Kelnor Panglungtshang est coordinateur communication au comité international de la Croix-rouge. Dans cette interview, il explique la situation humanitaire en Côte d`Ivoire en cette période de crise post-électorale. Kelnor développe également le mode opératoire de la Croix-Rouge qui porte assistance aux populations à Abidjan et à l`intérieur du pays.
M. le Coordonnateur, concrètement, quelles sont les actions que mène la Croix-rouge actuellement en Côte d`Ivoire ? Notamment à Abobo, les autres quartiers affectés par la crise, les villes de l`Ouest du pays ?
Je voudrais commencer par l`Ouest. Nous avons des bureaux à Guiglo, à Man qui couvrent cette zone. Depuis le début de la crise, on a toujours travaillé dans cette zone à Duékoué, à Bangolo. Nous étions aux petits soins des déplacés à qui nous avons apporté des bâches, des nattes, des couvertures, des moustiquaires, des produits d`hygiène, des ustensiles de cuisine, etc. Ce sont des actions que nous menons même depuis le début de la crise avec les premiers déplacés au mois de décembre à Duékoué. Nous sommes intervenus récemment à Toulepleu avec les graves affrontements. Le CICR a également pris en charge directement les déplacés qui se sont refugiés à Danané. Il y avait déjà des déplacés à Danané mais il y en a des nouveaux avec la situation actuelle. Au départ, c`était plutôt des déplacements préventifs à cause de la crainte du manque de sécurité mais maintenant qu`il y a des affrontements, les gens se sont véritablement déplacés sur Danané. Le CICR a assisté au moins 1500 à 1600 personnes.
Combien de personnes fuient vers le Libéria et combien de personnes au total bénéficient en ce moment de l`aide du CICR ?
Il faut être clair. Pour le moment, il est très difficile d`établir le nombre exact des déplacés. Parce qu`il y a de nombreuses personnes qui se refugient dans des familles, dans de petits villages. Donc c`est difficile pour nous de dire le nombre exact. Mais pour le CICR, c`est clair, il y a des milliers de personnes déplacées. On apprend que des villages se sont vidés en direction de Zouhan-Hounien, Bin-Hounien Beaucoup de personnes sont déplacées. Nous enregistrons trois sites d`accueil à Danané où nous assistons les populations. On continue d`assister les anciens déplacés mais nous sommes aux côtés des nouveaux déplacés également. Avec les violences de mercredi dernier à Duékoué, il y aura évidemment d`autres déplacés encore.
A Abidjan, comment arrivez-vous à aller à Abobo ?
Evidemment, ce n`est pas facile, mais le CICR et la Croix-Rouge ont en général de très bons contacts avec les différentes parties. Nous avons toujours eu le dialogue avec tous ceux qui peuvent faciliter notre accès à Abobo. On parle avec les porteurs d`armes mais aussi avec les leaders religieux, les leaders de jeunesse, les leaders politiques pour qu`on nous connaisse et qu`on nous laisse travailler. Aujourd`hui nous avons un accès facile. Les gens ont compris que nous sommes une organisation humanitaire pour assister ceux qui sont dans la détresse. Et si on informe tous nos contacts de manière claire. On donne l`heure et on demande des détails sur la situation qui prévaut pour savoir si on peut y aller. Si nos contacts nous donnent des garanties en nous rassurant qu`on peut venir, on y va. Et pendant le trajet, on observe si la situation est propice. Sinon on retourne. S`il y a des affrontements, on retourne car ce n`est pas la Croix-Rouge qui va s`interposer. Mais dès que le calme revient, on peut secourir des gens. On a fait des évaluations de sites d`accueil. On sait qu`il y en a à Anyama, à Abobo, à Yopougon, etc. On a fait une évaluation à Anyama et on apporté de l`aide à 500 à 600 personnes. Evidemment, ce chiffre n`est pas énorme mais comme je vous l`ai dit, beaucoup de personnes se refugient chez des parents et là le processus est plus long pour savoir le chiffre des déplacés. Nous avons également fait une évaluation à Jacqueville où il y a aussi des familles dans des sites d`accueil.
Que vous demandent les populations de ces sites d`accueil et que donnez-vous à ces gens ?
