Depuis mardi dernier, des balles et des obus pleuvent sur la commune d’Abobo. Les populations de cette commune populaire sont en proie à des incursions armées des forces de défense et sécurité. Dans la journée de mardi, l’attaque des FDS a fait officiellement au moins quatre morts. Deux policiers et deux habitants ont été tués. « C’est une opération classique de sécurité contre des bandits armés », ont avancé les sécurocrates de la refondation pour justifier les scènes de guerre qui ont cours en ce moment à Abobo. Dans la nuit du mardi à mercredi, le bilan des affrontements s’est alourdi. On parle de cinq policiers tués et un civil. Les habitants aujourd’hui vivent dans la peur. Car, cela fait deux jours qu’ils n’ont pas fermé les yeux. Comment peut-il en être autrement ? Les bruits assourdissants des armes lourdes sont entendus parfois jusque dans d’autres communes : Cocody, Adjamé, Plateau, Treichville, Marcory et Koumassi. Il faut donc comprendre qu’un habitant d’Abobo qui est au cœur des opérations n’arrive pas à trouver le sommeil. Mais, pourquoi une telle opération maintenant ? Selon toute vraisemblance, Laurent Gbagbo a décidé de prendre le devant des choses. L’ancien chef d’Etat sent la contestation montée en puissance. Le RHDP prépare des mouvements de masse pour pousser l’autocrate d’Abidjan vers la sortie. Des journées villes mortes, dans cette optique, sont prévues à partir de la semaine prochaine. Le pouvoir FPI le sait. Et comme Abobo a toujours joué un grand rôle dans les manifestations de l’opposition, Laurent Gbagbo et ses camarades ont choisi d’enlever aux habitants de cette commune, dès maintenant, toute envie de manifester. L’opération qui a cours en ce moment a pour objectif de saper le moral des nombreux militants de l’opposition qui y a habitent et de créer une psychose en vue d’entamer la détermination de tous ceux qui veulent en découdre avec le régime FPI. En outre, avec l’argumentaire de chasse aux « rebelles armés », l’état-major militaire de Laurent Gbagbo se donne la raison d’occuper militaire cette commune pour anticiper sur les mouvements de masse que s’apprêtent à engager les démocrates de la commune la plus peuplée de la Côte d’Ivoire contre le régime dictatorial qu’il tente d’instaurer dans le pays de Félix Houphouët-Boigny. Réussira-t-il à contenir la colère de ceux qui veulent sauver la démocratie en Côte d’Ivoire ? Rien n’est moins sûr. Car s’il y a une seule chose qu’on ne peut bâillonner chez un peuple, c’est son désir de liberté. Et sur ce sujet, Laurent Gbagbo en sait un bout. Alors, autant céder le pouvoir pendant qu’il est encore temps.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly