Un houleux débat politique sur la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, entre pro-Ouattara Alassane et partisan de Laurent Gbagbo, qui finit par un acte meurtrier. C’est ce qui a été donné de voir le lundi 14 mars 2011, à Yopougon Cité-Verte. La scène se passe dans l’un des espaces de détente que compte cette vaste commune. Le meurtre qui en découle est le reflet de l’exacerbation des antagonismes entre les deux camps rivaux en Côte d’Ivoire… Un policier, le sergent-chef Zigbeu Zigoula, en fonction à la Compagnie républicaine de sécurité ( Crs II) et son ami, Brou Amoa Henri, enseignant du secondaire dans un établissement d’Abidjan, devisent tranquillement autour d’un pot. La conversation glisse sur le terrain politique. Au centre de leurs échanges, les dernières décisions de l’Union africaine ( UA), qui reconnait comme « président légitime de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara ». Bien entendu, ils se réjouissent de cette conclusion et moquent le camp Gbagbo « qui fait de la vaine résistance », selon un témoin qui rapporte les faits tels qu’il les a vécus. A côté d’eux, une oreille indiscrète, celle d’un marin… Kouakou Didier, alias « Côte d’Ivoire », qui capte toute leur conversation dont la tonalité, très décapante, n’est pas favorable au président déclaré élu par le Conseil constitutionnel, Laurent Gbagbo. Tout de suite, le sang de ce marin, anciennement garde du corps de Charles Blé Goudé ( président du Congrès panafricain des jeunes et des patriotes ), avant d’être accepté au service du commissaire du gouvernement, Ange-Bernard Kessi Kouamé, fait un tour. Il devient rouge de colère, selon notre source. S’engage alors une vive altercation entre lui et les pro-Ouattara, selon un témoin qui a assisté au déroulement des faits. Le ton monte, la tension aussi. Le marin choisit la solution la plus radicale, pour faire taire ses protagonistes Il se saisit de son arme et fait feu, à bout portant, sur le sergent-chef de police et son ami, l’enseignant du secondaire. Les deux hommes sont tués sur le coup. C’est le sauve-qui-peut, raconte notre source. Le marin est maitrisé et conduit au commissariat le plus proche, avant d’être mis à la disposition de la brigade de gendarmerie nationale. Le commissaire du gouvernement, Ange Kessi Kouamé, que nous avons joint hier, a confirmé les faits et décrit le meurtrier, Konan Didier, « comme un homme de moralité plutôt douteuse ». « A cause de ses agissements qui ne sont pas du tout catholiques, je me suis débarrassé de lui depuis décembre 2010. Je l’ai reversé à la marine nationale. Avant d’être affecté à mon service au Tribunal militaire d’Abidjan ( Tma), il était garde du corps de Blé Goudé. C’est parce qu’il s’est rendu coupable de plusieurs faits délictueux qu’il s’est séparé de lui. Je l’ai renvoyé à sa base depuis le mois de décembre 2010 », a insisté le procureur militaire. « Dès que j’ai été saisi de ces faits de meurtre, j’ai demandé à la marine de le mettre à la disposition de la brigade de la gendarmerie de Yopougon Toit-Rouge où il est gardé à vue en ce moment. Il sera entendu sur procès verbal et déféré devant le parquet militaire dans les prochains jours pour meurtre », a souligné le procureur militaire. Il risque la prison à perpétuité ou la peine de 20 ans.
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA