Paris – Il est urgent de prendre des mesures plus conséquentes pour protéger les civils et subvenir aux besoins humanitaires en Côte d’Ivoire, avertit aujourd’hui une coalition de 32 organisations internationales et africaines, dont Human Rights Watch, la Fédération internationale des ligues des Droits de l’Homme et l’Open Society Institute for West Africa.
L’augmentation des combats et de l’insécurité a fait augmenter le nombre total de personnes déplacées à un demi-million, avec de nouveaux déplacements de population dans la capitale, Abidjan, et dans la partie Ouest du pays. Plus de 500 000 personnes ont été déplacées à Abidjan et dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire1, avec plus de 100 000 réfugiés au Libéria – dont plus de la moitié sont arrivés depuis fin février2. Des centaines de milliers de personnes ont urgemment besoin d’une aide alimentaire et non-alimentaire, y compris médicale. La coalition signale que la réserve actuelle de fonds pour l’aide humanitaire est d’ores et déjà insuffisante.
«La situation humanitaire causée par le conflit en Côte d’Ivoire a atteint un seuil critique. Les distributions d’aide ont été interrompues en raison des nouveaux affrontements autour d’Abidjan, et la situation des réfugiés au Libéria et des personnes déplacées en Côte d’Ivoire est extrêmement inquiétante. Il est d’une importance capitale que la communauté des bailleurs de fonds internationaux augmente les financements afin de répondre de façon significative à la crise humanitaire grandissante en Côte d’Ivoire et au Libéria », déclare Elisabeth Rasmusson, Secrétaire générale du Norwegian Refugee Council (NRC).
Le conflit a déjà provoqué la mort de plus de 460 civils3, auxquels s’ajoutent des dizaines de viols signalés (dont un grand nombre ont été perpétrés pour des motifs politiques) ainsi que des détentions illégales et des disparitions forcées commises par les forces de sécurité de Gbagbo. Des armes lourdes et des explosifs ont été utilisés dans des quartiers peuplés sans aucune discrimination entre civils et acteurs armés. Selon des recherches conduites récemment sur le terrain par des organisations de la coalition, des Ivoiriens et des immigrants des pays voisins ont été ciblés par les forces pro-Gbagbo, battus à mort ou asphyxiés par gaz et brûlés vifs. Des rapports récents indiquent aussi que des combattants pro-Ouattara ont également commis, sur le territoire qu’ils contrôlent, des exécutions extrajudiciaires contre des combattants pro-Gbagbo ou perçus comme tels.
La coalition appelle à ce que les auteurs de violations graves des droits humains soient tenus pour responsables de leurs crimes. Le 25 mars, le Conseil des Nations unies pour les Droits de l’Homme doit décider de la nomination d’une Commission d’enquête pour investiguer sur les violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commises depuis les élections. Une telle enquête peut aider à lutter contre l’impunité des auteurs de ces crimes et à décourager d’autres atrocités ultérieures, en particulier si elle travaille à l’identification des individus les plus hautement responsables de ces abus et formule des recommandations claires pour permettre qu’ils rendent compte de leurs crimes.
En janvier, le Conseil de Sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement de 2000 soldats supplémentaires. Ils n’ont toujours pas été déployés, alors que la situation continue d’empirer significativement pour les civils, à Abidjan et dans la partie Ouest du pays. La coalition appelle le Conseil de Sécurité des Nations unies et ses Etats membres à faire en sorte que la mission de maintien de la paix en Côte d’Ivoire (ONUCI) soit rapidement équipée et renforcée afin de pouvoir protéger plus efficacement les civils sur le terrain.
