Faut-il obéir à l'ordre de son supérieur, lorsque celui-ci demande d'aller massacrer des populations civiles? Cette question ressort la complexité du rôle du soldat lorsque dans une situation conflictuelle, il est obligé d’obéir à un ordre qui va contre ses valeurs morales ou l’éthique de sa profession. C’est bien évidemment ce dilemme qui se présente à la «garde républicaine» de l’ex président Gbagbo dont la composition est essentiellement basée sur l'appartenance ethnique. Dans son livre intitulé "l’esprit militaire ou le réalisme conservateur de l’éthique professionnelle militaire", Samuel Huntington dépeint la perception selon laquelle le commun de mortel pourrait penser qu’un officier serait moins intelligent qu’un avocat, un homme d’affaire ou un politicien.
Cette infériorité présumée est attribuée, selon les cas, aux aptitudes et qualités intrinsèques moindres des personnes qui embrassent la carrière d’officier…et qu’un officier n’a pas souvent l’occasion de faire ses preuves. Cette approche générale est centrée sur une particularité de l’esprit militaire, mais elle ne permet pas de définir les aspects proprement militaires d’un tel esprit.
Au-delà de cette perception erronée qu’on a du militaire, il existe une éthique professionnelle militaire qui valorise la profession de soldat ou d’officier au même titre que toutes les autres professions. Selon moi, les soldats sous le commandement des généraux Dogbo Blé, Mangou, Kassaraté et eux-mêmes n’échappent pas à cette règle comme disait Samuel Huntington que la nature humaine, qui plus est, est une universelle et immuable. Les hommes de tous les pays et de tous les temps sont sensiblement les mêmes. La conception militaire de l’être humain est donc incontestablement pessimiste. L’homme a en lui une certaine dose de bonté, de force et de raison, mais il est aussi mauvais, faible et irrationnel. L’homme de l’éthique militaire répond essentiellement à ce portrait
Dans ce cas-ci, l’irrationalité caractérise les généraux Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté tandis que la force et la raison seraient du côté des officiers et les membres du rang qui ont rejoint le camp du Dr. Alassane Ouattara reconnu comme le président légitime par la communauté internationale et l’UA.
De ce point de vue, il peut donc naître un conflit entre obéissance militaire et compétence professionnelle dont les vertus morales et intellectuelles pourraient ne pas être les mêmes suivant la chaîne de commandement.
« L’obéissance favorise, par définition, la réalisation de l’objectif fixé par le supérieur. Si le subordonné sait exactement en quoi consiste cet objectif, et que des circonstances dont le supérieur n’a pas connaissance permettent de l’atteindre seulement en désobéissant aux ordres, le subordonné pourrait alors être en droit de désobéir.» Alors que les généraux Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté savent qu’envoyer des soldats pour tirer sur des civils est contraire à l’éthique militaire, d’où une raison de plus pour les soldats de refuser. Cette explication de Samuel Huntington montre éloquemment le contexte du refus des soldats FDS qui ont rejoint l’armée républicaine du gouvernement Ouattara de désobéir aux ordres des fameux généraux Dogbo Blé, Mangou, et Kassaraté. Ces derniers refusent pour des considérations ethniques, pécuniaires, de reconnaissance promotionnelle en vers l’ancien chef d’État Koudou Laurent Gbagbo d’appliquer les principes les plus élémentaires de la profession militaire d’officier c'est-à-dire refuser de donner un ordre qui se traduira par une catastrophe, un carnage comme ce que nous avons assisté à Abobo le 3 mars dernier. Le subordonné peut être justifié d’y désobéir. Le subordonné n’est justifié de le faire que s’il possède des renseignements que ne connait pas son supérieur et si la désobéissance à l’ordre doit lui permettre d’atteindre le but souhaité de l’ordre, or le but recherché par les généraux est de semer la terreur dans la population et qui ne correspond pas à l’éthique militaire. Samuel Huntington disait aussi dans son livre qu’il n’est pas rare qu’un commandant se confine dans le passé et se serve de sa mainmise sur la hiérarchie militaire. Ceci est d’autant plus vrai que les généraux Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté sont figés sur leur expérience médiocre d’avoir repoussé l’insurrection de 2002 qui s’était soldée par la rébellion, mais les données ont changé. La conscience et la raison sont les choses les mieux partagées parmi les hommes responsables. Les trois généraux n’échappent pas à cette règle, sauf que dans ce cas-ci, les FDS qui ont rejoint le président Ouattara ont fait valoir leur sens moral au détriment des ordres reçus comme le dit si bien Hugo Grotius «le militaire ne peut renoncer au profit du civil à son droit de porter des jugements moraux définitifs. Il ne peut renier son propre sens de moral.» Face à ce dilemme de conscience, Hugo Grotius pose le problème de la faisabilité de la guerre à savoir que «la guerre est la plus haute importance, comme étant la source d’où découlent ordinairement des maux nombreux, même pour les innocents. Aussi quand les opinions sont partagées, faut-il pencher vers la paix.» Cette tendance vers la paix pourrait constituer un motif valable pour les généraux de ne pas envoyer leurs soldats pour tirer sur une foule de femmes à mains nues ou envoyer ces soldats se faire tuer pour une cause qui n’en vaut pas la peine. Bien que n’ayant pas le droit d’user des armes à feu contre des civiles dans le cadre de cette mission de stabilisation, les soldats auraient pu encadrer les manifestants à mains nues et ne pas faire usage des armes interdites pour le contrôle des foules, mais malgré l’interdiction, ils en ont fait usage et Green met en exergue les actes illégaux en ces termes :
« En vertu de l’article 44, les combattants sont tenus de se distinguer de la population civile quand ils prennent part à une opération militaire, ou bien de porter leurs armes ouvertement…en vertu de l’article 51, ni la population civile en tant telle ni les personnes civiles ne doivent être objet d’attaque; sont interdites les menaces de violence dont le but principal est de rependre la terreur..»
