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Politique Publié le mardi 5 avril 2011 | AFP

Abidjan: combats entre pro-Ouattara et fidèles de Gbagbo après les frappes

© AFP

ABIDJAN - Les combattants d'Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale, affrontaient mardi matin à Abidjan les fidèles du chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo dont les dernières places fortes ont été bombardées par l'ONU et la France.
M. Gbagbo, dont on ignorait où il se trouvait, "serait en négociations pour
se rendre", a déclaré sur la radio RFI Ally Coulibaly, ambassadeur de M.
Ouattara à Paris. "Je crois que Laurent Gbagbo est en vie actuellement.
J'apprends qu'il serait en négociations pour se rendre", a affirmé le
diplomate.
La bataille d'Abidjan, engagée le 31 mars au soir par les forces
pro-Ouattara, a changé de dimension avec l'entrée en scène lundi des Nations
unies et de l'ex-puissance coloniale, plus de quatre mois après le début d'une
crise post-électorale qui a dégénéré en quasi-guerre civile.
Les forces de la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire (Onuci) et la force
française Licorne ont frappé à Abidjan les derniers bastions de Laurent
Gbagbo, dont son palais et sa résidence, pour y détruire les armes lourdes.
Le président américain Barack Obama a exhorté le président sortant à
respecter la volonté de ses compatriotes et à "cesser de revendiquer la
présidence", selon la Maison Blanche.
Après avoir piétiné ces derniers jours face à la résistance acharnée des
fidèles de M. Gbagbo, le camp Ouattara a donné l'"assaut final" dans la nuit
de lundi à mardi.
Mardi avant l'aube, des tirs à l'arme lourde étaient entendus depuis le
quartier du Plateau (centre), resté ces derniers jours sous le contrôle du
camp Gbagbo, et qui abrite le palais présidentiel.
Au moins un hélicoptère survolait ce quartier mardi matin, sans qu'il soit
possible d'idientifier à quelle force il appartenait.
De violents combats se poursuivaient notamment autour de l'Ecole de
gendarmerie, dans le quartier de Cocody (nord), a rapporté un habitant. "Les
forces pro-Ouattara essaient d'entrer dans le camp", a-t-il dit à l'AFP.
L'Onuci et Licorne ont tiré lundi après-midi sur les camps militaires
d'Agban et d'Akouédo ainsi que sur des objectifs militaires au palais et à la
résidence présidentielle.
Selon une source diplomatique, la télévision d'Etat RTI a aussi été visée
par "un missile" et le signal a ensuite été coupé.

"On a travaillé avec la force française Licorne", a indiqué à l'AFP le
porte-parole de l'Onuci Hamadoun Touré.
"Nous avons lancé l'opération destinée à protéger les populations en
mettant hors d'état de nuire les armes lourdes utilisées par les forces
spéciales de Laurent Gbagbo contre les populations et contre les Casques bleus
de l'ONU", a-t-il précisé.
Quatre hélicoptères de Licorne ont tiré sur le camp de gendarmerie d'Agban,

bastion des forces pro-Gbagbo dans le nord de la capitale économique, avait

constaté un journaliste de l'AFP. Des témoins ont aussi rapporté des tirs sur
le camp d'Akouédo (nord-est) par des hélicoptères de l'ONU.

La présidence française a confirmé que les troupes de l'Onuci ont engagé
des actions auxquelles participent les forces françaises, en application de la
résolution 1975 du Conseil de sécurité de l'ONU, pour "neutraliser les armes
lourdes utilisées contre les populations civiles".
Les frappes résultent d'une demande "urgente" du secrétaire général de
l'ONU Ban Ki-moon au président Nicolas Sarkozy, selon des responsables des
Nations unies.
Toussaint Alain, conseiller de M. Gbagbo en Europe, a condamné à Paris des
"actes illégaux", "des actes de guerre". "La finalité de cette action, c'est

l'assassinat du président Gbagbo", a-t-il déclaré.

Mais le chef de l'ONU a assuré que les frappes visaient à protéger les
civils et non à s'attaquer à M. Gbagbo.

Dans la capitale économique, théâtre depuis jeudi soir de combats et de
pillages, la France a entamé lundi matin le "regroupement" de ses
ressortissants en trois points de la ville, notamment le camp de Licorne à
Port-Bouët.
Quelque 1.900 étrangers étaient lundi soir sous protection de l'armée
française et 447 autres ont quitté Abidjan depuis dimanche, selon Licorne.
Le Quai d'Orsay évalue à quelque 12.200 le nombre de Français actuellement
en Côte d'Ivoire, dont 11.800 à Abidjan. Quelque 7.300 ont la double
nationalité.

Quelques heures avant les frappes, deux Français, un Béninois et un
Malaisien ont été enlevés à l'hôtel Novotel d'Abidjan par des "éléments armés"

dans un quartier contrôlé par le camp Gbagbo, selon une source diplomatique.

"Entre six et sept éléments armés ont fait intrusion dans le Novotel", a
précisé cette source. Selon elle, les Français enlevés sont le directeur de
l'hôtel et le président du conseil d'administration du groupe agro-industriel
ivoirien Sifca, Yves Lambelin.

Par Thomas MORFIN
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