Le camp de Laurent Gbagbo a exhorté les civils de Côte d'Ivoire à aider les forces du président sortant à "neutraliser" des rebelles, renforçant la crainte d'une guerre civile tous azimuts.
À Abidjan, des combats se sont poursuivis vendredi.
La Côte d'Ivoire est en proie à une lutte pour le pouvoir depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, dont Alassane Ouattara a été reconnu vainqueur par la communauté internationale. Mais Laurent Gbagbo refuse de céder le pouvoir.
Ces dernières semaines, la crise a tourné au conflit armé de grande ampleur entre les forces des deux camps à Abidjan et dans l'ouest du pays, enjambant la ligne de cessez-le-feu Nord-Sud mise en place depuis la fin de la guerre civile de 2002-2003.
Jeudi, des tirs d'obus effectués par les forces de Gbagbo ont fait au moins 25 morts dans le quartier abidjanais d'Abobo, a rapporté l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci). L'un d'eux a atteint un marché bondé.
"Il est assez difficile de ne pas arriver à la conclusion que cela peut constituer un crime international, un crime contre l'humanité", a déclaré à Genève Navi Pillay, haut commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme.
Les forces pro-Gbagbo nient être responsables de ces faits.
Prenant la parole à la radio-télévision ivoirienne (RTI) jeudi peu avant minuit, Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement de Gbagbo, a engagé la population à se joindre à sa lutte contre le "terrorisme".
"Le président de la République de Côte d'Ivoire, Son Excellence M. Laurent Gbagbo, appelle les Ivoiriens à une plus grande responsabilité et à une plus grande collaboration entre les citoyens et les Forces de défense et de sécurité afin que toutes les présences suspectes dans notre environnement soient neutralisées", a-t-il dit.
NOUVELLES SANCTIONS
En France, on a déclaré vendredi de source diplomatique que Paris souhaitait voir le Conseil de sécurité de l'Onu adopter un nouveau train de sanctions contre Gbagbo.
Le rôle joué par certains jeunes partisans du président sortant est considéré comme l'une de ses armes les plus dangereuses. Les "Jeunes patriotes", souvent armés, ont semé le chaos précédemment dans la capitale économique ivoirienne.
Des groupes de jeunes activistes pro-Gbagbo munis d'armes automatiques, de machettes et de bâtons ont érigé des barrages en divers points d'Abidjan. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), ils ont attaqué des personnels de l'Onu, tué des immigrés et des membres de l'ethnie Dioula à laquelle appartient Alassane Ouattara.
Vendredi, des habitants du quartier d'Abobo, plus ou moins contrôlé par des partisans de Ouattara, ont signalé coups de feu et tirs d'artillerie dans la nuit et la matinée en provenance de positions tenues par les forces pro-Gbagbo.
"Il y a eu un échange de tirs intense. Quelques boutiques ont été touchées et un certain nombre ont pris feu", a déclaré un habitant d'Abodo, Abdoul Ouattara.
Un journaliste de Reuters a entendu des tirs et des explosions en provenance du quartier d'Adjamé, au nord du centre des affaires, ainsi que dans le secteur cossu de Cocody, où se trouve le siège de la télévision.
MISE EN GARDE DE L'ONU
Selon les Nations unies, plus de 435 personnes ont été tuées depuis le début de la crise et 450.000 autres ont été chassées de leurs foyers. Le camp Ouattara fait état de 720 morts.
Des images de Reuters TV montrent des centaines de réfugiés d'Abobo rassemblés à Saint-Ambroise, l'église du quartier, avec les maigres biens qu'ils ont pu sauver. "Nous cherchons une issue, car même ici nous ne pouvons pas dormir à cause des coups de feu", confiait Marie-Paule Gnakadi en tenant un bébé. "Je vais rentrer au village où je sera à l'aise."
Ouattara a été déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle par une commission ivoirienne indépendante, par la plupart des pays de l'Onu et par l'Union africaine. Gbagbo refuse de céder le pouvoir parce que le Conseil constitutionnel, dirigé par un de ses fidèles, l'a proclamé vainqueur du scrutin en invalidant des milliers de bulletins de vote.
Avant l'intervention télévisée du porte-parole de Gbagbo, une allégation de presse affirmait que l'Onuci faisait entrer des mercenaires dans le pays à partir du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal pour les faire combattre aux côtés des rebelles. Il semble s'agir d'une tentative de plus pour tourner l'opinion contre la mission de l'Onu et les immigrés ouest-africains.
Le gouvernement de Gbagbo a aussi accusé le Nigeria d'avoir envoyé 500 mercenaires auprès des forces du Nord.
Ulcéré que la mission ait reconnu la victoire électorale de son rival, Laurent Gbagbo a ordonné aux forces de l'Onu de quitter le pays mais les Nations unies n'en ont pas tenu compte.
Le chef de la mission de l'Onu, Y.J. Choi, a prévenu les médias pro-Gbagbo que les incitations à la violence pouvaient les faire inculper de "crimes de guerre".
Tim Cocks et Loucoumane Coulibaly
Philippe Bas-Rabérin pour le service français
À Abidjan, des combats se sont poursuivis vendredi.
