plus urgent aujourd’hui, c’est d’aller à l’élection. Nous allons aller à l’élection. Après l’élection, naturellement, les réclamations sur des erreurs matérielles se feront aisément. Autre point d’inquiétude, la sécurisation des élections, M. le Premier ministre. Guillaume Soro: Je dois convenir avec vous que c’est une question extrêmement importante. C’est pourquoi d’ailleurs, nous ne lésinons sur aucun moyen pour mettre en œuvre un plan de sécurité qui satisfasse l’ensemble des Ivoiriens. C’est pourquoi la semaine dernière, j’ai reçu les généraux des forces nationales et des forces internationales, pour évoquer avec elles l’importante question de la sécurisation du scrutin. Je dois dire que les généraux nous ont rassurés sur leur capacité à sécuriser ce scrutin. Mais d’abord, avant que les forces soient mises en mouvement, il me semble important que les Ivoiriens eux-mêmes se disciplinent. Et ça me paraît important. Je pense que la sécurité commence d’abord par le comportement et l’attitude des Ivoiriens. Nous allons à une élection, cette élection consacrera, c’est vrai, un vainqueur, mais cette élection c’est d’abord pour mettre fin à la crise. C’est pourquoi les Ivoiriens, et je voudrais appeler à leur sens du civisme, dans la discipline. Nous devrons aller aux bureaux de vote dans la sérénité. En ce qui concerne les généraux, ils m’ont assuré, qu’ils vont déployer un premier niveau de sécurité, composé des policiers et des gendarmes, et des brigades mixtes et puis il y aura un deuxième niveau qui sera composé par les forces militaires qui seront toutes mobilisées. Je ne voudrais pas être alarmiste, mais déjà des bruits nous parviennent, des menaces, des intimidations sur le terrain. Il y a des régions à hauts risques. Qu’est ce que vous prévoyez ? Une tournée de sensibilisation, une campagne. Guillaume Soro: Je voudrais vous rassurer. Je pense effectivement qu’on ne peut pas aller à une élection sans qu’il y ait quelque effervescence. Mais je voudrais vous rassurer que nous avons pris toutes les dispositions, nous avons mis les moyens à disposition pour faire en sorte que la sécurité soit optimale. Naturellement, en prenant et en se référant aux deux dernières élections, c’est-à-dire celles de 2000 et de 1995, il est évident que nous avons pu déjà détecter les zones potentiellement violentes. Et c’est en partant de ce constat que les forces de défense et de sécurité ont élaboré un plan de sécurité, qui m’a été présenté et qui doit faire en sorte d’assurer la sécurité. Premièrement, rassurer tous ceux qui veulent aller voter qu’il n’y aura pas d’empêchement de vote. Deuxièmement, apporter la sécurité aux populations sur l’ensemble du territoire qui seraient désireuses de se rendre dans les bureaux de vote. Donc moi je suis plutôt confiant. Je vais juste vous donner un exemple. Dans le cadre de la précampagne, M. Gbagbo et M. Ouattara se sont retrouvés à Korhogo, dans la même ville, voisins de maison. La veille, tout le monde m’a appelé pour craindre le pire. Pourtant, les deux ont pu être dans la même ville de Korhogo, ont pu dérouler leurs programmes de campagne, sans qu’il y ait un incident. Je pense que cet exemple peut déjà nous donner une idée, des indications sur ce que nous devons faire en matière de sécurité pour permettre que le vote se déroule dans la sérénité. Qu’est ce que vous réservez à ceux qui tenteront d’empêcher les Ivoiriens de voter ? Guillaume Soro: Des instructions fermes ont été données aux forces d’assurer et de jouer leur rôle pour que le vote soit libre, transparent et ouvert aux électeurs. Je profite de l’occasion de cette question pour encore lancer un appel aux Ivoiriens. Pour une fois, nous avons l’occasion historique d’aller à une élection démocratique, transparente, juste, pour la simple raison que nous avons réuni les ingrédients, préparé ces ingrédients d’une élection transparente. Alors je pense qu’il est important de laisser les citoyens exprimer leur vote. Nous n’admettrons pas d’empêchement de vote. Nous n’admettrons pas non plus de désordre dans les