Situation sociale des écrivains ivoiriens, mévente des livres, congrès de l'association des écrivains de Côte d'Ivoire (Aeci), actualité politique dominée par la présidentielle. Ernest Foua de Saint Sauveur, président de l'Aeci s'explique dans cette interview sur ces différents sujets surtout sur celui de leurs conditions et propose des solutions.
M. Ernest Foua de Saint Sauveur, vous êtes le président de l'Association des écrivains de Côte d'Ivoire (Aeci). Quelle est votre mission en tant que premier responsable de cette structure ?
Depuis le mois de mai 2004, nous avons été élu à la tête de cette association. Nous sommes donc inscrit dans la mission de défendre les intérêts des écrivains ivoiriens et ceux vivant en Côte d'Ivoire. Il s'agit donc de s'engager dans toutes les initiatives qui vont mettre les écrivains ivoiriens en valeur, qui vont faire la promotion de leurs œuvres et qui vont donner une visibilité à leurs activités.
La Côte d'Ivoire regorge de combien d'écrivains et pourquoi vous avez beaucoup de problèmes alors que l'Aeci a pour mission de mettre les écrivains en valeur. Qu'est-ce qui se passe ?
Pour le chiffre, je m'en vais vous dire que les écrivains se signalent pratiquement au jour le jour. Surtout la période dans laquelle nous avons vécu ces dernières années, a été une période où on a constaté un grand nombre, une grande arrivée de nos concitoyens dans le cercle littéraire. Mais je puis vous dire que l'Aeci a plus de 200 membres. Il reste que ces membres concrétisent de façon pratique leur appartenance à l'Association par des cotisations. Ce n'est pas encore le cas mais nous y travaillons.
Qui peut adhérer à l'Aeci, comment devient-on écrivain, qui est écrivain, qui ne l'est pas ?
Il n'y a pas d'école à proprement parler pour s'initier à l'écriture mais l'école publique depuis le niveau primaire et universitaire, cette école pose les éléments de base à quelqu'un pour maîtriser la langue parce qu'il s'agit de la maîtrise de la langue. Donc celui qui a été à l'école, on peut penser qu'il est à même de posséder les rudiments de la langue. Maintenant, pour s'inscrire dans le registre des écrivains, il faut publier un livre dans les registres qui existent et qui prévalent pour la littérature générale .Il faut produire soit la poésie, du roman, la nouvelle, du théâtre etc. Ce sont ces registres qui déterminent la Côte de l'écrivain. Elle s'oppose à ce qu'on appelle la cote de l'auteur, parce que l'auteur n'est pas forcement un écrivain. Mais un écrivain est un auteur.
Quelle est la différence ?
Il y a d'autres registres, les registres didactiques par exemple où l'individu fait un livre pédagogique, un livre d'enseignement sur une donnée pédagogique, technique etc. Cela relève de l'auteur. Mais au sein de l'Association des écrivains de Côte d'Ivoire, nous avons réfléchi à cette compartimentation et nous voulons y mettre fin. Nous voulons prendre en compte tous ceux qui écrivent. Le prochain congrès de l'Aeci que nous avons convoqué pour le mois de décembre 2010 parce que notre mandat arrive à son terme. A l'occasion de ce congrès, nous allons prendre en compte non seulement ceux qui font la littérature générale mais aussi des auteurs. Nous allons proposer que l'Aeci devienne l'Association des auteurs et écrivains de Côte d'Ivoire. Plus on sera nombreux, plus on sera plus fort pour engager le combat.
Tout cela, pour valoriser la fonction des écrivains ?
Nous devons faire en sorte que nous asseyions au sein de la société ivoirienne, une culture de vivre. C'est-à-dire la faculté sans laquelle, l'Ivoirien est familier au livre parce qu'il y a des infrastructures, des instances, des centres de documentation, des bibliothèques qui existent partout pour faire en sorte qu'il puisse avoir un accès facile des livres.
Est-ce la raison qui explique que l'écrivain n'est pas bien loti ?
