Bonjour monsieur le Past Président,
Chose promise, chose due. Je suis bien vivant devant vous aujourd`hui, pour vous parler. Comme un fils quelque peu impertinent (entendons-nous bien, cela ne veut pas dire impoli. Je le précise surtout pour votre inamovible procureur du Plateau et pour certains de ses adjoints dont je doute sérieusement de la bonne maîtrise de la langue de Molière. Je sais de quoi je parle, j`ai été poursuivi à plusieurs reprises dans ce tribunal pour de prétendus délits de presse, et chaque fois, j`ai gagné mon procès, y compris celui où vous me poursuiviez (eh oui) dans l`affaire dite des " 100 crimes "), parlerait à un père par trop déviationniste.
Suite à ma première épitre, j`ai reçu beaucoup de messages et j`aurais certainement reçu beaucoup d`appels téléphoniques si je n`étais pas sur le répondeur. Je ne vais pas revenir ici sur les conditions dans lesquelles j`ai fui mon pays. J`ai honte d`utiliser ce terme, mais c`est la triste réalité.
Samedi donc, quelqu`un m`a envoyé un e-mail (j`espère que vous savez au moins ce que cela veut dire) en me disant qu`il ne supportait pas que j`écrive votre Président avec un grand P. Cela m`a fait sourire, mais en même temps, j`ai mesuré l`antipathie que vous inspirez désormais à certains de vos concitoyens, certainement les plus nombreux.
Pour ma part, je vous assure que je n`éprouve aucune rancœur, ni aucune haine, juste de la colère face à tout ce gâchis que vous auriez sinon pu, mieux dû éviter ; et de la pitié du fait de votre obstination à la fois inconséquente et suicidaire. Parce qu`en fin de compte, vous avez été mon Président pendant cinq ans, puis mon chef d`Etat pendant 5 autre ans. Depuis le 28 novembre 2010, vous êtes mon Past Président. Désormais, vous savez ce que ce terme veut dire, je ne reviendrai pas là-dessus, parce que je sais que vous comprenez très rapidement, et donc que pour cela, il faut vous expliquer longuement.
Monsieur le Past Président,
Vous vous attendez peut-être à ce que je décrypte votre discours " indiscourable " de vendredi. Je ne le ferai pas. Je le ferai peut-être demain, peut-être après-demain, peut-être jamais. La raison est simple : je n`accorde aucun intérêt à ce discours, pas plus que je ne me préoccupe aujourd`hui de ma première chaussette d`écolier. Je n`attendais rien de votre discours. Personne n`y attendait rien. A preuve, personne n`a osé vous répondre à un haut niveau. Cela fait longtemps que votre parole ne vaut que dalle. Vous le savez certainement, vu le temps interminable entre le jour où vous avez annoncé votre discours et le jour où vous l`avez prononcé.
Je voudrais simplement vous dire quelque chose, pour aujourd`hui. Une seule chose. Auparavant, souffrez que je vous confie un sentiment personnel. Le jour où vous voyez votre vice-président, l`homme qui prétend être plus jeune que notre Drogba National (je reviendrai sur cette forfaiture, ultérieurement), celui qui a mis onze ans à l`université pour obtenir une licence dont l`ex-ministre FPI pur sang de l`Enseignement supérieur, a dit qu`elle était volée, dites-lui que son appel prétendument historique, qu`il a chanté à longueur de journée, jusqu`à samedi, est vraiment risible. Au fait, qu`est-ce qui n`est pas risible chez lui, à part la machette qu`il sait faire manier prestement ? Etant donné que vous vous voyez tous les jours lors du conseil quotidien de guerre (eh oui, ne soyez pas étonné, je le sais, c`est la raison pour laquelle, les organisations internationales vous accusent directement quand il y a des massacres, parce qu`elles savent que rien n`est improvisé dans votre camp, quand il s`agit de ces choses), dites-lui de méditer sur le sort et le cas de Georges Rutagunda, le tout-puissant patron des Interahamwe rwandais. Les deux ont à peu près le même parcours, à peu près le même profil et à peu près les mêmes attitudes. Tout le mal que je pourrais lui souhaiter, c`est qu`il ne connaisse pas le sort et la fin de M. Rutagunda.
Monsieur le Past Président,
Voici ce que je tiens à vous dire aujourd`hui : vous êtes mal barré. Il n`y a pas d`issue pour vous et vous le savez, le drame, c`est que vos supporters l`ignorent ou feignent de l`ignorer. Ce sont eux que je plains.
Voyez-vous, l`Onu a autorisé l`usage de la force légitime contre le colonel Kadhafi en Libye. Et ça, ce n`est pas du tout bon pour vous. Je parie 100.000 FCFA contre 1.000 FCFA que les chefs d`Etat de la Cedeao qui se réunissent jeudi à Abuja, vont demander à l`Onu d`autoriser l`usage de la force contre vous. Je peux avoir tort, mais je tiens le pari.
Vous êtes arrivé à cette étape où vous vous accrochez à n`importe quel petit espoir. Il en est ainsi de la décision de la Cour de justice de la Cedeao qui interdit tout recours à la force en Côte d`Ivoire. Une décision sur la forme et non dans le fond, car dans le fond, vous savez que vous n`êtes pas la Côte d`Ivoire, mais M. Gbagbo. Mais bon, si cela peut vous réconforter le temps d`une journée, c`est tant mieux. Je vous ai déjà dit que vous alliez vous accrocher à n`importe quel espoir, pour vous convaincre que vous allez vous en sortir. Mais vous ne vous en sortirez pas et vous le savez.
Monsieur le Past Président,
Avant de vous quitter, j`aimerais vous confier une mission. Si vous voyez celui que vous appelez votre Premier ministre à qui j`ai dû remonter les bretelles, il y a quelques mois à San Pedro, lors d`un colloque sur le cinquantenaire (tout ce qu`il disait tournait autour de : " c`est la France qui fait qu`on n`est pas ceci, qu`on est ceci … ". Agacé par ce manque flagrant d`arguments d`un homme que je considérais jusque-là, comme un intellectuel de haut niveau, j`ai dû lui répondre, de façon très crue que c`est certainement la France qui nous empêche de nous coiffer.
Si vous le voyez (vous vous voyez rarement. Il doit même prendre rendez-vous pour vous voir, ce qui l`agace mais il n`a jamais bronché car il n`a pas le coffre du protestataire), dites-lui que je suis davantage déçu de lui. Cela fait plus de 50 jours que le système financier est bloqué et lui, le grand professeur d`économie, est incapable de mettre en place un petit système de télé-compensation pour faire tourner correctement les rares banques qui ouvrent leurs portes pour la forme. Passez aussi le mot à celui que vous appelez votre ministre de l`Economie. Lui, je ne connais pas son nom, je n`ai jamais vu sa photo ni vu son image à la télé et je ne veux pas perdre mon temps à aller sur Internet pour savoir comment il s`appelle. Dites-leur que dans les quartiers d`Abidjan, des gens bien réfléchis commencent sérieusement à douter de leurs diplômes. Et ces gens commencent à se demander s`ils n`ont pas emprunté le chemin très connu de votre vice-président pour les obtenir.
Monsieur le Past Président,
Avant de nous quitter, je vous invite à réfléchir encore pour opérer le bon choix, le choix juste. Chaque jour, je vous le répéterai. Vous êtes allé certes loin. Mais il est encore temps de sortir dans la dignité mais la tête basse, de l`impasse politico-judiciaire dans laquelle votre goût insaisissable pour le pouvoir et les oripeaux du pouvoir vous ont enfermé, plutôt que d`en sortir, non seulement humilié et honni, mais maudit. Vous êtes mal barré, mais pas encore définitivement perdu.
A demain, si Dieu le veut. Qui vivra verra !