bureaux de vote. Et les forces seront mobilisées avec cette instruction. Bien sûr, il y en a qui tenteront d’emporter les urnes ou de troubler l’ordre autour des bureaux de vote. C’est une mise en garde. C’est très clair… Guillaume Soro: Il est clair que nous ne le permettrons pas. Non seulement les forces nationales sont là pour ne pas le permettre, mais aussi ces forces sont appuyées par les forces impartiales présentes en Côte d’Ivoire. Donc ce soir vous dites aux Ivoiriens que le 31 octobre ils peuvent aller voter sans la peur au ventre, voter tranquillement, en toute liberté. Guillaume Soro: Je dis aux Ivoiriens, préparez-vous, rendez-vous dans les bureaux de vote, et en âme et conscience, opérez le choix qui est le vôtre. Nous prendrons toutes les dispositions au plan sécuritaire pour que le vote soit libre. Mais en même temps, je ne m’arrête pas seulement à prendre des dispositions sécuritaires pour permettre le vote. J’engage une campagne de sensibilisation et de communication. Vous m’avez récemment vu avec les religieux qui vont entrer dans le jeu pour sensibiliser les Ivoiriens à un vote sans violence. J’ai aussi engagé la société civile, les femmes, les enfants à faire une campagne de sensibilisation pour une élection sans violence. Je voudrais m’adresser aux Ivoiriens aujourd’hui. C’est vrai que le continent africain a présenté une image quelque peu désolante ces dernières années, quand il a été question d’aller à des élections. On a vu les drames qu’il y a eu dans d’autres pays. C’est l’occasion pour les Ivoiriens de surprendre agréablement le monde entier. Montrons que notre pays est un pays de maturité, un pays de responsabilité… Encore que parmi les 14 candidats, nous avons des candidats qui ont déjà assumé des responsabilités à un niveau élevé de l’Etat. Il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas sensibiliser nos états-majors pour donner une image d’une Côte d’Ivoire grande, une Côte d’Ivoire responsable, une Côte d’Ivoire qui sait aller aux élections. Avoir des élections apaisées et accepter aussi les résultats. C’est important… Guillaume Soro: Je pense qu’à partir du moment où des dispositions ont été prises pour assurer le vote libre des citoyens, le résultat sera ce que les Ivoiriens auront exprimé dans les urnes. Il reviendra à la Commission électorale indépendante de proclamer les résultats provisoires, au Conseil constitutionnel de proclamer les résultats définitifs, à la certification qui est l’œuvre des Nations Unies de nous dire si effectivement ces résultats sont conformes. Alors en ce qui concerne la gestion médiatique de la campagne électorale et pour l’égalité d’accès aux médias, concernant les candidats, le CNCA a demandé aux radios et télévisions des zones ex-assiégées de se mettre en accord avec la réglementation ou de fermer carrément. Vous avez été saisi de la question. Quelle est la suite que vous en avez donnée ? Guillaume Soro: Notre position est très claire là-dessus. Nous sommes dans le mois électoral, nous allons à cette élection le 31 octobre 2010. Tous les candidats doivent être traités à égalité à partir de l’ouverture officielle de la campagne. Donc je m’adresse en premier lieu à la RTI pour qu’il y ait un traitement égalitaire des 14 candidats. Dans ces zones, depuis déjà plusieurs semaines des instructions ont été données. C’est seule la télévision nationale qui doit être vue à Bouaké, à Korhogo, à Tengrela. En ce qui concerne les radios, le CNCA a demandé à ces radios de se mettre en conformité avec la législation. Ce n’est pas encore fait apparemment… Guillaume Soro: Le CNCA m’a signalé - et vous pourrez vous informer auprès de cet organisme - que des dossiers ont été transmis à leur siège. Les radios qui ne seront pas conformes seront fermées. Ces instructions ont été données. Vous pouvez, vous êtes journaliste, vous renseigner pour noter que cette instruction qui a été donnée est réellement appliquée sur le terrain. Très bien, M. le Premier ministre, pour clore ce chapitre, il faudrait peut-être adresser un message aux candidats puis aux électeurs. Alors qu’est ce que vous avez à leur dire. Guillaume Soro: Nul doute que les candidats savent la responsabilité qui est la leur. Je voudrais simplement leur demander qu’il y ait une campagne civilisée. Une campagne responsable. Vous avez écouté hier le communiqué du facilitateur, du président Compaoré, le facilitateur du dialogue direct inter ivoirien qui a lancé cet appel. Je ne peux que joindre ma voix à celle de tous ces responsables pour demander aux candidats de faire une campagne responsable. Ce que les électeurs et les Ivoiriens attendent des candidats, c’est de connaître leurs programmes de société. Qu’est ce qu’ils entendent faire pour la Côte d’Ivoire. Je pense que c’est ça qui est important. Je souhaite qu’on évite les invectives. Et qu’on fasse une campagne responsable, digne d’un pays comme la Côte d’Ivoire. Aux électeurs ? Guillaume Soro: Aux électeurs, de la discipline, du civisme. Il faut aller aux urnes sans violence. Je pense qu’à l’issue de l’élection du 31 octobre, ce n’est pas la seule victoire d’un candidat, ce sera la victoire de la Côte d’Ivoire, qui se sera hissée au rang des nations démocratiques. C’est ce que je veux pour la Côte d’Ivoire. Parce que de toute façon, ne nous leurrons pas, quelque soit celui qui gagne, il ne pourra pas gouverner la Côte d’Ivoire seul. Les dernières années ont bien montré, et d’ailleurs, après la deuxième guerre en Europe, en France notamment, ce n’est pas une seule personnalité qui a dirigé la France. Ça a été une coalition. Après avoir donc quitté cette période triste de notre histoire, il est évident que celui qui est élu, aura besoin de tous les autres. Il n’y a pas de raison qu’il y ait des violences. Vous pensez à un gouvernement d’union ? Guillaume Soro: Je pense qu’évidemment il est net que celui qui gagnera cette élection devrait plutôt songer à la mise en place effectivement d’un gouvernement d’union nationale qui fasse appel à toutes les filles et tous les fils de ce pays. Main dans la main pour reconstruire la Côte d’Ivoire. Le vrai enjeu, ce n’est pas entre nous. Le vrai enjeu, c’est qu’il y a une grande compétition aujourd’hui au plan international. Ce ne sont pas les fils de la Côte d’Ivoire qui doivent se battre. C’est la Côte d’Ivoire unie qui doit se battre dans le concert des nations pour avoir une place et une place importante. Je pense que le message est passé. Je l’ai dit le volet élection présidentielle est un volet important, mais il y en a d’autres. Un bref rappel. Septembre 2002, la crise éclate. Après d’interminables négociations, Lomé, Accra, Pretoria, j’en passe. Un accord est signé à Ouagadougou le 4 mars 2007. Ces accords donnent lieu à la mise en œuvre d’un programme de sortie de crise dont vous êtes le maître d’ouvrage. Où en êtes-vous aujourd’hui ? Guillaume Soro: Depuis le 4 mars 2007, nous nous sommes attelés dans des conditions particulièrement difficiles. Vous savez que la conjoncture internationale a été pénible pour tous les pays du monde entier. Dans un contexte difficile de crise alimentaire, de crise énergétique, de crise financière, nous avons quand même réussi à faire des progrès notables sur l’ensemble des processus qui étaient inscrits dans l’Accord politique de Ouagadougou. Le volet identification, vous constatez vous-mêmes, nous avons pu faire les audiences foraines, l’enrôlement, les cartes nationales d’identité… Ce n’est pas banal du tout. C’est quelque chose d’historique. Ça n’a pas été facile mais ça été fait. Guillaume Soro: Ça été fait. Nous allons maintenant aux élections. Il y a eu un volet militaire important. Il fallait passer de la situation de belligérance à une situation de réunification des forces militaires. Ce n’était pas évident. Mais nous avons quand même supprimé la zone de confiance. Au lendemain de la signature de l’Accord politique de Ouagadougou, dans un contexte de suspicion, ce n’était pas facile. Mais il a fallu donner confiance aux deux forces et c’est ce que nous avons fait. Nous avons supprimé la zone de confiance. Nous avons fait des progrès