Selon Corinne Dufka, chercheuse sénior pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch : « La situation en Côte d’Ivoire se détériore quotidiennement. Tandis que la communauté internationale est confrontée aux évènements survenant en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, nous craignons que la violence en Côte d’ivoire ne dégénère. Le Conseil de Sécurité des Nations unies a promis 2000 casques bleus mais on ne les voit toujours pas sur place. La communauté internationale doit montrer son inquiétude et sa volonté d’agir envers la détresse des civils en Côte d’Ivoire. Son échec à cet égard pourrait coûter des milliers de vies. »
La coalition exhorte la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour :
Augmenter l’aide humanitaire en débloquant rapidement des fonds supplémentaires, dans le but de fournir une assistance aux personnes vulnérables en Côte d’Ivoire ainsi qu’aux réfugiés dans les pays voisins.
Assurer sur le terrain une capacité accrue de l’ONUCI à mettre efficacement en œuvre son mandat de protection des civils, en déployant rapidement le renfort de 2000 soldats adopté par le Conseil de Sécurité des Nations unies il y a 3 mois, et planifier un déploiement additionnel d’équipement (comme des hélicoptères) et de troupes équipées et bien entraînées si la situation venait à se détériorer.
Augmenter les patrouilles onusiennes et françaises de maintien de la paix dans les quartiers sensibles et utiliser la force légitime, lorsque cela est nécessaire, afin de protéger les civils en danger imminent, comme le prévoient leurs mandats.
Elaborer des plans de contingence pour que d’autres troupes viennent aider l’ONUCI à protéger les civils si davantage de soutien venait à être nécessaire.
Etablir une commission d’enquête des Nations unies, rapportant au Conseil de sécurité, pour investiguer sur les violations des droits de l’Homme et du droit humanitaire commises depuis les élections, avec un mandat suffisamment large pour traiter les crimes perpétrés par toutes les parties au conflit et pour faire des recommandations, notamment auprès de la Cour pénale internationale, visant à ce que les auteurs de ces crimes en soient tenus pour responsables.
Envisager d’étendre la liste des individus faisant l’objet de sanctions des Nations unies à ceux responsables d’incitation à la violence, notamment le directeur de la Radio télévision ivoirienne (RTI).
« La situation en Côte d’Ivoire est en train de dégénérer en guerre civile. La communauté internationale doit agir plus vite et plus fermement afin d’assurer le plein respect des droits humains et du droit international humanitaire, et de prévenir des violations massives des droits humains », avertit Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
- FIN -
> CONTACT PRESSE : Aldine Furio, +33 668 121 153, aldine.furio@crisisaction.org
> NOTES AUX REDACTIONS
*Organisations signataires
Action pour les droits humains et l'amitié – Sénégal
Association africaine de défense des Droits de l'Homme (ASADHO) – République démocratique du Congo
Association mauritanienne des droits de l'Homme (AMDH) – Mauritanie
Coalition de la société civile pour la paix et le développement démocratique en Côte d’Ivoire (COSOPCI) – Côte d’Ivoire
Comité des journalistes congolais contre la peine de mort (CJCPM) – République démocratique du Congo
Coordination des organisations de la société civile pour la défense de l'environnement et le développement du bassin du fleuve Sénégal (CODESEN)
Fédération international des ligues des droits de l’Homme (FIDH)
Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (WACSOF/FOSCAO)
Global center for the responsibility to protect (GCR2P)
Groupe Lotus (GL) – République démocratique du Congo
Human Rights Watch
Interchurch organization for development cooperation (ICCO)
Journalistes pour la promotion & la défense des droits de l'homme (JPDH) – République démocratique du Congo
Liga Guineense dos direitos humanos (LGDH) – Guinée Bissau
Ligue des électeurs (LE) – République démocratique du Congo
Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (LIDHO) – Côte d’Ivoire
Ligue sénégalaise des droits de l'Homme (LSDH) – Sénégal
Ligue tchadienne des droits de l'Homme (LTDH) – Tchad
Ligue togolaise des droits de l'Homme (LTDH) – Togo
Maison des droits de l'Homme du Cameroun (MDHC) – Cameroun
Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) – Côte d’Ivoire
Mouvement burkinabé des droits de l'Homme et des peuples (MBDHP) – Burkina Faso
Norwegian refugee council (NRC)
Observatoire congolais des droits de l'Homme (OCDH) – République démocratique du Congo
Open Society Initiative for West Africa (OSIWA)
Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme et du citoyen (OGDH) – Guinée
Peace Direct
Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO) – Sénégal
Union interafricaine des droits de l'Homme (UIDH)
West African Civil Society Institute (WACSI)
West African Refugees and Internally Displaced Persons Network – Sénégal
Zimbabwe Human Rights Association (Zimrights) – Zimbabwe
Personnes disponibles pour interviews
Des porte-paroles des organisations signataires sont disponibles pour des interviews en français et en anglais.