La première chose qu`ils voudraient, c`est la sécurité, c`est de revenir chez eux. Ils ne veulent pas être déplacés comme personne d`ailleurs. C`est leur demande la plus urgente. Notre assistance est diverse. La première est liée à la vie, à la santé, la nourriture, les abus et des besoins essentiels par rapport à la vie quotidienne. A savoir les ustensiles de cuisine, etc. C`est là où nous pouvons répondre au plus vite.
Aujourd`hui, pensez-vous que nous sommes dans une situation d`extrême gravité humanitaire en Côte d`Ivoire ?
On peut clairement dire que la Croix-Rouge est vivement préoccupée par la dégradation de la situation. Celle-ci a connu une baisse ensuite une recrudescence. Ces dernières semaines, on a vu une dégradation claire de la situation des affrontements directs au niveau d`Abidjan. Ce qu`on ne connaissait pas avant. Et aussi à l`Ouest. Nous sommes d`accord donc pour dire que la situation est très grave.
Que recommandez-vous à toutes les parties ?
De la part de la Croix-Rouge, il faut être clair. Notre mission humanitaire se focalise uniquement sur le sort des victimes directes. C`est-à-dire leurs besoins.
La population civile généralement ne comprend pas le rôle de la Croix-Rouge. Les gens ont plutôt tendance à appeler l`Onuci. Quand des gens se tirent dessus, à quel moment intervenez-vous ?
S`il y a des blessés, on les évacue. Les volontaires de la Croix rouge ne vont pas dans un quartier où les combats se déroulent. Il y a des règles de sécurité qu`ils observent.
A quel numéro les populations peuvent-elles appeler la Croix rouge ?
Il y a plusieurs possibilités. Dans la majorité des communes existent des comités locaux de la Croix rouge. Les volontaires sont de la commune. Donc les gens les connaissent et les appellent en cas d`urgence. Le comité local appelle le siège de la Croix rouge avant d`intervenir. Le siège se trouve au Plateau. Il y a une autre option qui celle d`appeler le siège de la Croix rouge pour l`informer directement de la situation. La troisième option est celle d`appeler le Cicr. Mais là, nous allons appeler la Croix rouge et les volontaires de la Croix rouge de Côte d`Ivoire vont aller sur le terrain avec leurs ambulances. On a une rotline de coopération pour des cas du genre. Nous transmettons l`information à la Croix rouge de Côte d`Ivoire. Il y a des numéros que je mettrai à votre disposition pour être publiés.
Avez-vous déjà déploré des actes contre vous lors de vos interventions ?
Jusqu`à à ce jour, non. La majorité des personnes nous connaissent depuis longtemps. Mais évidemment, il y a toujours des personnes qui ne nous connaissent pas encore, ou ils nous mélangent avec les autres acteurs. Souvent, nous trouvons des gens qui sont un peu excités etc. mais nous n`avons pas eu un incident de sécurité en tant que tel où on a été directement attaqué. Nous sommes toujours prudents. Quand on arrive à un barrage, qu`on explique bien, qu`on laisse les gens fouiller la voiture s`ils le désirent, parce qu`on est transparent, on nous laisse travailler. Mais c`est aussi un appel à ceux qui ne nous connaissent pas encore. Nous leur demandons de nous laisser travailler parce que notre intervention est capitale pour des vies humaines.
Où trouvez-vous les moyens ? Avec la situation qui continue de se dégrader, allez-vous faire appel à des organisations sœurs pour vous aider ? Avez-vous
par ailleurs accès au carburant quand on sait que des organisations basées en Côte d`Ivoire sont empêchées d`accès au carburant ?
Pour le moment, ça va, on a accès au carburant. Notre rayon de mobilité n`est pas restreint pour le moment. La mobilisation des ressources du Cicr est différente des autres organisations. Chaque année de juin à août, on planifie toutes nos activités. Si c`est approuvé par notre direction à Genève, il y a un appel d`urgence à tous nos donateurs qui sont à 80% des pays à travers le monde. Ils financent nos activités depuis l`existence du Cicr. Actuellement, nous sommes en train d`analyser l`action budgétaire pour 2011. Ce qu`on a déjà fait pour 2011 et est-ce ça va suffit pour le reste de l`année. Dans ce cadre, la direction est en train de discuter une rallonge budgétaire pour faire un nouvel appel pour la Côte d`Ivoire auprès de nos donateurs. Pour le moment, on n`est pas au restreint, par rapport à nos ressources, on peut travailler. Mais il faut projeter. La question des ressources et parfois liée à la question des influences et là, il faut être très clair, le Cicr n`accepte pas des contributions conditionnelles à une certaine manière qui compromet notre impartialité.
