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Politique Publié le jeudi 7 avril 2011 | AFP

Abidjan: Gbagbo résiste dans son bunker, Abidjan plonge dans la terreur

© AFP
Un panache de fumée s`élève à Abidjan le 6 avril 2011
ABIDJAN - Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara ont échoué mercredi à s'emparer du chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo, retranché dans son bunker à Abidjan, tandis que diplomates et journalistes appelaient Washington à l'aide.
Abidjan s'enfoncait dans la terreur, et à Washington un responsable du
département d'Etat a indiqué que des diplomates indiens, israéliens et
japonais en Côte d'Ivoire ainsi qu'une vingtaine de journalistes ont sollicité
l'aide des Etats-Unis pour quitter Abidjan.
"Ils nous demandent de l'aide et nous relayons leurs inquiétudes et leurs
besoins à (la force française) Licorne et à l'Onuci", a déclaré William
Fitzgerald, sous-secrétaire d'Etat adjoint chargé de l'Afrique.
Le diplomate a évoqué "l'ambassadeur ou le chargé d'affaires israélien",
l'ambassadeur de l'Inde et celui du Japon.
La résidence de ce dernier a été attaquée mercredi par des "mercenaires",
qui ont ensuite tiré roquettes et coups de canon depuis le bâtiment, a déclaré
le diplomate à l'AFP, indiquant que quatre membres de son personnel local
avaient "disparu".
"Il y a beaucoup de sang dans la maison, des cartouches partout. Je ne sais
pas si les quatre sont vivants", a déclaré Okamura Yoshifumi. "Ils sont devant
chez moi. J'ai peur qu'ils reviennent", a-t-il ajouté.
Sa demeure est située dans le quartier chic et verdoyant de Cocody, qui
abrite la résidence présidentielle.
Les derniers fidèles de M. Gbagbo, lourdement armés, qui défendent le
bâtiment où le président sortant est retranché dans son bunker, ont mis en
échec l'assaut lancé dans la matinée par les combattants pro-Ouattara.
Pourtant, au lancement de l'attaque, l'optimisme était de rigueur: "on va

sortir Laurent Gbagbo de son trou et le remettre à la disposition du président
de la République", avait annoncé à l'AFP Sidiki Konaté, porte-parole de
Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.
Mais à 12H00 (locales et GMT), les tirs à l'arme lourde ont cessé près du
palais et de la résidence, plongeant ces quartiers dans un calme inhabituel.
En fin d'après-midi, un habitant rapportait que les combattants pro-Ouattara
avaient dû effectuer un repli devant la résidence.

"Les Forces républicaines (pro-Ouattara) sont arrivées jusqu'à 150 mètres

du portail mais ne sont pas entrées", a-t-il dit, évoquant leur "retrait".

Cette attaque survient au lendemain d'une journée d'intenses mais
infructueuses tractations, au cours desquelles M. Gbagbo a refusé de
démissionner, malgré d'importantes pressions.

"Moi, je ne suis pas un kamikaze, j'aime la vie", a affirmé M. Gbagbo mardi
à un journaliste français. "Ma voix n'est pas une voix de martyr, je ne
cherche pas la mort mais si la mort arrive, elle arrive".
M. Ouattara a demandé à plusieurs reprises à ses troupes de garantir
"l'intégrité physique" de son rival.
L'assaut lancé par les combattants pro-Ouattara "est une tentative
d'assassinat du président Gbagbo", a jugé le porte-parole de son gouvernement,

Ahoua Don Mello. Il a accusé la force française Licorne d'avoir fourni "un
appui aérien et terrestre", ce qu'a démenti Paris.
Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a assuré que la France

n'interviendrait pas en Côte d'Ivoire si M. Ouattara faisait appel à elle pour

déloger définitivement Laurent Gbagbo.

Si la France refuse une aide militaire à M. Ouattara, son rival peut encore
se prévaloir d'un soutien: l'Angola, qui possède une des armées les plus
puissantes du continent, le considère toujours comme le "président élu", selon
le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Depuis le scrutin présidentiel du 28 novembre, qui a plongé le pays le plus
riche de l'Afrique de l'Ouest francophone dans une quasi-guerre civile,
Laurent Gbagbo n'a jamais reconnu la victoire d'Alassane Ouattara, au terme
d'un processus électoral pourtant certifié par l'ONU.
Son régime s'est écroulé, les chefs de son armée ont appelé au
cessez-le-feu, les frappes de l'ONU et de la France ont détruit une grande
partie de son armemement lourd, de nombreux fidèles ont fait défection, mais
il a obstinément refusé de signer sa démission.
Outre la résidence et le palais, les derniers partisans de M. Gbagbo
contrôlent le camp militaire d'Agban, le plus important du pays, près duquel
ont été entendues aussi des fortes détonations.
A Abidjan, les habitants traumatisés par les récents combats restent pour
la plupart terrés chez eux. Dans certains quartiers, les rues quasiment
désertes étaient abandonnées aux pillards, l'eau et l'électricité sont coupées
par endroits, les provisions de nourriture s'amenuisent. Dans d'autres un
début de retour à la normale s'esquisse.
Les affrontements à l'arme lourde dans Abidjan ont fait, selon l'ONU, des
dizaines de morts et la situation humanitaire est devenue "absolument
dramatique", la plupart des hôpitaux ne fonctionnant plus.

Par Christophe PARAYRE et Thomas MORFIN
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