Dans votre question, je vois un ensemble de raisons qui font que l'écrivain n'est pas bien loti pour employer votre expression. C'est un ensemble de raisons que je vais décliner. Il y a d'abord pourquoi l'écrivain ne vit pas de son art. L'écrivain, comme des chanteurs qui ont un don, devrait pouvoir vivre de son don. Mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. La première raison que nous voyons, c'est l'environnement socio culturel. Il n'est pas propice à l'épanouissement à la promotion afin que nous bénéficiions de notre art. Nous écrivons pour un public mais ce public est à plus de 50% analphabète. Voyez-vous qu'il y a toute une moitié de la population qui ne peut pas avoir accès au message de l'écrivain. Donc un premier handicap. Ensuite la tradition de l'oralité à laquelle nous sommes redevables et qui nous suit comme un boulet dont nous devons nous débarrasser, cette tradition de l'oralité fait que nous n'avons pas une culture du livre et donc le livre ne nous est pas familier. Ensuite, la seconde raison est liée au pouvoir d'achat de nos concitoyens. Déjà, il y a la moitié de gens qui ne peuvent pas avoir accès au déchiffrage du livre, la moitié qui reste n'a pas un pouvoir d'achat conséquent pour s'offrir des ouvrages des écrivains. Et donc les gens choisissent de s'inscrire dans ce qui va dans l'entretien de leur corps d'abord. Il y a aussi que le livre en Côte d'Ivoire ne bénéficie pas d'un environnement favorable. Au plan de la taxation par exemple, les taxes auxquelles sont soumis les intrants du livre font que le prix du livre est fortement en hausse. S'il y a une détaxation, on aura des livres bon marché accessibles aux populations. Il y a aussi une politique volontariste et incitative du gouvernement qui n'existe pas. Le pouvoir public devrait s'investir dans une politique qui fasse que tout ce qui se rattache à la lecture soit une priorité.
Vous avez oublié la question des éditeurs ?
Justement, ces éditeurs font signer aux auteurs des contrats qui ne sont pas à leur avantage. Mais je veux dire que c'est un ensemble de choses qui font que l'écrivain ne peut pas vivre de son art. Il faut apporter des solutions secteur par secteur à ces différents éléments que j'ai donnés pour permettre à l'écrivain de vivre pleinement de son art et d'en faire un métier. Parce qu'aujourd'hui, nous les écrivains ivoiriens, notre métier premier, ce n'est pas l'écriture. Or ça devrait pouvoir l'être comme dans les pays
En tant que président, avez-vous fait des démarches pour espérer inverser les choses ?
Nous défendons les intérêts auprès de ceux qui ont le devoir régalien de hisser le niveau de développement culturel, intellectuel et éducationnel des populations.
Est-ce que vous êtes écouté ?
Quelquefois, une oreille attentive se pose à nous.
Le prochain congrès sera pour vous l'occasion de revenir sur tous ces problèmes ?
Nous allons en parler. Nous allons faire le bilan de toutes nos activités à la tête de cette association durant ces deux mandats.
Serez-vous candidat à votre propre succession ?
Les textes nous imposent deux mandats, un mandat renouvelé une fois. C'est ce qui nous avons respecté. Nous allons convoquer ce congrès autour de mi-décembre pour réfléchir à relancer les activités à gagner un nouvel élan et à renouveler les instances
Y a-t-il des candidatures déjà ?
Oui, mais officieusement. Nous appelons les écrivains à s'inscrire dans la dynamique de cohésion parce que ces temps-ci, il y a des velléités. Mais nous appelons à la cohésion pour qu'ils puissent poser leurs préoccupations.
Comment lisez-vous l'actualité politique aujourd'hui ?
Le regard, c'est celui du citoyen. Il faut qu'on sorte le pays de la crise. Et que la suite se déroule dans la paix. Que l'on retienne une chose essentielle, le devenir des populations. C'est l'intérêt national qui doit prévaloir sur les intérêts particuliers de conservation ou d'accession au pouvoir. Cette période ne doit plus être pour nous, celle de la division. Parce que l'actualité porte l'écho de l'ethnicisme, de tribalisme des venins qui sont distillés sciemment dans la population pour nous ramener dans la facture sociale. Ce n'est pas acceptable.