Interview réalisée par
Patrice Yao et Diarrassouba Sory
M. le Coordonnateur, concrètement, quelles sont les actions que mène la Croix-rouge actuellement en Côte d`Ivoire ? Notamment à Abobo, les autres quartiers affectés par la crise, les villes de l`Ouest du pays ?
Je voudrais commencer par l`Ouest. Nous avons des bureaux à Guiglo, à Man qui couvrent cette zone. Depuis le début de la crise, on a toujours travaillé dans cette zone à Duékoué, à Bangolo. Nous étions aux petits soins des déplacés à qui nous avons apporté des bâches, des nattes, des couvertures, des moustiquaires, des produits d`hygiène, des ustensiles de cuisine, etc. Ce sont des actions que nous menons même depuis le début de la crise avec les premiers déplacés au mois de décembre à Duékoué. Nous sommes intervenus récemment à Toulepleu avec les graves affrontements. Le CICR a également pris en charge directement les déplacés qui se sont refugiés à Danané. Il y avait déjà des déplacés à Danané mais il y en a des nouveaux avec la situation actuelle. Au départ, c`était plutôt des déplacements préventifs à cause de la crainte du manque de sécurité mais maintenant qu`il y a des affrontements, les gens se sont véritablement déplacés sur Danané. Le CICR a assisté au moins 1500 à 1600 personnes.
Combien de personnes fuient vers le Libéria et combien de personnes au total bénéficient en ce moment de l`aide du CICR ?
Il faut être clair. Pour le moment, il est très difficile d`établir le nombre exact des déplacés. Parce qu`il y a de nombreuses personnes qui se refugient dans des familles, dans de petits villages. Donc c`est difficile pour nous de dire le nombre exact. Mais pour le CICR, c`est clair, il y a des milliers de personnes déplacées. On apprend que des villages se sont vidés en direction de Zouhan-Hounien, Bin-Hounien Beaucoup de personnes sont déplacées. Nous enregistrons trois sites d`accueil à Danané où nous assistons les populations. On continue d`assister les anciens déplacés mais nous sommes aux côtés des nouveaux déplacés également. Avec les violences de mercredi dernier à Duékoué, il y aura évidemment d`autres déplacés encore.
A Abidjan, comment arrivez-vous à aller à Abobo ?
Evidemment, ce n`est pas facile, mais le CICR et la Croix-Rouge ont en général de très bons contacts avec les différentes parties. Nous avons toujours eu le dialogue avec tous ceux qui peuvent faciliter notre accès à Abobo. On parle avec les porteurs d`armes mais aussi avec les leaders religieux, les leaders de jeunesse, les leaders politiques pour qu`on nous connaisse et qu`on nous laisse travailler. Aujourd`hui nous avons un accès facile. Les gens ont compris que nous sommes une organisation humanitaire pour assister ceux qui sont dans la détresse. Et si on informe tous nos contacts de manière claire. On donne l`heure et on demande des détails sur la situation qui prévaut pour savoir si on peut y aller. Si nos contacts nous donnent des garanties en nous rassurant qu`on peut venir, on y va. Et pendant le trajet, on observe si la situation est propice. Sinon on retourne. S`il y a des affrontements, on retourne car ce n`est pas la Croix-Rouge qui va s`interposer. Mais dès que le calme revient, on peut secourir des gens. On a fait des évaluations de sites d`accueil. On sait qu`il y en a à Anyama, à Abobo, à Yopougon, etc. On a fait une évaluation à Anyama et on apporté de l`aide à 500 à 600 personnes. Evidemment, ce chiffre n`est pas énorme mais comme je vous l`ai dit, beaucoup de personnes se refugient chez des parents et là le processus est plus long pour savoir le chiffre des déplacés. Nous avons également fait une évaluation à Jacqueville où il y a aussi des familles dans des sites d`accueil.
Que vous demandent les populations de ces sites d`accueil et que donnez-vous à ces gens ?
La première chose qu`ils voudraient, c`est la sécurité, c`est de revenir chez eux. Ils ne veulent pas être déplacés comme personne d`ailleurs. C`est leur demande la plus urgente. Notre assistance est diverse. La première est liée à la vie, à la santé, la nourriture, les abus et des besoins essentiels par rapport à la vie quotidienne. A savoir les ustensiles de cuisine, etc. C`est là où nous pouvons répondre au plus vite.
