Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, se vide. Les déplacements massifs des populations vers l’intérieur du pays sont saisissants, depuis quelques jours. Les habitants, sous la hantise de tirs nourris, n’ont pas d’autre choix que de s’éclipser. Ils sont ainsi nombreux à fuir Abobo, Anyama, en somme les zones chaudes, depuis le second tour de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. Ces mouvements comportent, évidemment, de graves conséquences. Sur le plan scolaire, l’année 2010-2011, entamée le lundi 13 septembre, sera blanche pour beaucoup d’élèves. De fait, les parents pauvres et sans emploi ne pourront pas trouver les moyens de permettre à leurs enfants de reprendre le chemin de l’école, où ils ont trouvé refuge. C’est vrai que des écoles relais sont ouvertes à Daloa et à Abidjan (Yopougon), des établissements acceptent des élèves déplacés, mais que deviendront ceux qui vont dans des campements et dans des pays limitrophes ? Pour sûr, le pont avec l’Ecole sera rompu. Cela, à jamais pour beaucoup, parce que l’âge requis sera dépassé, le découragement aura gagné les cœurs ou les moyens feront défaut. La misère ne fera que s’accroître dans le pays, vu que les maigres ressources dont disposaient des ménages servent à se prendre des bicoques, dans des quartiers d’accueil, en attendant de se « battre » pour la survie. Au niveau sanitaire, ce sera la catastrophe, à moins de se rabattre sur la médecine traditionnelle dont l’efficacité à 100% reste encore à prouver, dans plusieurs domaines. Concernant les logements abandonnés, le fuyard court le risque de perdre tous ses biens. C’est d’ailleurs ce qui se passe, en ce moment. En effet, dans les quartiers qui se vident, les personnes malintentionnées qui font le constat qu’une maison n’est pas habitée, depuis quelque temps, y font irruption pour ramasser tout son contenu. Ce qui met complètement à plat le propriétaire qui avait dû quitter son domicile, sur la pointe des pieds. Il convient également de noter que les déplacements, s’ils sont massifs vers une localité, vont poser le problème de surpeuplement. Ce qui va engendrer un manque de ressources pour tout le monde. C’est comme un gâteau qui, habituellement partagé à un nombre réduit de personnes, le sera pour un nombre plus élevé. En clair, la nourriture, l’eau, l’électricité, le transport, etc., disponibles seront insuffisants pour tous. Si la crise perdure et que les déplacés choisissent de vivre durablement là où ils ont été accueillis, ce sera une perte pour les quartiers quittés. En effet, si ce sont des opérateurs économiques, les ressources qu’ils procurent vont disparaître. Dans un autre sens, s’ils s’installent ailleurs, ce sera un avantage pour la commune hôte. L’arrivée des travailleurs qualifiés pourra favoriser le développement. L’autre versant, c’est que des déplacés pourraient être des bandits. La criminalité et autres pourraient se développer. A noter cependant que le déplacement des populations pourrait être l’occasion pour certains enfants de connaître leurs villages.
Dominique FADEGNON
Dominique FADEGNON