Des contacts avec porte-parole sur le terrain en Côte d’Ivoire et au Liberia peuvent être facilités.
Pour toute mise en relation, veuillez contacter: Aldine Furio, +33 668 121 153, aldine.furio@crisisaction.org
Témoignages
« Depuis l'endroit où nous vivions jusqu'à la sortie de Yopougon, il y avait sept points de contrôle occupés par des Patriotes ; ils étaient armés de machettes et de blocs de bois. À chaque point de contrôle, ils ont exigé de l'argent et nous ont menacés si nous ne pouvions pas payer. Aux environs de 14 heures, nous avons atteint le dernier. Ils ont arrêté un jeune homme Dioula qui avait environ 20 ans, et lui ont demandé sa carte d'identité. Il était terrifié et s'est mis à courir. Les Patriotes l'ont capturé presque immédiatement. Le garçon disait : « Je n'ai rien à voir avec le problème, pardonnez-moi, je vous en prie. » Avant de le tuer, les Patriotes ont dit : « Toi, tu es un Dioula, c'est vous qui apportez la guerre en Côte d'Ivoire ». Ils l'ont battu avec du bois et des machettes, puis l'un d'eux a sorti un grand couteau, le genre que vous utilisez pour tuer un mouton, et lui a tranché la gorge. »4
« (...) Ils ont dit : « Nous savons qui vous êtes, nous savons tout sur votre travail.... Vous êtes sur notre liste. » Nous avions des photos d'Alassane sur le mur, et un grand nombre des brochures que nous distribuons, qu'ils ont déchirées sous nos yeux. Ils nous ont obligées sous la menace des armes à monter dans une camionnette et nous ont emmenées jusqu'à un bâtiment en construction près du marché de nuit. Nous avons toutes été violées. Trois d'entre eux m'ont violée, et l'une de mes sœurs a été violée par quatre d'entre eux. (...)»5
« L'un d'eux m'a giflée, m'a arraché mes sous-vêtements et m'a maintenue sur le canapé. Mon mari a crié : « Laissez ma femme. Je vous en supplie, laissez-la. » Ils ont répondu : « Tais-toi, nous pouvons faire tout ce que nous voulons. » Ils ont dit qu'ils allaient tuer tous les Dioulas qui travaillent pour Alassane, que nous étions des rebelles. Quand ils ont eu fini [de me violer], ils ont traîné mon mari dehors et l'ont emmené dans l'un de leurs véhicules (du CECOS). Je l'appelle sur son portable, encore et encore, mais il ne répond pas. (...) »6
Chiffres supplémentaires
500 000 personnes ont étés déplacées dans Abidjan et l’Ouest de la Côte d’Ivoire. 101 883 ont fuit au Libéria, 1 621 au Ghana, 971 en Guinée, 371 au Togo, 30 au Bénin et 22 au Burkina Faso.7
Sur les 300 000 déplacés à Abidjan, 18 000 sont répartis sur 24 sites et 19 000 sont hébergés parmi des familles d’accueil. 8
Près de 90% du personnel médical qualifié ainsi que la majorité des enseignants ont quitté leur emploi.