importants dans le volet du DDR, qui est la démobilisation, le désarmement et le regroupement. Aujourd’hui dans ces zones Centre, nord, ouest, nous avons fait le regroupement, l’encasernement dans 4 villes, notamment Korhogo, Man, Séguéla et Bouaké. Nous avons pu avoir le quota de 5.000 volontaires à l’armée, qui ont été regroupées dans ces sites. Bien sûr, il y a des difficultés. Ces difficultés sont d’ordre financier. Parce que quand vous regroupez des gens dans des casernes, il faut y tenir une vie de caserne, c’est-à-dire assurer l’alimentation, le fonctionnement, etc. Ce sont des questions que la semaine dernière encore je traitais avec le ministre de l’Economie et des Finances. Et puis ensuite il y a le volet des démobilisés. Nous avons autour de 17.000 jeunes qui ont été démobilisés. A ceux-là, il faut donner une perspective de réinsertion. Leur donner des métiers pour les réinsérer dans le tissu social et économique de notre pays. C’est ce à quoi nous sommes en train de nous atteler. Mais il est évident que nous sommes à 15 jours de cette élection, beaucoup a été fait, beaucoup reste à faire. Et nous pensons que l’élection permettra d’accélérer le processus de réunification de l’armée. Nous parlerons de réunification tout à l’heure. Mais Il y a eu un grand débat sur le désarmement avant les élections, désarmement après les élections. Qu’en est-il véritablement? Guillaume Soro: Si vous avez bien suivi ce débat, le chef de l’Etat et moi-même avons refusé de nous inscrire dans ce débat. Parce que ce n’est pas un débat qui a un sens. En réalité, il ne faut pas poser la question dans ces termes. Le vrai problème, c’est que nous avons signé un accord complémentaire 4, qui prévoit des étapes. Première étape, le regroupement, l’encasernement. Si vous me poser la question à savoir aujourd’hui si ceci est fait, je vous réponds oui. Ceci est fait. Les forces impartiales sont allées faire la visite des casernes pour s’assurer qu’effectivement tel que l’accord l’avait prévu, que les volontaires à l’armée nouvelle ont été encasernés. Peut-être pour bien comprendre les choses M. le Premier ministre, il y a eu des regroupements. Les forces de défense retournent à leur base. Guillaume Soro: Les FDS étaient sur les lignes de front. Les militaires sont retournés à leur base, dans les casernes au sud. On a demandé aux Forces armées des forces nouvelles que ceux qui n’avaient plus rien à faire avec la vie militaire soient démobilisés. Et je vous ai dit qu’il y a autour de 17.000 jeunes qui ont été démobilisés. Maintenant ceux qui sont retenus pour aller dans l’armée nationale, doivent être regroupés et encasernés. Ensuite, il y a des éléments qui ont été retenus pour participer à la sécurisation de l’élection, au sein du CCI. Les forces de défense et de sécurité doivent mettre à la disposition du CCI (Centre de commandement intégré) 4000 hommes et les FAFN doivent mettre à la disposition du Centre de commandement intégré, 4000 hommes. Et ce sont ceux-là qui vont sécuriser l’élection. Maintenant nous disons que ces programmes ont été réalisés. On a connu beaucoup de difficultés dans la réalisation de ces programmes, dues à des questions financières. Parce qu’il fallait de gros moyens pour le faire. Mais nous avons quand même, en montrant de la bonne volonté, réussi à faire ces programmes. Il faut encourager les forces. Et je dis aujourd’hui que l’esprit de travail qui a prévalu au sein de ces forces est à saluer. Pour nous résumer, tout se passe très bien en ce qui concerne la démobilisation, le paiement des primes, la réinsertion sociale etc. Nous allons parler d’un sujet très controversé: les grades. Les textes ont été pris. Tout est réglé ? Guillaume Soro: Oui, je pense que c’était une question délicate mais qu’il a fallu régler. Il y a eu plusieurs questions comme ça, que le chef de l’Etat et moi-même avons dû régler, trancher. Je pense que c’est une bonne chose. Le texte a été signé, confirmant les grades pour les soldats des Forces armées des Forces nouvelles. Maintenant dans un processus unique, d’ensemble, qui