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Politique Publié le mercredi 9 mars 2011 | Le Patriote

Journée internationale de la femme - Bouaké : Les femmes ont pleuré leurs sœurs tuées à Abobo

La journée mondiale consacrée à la célébration de la femme à travers le monde a été marquée à Bouaké du sceau du deuil. En effet, les femmes de Bouaké vêtues de noir pour certaines et de blanc pour d’autres, se sont retrouvées hier à la place de la paix au quartier Air France pour une cérémonie de recueillement à la mémoire de leurs sœurs tombées à Abobo, le 3 mars dernier. Riche moment d’émotion. Pas d’acclamation ni de danses traditionnelles pour accueillir les personnalités comme il est de coutume. Pleurs et chants funèbres, c’est ce qui a été servi aux autorités présentes. Notamment, le ministre Allah Kouadio Rémi venu au nom du Président de la République. Le maire Fanny Ibrahima et le docteur Diomandé étaient également présents. Un incident noté lors de la libation a retardé le début de cette cérémonie. En effet, le notable Baoulé chargé d’exécuter la libation s’est vu reprendre ce rituel une seconde fois sous la révolte des nombreuses femmes baoulé présentes, dont leur porte parole Mme Kouadio Moh Miclô. Celle-ci a exigé du notable de conclure ses invocations par le départ immédiat de Laurent Gbagbo étant entendu que c’est aux ancêtres qu’il s’adresse. Requête qui a reçu l’adhésion du ministre Allah qui, de manière discrète, à instruis le notable de revenir sur ses invocations lequel a conclu en implorant les esprits à accélérer la fin et l’éloignement de Gbagbo de la Côte d’Ivoire. C’est après ce préalable, salué par l’ensemble des femmes, qu’Il est revenu au maire Fanny Ibrahima d’annoncer à travers son discours, les raisons de la présence de ces nombreuses femmes, qui n’est autre qu’un deuil. «Nous sommes venus vous annoncer officiellement que dix de nos sœurs ont été assassinées à Abobo par Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, au lieu d’être une journée de fête pour nous, c’est plutôt une journée de tristesse. Et à la demande du Président de la République nous nous sommes associées aux femmes pour commémorer ce drame » a indiqué le premier magistrat de la ville. Le décor ayant été planté, ce sont des femmes, toutes vêtues de noir, assises pour certaines sur des nattes ou sur des pagnes qui s’écroulaient par moments en pleurant, cela, dans la pure tradition des funérailles Akan, leurs sœurs tombées à Abobo. Elles seront ensuite calmées et consolées par la forte notabilité Baoulé présente. Les femmes musulmanes, habillées de couleur blanche vont à leur tour entrer en scène par des prières à travers des extraits de versets coraniques adressés au repos de l’âme des femmes abattues à Abobo. « Femmes de Bouaké, femmes de la Côte d’Ivoire, pleurons nos sœurs. Femmes des champs, femmes des marchés, femmes de la liberté, séchez vos larmes ! Nos sœurs qui sont mortes à Abobo se sont données en sacrifice comme le Christ même l’a fait pour l’humanité. Leur sang qui a coulé doit nous fortifier dans le combat qui mène à la démocratie. Chères femmes, cessez de pleurer, c’est le dernier crime que Laurent Gbagbo aura commis sur cette terre des hommes où il ne lui reste plus assez de temps à passer. Dieu ne lui pardonnera jamais cela, car il est lui-même sorti des entrailles d’une femme » a, par la suite, prédit Dame N’Guessan Jacqueline responsable politique des femmes RHDP de Bouaké. Dans son adresse le ministre Allah Kouadio Rémi a, au nom Président de la République, exprimé toute la compassion du gouvernement de Côte d’Ivoire, avant d’appeler les femmes à garder confiance. « Le Président m’envoie vous dire qu’il n’acceptera pas que quelqu’un tue ses sœurs, ses mamans et ses épouses. Gbagbo Laurent partira et partira rapidement », a-t-il rassuré.

MAIGA Idrissa à Bouaké
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