L’édito de Georges amani : Petit Bodiel contre Bouki

L’école d’autrefois en Afrique noire avait partout le même support : les contes et légendes.
Ainsi, autour du feu, chaque papa, chaque grand-père, racontait-il à sa manière ces histoires où
l’homme et l’animal se parlaient autrefois. Partout, les acteurs principaux sont les mêmes mais
avec des sobriquets différents. Plus tard à l’école des Blancs, nos aînés ont donné des post-noms.

Unanimement, nous connaissons qui est Leuk, ou petit Bodiel et qui est Bouki. Entre les deux, il
n’y a pas match sur le terrain de l’intelligence et de la ruse. Dans la vie de tous les jours, dans nos
rapports avec nos semblables et partenaires, rapports bien souvent hypocrites selon les intérêts
recherchés, chacun joue le petit Bodiel avant de finir parfois Bouki. Précisons que cela se passe
quand nous nous éloignons du chemin du Droit. Il y en a parmi nous qui raffolent de ce petit jeu de
jouer le petit Bodiel en toute circonstance. Le français nouveau leur fabrique des sobriquets. Chez
nous, le sobriquet le plus connu ces dernières années, c’est le boulanger enfarineur. Jouer le plus
rusé sur la place publique. La morale ? Ce n’est pas de son genre. La gratitude ? Non, ça ne fait pas petit Bodiel. Toutes sortes de subterfuges pour gagner du temps et en jouir à tout bout de champ.

Quand il temporise, c’est pour endormir ou déconcentrer l’interlocuteur pour l’avoir au finish. Et cela est le propre de Bouki. Mais, dans nos contes comme dans la vie de tous les jours, nous savons tous comment Bouki finit face à petit Bodiel. Quand Bouki n’en a plus dans le ventre, il menace et use de la force. Bien souvent et presque toujours, petit Bodiel obtient le secours d’un plus fort. N’avez-vous pas compris encore mon conte du jour ? Qu’importe ! Retenons tout simplement que l’efficience est préférable à la providence. Malheureusement, la Côte d’Ivoire attend la providence.

G.A.