Présent dans l’activité de commercialisation du poisson au Port de pêche d’Abidjan depuis 1980, M. Cherif Amadou, Inspecteur commercial et importateur pense que la hausse du prix du poisson sur les marchés est à mettre à l’actif de la situation de crise que traverse actuellement la Côte d’Ivoire. A travers cet entretien qu’il nous a accordé, cet importateur pense que cette flambée prendra fin lorsque le pays aura un président élu démocratiquement.
Comment les importateurs de poisson vivent-ils la situation électorale ?
La situation actuelle est véritablement insupportable pour nous. Nous partageons les soucis de la population. Il n’y a plus de poissons sur le marché. Parce que le prix est passé du simple au double. Le poisson appolo appelé communément ‘’Chin-Cha’’ qui était vendu à 500 F Cfa le kilogramme, est passé à 1000 F Cfa.
Qu’est ce qui explique cet état de fait ?
Il est bon de savoir que la Côte d’Ivoire n’a pas de compagnie maritime. Elle est donc à la merci des compagnies étrangères. Parce que, les jours de franchise n’existent pratiquement plus. A la SDV où nous travaillons généralement, quand votre conteneur arrive, vous pouvez tout mettre en œuvre avec votre transitaire, mais, ils vous feront payer une taxe un jour de surestarie.
De quoi s’agit-il ?
C’est le temps que la SDV donne au transitaire pour pouvoir faire sortir votre marchandise afin d’éviter que le conteneur soit branché. En plus de cela, il y a un autre phénomène qui prend de l’ampleur. Il s’agit des risques de guerre. C’est-à-dire le conteneur que nous affrétons pour faire venir nos marchandises en Côte d’Ivoire. Quand ces conteneurs arrivent, ils pensent que ces derniers ne pourront pas retourner en bon état. Parce qu’en période de guerre, il n’y a pas d’assurance. Au cas où le conteneur est attaqué, qui pourra répondre de cet acte ? Pour cela, on nous fait payer entre 600.000 F Cfa et 800.000 F Cfa. Nous souffrons donc énormément. Cela rejaillit automatiquement sur les populations également. Parce que, nous sommes obligés de majorer les prix des différentes factures sur les ventes.
Avez-vous saisi les autorités compétentes pour leur traduire ces difficultés ?
Les décideurs savent tous que le taux de consommation du poisson est très élevé. Puis qu’en Côte d’Ivoire, le poisson est consommé sur diverses formes. Malgré tout cela, aucune mesure n’est prise pour accompagner les importateurs.
Qui du ministère du commerce et celui des Ressources Halieutiques gère-t-il ce dossier ?
Ce sont les deux qui gèrent tous nos dossiers. Mais, dans ce cas d’espèce, nous remarquons que notre pays est ouvert sur la mer mais, n’en profite pas au maximum. Nous n’avons aucune compagnie. On n’arrive pas à soutenir les opérateurs qui s’y engagent. Nous pensons qu’il faut instaurer la concurrence comme dans le milieu de la Téléphonie mobile. En le faisant, l’Etat pourra nous faire des faveurs. Les autorités savent que faire venir du poisson en Côte d’Ivoire est un vrai casse-tête chinois.
A combien peut-on évaluer vos investissements pour faire venir un conteneur ?
Rien que pour le transport, nous pouvons investir près de 3 millions de nos francs. Ce, s’agissant du conteneur en provenance du Sénégal. Concernant la Mauritanie, nous sommes passés de 5 millions à 7 millions de F Cfa. C’est ce qui se répercute sur le consommateur.
C’est donc ce qui explique la cherté du poisson sur les marchés…
C’est effectivement cela. Ce sont des paramètres qu’il ne faut pas négliger. L’importateur n’a pas le choix. Avec toutes les dépenses engagées, il faut qu’il rentre en possession de son investissement.
Que doit-on faire pour sortir de cette situation ?
Tant que la situation restera à l’état actuel, les choses ne changeront pas. Il faut un nouvel esprit pour que les choses bougent. Vivement que la Côte d’Ivoire ait un président démocratiquement élu. Condition sine qua non pour que nos partenaires qui ont délocalisé leurs entreprises reviennent. Aujourd’hui, les Maliens et Burkinabé ne viennent plus s’approvisionner en Côte d’Ivoire. Ces peuples préfèrent faire le grand tour pour se retrouver au Sénégal. Parce qu’ils estiment que nous sommes chers.
Le Côte d’Ivoire a donc perdu des clients en cette période électorale ?
Bien sûr ! Tous convergent au Sénégal. Ce pays est devenu un port de transaction où tous les navires y vont. Aussi, il faut vous signaler qu’à la veille du premier tour de l’élection présidentielle, le port d’Abidjan ne recevait plus de navires venant de l’extérieur. Personne ne veut prendre le risque de venir. Mêmes les bateaux qui pêchaient dans les eaux ivoiriennes ont délocalisé au Sénégal.
Avez-vous un appel à l’endroit des autorités et des populations ?
Les autorités portuaires doivent songer à sécuriser les quelques navires espagnols qui continuent de venir. Cela fera du bien aux importateurs que nous sommes. A la population, qu’elle comprenne que la situation actuelle du marché n’est pas de notre ressort. Nous partageons leurs souffrances. Mais pour l’heure, nous ne pouvons rien faire. Aux hommes politiques, je demande qu’ils partent à l’élection présidentielle en toute fraternité afin que celui qui gagne soit félicité par son adversaire. Avec un bon scrutin, tout pourra rentrer dans l’ordre.