règle définitivement cette question. Je pense que c’est une bonne chose. Qui doit nous conduire à la nouvelle armée. Cette armée nouvelle de Côte d’Ivoire, quelles caractéristiques et quelle configuration ? Guillaume Soro: Nous avons mis en place un groupe qui a travaillé sur ce que devra être l’armée républicaine ivoirienne de demain. Ce groupe a travaillé, nous a remis les conclusions de ses travaux. Il reste maintenant que ça suive la procédure. A savoir le gouvernement et le parlement. Parce que le parlement doit pouvoir donner son avis sur notre armée. Parce que c’est l’armée de tous les Ivoiriens et les uns et les autres doivent pouvoir se prononcer là-dessus. Mais ce que je veux dire, c’est qu’il est prévu effectivement, qu’après l’élection présidentielle, la réunification physique des deux armées se fasse pour que nous n’ayons qu’une seule armée républicaine au service des institutions de la République. Et les milices qui sont à l’Ouest, parlons-en également. Je ne dirais pas qui sévissent mais qui sèment la confusion un peu à l’Ouest. Guillaume Soro: C’est une question aussi importante. Je note effectivement que bien des personnes m’ont interpellé sur la question. Je voudrais dire aux Ivoiriens qu’effectivement tous ces processus que nous avons eu vocation de mener à leur terme, c’est sûr que je ne peux pas dire que tout est parfait. Aussi bien pour l’encasernement des Forces armées des Forces nouvelles que pour la question des milices. Mais le plus important à mon niveau était de faire en sorte d’inscrire ces processus dans un tunnel irréversible. Il est évident chez les Fafn que les démobilisés ne doivent plus se retrouver avec des armes, de la même façon qu’il est évident que les miliciens aussi ne doivent plus aussi pouvoir s’organiser. Nous avons enclenché des processus qui, de mon point de vue, sont aujourd’hui irréversibles. L’élection sera une étape importante pour accélérer tous ces processus. Dans la zone de Bouaké, on a signalé entre Diabo et Bouaké et même à Sakassou, des soldats en armes, probablement des Forces nouvelles. Guillaume Soro: Comme je vous dis, tous ces processus ne sont pas parfaits. Le rôle du chef de gouvernement est d’être ferme avec les éléments incontrôlés. C’est pourquoi nous avons parlé avec les forces pour faire en sorte d’assurer le maximum de sécurité pour les élections. Je peux vous dire que c’est un gros dispositif qui sera mis en œuvre pour s’assurer que les électeurs iront voter. Bien sûr que tout n’est pas parfait. Le chef de l’Etat lui-même, quand il était à Sakassou, a pu dire aux populations de Sakassou que l’élection permettra de régler rapidement toutes ces questions, ces poches d’incontrôlés qu’on peut constater ça et là. Je suis d’avis qu’il faut inscrire le processus du DDR dans le tunnel de l’irréversibilité. Faire en sorte de prendre l’ensemble des dispositions permettant un scrutin juste, transparent, sécurisé. Et puis nous continuerons de faire les efforts qu’il faut pour apporter à la Côte d’Ivoire le maximum de sécurité. Parce que même quand vous aurez fini de réunifier l’armée, que vous aurez une seule armée républicaine pour la Côte d’Ivoire, vous devrez encore continuer de régler les questions de sécurité. Ce sont des questions de fait de société, qui se règlent au quotidien par tous les gouvernements du monde entier. Je voudrais qu’on s’intéresse de près au CCI, qui est le centre de commandement intégré. Est-il bien armé, avec des véhicules, des moyens suffisants pour assurer la défense et sécurité des Ivoiriens en cette période électorale ? Je pose la question parce qu’on parle d’achat d’armes aujourd’hui. Pourquoi ? Guillaume Soro: Il est évident que le CCI n’aura jamais les moyens complets de sa mission. Mais le rôle du gouvernement est de veiller à ce que le CCI soit doté du minimum utile et nécessaire pour remplir sa mission de sécurisation des élections. Vous verrez que la semaine dernière, ils ont été dotés de véhicules pour pouvoir se déplacer. Pas plus tard qu’en ce début de semaine, le Cci nous a encore