Aujourd`hui, pensez-vous que nous sommes dans une situation d`extrême gravité humanitaire en Côte d`Ivoire ?
On peut clairement dire que la Croix-Rouge est vivement préoccupée par la dégradation de la situation. Celle-ci a connu une baisse ensuite une recrudescence. Ces dernières semaines, on a vu une dégradation claire de la situation des affrontements directs au niveau d`Abidjan. Ce qu`on ne connaissait pas avant. Et aussi à l`Ouest. Nous sommes d`accord donc pour dire que la situation est très grave.
Que recommandez-vous à toutes les parties ?
De la part de la Croix-Rouge, il faut être clair. Notre mission humanitaire se focalise uniquement sur le sort des victimes directes. C`est-à-dire leurs besoins.
La population civile généralement ne comprend pas le rôle de la Croix-Rouge. Les gens ont plutôt tendance à appeler l`Onuci. Quand des gens se tirent dessus, à quel moment intervenez-vous ?
S`il y a des blessés, on les évacue. Les volontaires de la Croix rouge ne vont pas dans un quartier où les combats se déroulent. Il y a des règles de sécurité qu`ils observent.
A quel numéro les populations peuvent-elles appeler la Croix rouge ?
Il y a plusieurs possibilités. Dans la majorité des communes existent des comités locaux de la Croix rouge. Les volontaires sont de la commune. Donc les gens les connaissent et les appellent en cas d`urgence. Le comité local appelle le siège de la Croix rouge avant d`intervenir. Le siège se trouve au Plateau. Il y a une autre option qui celle d`appeler le siège de la Croix rouge pour l`informer directement de la situation. La troisième option est celle d`appeler le Cicr. Mais là, nous allons appeler la Croix rouge et les volontaires de la Croix rouge de Côte d`Ivoire vont aller sur le terrain avec leurs ambulances. On a une rotline de coopération pour des cas du genre. Nous transmettons l`information à la Croix rouge de Côte d`Ivoire. Il y a des numéros que je mettrai à votre disposition pour être publiés.
Avez-vous déjà déploré des actes contre vous lors de vos interventions ?
Jusqu`à à ce jour, non. La majorité des personnes nous connaissent depuis longtemps. Mais évidemment, il y a toujours des personnes qui ne nous connaissent pas encore, ou ils nous mélangent avec les autres acteurs. Souvent, nous trouvons des gens qui sont un peu excités etc. mais nous n`avons pas eu un incident de sécurité en tant que tel où on a été directement attaqué. Nous sommes toujours prudents. Quand on arrive à un barrage, qu`on explique bien, qu`on laisse les gens fouiller la voiture s`ils le désirent, parce qu`on est transparent, on nous laisse travailler. Mais c`est aussi un appel à ceux qui ne nous connaissent pas encore. Nous leur demandons de nous laisser travailler parce que notre intervention est capitale pour des vies humaines.
Où trouvez-vous les moyens ? Avec la situation qui continue de se dégrader, allez-vous faire appel à des organisations sœurs pour vous aider ? Avez-vous
par ailleurs accès au carburant quand on sait que des organisations basées en Côte d`Ivoire sont empêchées d`accès au carburant ?
Pour le moment, ça va, on a accès au carburant. Notre rayon de mobilité n`est pas restreint pour le moment. La mobilisation des ressources du Cicr est différente des autres organisations. Chaque année de juin à août, on planifie toutes nos activités. Si c`est approuvé par notre direction à Genève, il y a un appel d`urgence à tous nos donateurs qui sont à 80% des pays à travers le monde. Ils financent nos activités depuis l`existence du Cicr. Actuellement, nous sommes en train d`analyser l`action budgétaire pour 2011. Ce qu`on a déjà fait pour 2011 et est-ce ça va suffit pour le reste de l`année. Dans ce cadre, la direction est en train de discuter une rallonge budgétaire pour faire un nouvel appel pour la Côte d`Ivoire auprès de nos donateurs. Pour le moment, on n`est pas au restreint, par rapport à nos ressources, on peut travailler. Mais il faut projeter. La question des ressources et parfois liée à la question des influences et là, il faut être très clair, le Cicr n`accepte pas des contributions conditionnelles à une certaine manière qui compromet notre impartialité.
Interview réalisée par
Patrice Yao et Diarrassouba Sory