50 500 enfants souffrent de malnutrition sévère. 9
Les prix alimentaires ont connu augmentation comprise entre 10 et 30%. 10
Un million d’enfants ne peuvent plus aller à l’école du fait de la crise politique (s’ajoutant au million d’enfants en âge d’aller à l’école primaire qui ne pouvaient y assister avant). 11
Le chômage aurait atteint les 40 à 50% de la population. 12
1 UNHCR, “UNHCR warns that Côte d'Ivoire needs going dangerously overlooked”, 11 mars 2011, http://www.unhcr.org/4d7a09fa9.html
2 AFP, « Côte d'Ivoire: les pro-Ouattara avancent à l'ouest, le camp Gbagbo recrute », 21 mars 2011, http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5j9TxEbXndbl8DcduxrVyvFbRwq3g?docId=CNG.94211353df0e5aacdb520f878b5ad41e.51
3 Idem.
4 Rapport de Human Rights Watch, « Les forces de Laurent Gbagbo ont commis des crimes contre l’humanité », disponible sur : http://www.hrw.org/en/news/2011/03/15/c-te-d-ivoire-les-forces-de-laurent-gbagbo-ont-commis-des-crimes-contre-l-humanit.
5 Idem
6 Idem
7 OCHA, site web, 24 mars 2011, http://ochaonline.un.org/UrgencesEmergencies/ElectionsCocirctedIvoire/tabid/7330/language/fr-FR/Default.aspx
8 UNHCR, Briefing note, 15 mars 2011, http://www.unhcr.org/4d7f57289.html
9 UN News, “UN allocates funds for humanitarian emergency in Cote d’Ivoire”, 23 mars 2011, http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=37874&Cr=ivoire&Cr1=%22,,0,0
10 Rapport OCHA, 7 mars 2011, http://www.reliefweb.int/rw/RWFiles2011.nsf/FilesByRWDocUnidFilename/EGUA-8EURBG-full_report.pdf/$File/full_report.pdf
11 OCHA, Humanitarian Report n°18, 21 mars 2011, http://ochaonline.un.org/OchaLinkClick.aspx?link=ocha&docId=1194699
12 CIA world factbook, https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/iv.html
L’augmentation des combats et de l’insécurité a fait augmenter le nombre total de personnes déplacées à un demi-million, avec de nouveaux déplacements de population dans la capitale, Abidjan, et dans la partie Ouest du pays. Plus de 500 000 personnes ont été déplacées à Abidjan et dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire1, avec plus de 100 000 réfugiés au Libéria – dont plus de la moitié sont arrivés depuis fin février2. Des centaines de milliers de personnes ont urgemment besoin d’une aide alimentaire et non-alimentaire, y compris médicale. La coalition signale que la réserve actuelle de fonds pour l’aide humanitaire est d’ores et déjà insuffisante.
«La situation humanitaire causée par le conflit en Côte d’Ivoire a atteint un seuil critique. Les distributions d’aide ont été interrompues en raison des nouveaux affrontements autour d’Abidjan, et la situation des réfugiés au Libéria et des personnes déplacées en Côte d’Ivoire est extrêmement inquiétante. Il est d’une importance capitale que la communauté des bailleurs de fonds internationaux augmente les financements afin de répondre de façon significative à la crise humanitaire grandissante en Côte d’Ivoire et au Libéria », déclare Elisabeth Rasmusson, Secrétaire générale du Norwegian Refugee Council (NRC).
Le conflit a déjà provoqué la mort de plus de 460 civils3, auxquels s’ajoutent des dizaines de viols signalés (dont un grand nombre ont été perpétrés pour des motifs politiques) ainsi que des détentions illégales et des disparitions forcées commises par les forces de sécurité de Gbagbo. Des armes lourdes et des explosifs ont été utilisés dans des quartiers peuplés sans aucune discrimination entre civils et acteurs armés. Selon des recherches conduites récemment sur le terrain par des organisations de la coalition, des Ivoiriens et des immigrants des pays voisins ont été ciblés par les forces pro-Gbagbo, battus à mort ou asphyxiés par gaz et brûlés vifs. Des rapports récents indiquent aussi que des combattants pro-Ouattara ont également commis, sur le territoire qu’ils contrôlent, des exécutions extrajudiciaires contre des combattants pro-Gbagbo ou perçus comme tels.
