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Économie Publié le vendredi 19 novembre 2010 | Cote d’Ivoire Economie

Nigeria : une vaste réforme du secteur bancaire et financier

© Cote d’Ivoire Economie
Nigeria : une vaste réforme du secteur bancaire et financier
L’heure du pays le plus peuplé d’Afrique et sixième producteur mondial de pétrole aurait-elle sonné ? Le géant ouest-africain semble avoir pris la bonne résolution d’exploiter son potentiel, tout son potentiel ! Un vent de renouveau souffle depuis quelques années sur le pays, avec pour point de mire le secteur financier.

Depuis quelques années le Nigeria semble s’être redécouvert et avoir subitement pris conscience des multiples ressources qui sont les siennes. Bien que le spectre de la corruption continue de planer sur le pays, le pays est résolument engagé dans une large gamme de réformes. Objectif ainsi visé, un nouveau climat des investissements propice à la réalisation de son énorme potentiel. En la matière, la stratégie du géant ouest-africain cible une profonde restructuration du secteur de l’énergie, la stabilité politique et la refondation du secteur financier. Convaincu qu’un « secteur financier solide est déterminant pour permettre au pays de réaliser son potentiel de croissance », le Nigeria s’est engagé, à partir de juillet 2004, sous la férule de la Banque centrale du Nigeria (CBN) dans une vaste opération d’aseptisation de son secteur bancaire.

Une véritable épuration des établissements bancaires

La première génération des réformes conduite sous le gouvernorat de Charles Chukwuma Soludo a consisté en une augmentation substantielle du capital social initial des établissements bancaires, assortie d’une obligation pour toutes de s’y conformer au plus tard le 31 décembre 2005, sous peine de tout simplement disparaître. De 200 millions de nairas (soit 1,3 million d’euros), le capital social des établissements bancaire a été fixé par la BCN à 25 milliards de nairas (163 millions d’euros). « La barre a été mise aussi haut pour contraindre les banques moribondes, soit à fusionner avec les mieux portantes pour constituer des entités plus grosses, sinon, à disparaître », explique un financier ivoirien connaisseur du marché bancaire nigérian. Les résultats seront à la mesure des attentes de l’institution d’émission monétaire nigériane. De 89, le nombre des banques va se réduire comme peau de chagrin à « 25 établissements plus importants, avec un potentiel de réseau plus étendu de filiales », au terme d’opérations de consolidation par fusion et acquisition.
« Les 25 banques qui ont émergé de l’exercice de consolidation ont représenté 93,5% des passifs de dépôt du système bancaire. Pendant le processus de mise en conformité avec l’obligation de capitalisation minimale, les banques ont levé 406,4 milliards de nairas sur le marché des capitaux. Le processus a également conduit à un influx de 652 milliards de dollars US et de 162 000 pounds britanniques en investissement étranger direct (IED) », faisait noter, un brin satisfait, le professeur Charles C. Soludo. Si le pays comptait désormais moins de banques, celles-ci disposaient d’une surface financière conséquente. Et cela se traduisait par une douce pression exercée sur chacune d’elle afin qu’elles s’engagent dans une politique d’expansion de leurs réseaux de filiales (tant en interne qu’en dehors du Nigeria). La consolidation à pas forcés que leur a imposé judicieusement la Banque centrale, avec le ferme et déterminant soutien du gouvernement Obasanjo, a donc renforcé les banques commerciales nigérianes et l’augmentation du flux de transactions commerciales et financières internationales aux confluents desquelles elles se retrouvent a fait que nombre d’entre elles se sont retrouvées à avoir accès à des lignes de crédit de banques étrangères.

La chasse aux vieux démons

Le temps apparaissait bien loin où l’espace financier nigérian grouillait d’établissements « farfelus » dont les dirigeants n’hésitaient pas à disparaître dans la nature avec les coffres-forts. Mais si elle a permis de redessiner et de crédibiliser le secteur financier nigérian, la première génération de réformes n’a pas résolu tous les problèmes. Le trop-plein de ressources dont disposaient les banques a refait surgir ça et là quelques vieux démons : concussion, prévarication, crédits douteux, plans d’expansion interne et hors du Nigeria vaseux, détournement de fonds… Une mal-gouvernance visée par la seconde génération de réformes engagée tambour battant, en août 2009 par le nouveau gouverneur de la CBN, le banquier Mallam Sanusi Lamido Sanusi. « Le plus grave problème, dans notre secteur bancaire, est en rapport avec le comportement de certains de nos banquiers, gestionnaires d’actifs et entrepreneurs qui empruntent auprès des banques et prennent sur eux de ne pas rembourser leurs crédits », déplore t-il alors, avant de décider de partir en guerre contre ces indélicats.

Le 14 août 2009, au terme d’un audit qui les accable, le nouveau gouverneur de la CBN démissionne de leurs postes présidents et directeurs généraux de dix banques dont ils avaient la gestion : Afribank, Bank PBH, Equatorial Trust Bank, Finbank, Intercontinental Bank, Oceanic Bank et Union Bank, Spring Bank, Union Bank of Nigeria, Unity Bank, et Wema Bank. Engageant dans la foulée des poursuites contre eux et contre tous les mauvais payeurs. Mais investissant également plus de 600 milliards de nairas (soit 3,9 milliards de dollars US) dans le cadre d’un mécanisme de facilité de liquidité pour maintenir à flot ces « canards boiteux ». Afin de protéger l’épargne des populations et améliorer la transparence dans le secteur bancaire nigérian, la CBN vient d’abolir le modèle de banque universelle qui cumule diverses spécialités, banque commerciale, banques d’affaires… au profit du modèle de banque spécialisée. Explication de Mallam Sanusi Lamido Sanusi : « Si les actionnaires des établissements bancaires sont libres d’investir leurs ressources dans diverses activités, le capital et les actifs des banques doivent être protégés de certains types d’affaires aux fins de protection des déposants. Les gens déposent leur épargne dans les banques par souci de sûreté et de sécurité et non pour être placée ou investie dans des business à très hauts risques. »

La détermination de la Banque centrale du Nigeria

Dans le souci de doter le Nigeria d’un secteur financier solide et crédible, la CBN vient d’ouvrir de nouveaux fronts de réforme : le secteur de la microfinance où elle vient de retirer l’agrément à plus d’une centaine d’établissements de microfinance sur plus de 400 ; et le marché boursier et des capitaux où elle entend mettre de l’ordre dans les activités de courtage. Le gouvernement nigérian travaille à stimuler la croissance et fait du développement de marchés de capitaux un objectif prioritaire. La CBN entend jouer pleinement son rôle dans cette optique. Car, comme le dira son dynamique et rigoureux gouverneur, « un marché de capital diversifié est une étape nécessaire pour que le Nigeria devienne une économie financière développée ». Et pour réaliser cet objectif gouvernemental et permettre au pays de devenir la puissance régionale qu’il est censé devenir, aucune réforme n’est trop grande ou impossible pour la CBN. Celles-ci portent déjà leurs fruits. Alors qu’en 2004 aucun établissement bancaire nigérian ne figurait dans la liste des 1 000 premières banques du monde, aujourd’hui, le pays place dans ce classement pas moins de 12 banques sur les 24 en activité.

Stéphane Amani
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