Interview réalisée par DJE KM
M. Ernest Foua de Saint Sauveur, vous êtes le président de l'Association des écrivains de Côte d'Ivoire (Aeci). Quelle est votre mission en tant que premier responsable de cette structure ?
Depuis le mois de mai 2004, nous avons été élu à la tête de cette association. Nous sommes donc inscrit dans la mission de défendre les intérêts des écrivains ivoiriens et ceux vivant en Côte d'Ivoire. Il s'agit donc de s'engager dans toutes les initiatives qui vont mettre les écrivains ivoiriens en valeur, qui vont faire la promotion de leurs œuvres et qui vont donner une visibilité à leurs activités.
La Côte d'Ivoire regorge de combien d'écrivains et pourquoi vous avez beaucoup de problèmes alors que l'Aeci a pour mission de mettre les écrivains en valeur. Qu'est-ce qui se passe ?
Pour le chiffre, je m'en vais vous dire que les écrivains se signalent pratiquement au jour le jour. Surtout la période dans laquelle nous avons vécu ces dernières années, a été une période où on a constaté un grand nombre, une grande arrivée de nos concitoyens dans le cercle littéraire. Mais je puis vous dire que l'Aeci a plus de 200 membres. Il reste que ces membres concrétisent de façon pratique leur appartenance à l'Association par des cotisations. Ce n'est pas encore le cas mais nous y travaillons.
Qui peut adhérer à l'Aeci, comment devient-on écrivain, qui est écrivain, qui ne l'est pas ?
Il n'y a pas d'école à proprement parler pour s'initier à l'écriture mais l'école publique depuis le niveau primaire et universitaire, cette école pose les éléments de base à quelqu'un pour maîtriser la langue parce qu'il s'agit de la maîtrise de la langue. Donc celui qui a été à l'école, on peut penser qu'il est à même de posséder les rudiments de la langue. Maintenant, pour s'inscrire dans le registre des écrivains, il faut publier un livre dans les registres qui existent et qui prévalent pour la littérature générale .Il faut produire soit la poésie, du roman, la nouvelle, du théâtre etc. Ce sont ces registres qui déterminent la Côte de l'écrivain. Elle s'oppose à ce qu'on appelle la cote de l'auteur, parce que l'auteur n'est pas forcement un écrivain. Mais un écrivain est un auteur.
Quelle est la différence ?
Il y a d'autres registres, les registres didactiques par exemple où l'individu fait un livre pédagogique, un livre d'enseignement sur une donnée pédagogique, technique etc. Cela relève de l'auteur. Mais au sein de l'Association des écrivains de Côte d'Ivoire, nous avons réfléchi à cette compartimentation et nous voulons y mettre fin. Nous voulons prendre en compte tous ceux qui écrivent. Le prochain congrès de l'Aeci que nous avons convoqué pour le mois de décembre 2010 parce que notre mandat arrive à son terme. A l'occasion de ce congrès, nous allons prendre en compte non seulement ceux qui font la littérature générale mais aussi des auteurs. Nous allons proposer que l'Aeci devienne l'Association des auteurs et écrivains de Côte d'Ivoire. Plus on sera nombreux, plus on sera plus fort pour engager le combat.
Tout cela, pour valoriser la fonction des écrivains ?
Nous devons faire en sorte que nous asseyions au sein de la société ivoirienne, une culture de vivre. C'est-à-dire la faculté sans laquelle, l'Ivoirien est familier au livre parce qu'il y a des infrastructures, des instances, des centres de documentation, des bibliothèques qui existent partout pour faire en sorte qu'il puisse avoir un accès facile des livres.
Est-ce la raison qui explique que l'écrivain n'est pas bien loti ?