La coalition appelle à ce que les auteurs de violations graves des droits humains soient tenus pour responsables de leurs crimes. Le 25 mars, le Conseil des Nations unies pour les Droits de l’Homme doit décider de la nomination d’une Commission d’enquête pour investiguer sur les violations graves des droits humains et du droit international humanitaire commises depuis les élections. Une telle enquête peut aider à lutter contre l’impunité des auteurs de ces crimes et à décourager d’autres atrocités ultérieures, en particulier si elle travaille à l’identification des individus les plus hautement responsables de ces abus et formule des recommandations claires pour permettre qu’ils rendent compte de leurs crimes.
En janvier, le Conseil de Sécurité des Nations unies a autorisé le déploiement de 2000 soldats supplémentaires. Ils n’ont toujours pas été déployés, alors que la situation continue d’empirer significativement pour les civils, à Abidjan et dans la partie Ouest du pays. La coalition appelle le Conseil de Sécurité des Nations unies et ses Etats membres à faire en sorte que la mission de maintien de la paix en Côte d’Ivoire (ONUCI) soit rapidement équipée et renforcée afin de pouvoir protéger plus efficacement les civils sur le terrain.
Selon Corinne Dufka, chercheuse sénior pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch : « La situation en Côte d’Ivoire se détériore quotidiennement. Tandis que la communauté internationale est confrontée aux évènements survenant en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, nous craignons que la violence en Côte d’ivoire ne dégénère. Le Conseil de Sécurité des Nations unies a promis 2000 casques bleus mais on ne les voit toujours pas sur place. La communauté internationale doit montrer son inquiétude et sa volonté d’agir envers la détresse des civils en Côte d’Ivoire. Son échec à cet égard pourrait coûter des milliers de vies. »
La coalition exhorte la communauté internationale à prendre les mesures nécessaires pour :
Augmenter l’aide humanitaire en débloquant rapidement des fonds supplémentaires, dans le but de fournir une assistance aux personnes vulnérables en Côte d’Ivoire ainsi qu’aux réfugiés dans les pays voisins.
Assurer sur le terrain une capacité accrue de l’ONUCI à mettre efficacement en œuvre son mandat de protection des civils, en déployant rapidement le renfort de 2000 soldats adopté par le Conseil de Sécurité des Nations unies il y a 3 mois, et planifier un déploiement additionnel d’équipement (comme des hélicoptères) et de troupes équipées et bien entraînées si la situation venait à se détériorer.
Augmenter les patrouilles onusiennes et françaises de maintien de la paix dans les quartiers sensibles et utiliser la force légitime, lorsque cela est nécessaire, afin de protéger les civils en danger imminent, comme le prévoient leurs mandats.
Elaborer des plans de contingence pour que d’autres troupes viennent aider l’ONUCI à protéger les civils si davantage de soutien venait à être nécessaire.
Etablir une commission d’enquête des Nations unies, rapportant au Conseil de sécurité, pour investiguer sur les violations des droits de l’Homme et du droit humanitaire commises depuis les élections, avec un mandat suffisamment large pour traiter les crimes perpétrés par toutes les parties au conflit et pour faire des recommandations, notamment auprès de la Cour pénale internationale, visant à ce que les auteurs de ces crimes en soient tenus pour responsables.
Envisager d’étendre la liste des individus faisant l’objet de sanctions des Nations unies à ceux responsables d’incitation à la violence, notamment le directeur de la Radio télévision ivoirienne (RTI).
