La ville de Duékoué est sous le feu d’une rébellion lourdement armée. A la suite d’un meurtre survenu lors d’un braquage effectué par des coupeurs de route, des affrontements entre les communautés Dioula et Guéré ont fait plusieurs morts.
Mine de rien. La rébellion est en train d’effacer la ville de Duékoué. Ville du Moyen-Cavally qui lui ouvre l’accès au Haut Sassandra. « Au moment où je vous parle, Duékoué est à feu et à sang. Toutes les maisons de tous les quartiers sauf celles du quartier Kôkôman sont incendiées», nous a dit hier jeudi 6 janvier 2011, au téléphone un ancien membre des forces d’autodéfense, cloué chez lui. Duékoué, selon Banao Gabriel, ancien combattant, est une ville totalement morte. Dans un sanglot, au téléphone, une dame originaire de Bangolo qui avait pensé trouver refuge à Duékoué depuis que les rebelles ont repris la ville de Bangolo, nous a dit : « Ils ont incendié ma maison avec toutes mes affaires ; or, d’autres parents et amis restés à Bangolo, avaient mis à l’abri leurs affaires chez moi ici à Duékoué. Mais tout est parti en fumée. Je suis à la mission catholique avec les enfants. On ne peut aller nulle part parce qu’il n’y a pas de véhicule pour sortir et toutes les personnes qui avaient fui Bangolo sont ici. » Les faits. Le dimanche 2 janvier, une femme Yacouba, Diomandé Saly revenant de Logoualé où elle s’est rendue pour s’approvisionner en huile, meurt lors d’un braquage effectué par des coupeurs de routes. Dame Fanny Darra, Rdr, va alors accuser les Guéré d’avoir abattu cette femme. Au cours d’une réunion tenue à la préfecture, le préfet a demandé à Dame Fanny Darra comment elle a su que ce forfait est effectué par des jeunes Guéré dans la mesure où au même endroit où a eu lieu le braquage, un adjoint au maire avait été également agressé il y a quelque temps sans que les Guéré se soient plaints et qu’une communauté ne soit accusée. Conclusion : l’accusation est classée mensongère et non prise en considération. Dame Fanny Darra vexée, promet d’alerter toute la communauté Dioula de Duékoué et également les rebelles pour attaquer les Guéré. Et immédiatement, elle a tenu promesse, en alertant tous les Dioula de Duékoué et les rebelles du Nord et de l’Ouest. Et Duékoué est attaqué. Lundi matin, elle est allée au marché, intimant l’ordre à toutes les femmes Dioula d’enlever leurs marchandises du marché. Certaines femmes ont refusé. D’autres l’ont suivie. Aux propriétaires de magasins, elle a tenu le même discours : « fermez vos magasins ». Certains l’ont écouté. D’autres ont continué à travailler. Elle aurait dit : « Vous allez voir, ce qui va vous faire partir du marché arrive ! » A la grande surprise des populations, les quartiers Guéré, Toguéi et Belle-ville sont immédiatement attaqués par des Dioula, rebelles et dozo habitants du quartier Kôkôman. Les tirs tonnaient partout. Le mercredi 5 janvier 2011, aux environs de 11 heures, des rebelles armés de kalachnikovs et de Rpg, à bord de 7 véhicules de type Kia et de véhicules de l’Onuci en provenance de Man, ont fait escale à Bangolo. De là, ils sont partis en direction de Duékoué pour y appuyer les Dozo qui s’affrontent avec les autochtones Guéré depuis lundi 3 janvier. Face à cette violence donc, le quartier Toguéi a riposté. Après avoir détruit trois quartiers (Guéré, Toguéi et Belle-ville), l’objectif des rebelles était de mettre à feu le quartier Carrefour. Mais les jeunes de ce quartier se sont organisés et ont opposé une résistance. Il y a eu plus de dix (10) morts et plusieurs blessés. Et compte tenu de la situation, où personne ne peut aller vers personne, des corps et des blessés peuvent être encore dans des maisons. Au moment où cela était encore possible, beaucoup de gens ont fui la ville, à pied. Selon une source, les forces de l’ordre pensaient que c’était uniquement une affaire entre Dioula et Gueré. « C’est au dernier moment, lorsqu’ils ont vu les rebelles habillés en treillis et béret, avec des armes lourdes, qu’ils ont compris que les rebelles préparé cette attaque », commente cette source qui poursuit : « C’est donc grâce au renfort qu’ils ont demandé et qui est venu, que nous sommes en vie en ce moment et que nous pouvons vous parler. » Le couvre-feu continue. Et malgré le renfort des Fds arrivé à Duékoué, il serait illusoire d’affirmer que la ville était pacifiée hier. Si les trois quarts de Duékoué sont aux mains des rebelles, Bangolo aux mains des rebelles, si Bagohouo, Gueyébli et leurs villages sous le contrôle rebelle et que les routes sont coupées, et que personne ne peut sortir ou aller au champ, on fait quoi ? On fait quoi lorsqu’il revient que l’objectif de ces rebelles est de contrôler le Port de San Pedro, après avoir détruit le pont de Guessabo ? Notons que la destruction de ce pont conduira à l’isolement de l’Ouest du pays, rendant difficile l’arrivée d’éventuel renfort des Fds. Notre armée est interpellée.
