Les Forces républicaines ne semblent pas vouloir se limiter à la riposte victorieuse aux attaques des miliciens et mercenaires pro-Gbagbo de l’Ouest.
Après avoir chassé les miliciens et mercenaires libériens pro-Gbagbo qui terrorisaient l’Ouest, les Forces républicaines semblent être passées à la vitesse supérieure.
Certes, dans l’interview qu’il nous avait accordée (édition du lundi 28 mars 2011), le général Michel Gueu, commandant du Fuseau ouest de l’opération ‘’Restaurer la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire’’, avait bien laissé entendre que l’avancée des Frci se poursuivrait. D’ailleurs, le nom de l’opération est suffisamment évocateur de ce point de vue.
Hier, c’est la ville carrefour de Duékoué qui a été livrée à la République. Dans la même journée, l’on apprenait que des combats se déroulaient à l’Est, dans la région de Bondoukou et aussi à Daloa, dans le centre-ouest du pays. Si les combats étaient confirmés, ils indiqueraient alors que les Forces républicaines ont lancé une grande opération de sécurisation de toutes les villes du pays. Aucune localité ne devrait donc être épargnée. Sans être un spécialiste des questions militaires, l’on observe que la prise de Duékoué ouvre désormais la voie vers Daloa et le port stratégique de San-Pedro. Rien n’indique que Daloa, la capitale du Haut-Sassandra et place forte militaire importante, ne sera pas touchée par cette opération des Frci.
De même, si elles conquéraient Bondoukou, les Frci s’ouvriraient les portes de l’Est, notamment Abengourou.
Cette grande offensive des Frci mettra à coup sûr une pression supplémentaire sur le clan Gbagbo, après des semaines de combats à Abidjan, contre le commando invisible qui a pris la grande commune d’Abobo. L’étau militaire se resserre donc sur l’ex-chef de l’Etat, obligé de se barricader derrière des miliciens et des mercenaires, face à la désintégration de l’armée, dont beaucoup d’éléments valables ont rejoint les Frci.
Quel dialogue veut Gbagbo ?
Parallèlement à l’intensification des opérations militaires, marquée par un recul de ses forces, Gbagbo s’active en coulisses pour obtenir l’ouverture de discussions avec le président élu, Alassane Ouattara. Bien sûr, les contacts sont encore jugés informels par le camp Ouattara. L’on apprend ainsi que le téléphone n’arrête pas de sonner. Plusieurs proches de Gbagbo sont entrés en contact avec des membres du camp Ouattara, au cours des derniers jours. Charles Blé Goudé, leader des ‘’jeunes patriotes’’, a ainsi appelé, à deux reprises, le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. De même, Alcide Djédjé, ancien ambassadeur auprès des Nations Unies, a passé un coup de fil au ministre Patrick Achi, porte-parole du gouvernement. Le patron de la jeunesse du Front populaire ivoirien (Fpi), Konaté Navigué, a lui contacté par téléphone, Alain Lobognon, conseiller spécial du Premier ministre, Guillaume Soro. Tous les messages informels avaient la même teneur : l’ouverture de discussions directes entre Ivoiriens, le nouveau crédo du clan Gbagbo.
Selon des sources diplomatiques, l’ex-chef de l’Etat cherche à obtenir le soutien de certaines chancelleries à sa démarche. Un lobbying est en cours auprès des ambassades du Japon, de Belgique et du Vatican.
A l’analyse, il apparaît clairement que Gbagbo rêve tout simplement d’un schéma identique à celui qui a conduit à la signature de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) avec l’ex-rébellion des Forces nouvelles. Il veut surtout profiter des atermoiements de l’Ua, pour engager Ouattara dans un processus qui traînerait en longueur. Selon certaines sources, le clan Gbagbo milite même pour un arrangement qui lui laisserait le pouvoir pour au moins deux ans.
Si l’intention de négocier était bien sincère, elle commencerait d’abord par l’acceptation du verdict des urnes, le choix des Ivoiriens librement exprimé le 28 novembre 2010. Laurent Gbagbo peut envoyer un signal fort pour attester de sa bonne foi. Il lui suffit de faire sienne la dernière décision de l’Ua.
Le Conseil de paix et de sécurité (Cps) a produit un rapport clair qui pose comme condition première que Gbagbo se retire au profit d’Alassane Ouattara. C’est seulement à partir du moment où le nouveau président est installé que s’ouvrent les négociations annoncées par l’Ua. C’est Alassane Ouattara, en tant que président de la République, qui doit saisir le Cps sur la suite du processus. Depuis 10 jours, Laurent Gbagbo doit livrer un message dans lequel il accepte de se retirer. Il l’a promis à Jacob Zuma.
Une atmosphère de fin de règne plane plus que jamais sur Abidjan. L’ambiance n’est plus au beau fixe dans le clan de Gbagbo. Beaucoup de ses collaborateurs ont abandonné leur domicile. Plusieurs ont déjà évacué leur famille vers Accra et Kumasi au Ghana. D’autres lorgnent vers Pretoria et Luanda.
