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Politique Publié le vendredi 4 février 2011 | Le Patriote

Déstructuration de l`économie régionale, mise à mal de l`intégration -Il est temps de mettre fin aux agissements de Gbagbo

Un traitement de choc pour éradiquer une politique pernicieuse. C`est ce qu`il faut pour mettre un terme aux actions de Laurent Gbagbo. En effet, l`ex-président ivoirien qui ne sait plus à quel saint se vouer, commet des impairs qui sont en train de désagréger le système bancaire ivoirien. Après avoir tenté de maintenir à son poste, le Gouverneur Dacoury-Tabley et malgré la sommation de fermeture des agences nationales de la Bceao, Laurent Gbagbo a décidé d`enjamber cette décision émanant de la maison-mère qui se trouve à Dakar, la capitale sénégalaise.

Les impairs de Gbagbo

Le président non reconnu par la communauté internationale, voulant faire croire qu`il détient encore les cordons de la bourse de la Côte d`Ivoire, a pris une réquisition faisant injonction au personnel de demeurer à son poste. Foulant ainsi aux pieds, les règles de la Bceao. Dans la foulée, il a fait nommer un nouveau Directeur national de l`agence, en la personne de Dially Zié alors que cela devait se faire par le président légitimement élu, Alassane Ouattara. La semaine dernière, un communiqué de cette institution a même déploré le ``braquage`` de l`agence nationale de la Bceao d`Abidjan. Certaines sources parlent d`un montant de 50 milliards de FCFA, quand d`autres soutiennent qu`il s`agit de 08 milliards de Fcfa. Ces actes consécutifs à la mainmise de Gbagbo sur l`agence nationale ont alors occasionné, depuis Dakar, le verrouillage du système de compense par le Gouverneur par intérim de la Banque, Jean-Baptiste Compaoré. Mais tout cela n`a pas empêché Laurent Gbagbo de lâcher prise. Au point de faire surveiller désormais l`agence nationale par les Forces de Défense et de sécurité. N`a-t-il pas dit que l`argent n`aime pas le bruit ? Le constat, c`est que c`est dans ce brouhaha que se font tous les micmacs. Et les premières institutions à en pâtir, sont les banques et établissements financiers de Côte d`Ivoire. Ces banques ivoiriennes sont aujourd`hui privées de la compense avec la Bceao. Entre elles également, ce n`est pas une partie de plaisir. Les compenses ont lieu désormais manuellement. Un travail très fastidieux qui nécessite beaucoup de temps. En effet, auparavant, les données étaient toutes archivées par la Bceao et les opérations de compense se faisaient en une heure. Actuellement, c`est à un véritable calvaire que sont confrontées les banques. Les agents qui, d`habitude bouclaient leur journée à 16h30mn, sont contraints de finir à 18h pour certains et 19h pour d`autres. Les compenses se font dorénavant en deux ou trois heures. Une situation qui impacte négativement sur les transactions et transferts avec l`étranger. D`où une désintégration du système bancaire, aussi bien national que sous-régional. Les chèques ne passent quasiment plus. Des compenses entre la Banque du Trésor et des banques ne sont plus possibles. Des prestataires de l`Etat n`arrivent plus à avoir de l`argent pour le paiement des salaires de leur personnel. Il est vrai pour le moment, la tension n`est pas véritablement perceptible à cause de la présence de quelques ressources dans les caisses des banques dont la plupart ont décidé de ne plus reverser de l`argent à la Bceao. Mais sous Gbagbo encore, le Trésor ivoirien, au titre de la dette publique et du marché financier régional est redevable de 600 milliards de Fcfa aux banques et assurances. Dette contractée lors des émissions de bons du Trésor et des emprunts obligataires. Mais la Côte d`Ivoire qui ne peut s`acquitter de cette dette, voit voler à son secours la Bceao car des pays ne peuvent plus contracter de gros prêts auprès des banques tant que le remboursement de tout ou partie de cette somme n`est pas effectué. Ce sont donc des projets d`investissement et de développement économiques qui sont ainsi mis en veilleuse. L`on perçoit alors la désintégration du système bancaire de l`Uemoa.