présenté l’état de ses besoins que je suis en train de regarder avec le ministre de l’Economie et des Finances. Vous posez une question de savoir pourquoi acheter des armes. Evidemment la Côte d’Ivoire est sous embargo ce qui ne permet pas d’acquérir des armes létales. Mais il est évident qu’il y a eu un allègement dans cet embargo pour permettre à l’Etat de Côte d’Ivoire de se doter d’un matériel non létal qui entre dans le cadre du maintien d’ordre, de la sécurisation du processus électoral. Un mot sur la réunification de l’administration de la Côte d’Ivoire. Je pense que c’est important. Guillaume Soro: Les fonctionnaires ont été redéployés à 98% dans les zones CNO. Le dernier volet de ce redéploiement concernait l’unicité des caisses, vous avez pu noter avec satisfaction que les douaniers ont repris leurs postes dans ces zones. Donc la brigade de douane de Pogo a été installée, de Ouangolo, de Ferké, de Korhogo et nous continuons de faire des progrès dans le redéploiement ou l’unicité de caisses. Donc je pense que c’était le dernier volet qui a démarré depuis le mois d’août. Nous continuons pour que les douaniers puissent travailler correctement et qu’une bonne fois pour toutes nous arrivions à cette unicité de caisses de l’Etat. Les préfets ont été les premiers à être redéployés depuis 2007. Evidemment les premiers jours n’ont pas été aisés, ça a été difficile. Mais aujourd’hui, à l’occasion d’un mouvement préfectoral, il y a un préfet qu’on a voulu affecter dans une région ici et qui a même plaidé pour rester dans ces zones. Donc je veux dire que les préfets et les sous-préfets font partie de la configuration politique de ces régions et je pense que c’est une bonne chose. Et il ne viendrait même pas à l’idée des candidats d’aller à Man ou à Korhogo sans aller saluer le corps préfectoral. Donc c’est devenu une réalité vivante qu’on ne pouvait pas attendre que toutes les conditions optimales soient réunies avant d’affecter le corps préfectoral. Et je rends un hommage à ce corps qui a été un corps pionnier dans le redéploiement de l’administration. Parce qu’ils sont partis dans des zones qui auraient pu êtres hostiles. Ils ont vaincu la méfiance des uns et des autres, ils ont travaillé dans des conditions difficiles. Même quand il y a eu des émeutes et soulèvements dans ces régions, ils sont quand même restés. Et il faut saluer ce courage et c’est ce qui a permis de faire un bond important dans le redéploiement de l’administration dans ces zones. Aujourd’hui ils exercent pleinement leur autorité ? Guillaume Soro: Ils exercent pleinement leur autorité. N’ont-ils pas de difficultés avec les com’zones ? D’ailleurs que deviennent les com’zones ? Guillaume Soro: Les com’zones seront admis à la retraite après l’élection présidentielle, comme prévu par l’accord complémentaire 4 de Ouagadougou. D’ailleurs il y avait 10 zones qui ont été dissoutes ; nous avons donc maintenant 4 groupements d’instructions ou sont encasernés les volontaires pour l’armée nouvelle. C’est un pas important et décisif. On n’en parle pas suffisamment et assez. Mais c’est important et après l’élection présidentielle, tous les com’zones seront admis à la retraite, comme c’est écrit dans l’accord politique de Ouagadougou. Pour ces fonctionnaires qui sont repartis à leurs bases, seront-ils indemnisés? Car ce sont des déplacés, des victimes de guerre. Guillaume Soro: Ces fonctionnaires qui ont été déployés dans ces zones ont bénéficié de primes exceptionnelles. Ils ont été payés. J’ai suivi le paiement de ces primes. C’était des primes plutôt d’encouragement et il faut louer donc l’ensemble de ces fonctionnaires qui sont allés dans ces zones. Il faut les saluer pour l’intérêt manifeste qu’ils ont eu pour le pays. Parce que la réunification de la Côte d’Ivoire c’est l’affaire de tous. Ce n’est pas seulement celle du gouvernement mais c’est l’affaire même du plus petit fonctionnaire qui est redéployé dans ces zones-là. Et je pense qu’ils ont eu à s’acquitter d’un devoir d’intérêt national et je voudrais profiter encore pour les saluer