« La situation en Côte d’Ivoire est en train de dégénérer en guerre civile. La communauté internationale doit agir plus vite et plus fermement afin d’assurer le plein respect des droits humains et du droit international humanitaire, et de prévenir des violations massives des droits humains », avertit Souhayr Belhassen, présidente de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
- FIN -
> CONTACT PRESSE : Aldine Furio, +33 668 121 153, aldine.furio@crisisaction.org
> NOTES AUX REDACTIONS
*Organisations signataires
Action pour les droits humains et l'amitié – Sénégal
Association africaine de défense des Droits de l'Homme (ASADHO) – République démocratique du Congo
Association mauritanienne des droits de l'Homme (AMDH) – Mauritanie
Coalition de la société civile pour la paix et le développement démocratique en Côte d’Ivoire (COSOPCI) – Côte d’Ivoire
Comité des journalistes congolais contre la peine de mort (CJCPM) – République démocratique du Congo
Coordination des organisations de la société civile pour la défense de l'environnement et le développement du bassin du fleuve Sénégal (CODESEN)
Fédération international des ligues des droits de l’Homme (FIDH)
Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (WACSOF/FOSCAO)
Global center for the responsibility to protect (GCR2P)
Groupe Lotus (GL) – République démocratique du Congo
Human Rights Watch
Interchurch organization for development cooperation (ICCO)
Journalistes pour la promotion & la défense des droits de l'homme (JPDH) – République démocratique du Congo
Liga Guineense dos direitos humanos (LGDH) – Guinée Bissau
Ligue des électeurs (LE) – République démocratique du Congo
Ligue ivoirienne des droits de l'Homme (LIDHO) – Côte d’Ivoire
Ligue sénégalaise des droits de l'Homme (LSDH) – Sénégal
Ligue tchadienne des droits de l'Homme (LTDH) – Tchad
Ligue togolaise des droits de l'Homme (LTDH) – Togo
Maison des droits de l'Homme du Cameroun (MDHC) – Cameroun
Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) – Côte d’Ivoire
Mouvement burkinabé des droits de l'Homme et des peuples (MBDHP) – Burkina Faso
Norwegian refugee council (NRC)
Observatoire congolais des droits de l'Homme (OCDH) – République démocratique du Congo
Open Society Initiative for West Africa (OSIWA)
Organisation guinéenne de défense des droits de l'Homme et du citoyen (OGDH) – Guinée
Peace Direct
Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (RADDHO) – Sénégal
Union interafricaine des droits de l'Homme (UIDH)
West African Civil Society Institute (WACSI)
West African Refugees and Internally Displaced Persons Network – Sénégal
Zimbabwe Human Rights Association (Zimrights) – Zimbabwe
Personnes disponibles pour interviews
Des porte-paroles des organisations signataires sont disponibles pour des interviews en français et en anglais.
Des contacts avec porte-parole sur le terrain en Côte d’Ivoire et au Liberia peuvent être facilités.
Pour toute mise en relation, veuillez contacter: Aldine Furio, +33 668 121 153, aldine.furio@crisisaction.org
Témoignages
« Depuis l'endroit où nous vivions jusqu'à la sortie de Yopougon, il y avait sept points de contrôle occupés par des Patriotes ; ils étaient armés de machettes et de blocs de bois. À chaque point de contrôle, ils ont exigé de l'argent et nous ont menacés si nous ne pouvions pas payer. Aux environs de 14 heures, nous avons atteint le dernier. Ils ont arrêté un jeune homme Dioula qui avait environ 20 ans, et lui ont demandé sa carte d'identité. Il était terrifié et s'est mis à courir. Les Patriotes l'ont capturé presque immédiatement. Le garçon disait : « Je n'ai rien à voir avec le problème, pardonnez-moi, je vous en prie. » Avant de le tuer, les Patriotes ont dit : « Toi, tu es un Dioula, c'est vous qui apportez la guerre en Côte d'Ivoire ». Ils l'ont battu avec du bois et des machettes, puis l'un d'eux a sorti un grand couteau, le genre que vous utilisez pour tuer un mouton, et lui a tranché la gorge. »4
