Le cardinal Bernard Agré déchaîné. Invité de l`émission raison d`État de la première chaîne de télévision nationale le vendredi 24 décembre dernier, l`ancien archevêque d`Abidjan a clairement pris position dans la crise née des élections qui secoue la Côte d`Ivoire. Le cardinal a ouvertement soutenu l`élection de Laurent Gbagbo face à Alassane Ouattara. Faisant jouer sa casquette de juriste, il a reconnu que la seule et plus haute juridiction ivoirienne en matière électorale est le Conseil constitutionnel. « Pour moi, le droit a été dit, et a donné un vainqueur, il faut s`en tenir à cela ». Dans des propos clairs, il a poursuivi en dénonçant la proclamation des résultats faite par le président de la Commission électorale indépendante (Cei), Youssouf Bakayoko, à l`hôtel Golf qui est le QG du candidat du Rdr, Alassane Ouattara. Mgr Agré a rappelé que dans tous les pays du monde, c`est le Conseil constitutionnel qui est l`organe chargé de trancher les contentieux électoraux et de proclamer les résultats définitifs des élections présidentielles, citant des exemples récents américains et français. L`homme de Dieu a donc invité les deux protagonistes de cette crise post-électorale, à savoir Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, à dialoguer pour mettre fin à cette crise. « Je demande au président Laurent Gbagbo et à M. Ouattara de se retrouver quelque part pour s`entendre », a-t-il dit. Dans son intervention, le cardinal Bernard Agré n`a pas été tendre avec la communauté internationale, qu`il accuse de vouloir mettre le «feu » à la Côte d`Ivoire. Il a noté à cet effet que la Françafrique, qui définit le type de relation que l`ancienne puissance coloniale décide d`avoir avec son ancienne colonie, « est finie et doit être bannie ». Pour lui, les Ivoiriens doivent être solidaires face à cette pression internationale et se mobiliser pour faire face à la situation. Il a rappelé à cet effet les échecs essuyés par certaines armées puissantes dans des petits pays. « On a connu Dien-Bien FU », rappelant le revers américain au Vietnam, comme pour galvaniser les partisans de Laurent Gbagbo.
H. ZIAO
H. ZIAO