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Politique Publié le mercredi 6 avril 2011 | AFP

Côte d`Ivoire: l`Afrique divisée sur l`engagement de l`ONU et de la France

© AFP Par DR
Le président Sud Africain Jacob ZUMA
Le président Sud Africain Jacob ZUMA
Les frappes de l`ONU et de la France en Côte d`Ivoire divisent les Africains entre ceux qui y voient "une insulte au droit", et ceux estimant que c`était la seule solution pour "protéger les
civils" pris au piège des combats entre les forces de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara.
L`Afrique du Sud, qui depuis le début de la crise a eu des positions
variables, passant du soutien à Alassane Ouattara, reconnu par la communauté
internationale, à une compréhension vis-à-vis du président sortant Laurent
Gbagbo, avant de revenir à sa position initiale, a exprimé ses réserves.
"Je ne me rappelle pas avoir donné un mandat à quiconque pour un
bombardement aérien sur la Côte d`Ivoire", a déclaré la ministre sud-africaine
des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane. "Nous ne soutenons pas
nécessairement ce que nous n`avons pas voté", a-t-elle ajouté.
L`Afrique du Sud, membre non-permanent du Conseil de sécurité de l`ONU, a
voté le 30 mars la résolution apportant son "entier soutien" à la Mission de
l`ONU en Côte d`Ivoire (Onuci) pour utiliser "toutes les mesures nécessaires"
pour protéger les civils et empêcher l`utilisation d`armes lourdes contre eux.
Le président en exercice de l`Union africaine (UA), l`Equato-guinéen
Teodoro Obiang Nguema, a indiqué que si l`UA exerçait des "pressions" pour que
Ouattara soit reconnu président, cela ne devait pas "impliquer une guerre, une
intervention d`une armée étrangère".
L`Angola, soutien traditionnel de Laurent Gbagbo, a jugé qu`il était le
président "élu constitutionnellement", bien que Luanda se soit rallié à la
position de l`UA reconnaissant Ouattara.
"Nous nous rallions totalement derrière l`UA, mais nous pensons aussi que
la Côte d`Ivoire devrait créer un gouvernement d`union nationale puisque
Laurent Gbagbo a été élu constitutionnellement", a déclaré mercredi José-Maria
Fernandes, porte-parole du ministère angolais des Affaires étrangères. Il a
également critiqué l`intervention française aux côtés de l`Onuci.
Le gouvernement camerounais a affirmé que son pays est pour "la
non-ingérence dans les affaires d`une nation".
"Licorne dégage. Onuci dégage !" s`est écrié Malick Ndiaye, universitaire
sénégalais, au nom de la Coordination des intellectuels d`Afrique, basée à
Dakar. "On chercherait à dresser les Africains contre les Français qu`on ne
s`y prendrait pas autrement. Quelle est cette France qui insulte le droit ?",
s`est interrogé M. Ndiaye qui a remis une lettre protestant contre
l`intervention à l`ambassadeur de France à Dakar.
Au Cameroun, un groupe d`hommes politiques ont lancé mardi sur internet une
pétition contre "l`impérialisme mondial" en Côte d`Ivoire, dénonçant, à
travers l`intervention de la France et de l`ONU, "une nouvelle guerre
colonialiste".
Mais plusieurs pays africains approuvent l`intervention, au nom de la
"protection des civils".
Le Nigeria, président de la Communauté économique des Etats d`Afrique de
l`ouest (Cédéao) qui avait elle-même envisagé dès décembre une opération
militaire en Côte d`Ivoire, soutient sans surprise cet engagement, "afin de
protéger les civils innocents".
"L`ONU n`a fait que répondre à une demande de la Cédéao qui avait demandé à
l`Onuci de s`impliquer plus pour la protection des civils en Côte d`Ivoire", a
également estimé le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Madické Niang.
Selon le président gabonais Ali Bongo Ondimba, "c`est une opération qui a
été acceptée par la communauté internationale puisque ce sont les Nations
unies qui mènent la chose".
S`il n`a pas commenté la situation ivoirienne, le président rwandais Paul
Kagamé, a soutenu l`intervention occidentale en Libye, affirmant ne pas
comprendre "l`argument" des partisans de la non-intervention qui consiste à
laisser un gouvernement "tuer son propre peuple", parce que c`est le sien.
Le Rwanda a été victime en 1994 d`un génocide qui a tué au moins 800.000
personnes, en majorité Tutsi, sans que la communauté internationale
n`intervienne.
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