C’est un Laurent Gbagbo très amaigri, sanglé dans une chemise pagne manche parsemée de plusieurs variantes de couleur bleue, devisant avec ses proches qu’il a été donné de voir hier aux alentours de 21h30 sur la première chaîne de la RTI. La scène était pathétique et ressemblait fort à un adieu aux Ivoiriens. Derrière les sourires et les éclats de rires des uns et des autres, on pouvait lire une tristesse et une mélancolie mal cachées. Le chef racontait une anecdote à Ahoua Don Mello et Assoa Adou sous les regards de Mamadou Ben Soumahoro, de Kuyo Téa Narcisse, Stéphane Kipré, son gendre, son épouse Simone Gbagbo, Silvère Nébout et d’autres « privilégiés ». On lit la fatigue sur les visages. Les traits sont tirés. On sent que, malgré les rires, les tapes amicales et l’ambiance bon enfant, le cœur n’y est plus. Laurent Gbagbo, après une dernière pitrerie, tourne le dos et se dirige vers la rentrée de sa résidence de Cocody d’une allure peu assurée. La porte se ferme derrière lui. Comme le rideau au théâtre qui met fin à la pièce. Derrière un acteur quitte la scène. Cette image est tout un symbole. Celui d’un homme qui a passé toute sa vie à ruser avec le peuple et qui se fait rattraper par son passé. Avec sa sortie d’hier, Laurent Gbagbo voulait rassurer ses partisans, mais, pour lui, cette dernière mise en scène a montré un chef diminué, amaigri et avec des traits tirés. Un chef entretenant encore l’illusion du pouvoir et savourant les derniers instants de son règne. Malgré les apparences. Le dernier acte a vraiment sonné. Les mines surfaites, les sourires, les rires forcés et les accoutrements en disant sur cette scène de fin de règne. Vraiment dommage qu’on soit en arrivé là. Jusqu’au bout, l’historien aura raté son rendez-vous avec l’Histoire. « Vas vite montrer ça à la télé », pouvait-on entendre à la fin du film. Vraiment pathétique tout cela. Vraiment. Mais, au fait, où étaient Blé Goudé, Tagro Désiré et autres jeunes Patriotes ?
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly
