GENEVE (Reuters) - Certaines des disparitions, détentions arbitraires et meurtres qui se poursuivent en Côte d'Ivoire peuvent être assimilés à des crimes contre l'humanité, ont estimé vendredi des experts de la Commission des droits de l'homme de l'Onu, basée à Genève.
La haute commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Navi Pillay, ancienne magistrate à la Cour pénale internationale (CPI), a dit avoir écrit au président sortant Laurent Gbagbo et à d'autres responsables ivoiriens pour les prévenir qu'ils seraient tenus pour responsables de toute atrocité.
"Les chefs d'Etat et autres acteurs ne sont plus assurés de pouvoir impunément commettre des violations atroces des droits de l'homme" depuis que la communauté internationale s'est dotée avec la CPI d'un "instrument pour qu'ils rendent des comptes", a-t-elle dit, faisant état de la découverte d'au moins deux fosses communes .
La veille, le siège new-yorkais des Nations unies avait diffusé un communiqué faisant état de la vive inquiétude de conseillers du secrétaire général Ban Ki-moon quant aux risques de violence ethnique en Côte d'Ivoire, où Gbagbo refuse de céder la place à Alassane Ouattara, jugé vainqueur du second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre .
"Même si, tout de suite, je dis: 'je quitte le pouvoir', qui donne la garantie que ça, ça va amener la paix et ça ne va pas amener des violences plus grandes que celles qu'on redoute ?", a déclaré à la chaîne télévision Euronews le président sortant.
Il a réitéré sa demande d'un recomptage des bulletins de vote du second tour qui, selon lui, a été perturbé par des exactions commises contre les électeurs qui voulaient voter pour lui. "Est-ce que dans des régions, on a frappé, maltraité, même violé des femmes qui allaient voter Gbagbo ou pas? C'est une question qui est quand même centrale..."
Ouattara, qui est reconnu par la communauté internationale, est retranché depuis le 28 novembre à l'hôtel du Golf d'Abidjan, sous la protection des casques bleus de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
"FORCE LÉGITIME"
Charles Blé Goudé, chef du puissant mouvement pro-Gbagbo des Jeunes Patriotes, a menacé de lancer samedi ses troupes "à mains nues" à l'assaut de l'hôtel mais Ban Ki-moon a prévenu que cela pourrait provoquer une "violence généralisée". Il a rappelé que l'Onuci avait mandat pour "faire usage de tous les moyens nécessaires" pour protéger ses troupes et les occupants de l'hôtel.
S'adressant à la presse à l'hôtel du Golf, le Premier ministre d'Ouattara et ex-chef rebelle Guillaume Soro a invité la communauté internationale à agir vite pour détrôner Gbagbo. La Côte d'Ivoire est déjà en état de guerre civile, a-t-il estimé en avançant le chiffre de 200 personnes tuées par les partisans de Gbagbo depuis le 28 novembre.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a menacé Gbagbo de recourir à la "force légitime" s'il ne cédait pas le pouvoir, renvoie lundi à Abidjan les trois émissaires qu'elle lui avait vainement dépêchés mardi dernier.
Gbagbo a déclaré à Euronews qu'il "aviserait" si des Etats africains mettent à exécution leur menace de recourir à la force pour le chasser du pouvoir mais il estime que l'heure reste à la négociation.
"Gbagbo ne devrait pas sous-estimer la détermination de la communauté internationale à faire reconnaître la volonté du peuple ivoirien et à assurer un transfert de pouvoir démocratique", a déclaré le chef de la diplomatie britannique, William Hague.
Il a annoncé que Londres appuierait le principe d'une intervention ouest-africaine mais a conseillé à la Cédéao "d'obtenir l'aval des Nations unies pour cela". Il a exclu toute intervention directe de troupes britanniques. "Il y a des casques bleus en Côte d'Ivoire, il y a aussi beaucoup de forces françaises."
"Nous avons dépêché un officier de liaison dans le pays pour travailler sur les différents scénarios avec les Français", qui disposent en Côte d'Ivoire des 900 hommes du dispositif Licorne, chargé de protéger les 15.000 Français de Côte d'Ivoire et d'appuyer l'Onuci le cas échéant.
"VIOLATIONS ABOMINABLES"
La France a une nouvelle fois conseillé vendredi à ses ressortissants de quitter provisoirement la Côte d'Ivoire en raison de la "crise politique aiguë" que traverse le pays "bien que les ressortissants étrangers ne soient pas, jusqu'à présent, directement menacés.
A Genève, les cinq experts du groupe de travail sur les disparitions forcées ou non-volontaires ont fait état dans un communiqué de centaines de personnes arrêtées par les éléments pro-Gbagbo qui seraient détenues au secret et exposées à la torture, sans toutefois citer le nom du président sortant.
"Quand ils sont commis dans certaines circonstances, les enlèvements équivalent à des crimes contre l'humanité. Ceux qui ont commis des actes aussi horribles doivent rendre des comptes", estiment-ils. Quant aux victimes, elles ont droit à la vérité, à la justice et à des réparations, ajoutent-ils.
Certains de ces experts, qui rendent compte à la Commission des droits de l'homme de l'Onu, parlent d'"abominables violations du droit international humanitaire".
Juan Mendez, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, a réclamé des enquêtes sur les allégations de tortures et de traitements inhumains à l'encontre des personnes séquestrées arbitrairement. Les responsables doivent être traduits en justice et sévèrement châtiés, a-t-il dit.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, les craintes d'un affrontement généralisé ont poussé des milliers d'Ivoiriens à fuir vers le Liberia, où 18.000 d'entre eux, dont la moitié sont des femmes et les deux tiers sont âgés de moins de 18 ans, ont été enregistrés. Mais le HCR estime qu'ils sont beaucoup plus nombreux.