Dans votre question, je vois un ensemble de raisons qui font que l'écrivain n'est pas bien loti pour employer votre expression. C'est un ensemble de raisons que je vais décliner. Il y a d'abord pourquoi l'écrivain ne vit pas de son art. L'écrivain, comme des chanteurs qui ont un don, devrait pouvoir vivre de son don. Mais ce n'est pas le cas aujourd'hui. La première raison que nous voyons, c'est l'environnement socio culturel. Il n'est pas propice à l'épanouissement à la promotion afin que nous bénéficiions de notre art. Nous écrivons pour un public mais ce public est à plus de 50% analphabète. Voyez-vous qu'il y a toute une moitié de la population qui ne peut pas avoir accès au message de l'écrivain. Donc un premier handicap. Ensuite la tradition de l'oralité à laquelle nous sommes redevables et qui nous suit comme un boulet dont nous devons nous débarrasser, cette tradition de l'oralité fait que nous n'avons pas une culture du livre et donc le livre ne nous est pas familier. Ensuite, la seconde raison est liée au pouvoir d'achat de nos concitoyens. Déjà, il y a la moitié de gens qui ne peuvent pas avoir accès au déchiffrage du livre, la moitié qui reste n'a pas un pouvoir d'achat conséquent pour s'offrir des ouvrages des écrivains. Et donc les gens choisissent de s'inscrire dans ce qui va dans l'entretien de leur corps d'abord. Il y a aussi que le livre en Côte d'Ivoire ne bénéficie pas d'un environnement favorable. Au plan de la taxation par exemple, les taxes auxquelles sont soumis les intrants du livre font que le prix du livre est fortement en hausse. S'il y a une détaxation, on aura des livres bon marché accessibles aux populations. Il y a aussi une politique volontariste et incitative du gouvernement qui n'existe pas. Le pouvoir public devrait s'investir dans une politique qui fasse que tout ce qui se rattache à la lecture soit une priorité.
Vous avez oublié la question des éditeurs ?
Justement, ces éditeurs font signer aux auteurs des contrats qui ne sont pas à leur avantage. Mais je veux dire que c'est un ensemble de choses qui font que l'écrivain ne peut pas vivre de son art. Il faut apporter des solutions secteur par secteur à ces différents éléments que j'ai donnés pour permettre à l'écrivain de vivre pleinement de son art et d'en faire un métier. Parce qu'aujourd'hui, nous les écrivains ivoiriens, notre métier premier, ce n'est pas l'écriture. Or ça devrait pouvoir l'être comme dans les pays
En tant que président, avez-vous fait des démarches pour espérer inverser les choses ?
Nous défendons les intérêts auprès de ceux qui ont le devoir régalien de hisser le niveau de développement culturel, intellectuel et éducationnel des populations.
Est-ce que vous êtes écouté ?
Quelquefois, une oreille attentive se pose à nous.
Le prochain congrès sera pour vous l'occasion de revenir sur tous ces problèmes ?
Nous allons en parler. Nous allons faire le bilan de toutes nos activités à la tête de cette association durant ces deux mandats.
Serez-vous candidat à votre propre succession ?
Les textes nous imposent deux mandats, un mandat renouvelé une fois. C'est ce qui nous avons respecté. Nous allons convoquer ce congrès autour de mi-décembre pour réfléchir à relancer les activités à gagner un nouvel élan et à renouveler les instances
Y a-t-il des candidatures déjà ?
Oui, mais officieusement. Nous appelons les écrivains à s'inscrire dans la dynamique de cohésion parce que ces temps-ci, il y a des velléités. Mais nous appelons à la cohésion pour qu'ils puissent poser leurs préoccupations.
Comment lisez-vous l'actualité politique aujourd'hui ?
Le regard, c'est celui du citoyen. Il faut qu'on sorte le pays de la crise. Et que la suite se déroule dans la paix. Que l'on retienne une chose essentielle, le devenir des populations. C'est l'intérêt national qui doit prévaloir sur les intérêts particuliers de conservation ou d'accession au pouvoir. Cette période ne doit plus être pour nous, celle de la division. Parce que l'actualité porte l'écho de l'ethnicisme, de tribalisme des venins qui sont distillés sciemment dans la population pour nous ramener dans la facture sociale. Ce n'est pas acceptable.
Interview réalisée par DJE KM