et dire que de toute façon, le plus important, la Côte d’Ivoire, après 3 ans que nous avons mis en œuvre tous ces programmes, est aujourd’hui rodée, que l’administration a repris une réelle vie dans ces zones. Et c’est important pour l’ensemble des Ivoiriens. Comment entrevoyez-vous la réconciliation après l’élection présidentielle? Guillaume Soro: Je pense qu’il est nécessaire que le volet de la réconciliation soit inscrit dans les priorités du prochain gouvernement après l’élection. C’est important et les ivoiriens en ont besoin. Et je pense que de mon point de vue que la meilleure chose à faire sera de revisiter notre Constitution pour qu’elle puisse consacrer la diversité comme une richesse de notre pays. Donc je pense que c’est important et que la question de la réconciliation se fasse. Parce que malheureusement il y a eu la guerre. L’ancien scénariste que je suis sait qu’il est écrit quelque part dans l’ancien testament qu’il y a un temps pour faire la guerre et il y a un temps pour faire la paix. Maintenant nous sommes là pour faire la paix et faire la paix passe nécessairement par la réconciliation qui doit exister entre les filles et les fils de ce pays. Je sais que les journalistes ont le don de vous agacer - pardon pour le mot - avec des questions relatives à votre carrière ; une carrière politique exceptionnelle disons-le. Vous avez une collaboration avec le président Laurent Gbagbo en tant que Premier ministre. Il y a des leçons que vous tirez de cette expérience. Quel sentiment et quel souvenir allez vous garder de cette collaboration? Guillaume Soro: Je vais simplement vous dire que les 3 années passées à la Primature ont été riches pour moi et ont contribué de façon accélérée à une certaine maturité. J’avoue qu’avant que je sois désigné et nommé Premier ministre j’avais quelques appréhensions. Mais je pense que ça a été une belle expérience parce que ça m’a amené à être confronté aux réalités de la gestion de l’Etat et c’est vrai pour moi, mais c’est vrai aussi pour les autres, que quand vous eu accès à de telles responsabilités, forcement vous en tirez des leçons. Et je pense que la 1ère leçon est une leçon d’humilité. Nous avons été à cette responsabilité, nous avons vu ce que gérer l’Etat et je pense que pour moi c’est une richesse inestimable. Maintenant en ce qui concerne ma carrière, je pense qu’il ne faut pas avoir des ambitions démesurées. Ce n’est pas parce que vous avez été Premier ministre et qu’à quelques fora vous avez entendu des applaudissements que vous allez vous donner un destin national. Ça peut donner des idées M. le Premier ministre. Guillaume Soro: Bien sûr, ça donne des idées à ceux qui n’ont plus la tête sur les épaules. En ce qui me concerne, je ne me surestime pas. J’ai assuré une responsabilité dans un contexte historique particulier. Je n’ai pas été un Premier ministre issu d’élections, j’ai été un Premier ministre issu d’une négociation, d’une discussion politique. Donc je m’en tiens à ça. J’ai un objectif immédiat, c’est de réussir l’élection. Quand j’aurai réussi cette élection, ce sera forcement source de satisfaction personnelle pour moi-même. Et après, je prendrai une période sabbatique qui sera consacrée à la lecture et à la réflexion. Je pense qu’il faut savoir être modeste, il ne faut pas se laisser donc aller à des ambitions démesurées. Savez-vous que quand j’ai été nommé Premier ministre, certains courtisans - et vous savez qu’il en a toujours - sont venus me voir pour me dire : M. Soro, vous pourriez être candidat. Non. J’ai déjà donné ma parole aux Ivoiriens, je ne serais pas candidat. Je ne veux pas malheureusement profiter d’une situation historique où les événements m’ont placé, pour avoir des ambitions. Vous le dites pour cette année. Mais en 2015, c’est peut être partie remise pour 2015 ? Guillaume Soro: Vous savez, chacun à son destin. Il ne faut pas devancer son destin. Pour le moment, l’immédiat est que Guillaume Soro réussisse cette élection, qu’il aille réfléchir, se reposer et puis si le destin doit se réaliser, il se réalisera. Vous