Le projet de Gbagbo toujours attendu

Un ‘‘certificat de résistance’’, ce n’est pas du pain. Depuis la précampagne, le candidat Laurent Gbagbo n’a de cesse de répéter qu’il a « résisté » et que la Côte d’Ivoire lui revient de droit. La campagne ouverte, il continue sous le même angle. Il serait le « candidat de la Côte d’Ivoire » contre « les candidats de l’étranger ». « Nous sommes 14 candidats. Mais je vous connais et vous me connaissez. Demandez à chacun où tu étais quand la Côte d'Ivoire a été agressée ? Quand la Côte d'Ivoire était attaquée, dans quel camp tu étais ? Il faut que chacun de nous dise ce qu'il faisait lorsque nous avons été attaqués », a-t-il entre autres argumenté vendredi à Daloa. Ces panneaux routiers qu’il a abusivement et maladroitement jetés dans le pays répandent tous le même message. Ainsi donc, le peuple de Côte d’Ivoire devrait donner ses suffrages à Monsieur Gbagbo juste parce qu’il a « résisté ». Pour coller à sa rhétorique favorite, on pourrait déjà lui rétorquer : « tu as résisté à qui ? Et à quoi ? ». Mais hélas ! Le temps de ce débat est derrière ou se refera en des temps plus cléments. Pour l’heure, son attitude prouve à tout le moins qu’en dix ans de pouvoir, il n’a pas compris la Côte d’Ivoire. Il n’a pas compris les Ivoiriens. Au fond, le candidat Laurent Gbagbo méconnait les nouvelles aspirations du monde. Il a oublié que Barack Obama est devenu Président des Etats-Unis. Il a oublié que la politique a changé. Il a oublié qu’on n’obtient plus des suffrages par des mots mais plutôt par des projets. Le Patronat ivoirien lui a donné l’occasion de présenter son projet, il a décliné l’invitation. Tous les candidats aux suffrages des Ivoiriens ont déroulé devant le gotha du monde économique leur programme économique pour sortir la Côte d’Ivoire du gouffre dans lequel elle se trouve plongée. Gbagbo a été le seul à s’y dérober. Même si les mauvaises langues disent qu’il craint d’étaler son « analphabétisme » en questions économiques, il reste tout aussi vrai que l’homme est persuadé que le « je vais vous affranchir de la France » fait encore recette. Ce n’est pas vrai. La génération d’aujourd’hui attend de vrais projets. Qu’est ce que vous proposez pour l’école, pour l’emploi, pour la santé, pour les routes, etc. Et vous les réaliserez comment ? Les questions sont précises. Les réponses doivent l’être. Voilà comment cela fonctionne aujourd'hui. Dans le cas du candidat du FPI, il s’en serait bien sorti, en tant que Président sortant, en exhibant son bilan de dix ans. Malheureusement durant cette période, il n’a pas travaillé. Et tout naturellement il ne peut pas présenter de bilan. Il préfère donc exhiber un ‘‘certificat de résistance’’. Mais la résistance, ce n’est pas ce qui garnit l’assiette de l’Ivoirien moyen. Les électeurs attendent du concret. Parce qu’il s’agit de relancer la Côte d’Ivoire pour plusieurs générations. Pour cette tâche, on ne se contente pas du tout de mots. Mais c’est bien connu, l’intérêt général n’est pas le fort du candidat Laurent Gbagbo. Tout n’est qu’ambition personnelle pour lui. James Freeman Clarke, écrivain anglais, a bien raison :"La différence entre le politicien et l’homme d’Etat est la suivante : le politicien pense à la prochaine élection ; l’homme d’Etat, à la prochaine génération." KIGBAFORY Inza