Motus : Scandale

Laurent Dona Fologo, l’homme abonné aux faux logos, a bien eu raison de le dire. Laurent Gbagbo est le plus grand disciple de Félix Houphouët Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire. Il a tellement aimé le père de l’Indépendance ivoirienne, qu’il n’a pas sourcillé un seul instant à créer le Front Populaire Ivoirien, pour accuser « le vieux » de tous les péchés et le traiter de tous les noms. N’est-ce pas Gbagbo qui qualifiait Boigny de « grilleur d’arachide », de « dictateur du silence », qui n’a de mérite que celui d’avoir « transformé son village natal de Yamoussoukro en une Brasilia africaine » ? N’est ce pas encore « le Seplou de Mama » qui a croisé les jambes lors des obsèques du « bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne, suscitant l’indignation de sa famille et des Ivoiriens » ? N’est ce pas toujours Gbagbo qui a provoqué la guerre dans le pays de cet apôtre de la paix, connu pour son attachement à l’union et à la cohésion sociale ? Oui, Gbagbo est un Houphouétiste certifié pour avoir été celui qui a justement détruit les acquis et héritages du prédécesseur d’Henri Konan Bédié. Assurément, le perdant de la dernière présidentielle est un adepte de Boigny, pour avoir organisé le pillage des ressources nationales par ceux qu’il présentait naguère comme des « poches de moralité ». Sans aucun doute, Gbagbo est tellement attaché à la philosophie du « père fondateur » qu’il a installé un blocus contre ses disciples installés à l’hôtel du golf d’Abidjan, dans sa volonté de confiscation du pouvoir. L’opposant historique aime tellement Félix Houphouët Boigny, qu’il n’a pas hésité à lancer sa soldatesque à l’assaut du siège du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, avec chars et armes lourdes, faisant un mort et de nombreux blessés. C’est sans doute l’expression d’une grande affection pour « le père de la nation ivoirienne ». A la vérité, les Ivoiriens comprennent bien que nous parlons avec ironie. Ils sont gros jean comme devant, tous ces flibustiers et prédateurs qui, pour recueillir prébendes et expédients, s’adonnent à de grossiers rapprochements entre Houphouët Boigny et Laurent Gbagbo. Le premier était un homme de paix, tandis que le second a envoyé la guerre dans son pays, non sans donner des signes patents de conflit permanent entre les deux êtres qui résident en lui.

Bakary Nimaga