Ce que représente la Côte d`Ivoire

Si la Côte d`Ivoire est aujourd`hui bien solide, c`est surtout à cause de ses fondamentaux restés intacts malgré la crise qui secoue le pays. C`est aussi grâce aux nombreux présidents et responsables qui se sont succédé à la tête de ce pays. Mais c`est aussi grâce aux pays de l`Uemoa (Union économique et monétaire ouest africaine) qui ont apporté leur pierre à la construction de la Côte d`Ivoire. Et dans le cadre de l`intégration sous-régional, le pays doit faire profiter ses richesses. Cela existe bien au niveau de l`électricité où dans le cadre de l`interconnexion, cette solidarité est palpable. L`on se souvient qu`il y a quelques années, c`est bien la Côte d`Ivoire qui aidait le Ghana en électricité lorsqu`elle en avait en abondance. Aujourd`hui c`est bien le contraire. C`est le Ghana qui a soutenu récemment la Côte d`Ivoire. Ainsi, la Côte d`Ivoire qui représente 40% de l`Uemoa ne saurait tuer cet espace par la volonté d`un seul homme. Ce pays n`appartient pas à Gbagbo pour qu`il tente de l`isoler. L`on sait ce que l`autarcie de la Guinée du temps de Sékou Touré lui a coûté malgré ses ressources naturelles et la création de sa propre monnaie. Au lieu de se servir de cette leçon, Laurent Gbagbo veut se détacher de l`Uemoa en créant sa propre monnaie. En atteste la transformation de l`agence nationale de la Bceao en Banque centrale de Côte d`Ivoire, selon nos sources. Si cela est avéré, il faudrait amener Gbagbo à changer de fusil d`épaule. Car la création d`une monnaie serait suicidaire pour la Côte d`Ivoire et pour l`Uemoa. En effet, la Côte d`Ivoire représente 40% du Pib (Produit intérieur brut) de l`Uemoa et possède la moitié du tissu industriel de cet espace communautaire. A cela il faudrait ajouter que ce pays a le plus vaste système bancaire de l`Uemoa et de loin, le plus performant. Selon les informations en notre possession, au niveau du volume d`échanges Abidjan-Bamako ou Ouagadougou, la Côte d`Ivoire représente 60 à 70% des échanges commerciaux du Mali et du Burkina. Mais actuellement, l`on constate une chute de 20 à 30%. Au chapitre des exportations et importations, les deux ports ivoiriens ont ensemble, en moyenne, une capacité annuelle de 18 millions de tonnes. Quant aux ports ghanéens, togolais et béninois, ils représentent chacun 3 millions de tonnes. Le transfert bancaire de la main-d`œuvre du Mali, Burkina, Bénin, Sénégal et Togo, en provenance de la Côte d`Ivoire est estimé à 200 milliards de Fcfa par an. En ce qui concerne le poids respectif de chaque pays au sein de l`Uemoa, la Côte d`Ivoire représente à elle seule, 73% des exportations totales de la sous-région, 77% des exportations agricoles, 38% des importations totales de la sous-région. La Côte d`Ivoire a aussi une part contributive de 20,2 milliards de dollars Us sur un Pnb (Produit national brut) de l`ensemble des autres Etats réunis de l`ordre de 30,4 milliards de dollars Us. Loin derrière le Sénégal qui vient en deuxième position avec 9 milliards de dollars Us. Les avoirs de la Bceao qui sont de l`ordre de 3500 milliards de Fcfa, la part de la Côte d`Ivoire est estimée à 1900 milliards de Fcfa. Quant aux dépôts des pays de l`Uemoa qui se trouvent au Trésor français, ils sont de 5000 milliards de Fcfa. La Côte d`Ivoire en possède 3000 milliards de Fcfa. Comme on le constate, le pays de feu Félix Houphouët-Boigny est un pays phare qui a toujours soutenu l`Union et la Sous-région. Ne dit-on pas que quand la Côte d`Ivoire tousse c`est toute la sous-région qui est enrhumée ? Mais, c`est parce que le pays est attractif qu`il attire les investissements. Un isolement et tout s`écroule.

Stopper Laurent Gbagbo

Regarder ou laisser faire le président sortant ivoirien est une caution de la Bceao à ses actes et actions. Gbagbo a décidé de défier l`Uemoa et agir selon son bon vouloir. Cependant ce sont des risques énormes que prend l`Union, car Gbagbo risque de consacrer la décrépitude totale du système bancaire de cet espace communautaire. Il ne faudrait pas l`omettre, un système bancaire est synonyme d`une économie forte. Le conseil des ministres de l`Uemoa, sous la présidence de Jose Vaz du Cap vert, s`est réuni récemment suite aux impairs à répétition de l`ex-président ivoirien. Des mesures ont été prises mais elles doivent être effectivement appliquées, et cela, sans état d`âme. Une agence de la Bceao appartient à l`institution et non à un Etat. Les fonds qui y sont logés appartiennent à la communauté et sont gérés à partir du siège central, Dakar. C`est donc tout un système qui risque d`être déglingué. La Bceao est comme un pays avec ses ambassades. C`est un espace inviolable avec toutes ses prérogatives. Mais en Côte d`Ivoire, ce sont les prérogatives de la Bceao qui sont violées. Les actes posés (réquisition du personnel, braquage, nomination d`un nouveau Directeur, etc.) sont contraires aux textes qui régissent l`Union. La Bceao d`Abidjan ne fonctionne donc plus selon les règles monétaires. L`on constate que le franc cfa, monnaie communautaire, est géré de manière isolée. Et c`est ce qui se passe avec l`agence d`Abidjan-Plateau devenue une banque nationale centrale qui plus est, gère une monnaie communautaire. Dakar doit donc prendre des mesures idoines et drastiques au risque de voir les banques disparaître, tout comme les projets d`investissement qu`elles financent avec l`aval de la Bceao. Ne l`oublions pas, c`est la confiance qui régit toute transaction. Mais s`il n`y a plus de confiance, c`est toute l`économie d`un pays qui va à vau-l`eau puisque plus personne n`osera déposer son argent dans une banque où il lui sera impossible de faire des opérations de compense. A fin 2009, l`argent injecté par les banques dans l`économie ivoirienne avoisinait les 2600 milliards de Fcfa avec des ressources de 2400 milliards de Fcfa. Cette somme a été aussi d`un grand apport dans le cadre des transactions et des échanges commerciaux dans l`Uemoa et dans la sous-région. Mais Laurent Gbagbo a commencé à remettre en cause les acquis, aussi bien ceux de son pays que ceux de l`Uemoa. D`où l`instabilité du système économique de l`Uemoa qui prévaut actuellement. La situation en Côte d`Ivoire est donc une ``arme de destruction massive`` que l`on ne doit nullement laisser entre les mains d`un président illégitime, Laurent Gbagbo. Sinon, bonjour les dégâts.
Jean Eric ADINGRA


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