La Côte d'Ivoire est en proie à une lutte pour le pouvoir depuis l'élection présidentielle du 28 novembre, dont Alassane Ouattara a été reconnu vainqueur par la communauté internationale. Mais Laurent Gbagbo refuse de céder le pouvoir.
Ces dernières semaines, la crise a tourné au conflit armé de grande ampleur entre les forces des deux camps à Abidjan et dans l'ouest du pays, enjambant la ligne de cessez-le-feu Nord-Sud mise en place depuis la fin de la guerre civile de 2002-2003.
Jeudi, des tirs d'obus effectués par les forces de Gbagbo ont fait au moins 25 morts dans le quartier abidjanais d'Abobo, a rapporté l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci). L'un d'eux a atteint un marché bondé.
"Il est assez difficile de ne pas arriver à la conclusion que cela peut constituer un crime international, un crime contre l'humanité", a déclaré à Genève Navi Pillay, haut commissaire de l'Onu pour les droits de l'homme.
Les forces pro-Gbagbo nient être responsables de ces faits.
Prenant la parole à la radio-télévision ivoirienne (RTI) jeudi peu avant minuit, Ahoua Don Mello, porte-parole du gouvernement de Gbagbo, a engagé la population à se joindre à sa lutte contre le "terrorisme".
"Le président de la République de Côte d'Ivoire, Son Excellence M. Laurent Gbagbo, appelle les Ivoiriens à une plus grande responsabilité et à une plus grande collaboration entre les citoyens et les Forces de défense et de sécurité afin que toutes les présences suspectes dans notre environnement soient neutralisées", a-t-il dit.
NOUVELLES SANCTIONS
En France, on a déclaré vendredi de source diplomatique que Paris souhaitait voir le Conseil de sécurité de l'Onu adopter un nouveau train de sanctions contre Gbagbo.
Le rôle joué par certains jeunes partisans du président sortant est considéré comme l'une de ses armes les plus dangereuses. Les "Jeunes patriotes", souvent armés, ont semé le chaos précédemment dans la capitale économique ivoirienne.
Des groupes de jeunes activistes pro-Gbagbo munis d'armes automatiques, de machettes et de bâtons ont érigé des barrages en divers points d'Abidjan. Selon l'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW), ils ont attaqué des personnels de l'Onu, tué des immigrés et des membres de l'ethnie Dioula à laquelle appartient Alassane Ouattara.
Vendredi, des habitants du quartier d'Abobo, plus ou moins contrôlé par des partisans de Ouattara, ont signalé coups de feu et tirs d'artillerie dans la nuit et la matinée en provenance de positions tenues par les forces pro-Gbagbo.
"Il y a eu un échange de tirs intense. Quelques boutiques ont été touchées et un certain nombre ont pris feu", a déclaré un habitant d'Abodo, Abdoul Ouattara.
Un journaliste de Reuters a entendu des tirs et des explosions en provenance du quartier d'Adjamé, au nord du centre des affaires, ainsi que dans le secteur cossu de Cocody, où se trouve le siège de la télévision.
MISE EN GARDE DE L'ONU
Selon les Nations unies, plus de 435 personnes ont été tuées depuis le début de la crise et 450.000 autres ont été chassées de leurs foyers. Le camp Ouattara fait état de 720 morts.
Des images de Reuters TV montrent des centaines de réfugiés d'Abobo rassemblés à Saint-Ambroise, l'église du quartier, avec les maigres biens qu'ils ont pu sauver. "Nous cherchons une issue, car même ici nous ne pouvons pas dormir à cause des coups de feu", confiait Marie-Paule Gnakadi en tenant un bébé. "Je vais rentrer au village où je sera à l'aise."
Ouattara a été déclaré vainqueur du second tour de la présidentielle par une commission ivoirienne indépendante, par la plupart des pays de l'Onu et par l'Union africaine. Gbagbo refuse de céder le pouvoir parce que le Conseil constitutionnel, dirigé par un de ses fidèles, l'a proclamé vainqueur du scrutin en invalidant des milliers de bulletins de vote.
Avant l'intervention télévisée du porte-parole de Gbagbo, une allégation de presse affirmait que l'Onuci faisait entrer des mercenaires dans le pays à partir du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal pour les faire combattre aux côtés des rebelles. Il semble s'agir d'une tentative de plus pour tourner l'opinion contre la mission de l'Onu et les immigrés ouest-africains.
Le gouvernement de Gbagbo a aussi accusé le Nigeria d'avoir envoyé 500 mercenaires auprès des forces du Nord.
Ulcéré que la mission ait reconnu la victoire électorale de son rival, Laurent Gbagbo a ordonné aux forces de l'Onu de quitter le pays mais les Nations unies n'en ont pas tenu compte.
Le chef de la mission de l'Onu, Y.J. Choi, a prévenu les médias pro-Gbagbo que les incitations à la violence pouvaient les faire inculper de "crimes de guerre".
Tim Cocks et Loucoumane Coulibaly
Philippe Bas-Rabérin pour le service français