« (...) Ils ont dit : « Nous savons qui vous êtes, nous savons tout sur votre travail.... Vous êtes sur notre liste. » Nous avions des photos d'Alassane sur le mur, et un grand nombre des brochures que nous distribuons, qu'ils ont déchirées sous nos yeux. Ils nous ont obligées sous la menace des armes à monter dans une camionnette et nous ont emmenées jusqu'à un bâtiment en construction près du marché de nuit. Nous avons toutes été violées. Trois d'entre eux m'ont violée, et l'une de mes sœurs a été violée par quatre d'entre eux. (...)»5
« L'un d'eux m'a giflée, m'a arraché mes sous-vêtements et m'a maintenue sur le canapé. Mon mari a crié : « Laissez ma femme. Je vous en supplie, laissez-la. » Ils ont répondu : « Tais-toi, nous pouvons faire tout ce que nous voulons. » Ils ont dit qu'ils allaient tuer tous les Dioulas qui travaillent pour Alassane, que nous étions des rebelles. Quand ils ont eu fini [de me violer], ils ont traîné mon mari dehors et l'ont emmené dans l'un de leurs véhicules (du CECOS). Je l'appelle sur son portable, encore et encore, mais il ne répond pas. (...) »6
Chiffres supplémentaires
500 000 personnes ont étés déplacées dans Abidjan et l’Ouest de la Côte d’Ivoire. 101 883 ont fuit au Libéria, 1 621 au Ghana, 971 en Guinée, 371 au Togo, 30 au Bénin et 22 au Burkina Faso.7
Sur les 300 000 déplacés à Abidjan, 18 000 sont répartis sur 24 sites et 19 000 sont hébergés parmi des familles d’accueil. 8
Près de 90% du personnel médical qualifié ainsi que la majorité des enseignants ont quitté leur emploi.
50 500 enfants souffrent de malnutrition sévère. 9
Les prix alimentaires ont connu augmentation comprise entre 10 et 30%. 10
Un million d’enfants ne peuvent plus aller à l’école du fait de la crise politique (s’ajoutant au million d’enfants en âge d’aller à l’école primaire qui ne pouvaient y assister avant). 11
Le chômage aurait atteint les 40 à 50% de la population. 12
1 UNHCR, “UNHCR warns that Côte d'Ivoire needs going dangerously overlooked”, 11 mars 2011, http://www.unhcr.org/4d7a09fa9.html
2 AFP, « Côte d'Ivoire: les pro-Ouattara avancent à l'ouest, le camp Gbagbo recrute », 21 mars 2011, http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5j9TxEbXndbl8DcduxrVyvFbRwq3g?docId=CNG.94211353df0e5aacdb520f878b5ad41e.51
3 Idem.
4 Rapport de Human Rights Watch, « Les forces de Laurent Gbagbo ont commis des crimes contre l’humanité », disponible sur : http://www.hrw.org/en/news/2011/03/15/c-te-d-ivoire-les-forces-de-laurent-gbagbo-ont-commis-des-crimes-contre-l-humanit.
5 Idem
6 Idem
7 OCHA, site web, 24 mars 2011, http://ochaonline.un.org/UrgencesEmergencies/ElectionsCocirctedIvoire/tabid/7330/language/fr-FR/Default.aspx
8 UNHCR, Briefing note, 15 mars 2011, http://www.unhcr.org/4d7f57289.html
9 UN News, “UN allocates funds for humanitarian emergency in Cote d’Ivoire”, 23 mars 2011, http://www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=37874&Cr=ivoire&Cr1=%22,,0,0
10 Rapport OCHA, 7 mars 2011, http://www.reliefweb.int/rw/RWFiles2011.nsf/FilesByRWDocUnidFilename/EGUA-8EURBG-full_report.pdf/$File/full_report.pdf
11 OCHA, Humanitarian Report n°18, 21 mars 2011, http://ochaonline.un.org/OchaLinkClick.aspx?link=ocha&docId=1194699
12 CIA world factbook, https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/iv.html