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr
Chose promise, chose due. Je suis bien vivant devant vous aujourd`hui, pour vous parler. Comme un fils quelque peu impertinent (entendons-nous bien, cela ne veut pas dire impoli. Je le précise surtout pour votre inamovible procureur du Plateau et pour certains de ses adjoints dont je doute sérieusement de la bonne maîtrise de la langue de Molière. Je sais de quoi je parle, j`ai été poursuivi à plusieurs reprises dans ce tribunal pour de prétendus délits de presse, et chaque fois, j`ai gagné mon procès, y compris celui où vous me poursuiviez (eh oui) dans l`affaire dite des " 100 crimes "), parlerait à un père par trop déviationniste.
Suite à ma première épitre, j`ai reçu beaucoup de messages et j`aurais certainement reçu beaucoup d`appels téléphoniques si je n`étais pas sur le répondeur. Je ne vais pas revenir ici sur les conditions dans lesquelles j`ai fui mon pays. J`ai honte d`utiliser ce terme, mais c`est la triste réalité.
Samedi donc, quelqu`un m`a envoyé un e-mail (j`espère que vous savez au moins ce que cela veut dire) en me disant qu`il ne supportait pas que j`écrive votre Président avec un grand P. Cela m`a fait sourire, mais en même temps, j`ai mesuré l`antipathie que vous inspirez désormais à certains de vos concitoyens, certainement les plus nombreux.
Pour ma part, je vous assure que je n`éprouve aucune rancœur, ni aucune haine, juste de la colère face à tout ce gâchis que vous auriez sinon pu, mieux dû éviter ; et de la pitié du fait de votre obstination à la fois inconséquente et suicidaire. Parce qu`en fin de compte, vous avez été mon Président pendant cinq ans, puis mon chef d`Etat pendant 5 autre ans. Depuis le 28 novembre 2010, vous êtes mon Past Président. Désormais, vous savez ce que ce terme veut dire, je ne reviendrai pas là-dessus, parce que je sais que vous comprenez très rapidement, et donc que pour cela, il faut vous expliquer longuement.
Monsieur le Past Président,
Vous vous attendez peut-être à ce que je décrypte votre discours " indiscourable " de vendredi. Je ne le ferai pas. Je le ferai peut-être demain, peut-être après-demain, peut-être jamais. La raison est simple : je n`accorde aucun intérêt à ce discours, pas plus que je ne me préoccupe aujourd`hui de ma première chaussette d`écolier. Je n`attendais rien de votre discours. Personne n`y attendait rien. A preuve, personne n`a osé vous répondre à un haut niveau. Cela fait longtemps que votre parole ne vaut que dalle. Vous le savez certainement, vu le temps interminable entre le jour où vous avez annoncé votre discours et le jour où vous l`avez prononcé.
Je voudrais simplement vous dire quelque chose, pour aujourd`hui. Une seule chose. Auparavant, souffrez que je vous confie un sentiment personnel. Le jour où vous voyez votre vice-président, l`homme qui prétend être plus jeune que notre Drogba National (je reviendrai sur cette forfaiture, ultérieurement), celui qui a mis onze ans à l`université pour obtenir une licence dont l`ex-ministre FPI pur sang de l`Enseignement supérieur, a dit qu`elle était volée, dites-lui que son appel prétendument historique, qu`il a chanté à longueur de journée, jusqu`à samedi, est vraiment risible. Au fait, qu`est-ce qui n`est pas risible chez lui, à part la machette qu`il sait faire manier prestement ? Etant donné que vous vous voyez tous les jours lors du conseil quotidien de guerre (eh oui, ne soyez pas étonné, je le sais, c`est la raison pour laquelle, les organisations internationales vous accusent directement quand il y a des massacres, parce qu`elles savent que rien n`est improvisé dans votre camp, quand il s`agit de ces choses), dites-lui de méditer sur le sort et le cas de Georges Rutagunda, le tout-puissant patron des Interahamwe rwandais. Les deux ont à peu près le même parcours, à peu près le même profil et à peu près les mêmes attitudes. Tout le mal que je pourrais lui souhaiter, c`est qu`il ne connaisse pas le sort et la fin de M. Rutagunda.
