Après les saccages et incendies de mosquées, ce sont des guides musulmans qui semblent désormais visés par ceux qui rêvent d’une guerre religieuse en Côte d’Ivoire. Et cela, sans que les leaders chrétiens aient la réaction attendue d’eux.
Des politiques veulent coûte que coûte transformer la crise post-électorale en une guerre religieuse. Les attaques non innocentes contre les symboles musulmans ont atteint un point d’orgue ces derniers jours avec des tueries d’imams. Un guide musulman a été mortellement atteint par des balles tirées dans l’enceinte de sa mosquée à Yopougon-Port-Bouët 2. Selon tous les temoins, les auteurs des tirs sont des éléments des Forces de défense et de sécurité(Fds). Dans leur traque des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix(Rhdp), les hommes en armes loyaux à Laurent Gbagbo n’ont pas hésité à ouvrir le feu à l’intérieur du lieu de culte. Un autre imam a été froidement abattu à Bloléquin par des miliciens à la solde du président sortant. La même semaine, deux fidèles ont été tués devant la mosquée de Boribana, dans la commune d’Attécoubé, par des grenades offensives jetées toujours par des forces pro-Gbagbo. Après les saccages et incendies de mosquées qui n’ont rien donné, l’on semble espérer, à travers cette phase macabre, obtenir la vengeance musulmane qui pourrait inéluctablement viser des symboles chrétiens.
Plus que jamais, les conditions sont réunies pour que le monde religieux démontre son opposition à la crise que les commanditaires de ces actes malsains veulent lui imposer. Et si les dignitaires musulmans ont jusque-là joué une grande partition dans cette mission préventive, ce n’est pas trop le cas chez les guides chrétiens que beaucoup d’observateurs trouvent timides. Certes, suite à des incendies de mosquées et d’exemplaires du Coran, le 25 février, à Yopougon, par des ‘’jeunes patriotes’’, des prélats ont été aperçus sur les lieux en train dénoncer les faits. Il nous revient également que des démarches privées ont été entreprises par des chefs de communautés chrétiennes pour apporter leur réconfort à leur homologues sinistrés. Mais cela ne suffit pas. L’intervention de représentants chrétiens à Yopougon s’est faite dans le seul cadre du Forum des confessions religieuses qui regroupe l’ensemble des chapelles spirituelles.
Prêcher haut et fort
De la même façon, la condamnation faite par la Convention de la société civile a été celle de toutes les associations religieuses ou non, que regroupe cette organisation. Jusqu’à preuve du contraire, aucune initiative isolée n’est venue des clergés catholiques, protestants ou d’autres confessions chrétiennes. Ils n’ont rien entrepris, non plus, ensemble en dehors des actions des organisations hétéroclites auxquelles ils participent. Pourtant, au même titre que les imams, qui n’ont de cesse d’appeler leurs fidèles à la rétenue, les chefs chrétiens ont un rôle important à jouer dans la prévention d’une guerre religieuse. Pour une fois, ils doivent éviter la discrétion et multiplier les initiatives publiques pour décourager ceux qui rêvent d’affrontements chrétiens-musulmans dans ce pays. Oui, les personnes qui s’attaquent à des lieux de culte avec l’espoir que leurs occupants vont s’attaquer à d’autres lieux de culte perdraient leurs illusions si après chaque attaque, ils voient l’ensemble des chefs religieux main dans la main. A défaut d’être régulièrement aux côtés de leurs pairs musulmans sinistrés, les guides catholiques, protestants et autres devaient être les plus prompts à condamner les actes qui ont jusque-là visé des mosquées et des musulmans. D’une part, ces sorties répétées et vigoureuses auraient interpellé ceux de leurs propres fidèles tentés de participer à ces attaques, ou de s’en réjouir. D’autres part, cela aurait été un bon signal à l’endroit de ceux des musulmans qui pourraient lire dans le silence actuel des chefs chrétiens, une réjouissance tacite, et être tentés, à leur tour de viser des symboles chrétiens.
Aussi actifs que seront ceux qui le souhaitent, la crise politique post-électorale deviendra difficilement une crise religieuse. Dans le camp de la majorité présidentielle(Lmp) comme dans celui du Rhdp, musulmans et des chrétiens militent ensemble depuis des années pour les mêmes convictions politiques sans jamais que leurs différences de foi ne prennent le dessus. Si les religieux ne rappellent pas les limites de la politique aux politiques, ils risquent de recevoir d’eux des leçons religieuses. Il n’est pas trop tard pour éviter une telle humiliation.
