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Société Publié le vendredi 11 mars 2011 | Nord-Sud

Après la destruction de plusieurs lieux de prière… Ce que cache le silence des mosquées

© Nord-Sud Par Emma
Religion / Méga Qadr 2010 - Tariq Ramadan, invité spécial de la Nuit du Destin, au Palais de la culture
Dimanche 5 septembre 2010. Abidjan. Palais Bernard Binlin Dadié. Le célèbre islamologue suisse Tariq Ramadan anime une conference publique sur le theme "L`Islam et les défis actuels", en présence du chef de la communauté Musulmane, Cheick Boikary Fofana (photo), et de nombreux membres du gouvernement
Malgré la série d’attaques de mosquées par des pro-Gbagbo, les communautés musulmanes ont décidé de ne rien faire.


Presque toutes les mosquées de la capitale économique sont devenues de potentielles cibles des jeunes pro-Gbagbo. La dernière à essuyer leur attaque est celle de Blokhauss, dans la commune de Cocody. Elle a été saccagée par des partisans de l’ex-président. Malgré cette hostilité ambiante, les communautés musulmanes ont décidé d’éviter toute disposition qui puisse conduire à des violences qui pourraient être interprétées comme une vengeance. « Si aujourd’hui, un seul imam ordonne aux musulmans de prendre les mesures de sécurité pour protéger les mosquées, forcément, cet ordre sera mal interprété, et cela va vite tourner au drame. Nous connaissons très bien comment nos frères réagissent », explique Bourahima Bakayoko, fidèle de la mosquée d’Andokoi, dans la commune de Yopougon. Les imams ont de concert décidé qu’aucun ordre de ce genre ne soit donné dans les mosquées. Afin que d’une part, cela ne soit pas travesti par certains fidèles, et d’autre part, que les forces de l’ordre n’y voient pas une sorte de menace.
A Abobo, où la situation est plus critique, il n’y a presque plus de prière dans les mosquées. A la mosquée de ‘’Pétro-Ivoire’’, par prudence, l’imam Yaya Traoré a d’abord demandé que les prières de vendredi qui accueillent un plus grand nombre de fidèles, soient suspendue jusqu’à nouvel ordre. Puis, avec la situation de plus en plus instable, ce sont les prières ordinaires qui on été quasiment suspendues. Contrairement aux autres communes, ici, l’on craint surtout des balles des Forces de défense et sécurité(Fds). La mosquée est juste en bordure de la voie qui mène au rond-point de la mairie. C’est cette route qu’empruntent régulièrement les chars et autres engins de guerre du camp Gbagbo qui entrent et ressortent en trombe d’Abobo. Et leurs occupants tirent à vue, craignant une attaque du commando invisible qui règne dans la commune.

L’impossible
guerre religieuse

L’attaque de la mosquée de Blokhauss est survenue seulement deux jours après l’appel du Forum des confessions religieuses de Côte d’Ivoire contre toute transformation de la crise politique en une crise religieuse. C’était après l’incendie, la seconde fois de suite, d’une mosquée et de plusieurs corans, à Yopougon. Dans une déclaration consécutive aux incendies de mosquées qui ont eu lieu le 25 février, le Conseil supérieur des imams(Cosim) a appelé les musulmans à demeurer calmes. Non sans exprimer son indignation, l’instance suprême de la communauté musulmane avait également appelé les fidèles à la retenue suite aux « agressions perpétrées sur des mosquées et des lieux de prière musulmans », à Grand-Bassam et à Abobo, le 17 décembre 2010. L’objectif est d’éviter à tout prix la guerre religieuse visiblement recherchée par les personnes qui s’attaquent aux mosquées. Une intention qui ressort dans ce récit de l’imam de la mosquée du quartier Banco, à Abobo. Fofana Mory raconte que récemment, «un homme est allé dire aux jeunes que nous cachons des armes ici dans la mosquée. Hier, (Ndlr : mardi) ils sont venus fouiller à l’intérieur, ils n’ont trouvé aucune arme », explique-t-il. Il ajoute qu’après l’incendie des mosquées à Yopougon, il n’a pas voulu donner l’ordre à ses fidèles de sécuriser la mosquée, à cause de ce genre d’évènement. Parce qu’en voulant sécuriser la mosquée, on dira que les fidèles cachent des armes à l’intérieur. « De plus, au Banco, nous nous connaissons presque tous », se justifie Fofana Mory. Il pense que la fièvre du vandalisme n’existe pour le moment qu’à Yopougon et Blokhauss. C’est le même jugement qu’avance un imam de l’une des mosquées de Treichville qui a souhaité rester dans l’anonymat. Dans cette commune, aucune consigne n’a été donnée pour sécuriser les mosquées. On est juste prudent.

Raphaël Tanoh
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