Nous constatons avec raison l’aspect juridique soutenu par un sentiment moral de responsabilité face à ces soldats sous le commandement des Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté. Ils ont obéi aux ordres des généraux et un carnage s’en est suivi et cet acte est immoral et illégal, par conséquent Les généraux devront répondre de leurs actes devant un tribunal compétent.
À la lumière de ce que je viens d’expliquer, je vais conclure en paraphrasant Hugo Grotius. En effet, les deux vérités entre lesquelles ce dualisme du bellum justum tente de trancher, premièrement l’interdiction de faire du mal à des innocents, deuxièmement, l’obligation d’agir afin de se protéger et protéger d’autres innocents. À l’argument que de tenter de protéger des innocents en faisant la guerre entraine toujours directement la mort d’autres innocents, ce qui est immoral, Grotius répond que, les cas où termes de l’alternative violent soit la même règle de droit naturel, d’égale portée, l’on doit choisir le terme qui minimise le mal qui surprendra. Dans ces cas, c’est le moindre mal qui devient le bien. Fin de citation. Le bien dont il est question ici est celui qui reflète les soldats de FDS qui ont rejoint le camp du président de la république son excellence, Alassane Dramane Ouattara.
Adam Sanogo
Armée de l’air (ASC)
Spécialiste en technologie d’avionique
Cette infériorité présumée est attribuée, selon les cas, aux aptitudes et qualités intrinsèques moindres des personnes qui embrassent la carrière d’officier…et qu’un officier n’a pas souvent l’occasion de faire ses preuves. Cette approche générale est centrée sur une particularité de l’esprit militaire, mais elle ne permet pas de définir les aspects proprement militaires d’un tel esprit.
Au-delà de cette perception erronée qu’on a du militaire, il existe une éthique professionnelle militaire qui valorise la profession de soldat ou d’officier au même titre que toutes les autres professions. Selon moi, les soldats sous le commandement des généraux Dogbo Blé, Mangou, Kassaraté et eux-mêmes n’échappent pas à cette règle comme disait Samuel Huntington que la nature humaine, qui plus est, est une universelle et immuable. Les hommes de tous les pays et de tous les temps sont sensiblement les mêmes. La conception militaire de l’être humain est donc incontestablement pessimiste. L’homme a en lui une certaine dose de bonté, de force et de raison, mais il est aussi mauvais, faible et irrationnel. L’homme de l’éthique militaire répond essentiellement à ce portrait
Dans ce cas-ci, l’irrationalité caractérise les généraux Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté tandis que la force et la raison seraient du côté des officiers et les membres du rang qui ont rejoint le camp du Dr. Alassane Ouattara reconnu comme le président légitime par la communauté internationale et l’UA.
De ce point de vue, il peut donc naître un conflit entre obéissance militaire et compétence professionnelle dont les vertus morales et intellectuelles pourraient ne pas être les mêmes suivant la chaîne de commandement.