Raphaël Tanoh
Des politiques veulent coûte que coûte transformer la crise post-électorale en une guerre religieuse. Les attaques non innocentes contre les symboles musulmans ont atteint un point d’orgue ces derniers jours avec des tueries d’imams. Un guide musulman a été mortellement atteint par des balles tirées dans l’enceinte de sa mosquée à Yopougon-Port-Bouët 2. Selon tous les temoins, les auteurs des tirs sont des éléments des Forces de défense et de sécurité(Fds). Dans leur traque des militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix(Rhdp), les hommes en armes loyaux à Laurent Gbagbo n’ont pas hésité à ouvrir le feu à l’intérieur du lieu de culte. Un autre imam a été froidement abattu à Bloléquin par des miliciens à la solde du président sortant. La même semaine, deux fidèles ont été tués devant la mosquée de Boribana, dans la commune d’Attécoubé, par des grenades offensives jetées toujours par des forces pro-Gbagbo. Après les saccages et incendies de mosquées qui n’ont rien donné, l’on semble espérer, à travers cette phase macabre, obtenir la vengeance musulmane qui pourrait inéluctablement viser des symboles chrétiens.
Plus que jamais, les conditions sont réunies pour que le monde religieux démontre son opposition à la crise que les commanditaires de ces actes malsains veulent lui imposer. Et si les dignitaires musulmans ont jusque-là joué une grande partition dans cette mission préventive, ce n’est pas trop le cas chez les guides chrétiens que beaucoup d’observateurs trouvent timides. Certes, suite à des incendies de mosquées et d’exemplaires du Coran, le 25 février, à Yopougon, par des ‘’jeunes patriotes’’, des prélats ont été aperçus sur les lieux en train dénoncer les faits. Il nous revient également que des démarches privées ont été entreprises par des chefs de communautés chrétiennes pour apporter leur réconfort à leur homologues sinistrés. Mais cela ne suffit pas. L’intervention de représentants chrétiens à Yopougon s’est faite dans le seul cadre du Forum des confessions religieuses qui regroupe l’ensemble des chapelles spirituelles.
Prêcher haut et fort
De la même façon, la condamnation faite par la Convention de la société civile a été celle de toutes les associations religieuses ou non, que regroupe cette organisation. Jusqu’à preuve du contraire, aucune initiative isolée n’est venue des clergés catholiques, protestants ou d’autres confessions chrétiennes. Ils n’ont rien entrepris, non plus, ensemble en dehors des actions des organisations hétéroclites auxquelles ils participent. Pourtant, au même titre que les imams, qui n’ont de cesse d’appeler leurs fidèles à la rétenue, les chefs chrétiens ont un rôle important à jouer dans la prévention d’une guerre religieuse. Pour une fois, ils doivent éviter la discrétion et multiplier les initiatives publiques pour décourager ceux qui rêvent d’affrontements chrétiens-musulmans dans ce pays. Oui, les personnes qui s’attaquent à des lieux de culte avec l’espoir que leurs occupants vont s’attaquer à d’autres lieux de culte perdraient leurs illusions si après chaque attaque, ils voient l’ensemble des chefs religieux main dans la main. A défaut d’être régulièrement aux côtés de leurs pairs musulmans sinistrés, les guides catholiques, protestants et autres devaient être les plus prompts à condamner les actes qui ont jusque-là visé des mosquées et des musulmans. D’une part, ces sorties répétées et vigoureuses auraient interpellé ceux de leurs propres fidèles tentés de participer à ces attaques, ou de s’en réjouir. D’autres part, cela aurait été un bon signal à l’endroit de ceux des musulmans qui pourraient lire dans le silence actuel des chefs chrétiens, une réjouissance tacite, et être tentés, à leur tour de viser des symboles chrétiens.
Aussi actifs que seront ceux qui le souhaitent, la crise politique post-électorale deviendra difficilement une crise religieuse. Dans le camp de la majorité présidentielle(Lmp) comme dans celui du Rhdp, musulmans et des chrétiens militent ensemble depuis des années pour les mêmes convictions politiques sans jamais que leurs différences de foi ne prennent le dessus. Si les religieux ne rappellent pas les limites de la politique aux politiques, ils risquent de recevoir d’eux des leçons religieuses. Il n’est pas trop tard pour éviter une telle humiliation.
Raphaël Tanoh