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Société Publié le mercredi 10 novembre 2010 | L’expression

Education Nationale

Les arrêts de cours intempestifs créés par le contexte socio-politique actuel ne sont pas de nature à favoriser la validation du premier trimestre qui, selon le calendrier du ministère de l’Education nationale, prend fin le 3 décembre.
Le premier trimestre menacé
Les congés de la Toussaint prévus du 29 octobre au 4 novembre, ont finalement pris fin ce 8 novembre. Mais avant, avec l’ouverture de la campagne électorale le 15 octobre, il n’y avait quasiment plus cours dans les établissements primaires et secondaires. Les élèves étaient sommés de rester à la maison le temps que les adultes fassent baisser la fièvre électorale et son cortège de psychose généralisée. Et pour ce second tour prévu le 28 novembre, c’est encore une dizaine de jours (une semaine de campagne et au moins deux jours d’attente des résultats) qui vont s’écouler sans que les cours ne soient donnés aux élèves. Et à cela, il faut adjoindre la seconde quinzaine du mois de septembre pendant laquelle les cours n’avaient pas réellement débuté. C’est donc environ 6 semaines sans cours qui se sont écoulées. 6 semaines pendant lesquelles, les élèves se sont peut-être rendus à l’école, mais sans qu’aucune connaissance ne leur soit transmise. Une situation qui préoccupe parents d’élèves et élèves surtout que le calendrier du ministère de l’Éducation nationale prévoit la fin du premier trimestre au 3 décembre. Ce trimestre pourra-t-il être validé dans ces conditions? Cette situation ne menace-t-elle pas l’école dans son ensemble si rien n’est fait? Des préoccupations également partagées par le corps enseignant. Certains d’entre eux ne cachent pas leur inquiétude quant à la fin du trimestre. Pour M. Bamé, professeur de mathématiques, «il est difficile de tenir la date prévue pour la fin des activités du premier trimestre. On a comptabilisé trop de jours fériés de fait. Et cela ne nous permet pas d’avancer dans le programme. C’est aujourd’hui (8 novembre) que j’ai prévu mon premier devoir dans cette classe. Sans compter qu’avec le second tour de scrutin présidentiel et la fête de la Tabaski qui s’annonce, des jours vont certainement sauter». Les autres enseignants n’ont pas hésité à emboucher la même trompette que M. Bamé. Pour eux, l’inquiétude n’est pas propre à leur établissement mais à toutes les écoles. «Je dispense des cours de renforcement à une élève de 3ème du lycée jeune fille de Yopougon. Mais jusqu'à présent, sa classe n’a que 2 notes en sciences physiques et une note en mathématiques. En maths, elle vient d’aborder le deuxième chapitre, c'est-à-dire les racines carrées. Donc il est difficile qu’on respecte le volume horaire pour valider le trimestre», explique Dely S., un enseignant. Un avis que partage Barry Binta, élève en classe de 4ème dans cet établissement. Pour elle, s’ils ont pu avoir des notes dans quelques matières comme les Sciences physiques et l’Allemand, il n’en demeure pas moins que dans la plupart, ils n’ont pas encore de notes. Pire, en Svt, les cours n’ont pas encore commencé. La prise de contact avec le professeur en question a eu lieu à quelques jours des congés de Toussaint. Même son de cloche du côté du Lycée d’Angré-Cocody. Akpa Aimée, élève en classe de 1ère dans cet établissement, relève un absentéisme exagéré de son professeur d’Anglais. « Non seulement les cours n’ont pas débuté comme prévu en septembre, mais en plus de cela, notre “prof“ se fait rare depuis le lancement de la campagne présidentielle. On se demande même s’il n’est pas en campagne pour un candidat », dénonce-t-elle. Comme Apka, plusieurs élèves avouent les difficultés à respecter la fin du trimestre tel qu’annoncée par le ministère de l’Education nationale. Les élèves du lycée moderne d’Attécoubé font le même constat. Parmi eux, Kobenan, élève en classe de 1èreD, affirme que les notes font défaut. A l’instar de la plupart des classes, la sienne n’a pas de notes dans plusieurs matières.

Les parents de plus en plus inquiets

«Depuis le mois dernier, les cours sont devenus timides. Récemment, j’ai demandé à voir la progression de mon fils qui est en classe de 5ème. Quand il m’a envoyé ses cahiers, je me suis rendu compte que sa classe n’était pas avancée dans le programme. Il y a donc une nécessité de réviser la date fixant la fin de ce trimestre. Sinon, ils auront une année tronquée alors qu’ils ne sont pas comptables de la situation», soutient M. Keidie, un parent d’élève. Cette remarque est renchérie par Meggy Kouadio, parent de trois enfants. «Depuis le début de la rentrée jusqu’à aujourd’hui, les leçons copiées par mes enfants n’avoisinent pas les 5 pages », affirme t-il. Fofana Issiaka, un autre parent d’élève, abonde dans le même sens que ces prédécesseurs. Pour lui, il sera opportun de revoir la date des congés, voir supprimer d’autres qui, à n’en point finir, conduiront les enfants à une baisse de mobilité. « Avant c’était le délestage, cette année ce sont les élections qui empiètent sur le bon déroulement de l’école. Il serait souhaitable de repousser la date du premier trimestre et supprimer les congés de février », propose-t-il. Des préoccupations qui laissent indifférent quelques responsables d’établissements. Car ils travaillent en fonction de la date fixée par le ministère de tutelle. Pour le proviseur du lycée d’Angré et le directeur du lycée Mahou, « tant qu’il n’y a pas une circulaire qui abroge celle en vigueur, on s’en tient à la dernière décision fixant l’arrêt des notes du premier trimestre au 3 décembre», instruit-il. De quoi augmenter l’inquiétude des parents ! Surtout quand la Fesci s’y mêle.
La responsabilité de la Fesci

Pour Fofana Issiaka, les enfants sont en ce moment victimes des élections. A la faveur de la campagne, des élèves sont délogés pour assister à des meetings. Cela a eu lieu récemment à Abobo, révèle ce dernier. «Pour réserver un accueil chaleureux à Simone Gbagbo qui devait animer un meeting dans la commune d’Abobo, la Fesci a délogé les élèves», déplore ce parent d’élève, vivant dans la commune d’Abobo. Selon lui, les élèves sont utilisés par des candidats pour « gonfler » leur popularité à travers leurs meetings. Situation dont les dirigeants actuels seraient responsables si l’on en croit Meggy Kouadio. Pour ce parent d’élève qui ne décolère pas, seul le nouveau président pourra prendre à bras le corps le problème de l’école ivoirienne qui est en proie de restructuration. Selon lui, les refondateurs ont fait de vaines promesses laissant l’école aux mains des fescistes. Car, dit-il, bien que la plupart des refondateurs soient des enseignants, ils n’ont pas le sens du travail. C’est pourquoi ils soutiennent les indélicatesses de la Fesci. Un syndicat qui foule au pied l’autorité du maître. Ce parent va plus loin, pour dire qu’ « un chef de famille s’assimile à un président de la République. Parce qu’ils ont à peu près les mêmes objectifs. C’est-à-dire veiller au respect des consignes. C’est le chef qui donne l’exemple. C’est sur lui que tout le monde copie. C’est dire qu’un chef d’Etat doit lui-même être un repère», indique Meggy Kouadio.

Jean Jacques Guédé & Dacoury Vincent (stagiaires)

Légende : Le premier trimestre est mis à mal par les élections présidentielles.
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