ne connaissez pas votre prochaine destination non plus ? Guillaume Soro: Non, je connais ma prochaine destination ; c’est de prendre des années de repos, à me consacrer à la lecture dans mon village et à l’extérieur. Vous serez l’arbitre pour ces élections. Cette élection présidentielle sans regret. Vous venez de le dire et vous l’affirmez ? Guillaume Soro: Vraiment aucun regret, je suis même fier, heureux du rôle que j’ai joué. Vous irez voter ? Guillaume Soro: J’irai voter en mon âme et conscience. Vous avez un candidat ? Guillaume Soro: Certainement que j’irai voter pour un candidat mais vous voyez bien que ce n’est pas à la télévision que je vous dirai qui je voterai. Je ne vous ai pas posé cette question. Guillaume Soro: J’invite les Ivoiriens à aller aux urnes choisir leurs candidats. Moi je choisirai le mien par rapport à la capacité des uns et des autres à offrir à la Côte d’Ivoire un avenir. Et votre choix est déjà fait ? Guillaume Soro: Mon choix est arrêté. Chaque ivoirien, vous-même y compris, sait pour qui il va voter. Moi, pas encore. (Rires) Alors M. le Premier ministre, je voulais poser une question assez importante sur vos rapports avec les Forces nouvelles. Vous avez quitté le secrétariat général. Pourquoi ? Guillaume Soro: Vous savez que la responsabilité que j’assume à la tête de l’Etat est fort prenante. Et surtout l’enjeu de l’élection présidentielle nous a longtemps occupés dans des réunions, etc. Donc il m’est apparu nécessaire, pour maintenir la barque des Forces nouvelles solide, de nommer un secrétaire général intérimaire. Je l’ai fait. Il a ma caution. Il a plus de temps, de disponibilité à consacrer aux Forces nouvelles. En ce qui me concerne, je me suis réservé entièrement pour l’exécutif, pour le gouvernement, pour l’organisation des élections. Vous savez que là encore il y a eu beaucoup de commentaires. On a dit que Soro ne maîtrisait plus ses troupes, on a dit que c’était un début de divorce avec les forces nouvelles. Donc vous affirmez qu’il n’en est rien ? Guillaume Soro: Vous avez vous-même constaté qu’il en était rien du tout. Je pense que l’une des particularités de la Côte d’Ivoire, ce sont les rumeurs. Et je suis chaque fois frappé par la capacité des Ivoiriens à créer les rumeurs ça et là. Il est important que les Ivoiriens notent que nous avons quand même dirigé les Forces nouvelles pendant 8 ans, sans qu’il y ait eu des contradictions majeures. Et nous continuons d’assumer cette responsabilité. Donc je pense qu’il n’en est rien du tout. Les Forces nouvelles continuent de s’inscrire, comme je l’ai demandé, dans le processus de sortie de crise et elles jouent bien leur rôle. Je pense que tout se passe bien. Les Ivoiriens vous ont écouté et je pense avec beaucoup d’intérêt. Nous attendons le 31 octobre pour l’élection présidentielle. On espère que ce scrutin présidentiel se passera dans de bonnes conditions. Vous avez donné des assurances. Les Ivoiriens peuvent aller voter sans la peur au ventre, comme dirait l’autre, il ne se passera rien… Guillaume Soro: Merci, je voudrais à mon tour en tout cas me réjouir de l’opportunité qui est celle-là de parler directement aux Ivoiriens. Et je voudrais pour terminer lancer un appel insistant aux candidats. Ce que les Ivoiriens attendent de vous, c’est des messages emprunts de civilité et de responsabilité. Je pense que c’est important. Je voudrais aussi m’adresser aux Ivoiriens : Nous pouvons réussir cette élection sans violence. La violence n’est pas inhérente aux Ivoiriens. Nous pouvons réussir une élection sans violence. Je voudrais saluer aussi les religieux. Ils ont un rôle important, déterminant à jouer dans le caractère pacifique et apaisé de cette élection. Je les invite, le 22 octobre, je serai avec eux au Stade Félix Houphouët Boigny pour prier pour la Côte d’Ivoire. Parce que je pense que c’est important de faire un clin d’œil dans la direction du Seigneur, pour demander effectivement que cette élection soit sans violence. (Source : primature)
Politique Publié le mardi 19 octobre 2010 | Le Patriote