Stephanie Nebehay, Marc Delteil pour le service français, édité par Guy Kerivel
La haute commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Navi Pillay, ancienne magistrate à la Cour pénale internationale (CPI), a dit avoir écrit au président sortant Laurent Gbagbo et à d'autres responsables ivoiriens pour les prévenir qu'ils seraient tenus pour responsables de toute atrocité.
"Les chefs d'Etat et autres acteurs ne sont plus assurés de pouvoir impunément commettre des violations atroces des droits de l'homme" depuis que la communauté internationale s'est dotée avec la CPI d'un "instrument pour qu'ils rendent des comptes", a-t-elle dit, faisant état de la découverte d'au moins deux fosses communes .
La veille, le siège new-yorkais des Nations unies avait diffusé un communiqué faisant état de la vive inquiétude de conseillers du secrétaire général Ban Ki-moon quant aux risques de violence ethnique en Côte d'Ivoire, où Gbagbo refuse de céder la place à Alassane Ouattara, jugé vainqueur du second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre .
"Même si, tout de suite, je dis: 'je quitte le pouvoir', qui donne la garantie que ça, ça va amener la paix et ça ne va pas amener des violences plus grandes que celles qu'on redoute ?", a déclaré à la chaîne télévision Euronews le président sortant.
Il a réitéré sa demande d'un recomptage des bulletins de vote du second tour qui, selon lui, a été perturbé par des exactions commises contre les électeurs qui voulaient voter pour lui. "Est-ce que dans des régions, on a frappé, maltraité, même violé des femmes qui allaient voter Gbagbo ou pas? C'est une question qui est quand même centrale..."
Ouattara, qui est reconnu par la communauté internationale, est retranché depuis le 28 novembre à l'hôtel du Golf d'Abidjan, sous la protection des casques bleus de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).
"FORCE LÉGITIME"
Charles Blé Goudé, chef du puissant mouvement pro-Gbagbo des Jeunes Patriotes, a menacé de lancer samedi ses troupes "à mains nues" à l'assaut de l'hôtel mais Ban Ki-moon a prévenu que cela pourrait provoquer une "violence généralisée". Il a rappelé que l'Onuci avait mandat pour "faire usage de tous les moyens nécessaires" pour protéger ses troupes et les occupants de l'hôtel.
S'adressant à la presse à l'hôtel du Golf, le Premier ministre d'Ouattara et ex-chef rebelle Guillaume Soro a invité la communauté internationale à agir vite pour détrôner Gbagbo. La Côte d'Ivoire est déjà en état de guerre civile, a-t-il estimé en avançant le chiffre de 200 personnes tuées par les partisans de Gbagbo depuis le 28 novembre.
La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), qui a menacé Gbagbo de recourir à la "force légitime" s'il ne cédait pas le pouvoir, renvoie lundi à Abidjan les trois émissaires qu'elle lui avait vainement dépêchés mardi dernier.
Gbagbo a déclaré à Euronews qu'il "aviserait" si des Etats africains mettent à exécution leur menace de recourir à la force pour le chasser du pouvoir mais il estime que l'heure reste à la négociation.
"Gbagbo ne devrait pas sous-estimer la détermination de la communauté internationale à faire reconnaître la volonté du peuple ivoirien et à assurer un transfert de pouvoir démocratique", a déclaré le chef de la diplomatie britannique, William Hague.
Il a annoncé que Londres appuierait le principe d'une intervention ouest-africaine mais a conseillé à la Cédéao "d'obtenir l'aval des Nations unies pour cela". Il a exclu toute intervention directe de troupes britanniques. "Il y a des casques bleus en Côte d'Ivoire, il y a aussi beaucoup de forces françaises."
"Nous avons dépêché un officier de liaison dans le pays pour travailler sur les différents scénarios avec les Français", qui disposent en Côte d'Ivoire des 900 hommes du dispositif Licorne, chargé de protéger les 15.000 Français de Côte d'Ivoire et d'appuyer l'Onuci le cas échéant.
"VIOLATIONS ABOMINABLES"
La France a une nouvelle fois conseillé vendredi à ses ressortissants de quitter provisoirement la Côte d'Ivoire en raison de la "crise politique aiguë" que traverse le pays "bien que les ressortissants étrangers ne soient pas, jusqu'à présent, directement menacés.
A Genève, les cinq experts du groupe de travail sur les disparitions forcées ou non-volontaires ont fait état dans un communiqué de centaines de personnes arrêtées par les éléments pro-Gbagbo qui seraient détenues au secret et exposées à la torture, sans toutefois citer le nom du président sortant.
"Quand ils sont commis dans certaines circonstances, les enlèvements équivalent à des crimes contre l'humanité. Ceux qui ont commis des actes aussi horribles doivent rendre des comptes", estiment-ils. Quant aux victimes, elles ont droit à la vérité, à la justice et à des réparations, ajoutent-ils.
Certains de ces experts, qui rendent compte à la Commission des droits de l'homme de l'Onu, parlent d'"abominables violations du droit international humanitaire".
Juan Mendez, rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, a réclamé des enquêtes sur les allégations de tortures et de traitements inhumains à l'encontre des personnes séquestrées arbitrairement. Les responsables doivent être traduits en justice et sévèrement châtiés, a-t-il dit.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, les craintes d'un affrontement généralisé ont poussé des milliers d'Ivoiriens à fuir vers le Liberia, où 18.000 d'entre eux, dont la moitié sont des femmes et les deux tiers sont âgés de moins de 18 ans, ont été enregistrés. Mais le HCR estime qu'ils sont beaucoup plus nombreux.
Stephanie Nebehay, Marc Delteil pour le service français, édité par Guy Kerivel