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Politique Publié le mercredi 30 mars 2011 | AFP

Côte d`Ivoire: les forces de Ouattara ont pris la capitale Yamoussoukro

Les forces du président ivoirien reconnu par
la communauté internationale Alassane Ouattara ont accentué mercredi leur
pression sur le régime du président sortant Laurent Gbagbo en prenant la
capitale politique Yamoussoukro, alors que la tension montait à Abidjan.
Au troisième jour de l'offensive, cette victoire hautement symbolique
intervient quatre mois après le début d'une crise post-électorale ayant fait,
selon l'ONU, au moins 460 morts et déplacé près d'un million de personnes.
Elle constitue un revers de taille pour le président sortant Laurent
Gbagbo, dont le régime est isolé diplomatiquement et asphyxié économiquement,
et dont les forces semblent se replier sur la capitale économique Abidjan,
coeur d'un pouvoir qui n'a jamais été aussi menacé.
"M. Gbagbo a encore quelques heures pour partir, sinon ce sera la marche
sur Abidjan. Et ce sera beaucoup plus compliqué pour lui", a averti sur France
24 Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.
Dans la métropole abidjanaise, de nombreux habitants sont rentrés
précipitamment chez eux dans l'après-midi, ont constaté des journalistes de
l'AFP. Des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers nord. Au Plateau, où
se trouve le palais présidentiel, la circulation était des plus réduites.
Les Forces républicaines de M. Ouattara, regroupant essentiellement les
ex-rebelles qui tiennent le Nord depuis 2002, ont poursuivi mercredi leur
avancée en prenant Yamoussoukro et Soubré, à 130 km au nord de San Pedro
(sud-ouest), plus important port d'exportation du cacao au monde.
Elles avaient déjà remporté d'importantes victoires mardi, en entrant à
Duékoué, Daloa (centre-ouest) et Bondoukou (est), mais aussi Abengourou
(sud-est), à seulement 220 km de la capitale économique Abidjan.
L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ally
Coulibaly, a assuré que les forces de son camp contrôlaient "les trois quarts"
du pays.
Yamoussoukro, village natal du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny
(1960-93) devenu capitale politique du premier exportateur mondial de cacao,
est tombée aux mains des combattants pro-Ouattara, pratiquement sans combat,
seuls quelques tirs de kalachnikov ayant été entendus, selon des habitants.
"Yamoussoukro est sous contrôle des Forces républicaines, la foule en
liesse les acclame, ils paradent en ville", a indiqué une résidente de la
capitale.
A bord de pick-ups armés de mitrailleuses ou de motos, ils sillonnent la
capitale en lançant des cris de joie, selon des témoins.
Selon plusieurs témoignages, les forces pro-Ouattara ont poursuivi leur
route vers le sud, ne laissant qu'un petit détachement dans la capitale
politique.
Un habitant de Toumodi (50 km au sud de Yamoussoukro) a assuré avoir
entendu des tirs dans l'après-midi dans cette localité, située à environ 200
km d'Abidjan.
Sur le front est, les forces pro-Ouattara avancent rapidement, sans
rencontrer de fortes résistances, s'approchant toujours un peu plus d'Abidjan,
où de nouvelles recrues ont commencé mercredi à se faire enrôler dans l'armée
du président sortant.
Sur le front ouest, ils visent désormais le port cacaoyer de San Pedro.
Plus de 400.000 tonnes de cacao sont bloquées depuis l'appel du camp
Ouattara à cesser les exportations. Cette mesure a encore été renforcée par
des sanctions occidentales. Le gouvernement Ouattara a mis en garde mercredi
"tout exportateur" de cacao qui "collaborerait" avec le président sortant.
Le camp Gbagbo avait appelé mardi soir à un "cessez-le-feu immédiat", se
déclarant prêt à des négociations avec le camp rival sous l'égide de l'Union
africaine début avril à Addis Abeba.
Mais Anne Ouloto, porte-parole de M. Ouattara, a répondu en demandant aux
partisans de M. Gbagbo de "déposer les armes", estimant que l'appel au
cessez-le-feu était une "diversion".
Le pape Benoît XVI a de son côté annoncé sa décision d'envoyer un émissaire
en Côte d'Ivoire pour encourager "la réconciliation et la paix" et a appelé à
"un processus de dialogue constructif".
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