J. César
Comment les importateurs de poisson vivent-ils la situation électorale ?
La situation actuelle est véritablement insupportable pour nous. Nous partageons les soucis de la population. Il n’y a plus de poissons sur le marché. Parce que le prix est passé du simple au double. Le poisson appolo appelé communément ‘’Chin-Cha’’ qui était vendu à 500 F Cfa le kilogramme, est passé à 1000 F Cfa.
Qu’est ce qui explique cet état de fait ?
Il est bon de savoir que la Côte d’Ivoire n’a pas de compagnie maritime. Elle est donc à la merci des compagnies étrangères. Parce que, les jours de franchise n’existent pratiquement plus. A la SDV où nous travaillons généralement, quand votre conteneur arrive, vous pouvez tout mettre en œuvre avec votre transitaire, mais, ils vous feront payer une taxe un jour de surestarie.
De quoi s’agit-il ?
C’est le temps que la SDV donne au transitaire pour pouvoir faire sortir votre marchandise afin d’éviter que le conteneur soit branché. En plus de cela, il y a un autre phénomène qui prend de l’ampleur. Il s’agit des risques de guerre. C’est-à-dire le conteneur que nous affrétons pour faire venir nos marchandises en Côte d’Ivoire. Quand ces conteneurs arrivent, ils pensent que ces derniers ne pourront pas retourner en bon état. Parce qu’en période de guerre, il n’y a pas d’assurance. Au cas où le conteneur est attaqué, qui pourra répondre de cet acte ? Pour cela, on nous fait payer entre 600.000 F Cfa et 800.000 F Cfa. Nous souffrons donc énormément. Cela rejaillit automatiquement sur les populations également. Parce que, nous sommes obligés de majorer les prix des différentes factures sur les ventes.
Avez-vous saisi les autorités compétentes pour leur traduire ces difficultés ?
Les décideurs savent tous que le taux de consommation du poisson est très élevé. Puis qu’en Côte d’Ivoire, le poisson est consommé sur diverses formes. Malgré tout cela, aucune mesure n’est prise pour accompagner les importateurs.
Qui du ministère du commerce et celui des Ressources Halieutiques gère-t-il ce dossier ?
Ce sont les deux qui gèrent tous nos dossiers. Mais, dans ce cas d’espèce, nous remarquons que notre pays est ouvert sur la mer mais, n’en profite pas au maximum. Nous n’avons aucune compagnie. On n’arrive pas à soutenir les opérateurs qui s’y engagent. Nous pensons qu’il faut instaurer la concurrence comme dans le milieu de la Téléphonie mobile. En le faisant, l’Etat pourra nous faire des faveurs. Les autorités savent que faire venir du poisson en Côte d’Ivoire est un vrai casse-tête chinois.
A combien peut-on évaluer vos investissements pour faire venir un conteneur ?
Rien que pour le transport, nous pouvons investir près de 3 millions de nos francs. Ce, s’agissant du conteneur en provenance du Sénégal. Concernant la Mauritanie, nous sommes passés de 5 millions à 7 millions de F Cfa. C’est ce qui se répercute sur le consommateur.
C’est donc ce qui explique la cherté du poisson sur les marchés…
C’est effectivement cela. Ce sont des paramètres qu’il ne faut pas négliger. L’importateur n’a pas le choix. Avec toutes les dépenses engagées, il faut qu’il rentre en possession de son investissement.
Que doit-on faire pour sortir de cette situation ?
Tant que la situation restera à l’état actuel, les choses ne changeront pas. Il faut un nouvel esprit pour que les choses bougent. Vivement que la Côte d’Ivoire ait un président démocratiquement élu. Condition sine qua non pour que nos partenaires qui ont délocalisé leurs entreprises reviennent. Aujourd’hui, les Maliens et Burkinabé ne viennent plus s’approvisionner en Côte d’Ivoire. Ces peuples préfèrent faire le grand tour pour se retrouver au Sénégal. Parce qu’ils estiment que nous sommes chers.
Le Côte d’Ivoire a donc perdu des clients en cette période électorale ?
Bien sûr ! Tous convergent au Sénégal. Ce pays est devenu un port de transaction où tous les navires y vont. Aussi, il faut vous signaler qu’à la veille du premier tour de l’élection présidentielle, le port d’Abidjan ne recevait plus de navires venant de l’extérieur. Personne ne veut prendre le risque de venir. Mêmes les bateaux qui pêchaient dans les eaux ivoiriennes ont délocalisé au Sénégal.
Avez-vous un appel à l’endroit des autorités et des populations ?
Les autorités portuaires doivent songer à sécuriser les quelques navires espagnols qui continuent de venir. Cela fera du bien aux importateurs que nous sommes. A la population, qu’elle comprenne que la situation actuelle du marché n’est pas de notre ressort. Nous partageons leurs souffrances. Mais pour l’heure, nous ne pouvons rien faire. Aux hommes politiques, je demande qu’ils partent à l’élection présidentielle en toute fraternité afin que celui qui gagne soit félicité par son adversaire. Avec un bon scrutin, tout pourra rentrer dans l’ordre.
J. César