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr
Mine de rien. La rébellion est en train d’effacer la ville de Duékoué. Ville du Moyen-Cavally qui lui ouvre l’accès au Haut Sassandra. « Au moment où je vous parle, Duékoué est à feu et à sang. Toutes les maisons de tous les quartiers sauf celles du quartier Kôkôman sont incendiées», nous a dit hier jeudi 6 janvier 2011, au téléphone un ancien membre des forces d’autodéfense, cloué chez lui. Duékoué, selon Banao Gabriel, ancien combattant, est une ville totalement morte. Dans un sanglot, au téléphone, une dame originaire de Bangolo qui avait pensé trouver refuge à Duékoué depuis que les rebelles ont repris la ville de Bangolo, nous a dit : « Ils ont incendié ma maison avec toutes mes affaires ; or, d’autres parents et amis restés à Bangolo, avaient mis à l’abri leurs affaires chez moi ici à Duékoué. Mais tout est parti en fumée. Je suis à la mission catholique avec les enfants. On ne peut aller nulle part parce qu’il n’y a pas de véhicule pour sortir et toutes les personnes qui avaient fui Bangolo sont ici. » Les faits. Le dimanche 2 janvier, une femme Yacouba, Diomandé Saly revenant de Logoualé où elle s’est rendue pour s’approvisionner en huile, meurt lors d’un braquage effectué par des coupeurs de routes. Dame Fanny Darra, Rdr, va alors accuser les Guéré d’avoir abattu cette femme. Au cours d’une réunion tenue à la préfecture, le préfet a demandé à Dame Fanny Darra comment elle a su que ce forfait est effectué par des jeunes Guéré dans la mesure où au même endroit où a eu lieu le braquage, un adjoint au maire avait été également agressé il y a quelque temps sans que les Guéré se soient plaints et qu’une communauté ne soit accusée. Conclusion : l’accusation est classée mensongère et non prise en considération. Dame Fanny Darra vexée, promet d’alerter toute la communauté Dioula de Duékoué et également les rebelles pour attaquer les Guéré. Et immédiatement, elle a tenu promesse, en alertant tous les Dioula de Duékoué et les rebelles du Nord et de l’Ouest. Et Duékoué est attaqué. Lundi matin, elle est allée au marché, intimant l’ordre à toutes les femmes Dioula d’enlever leurs marchandises du marché. Certaines femmes ont refusé. D’autres l’ont suivie. Aux propriétaires de magasins, elle a tenu le même discours : « fermez vos magasins ». Certains l’ont écouté. D’autres ont continué à travailler. Elle aurait dit : « Vous allez voir, ce qui va vous faire partir du marché arrive ! » A la grande surprise des populations, les quartiers Guéré, Toguéi et Belle-ville sont immédiatement attaqués par des Dioula, rebelles et dozo habitants du quartier Kôkôman. Les tirs tonnaient partout. Le mercredi 5 janvier 2011, aux environs de 11 heures, des rebelles armés de kalachnikovs et de Rpg, à bord de 7 véhicules de type Kia et de véhicules de l’Onuci en provenance de Man, ont fait escale à Bangolo. De là, ils sont partis en direction de Duékoué pour y appuyer les Dozo qui s’affrontent avec les autochtones Guéré depuis lundi 3 janvier. Face à cette violence donc, le quartier Toguéi a riposté. Après avoir détruit trois quartiers (Guéré, Toguéi et Belle-ville), l’objectif des rebelles était de mettre à feu le quartier Carrefour. Mais les jeunes de ce quartier se sont organisés et ont opposé une résistance. Il y a eu plus de dix (10) morts et plusieurs blessés. Et compte tenu de la situation, où personne ne peut aller vers personne, des corps et des blessés peuvent être encore dans des maisons. Au moment où cela était encore possible, beaucoup de gens ont fui la ville, à pied. Selon une source, les forces de l’ordre pensaient que c’était uniquement une affaire entre Dioula et Gueré. « C’est au dernier moment, lorsqu’ils ont vu les rebelles habillés en treillis et béret, avec des armes lourdes, qu’ils ont compris que les rebelles préparé cette attaque », commente cette source qui poursuit : « C’est donc grâce au renfort qu’ils ont demandé et qui est venu, que nous sommes en vie en ce moment et que nous pouvons vous parler. » Le couvre-feu continue. Et malgré le renfort des Fds arrivé à Duékoué, il serait illusoire d’affirmer que la ville était pacifiée hier. Si les trois quarts de Duékoué sont aux mains des rebelles, Bangolo aux mains des rebelles, si Bagohouo, Gueyébli et leurs villages sous le contrôle rebelle et que les routes sont coupées, et que personne ne peut sortir ou aller au champ, on fait quoi ? On fait quoi lorsqu’il revient que l’objectif de ces rebelles est de contrôler le Port de San Pedro, après avoir détruit le pont de Guessabo ? Notons que la destruction de ce pont conduira à l’isolement de l’Ouest du pays, rendant difficile l’arrivée d’éventuel renfort des Fds. Notre armée est interpellée.
Germain Séhoué
gs05895444@yahoo.fr