Kesy B. Jacob
Après avoir chassé les miliciens et mercenaires libériens pro-Gbagbo qui terrorisaient l’Ouest, les Forces républicaines semblent être passées à la vitesse supérieure.
Certes, dans l’interview qu’il nous avait accordée (édition du lundi 28 mars 2011), le général Michel Gueu, commandant du Fuseau ouest de l’opération ‘’Restaurer la paix et la démocratie en Côte d’Ivoire’’, avait bien laissé entendre que l’avancée des Frci se poursuivrait. D’ailleurs, le nom de l’opération est suffisamment évocateur de ce point de vue.
Hier, c’est la ville carrefour de Duékoué qui a été livrée à la République. Dans la même journée, l’on apprenait que des combats se déroulaient à l’Est, dans la région de Bondoukou et aussi à Daloa, dans le centre-ouest du pays. Si les combats étaient confirmés, ils indiqueraient alors que les Forces républicaines ont lancé une grande opération de sécurisation de toutes les villes du pays. Aucune localité ne devrait donc être épargnée. Sans être un spécialiste des questions militaires, l’on observe que la prise de Duékoué ouvre désormais la voie vers Daloa et le port stratégique de San-Pedro. Rien n’indique que Daloa, la capitale du Haut-Sassandra et place forte militaire importante, ne sera pas touchée par cette opération des Frci.
De même, si elles conquéraient Bondoukou, les Frci s’ouvriraient les portes de l’Est, notamment Abengourou.
Cette grande offensive des Frci mettra à coup sûr une pression supplémentaire sur le clan Gbagbo, après des semaines de combats à Abidjan, contre le commando invisible qui a pris la grande commune d’Abobo. L’étau militaire se resserre donc sur l’ex-chef de l’Etat, obligé de se barricader derrière des miliciens et des mercenaires, face à la désintégration de l’armée, dont beaucoup d’éléments valables ont rejoint les Frci.
Quel dialogue veut Gbagbo ?
Parallèlement à l’intensification des opérations militaires, marquée par un recul de ses forces, Gbagbo s’active en coulisses pour obtenir l’ouverture de discussions avec le président élu, Alassane Ouattara. Bien sûr, les contacts sont encore jugés informels par le camp Ouattara. L’on apprend ainsi que le téléphone n’arrête pas de sonner. Plusieurs proches de Gbagbo sont entrés en contact avec des membres du camp Ouattara, au cours des derniers jours. Charles Blé Goudé, leader des ‘’jeunes patriotes’’, a ainsi appelé, à deux reprises, le ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. De même, Alcide Djédjé, ancien ambassadeur auprès des Nations Unies, a passé un coup de fil au ministre Patrick Achi, porte-parole du gouvernement. Le patron de la jeunesse du Front populaire ivoirien (Fpi), Konaté Navigué, a lui contacté par téléphone, Alain Lobognon, conseiller spécial du Premier ministre, Guillaume Soro. Tous les messages informels avaient la même teneur : l’ouverture de discussions directes entre Ivoiriens, le nouveau crédo du clan Gbagbo.
Selon des sources diplomatiques, l’ex-chef de l’Etat cherche à obtenir le soutien de certaines chancelleries à sa démarche. Un lobbying est en cours auprès des ambassades du Japon, de Belgique et du Vatican.
A l’analyse, il apparaît clairement que Gbagbo rêve tout simplement d’un schéma identique à celui qui a conduit à la signature de l’Accord politique de Ouagadougou (Apo) avec l’ex-rébellion des Forces nouvelles. Il veut surtout profiter des atermoiements de l’Ua, pour engager Ouattara dans un processus qui traînerait en longueur. Selon certaines sources, le clan Gbagbo milite même pour un arrangement qui lui laisserait le pouvoir pour au moins deux ans.
Si l’intention de négocier était bien sincère, elle commencerait d’abord par l’acceptation du verdict des urnes, le choix des Ivoiriens librement exprimé le 28 novembre 2010. Laurent Gbagbo peut envoyer un signal fort pour attester de sa bonne foi. Il lui suffit de faire sienne la dernière décision de l’Ua.
Le Conseil de paix et de sécurité (Cps) a produit un rapport clair qui pose comme condition première que Gbagbo se retire au profit d’Alassane Ouattara. C’est seulement à partir du moment où le nouveau président est installé que s’ouvrent les négociations annoncées par l’Ua. C’est Alassane Ouattara, en tant que président de la République, qui doit saisir le Cps sur la suite du processus. Depuis 10 jours, Laurent Gbagbo doit livrer un message dans lequel il accepte de se retirer. Il l’a promis à Jacob Zuma.
Une atmosphère de fin de règne plane plus que jamais sur Abidjan. L’ambiance n’est plus au beau fixe dans le clan de Gbagbo. Beaucoup de ses collaborateurs ont abandonné leur domicile. Plusieurs ont déjà évacué leur famille vers Accra et Kumasi au Ghana. D’autres lorgnent vers Pretoria et Luanda.
Kesy B. Jacob