« L’obéissance favorise, par définition, la réalisation de l’objectif fixé par le supérieur. Si le subordonné sait exactement en quoi consiste cet objectif, et que des circonstances dont le supérieur n’a pas connaissance permettent de l’atteindre seulement en désobéissant aux ordres, le subordonné pourrait alors être en droit de désobéir.» Alors que les généraux Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté savent qu’envoyer des soldats pour tirer sur des civils est contraire à l’éthique militaire, d’où une raison de plus pour les soldats de refuser. Cette explication de Samuel Huntington montre éloquemment le contexte du refus des soldats FDS qui ont rejoint l’armée républicaine du gouvernement Ouattara de désobéir aux ordres des fameux généraux Dogbo Blé, Mangou, et Kassaraté. Ces derniers refusent pour des considérations ethniques, pécuniaires, de reconnaissance promotionnelle en vers l’ancien chef d’État Koudou Laurent Gbagbo d’appliquer les principes les plus élémentaires de la profession militaire d’officier c'est-à-dire refuser de donner un ordre qui se traduira par une catastrophe, un carnage comme ce que nous avons assisté à Abobo le 3 mars dernier. Le subordonné peut être justifié d’y désobéir. Le subordonné n’est justifié de le faire que s’il possède des renseignements que ne connait pas son supérieur et si la désobéissance à l’ordre doit lui permettre d’atteindre le but souhaité de l’ordre, or le but recherché par les généraux est de semer la terreur dans la population et qui ne correspond pas à l’éthique militaire. Samuel Huntington disait aussi dans son livre qu’il n’est pas rare qu’un commandant se confine dans le passé et se serve de sa mainmise sur la hiérarchie militaire. Ceci est d’autant plus vrai que les généraux Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté sont figés sur leur expérience médiocre d’avoir repoussé l’insurrection de 2002 qui s’était soldée par la rébellion, mais les données ont changé. La conscience et la raison sont les choses les mieux partagées parmi les hommes responsables. Les trois généraux n’échappent pas à cette règle, sauf que dans ce cas-ci, les FDS qui ont rejoint le président Ouattara ont fait valoir leur sens moral au détriment des ordres reçus comme le dit si bien Hugo Grotius «le militaire ne peut renoncer au profit du civil à son droit de porter des jugements moraux définitifs. Il ne peut renier son propre sens de moral.» Face à ce dilemme de conscience, Hugo Grotius pose le problème de la faisabilité de la guerre à savoir que «la guerre est la plus haute importance, comme étant la source d’où découlent ordinairement des maux nombreux, même pour les innocents. Aussi quand les opinions sont partagées, faut-il pencher vers la paix.» Cette tendance vers la paix pourrait constituer un motif valable pour les généraux de ne pas envoyer leurs soldats pour tirer sur une foule de femmes à mains nues ou envoyer ces soldats se faire tuer pour une cause qui n’en vaut pas la peine. Bien que n’ayant pas le droit d’user des armes à feu contre des civiles dans le cadre de cette mission de stabilisation, les soldats auraient pu encadrer les manifestants à mains nues et ne pas faire usage des armes interdites pour le contrôle des foules, mais malgré l’interdiction, ils en ont fait usage et Green met en exergue les actes illégaux en ces termes :
« En vertu de l’article 44, les combattants sont tenus de se distinguer de la population civile quand ils prennent part à une opération militaire, ou bien de porter leurs armes ouvertement…en vertu de l’article 51, ni la population civile en tant telle ni les personnes civiles ne doivent être objet d’attaque; sont interdites les menaces de violence dont le but principal est de rependre la terreur..»
Nous constatons avec raison l’aspect juridique soutenu par un sentiment moral de responsabilité face à ces soldats sous le commandement des Dogbo Blé, Mangou et Kassaraté. Ils ont obéi aux ordres des généraux et un carnage s’en est suivi et cet acte est immoral et illégal, par conséquent Les généraux devront répondre de leurs actes devant un tribunal compétent.
À la lumière de ce que je viens d’expliquer, je vais conclure en paraphrasant Hugo Grotius. En effet, les deux vérités entre lesquelles ce dualisme du bellum justum tente de trancher, premièrement l’interdiction de faire du mal à des innocents, deuxièmement, l’obligation d’agir afin de se protéger et protéger d’autres innocents. À l’argument que de tenter de protéger des innocents en faisant la guerre entraine toujours directement la mort d’autres innocents, ce qui est immoral, Grotius répond que, les cas où termes de l’alternative violent soit la même règle de droit naturel, d’égale portée, l’on doit choisir le terme qui minimise le mal qui surprendra. Dans ces cas, c’est le moindre mal qui devient le bien. Fin de citation. Le bien dont il est question ici est celui qui reflète les soldats de FDS qui ont rejoint le camp du président de la république son excellence, Alassane Dramane Ouattara.
Adam Sanogo
Armée de l’air (ASC)
Spécialiste en technologie d’avionique