La crise post-électorale qui secoue la Côte d’Ivoire, suite au refus du président sortant, Laurent Gbagbo, de céder le pouvoir à son successeur, Alassane Ouattara, a atteint des proportions inimaginables et inquiétantes dans certaines villes du pays. C’est le cas à Issia, ville située dans la région du Centre-ouest. En effet les cadres Lmp de cette localité viennent de franchir le Rubicon en prenant des mesures d’un autre temps. Réunis récemment dans le village de Bobréguhé, situé à 4 kms, au nord d’Issia, sur l’axe menant à Daloa, dans le cadre d’un conseil de sécurité et de paix du département, des cadres et des jeunes ont établi des règles auxquelles une dizaine de ressortissants du Nord et les partisans du Rhdp doivent se soumettre désormais. Les décisions qui passent pour être les nouvelles lois régissant la vie à Issia, imposent aux personnes listées de quitter immédiatement la terre d’Issia sans y remettre les pieds durant une période de 7 ans. Pour application, ces mesures d’interdiction ont été transmises au gouvernement Aké N’Gbo Jean Marie et au préfet du département, Ossey Achi. Ainsi une dizaine de personnes ressortissantes du nord du pays travaillant à Issia, ont été listées par les militants de Lmp. Sur cette liste des personnes indésirables sur la terre d’Issia, figurent des responsables politiques, des opérateurs économiques. Sont aussi frappés par la mesure, certains fonctionnaires, dont un médecin, un officier de la police et un de la gendarmerie, etc. Le préfet Ossey a promis d’user de toute son autorité pour faire affecter de la ville, tous les fonctionnaires concernés par ces mesures. Même si sa marge de manœuvre est réduite, pour ce qui est des partis politiques et des opérateurs économiques, le préfet veut réussir à les soumettre à ce qu’il appelle « les coutumes de la communauté bété ». Un délai de reflexion expirant le lundi 7 mars dernier avait été accordé aux bannis. Mais, les responsables du Rhdp et les chefs des communautés du Nord n’ont pas jugé utile de répondre présents à la réunion convoquée à cet effet. Il faut rappeler que des heurts meurtriers ont éclaté le 3 décembre 2010, entre les militants du Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) et ceux de La majorité présidentielle (Lmp), faisant des morts des deux côtés. C’était quand les deux camps sont descendus dans la rue après l’annonce de résultats contradictoires pour l’élection présidentielle : ceux du Conseil constitutionnel donnent Gbagbo Laurent vainqueur alors que ceux de la Cei, certifiés par le représentant du Sg de l’Onu, établissent la victoire d’Alassane Ouattara.
Bayo Fatim à Daloa
Bayo Fatim à Daloa