Monsieur le Past Président,
Voici ce que je tiens à vous dire aujourd`hui : vous êtes mal barré. Il n`y a pas d`issue pour vous et vous le savez, le drame, c`est que vos supporters l`ignorent ou feignent de l`ignorer. Ce sont eux que je plains.
Voyez-vous, l`Onu a autorisé l`usage de la force légitime contre le colonel Kadhafi en Libye. Et ça, ce n`est pas du tout bon pour vous. Je parie 100.000 FCFA contre 1.000 FCFA que les chefs d`Etat de la Cedeao qui se réunissent jeudi à Abuja, vont demander à l`Onu d`autoriser l`usage de la force contre vous. Je peux avoir tort, mais je tiens le pari.
Vous êtes arrivé à cette étape où vous vous accrochez à n`importe quel petit espoir. Il en est ainsi de la décision de la Cour de justice de la Cedeao qui interdit tout recours à la force en Côte d`Ivoire. Une décision sur la forme et non dans le fond, car dans le fond, vous savez que vous n`êtes pas la Côte d`Ivoire, mais M. Gbagbo. Mais bon, si cela peut vous réconforter le temps d`une journée, c`est tant mieux. Je vous ai déjà dit que vous alliez vous accrocher à n`importe quel espoir, pour vous convaincre que vous allez vous en sortir. Mais vous ne vous en sortirez pas et vous le savez.
Monsieur le Past Président,
Avant de vous quitter, j`aimerais vous confier une mission. Si vous voyez celui que vous appelez votre Premier ministre à qui j`ai dû remonter les bretelles, il y a quelques mois à San Pedro, lors d`un colloque sur le cinquantenaire (tout ce qu`il disait tournait autour de : " c`est la France qui fait qu`on n`est pas ceci, qu`on est ceci … ". Agacé par ce manque flagrant d`arguments d`un homme que je considérais jusque-là, comme un intellectuel de haut niveau, j`ai dû lui répondre, de façon très crue que c`est certainement la France qui nous empêche de nous coiffer.
Si vous le voyez (vous vous voyez rarement. Il doit même prendre rendez-vous pour vous voir, ce qui l`agace mais il n`a jamais bronché car il n`a pas le coffre du protestataire), dites-lui que je suis davantage déçu de lui. Cela fait plus de 50 jours que le système financier est bloqué et lui, le grand professeur d`économie, est incapable de mettre en place un petit système de télé-compensation pour faire tourner correctement les rares banques qui ouvrent leurs portes pour la forme. Passez aussi le mot à celui que vous appelez votre ministre de l`Economie. Lui, je ne connais pas son nom, je n`ai jamais vu sa photo ni vu son image à la télé et je ne veux pas perdre mon temps à aller sur Internet pour savoir comment il s`appelle. Dites-leur que dans les quartiers d`Abidjan, des gens bien réfléchis commencent sérieusement à douter de leurs diplômes. Et ces gens commencent à se demander s`ils n`ont pas emprunté le chemin très connu de votre vice-président pour les obtenir.
Monsieur le Past Président,
Avant de nous quitter, je vous invite à réfléchir encore pour opérer le bon choix, le choix juste. Chaque jour, je vous le répéterai. Vous êtes allé certes loin. Mais il est encore temps de sortir dans la dignité mais la tête basse, de l`impasse politico-judiciaire dans laquelle votre goût insaisissable pour le pouvoir et les oripeaux du pouvoir vous ont enfermé, plutôt que d`en sortir, non seulement humilié et honni, mais maudit. Vous êtes mal barré, mais pas encore définitivement perdu.
A demain, si Dieu le veut. Qui vivra verra !
André Silver Konan
kandresilver@yahoo.fr