Ils sont 90, nerveux, épuisés, coincés dans le camp de réfugiés de Choucha à la frontière tuniso-libyenne.
Pour ces Ivoiriens qui ont fui la Libye en guerre, pas question pour l`instant
de retourner dans une Côte d`Ivoire en plein chaos. Même si Laurent Gbagbo
tombe.
A les écouter, leur présent est sombre et leur avenir guère mieux. "Je veux
que la paix revienne dans mon pays, la nouvelle de la chute de Gbagbo est un
soulagement mais je pense que nous allons avoir une période d`instabilité":
Frédéric Tiade, la trentaine, originaire de la ville de Man (ouest ivoirien),
est au bord des larmes.
Les dernières nouvelles qu`on leur donne sur la situation à Abidjan où
Laurent Gbagbo est retranché dans le bunker de sa présidence, ne font bondir
personne de joie dans le "quartier ivoirien" du camp tunisien de Choucha, à 7
km de la frontière libyenne.
"Je suis sans nouvelle de ma famille depuis deux mois", dit Frédéric qui
n`attend qu`une chose de la communauté internationale: lui trouver un endroit
"pour attendre que cette situation soit plus calme pour que je puisse enfin
rentrer". Pas tout de suite.
Frédéric ne cache pas qu`il était un partisan du général Robert Guei,
assassiné pendant la tentative de coup d`Etat contre Laurent Gbagbo en
septembre 2002. Il fait office de chef de la communauté ivoirienne du camp.
Son errance commence en 2004: il dit avoir alors reçu des menaces de mort
"et puis il y avait des escadrons de la mort". Quatre ans de petits boulots au
Nigeria et direction la Libye en 2008. Deux mois de prison, re-petits boulots
dans le bâtiment. Jusqu`à l`insurrection de février dernier contre le colonel
Mouammar Kadhafi.
Paul, un Abidjanais de 39 ans, accueille gravement mais avec satisfaction
les dernières nouvelles: il a milité dans le parti d`Alassane Ouattara,
"section Banco 2". "Je suis content. Je viens d`un quartier pro Ouatarra où
six femmes ont été été tuées. Toute ma génération est partie".
Pour autant, il craint pour l`avenir: "Avant que les choses ne s`arrangent,
cela va prendre du temps. Notre histoire est trop passionnelle pour que les
choses se passent calmement".
Pour l`instant, Paul ne pense même pas à rentrer au pays. La date de son
départ, il s`en souvient comme si c`était hier: le jeudi 27 novembre 2007. "On
me menaçait, j`ai eu tellement peur des +jeunes patriotes+ (les partisans de
Laurent Gbagbo) que je suis parti tout de suite".
"Je suis arrivé à Tunis avec une petite valise à roulettes. J`ai passé deux
jours dans la rue". Barman dans un restaurant de la capitale tunisienne, il
s`est fait expulser vers la Libye en 2008 par le poste-frontière de Ras Jdir.
C`est par là qu`il est revenu il y a quelques semaines, dépouillé de tout
par des soldats libyens, après deux ans de galère dans un quartier populaire
de Tripoli. "Je veux aller en Europe. Je n`irai jamais plus dans un pays
arabe", dit-il.
Frederic Kouadio faisait aussi de la politique en Côte d`Ivoire: ce
pâtissier quadragénaire d`ethnie Baoulé (centre) militait au PDCI, le parti
d`Henry Konan Bédié. "J`étais membre actif de la sous-section Port-Bouët 1",
raconte-t-il.
En 2008, c`est la fuite, après des appels anonymes et la visite d`inconnus
à son domicile qui demandaient après lui. Quelques semaines au Togo et
direction la Tunisie où il travaillait comme domestique. Arrêté par la police
tunisienne, il est expulsé vers la Libye.
"Je suis ici (au camp) depuis trois semaines. Je suis fatigué moralement et
physiquement. Mais je suis content d`apprendre les événements en Côte
d`Ivoire. Tout ne va pas se résoudre d`un coup de baguette magique. Je ne veux
pas disparaître mais ici à Choucha, je broie du noir".
Pour ces Ivoiriens qui ont fui la Libye en guerre, pas question pour l`instant
de retourner dans une Côte d`Ivoire en plein chaos. Même si Laurent Gbagbo
tombe.
A les écouter, leur présent est sombre et leur avenir guère mieux. "Je veux
que la paix revienne dans mon pays, la nouvelle de la chute de Gbagbo est un
soulagement mais je pense que nous allons avoir une période d`instabilité":
Frédéric Tiade, la trentaine, originaire de la ville de Man (ouest ivoirien),
est au bord des larmes.
Les dernières nouvelles qu`on leur donne sur la situation à Abidjan où
Laurent Gbagbo est retranché dans le bunker de sa présidence, ne font bondir
personne de joie dans le "quartier ivoirien" du camp tunisien de Choucha, à 7
km de la frontière libyenne.
"Je suis sans nouvelle de ma famille depuis deux mois", dit Frédéric qui
n`attend qu`une chose de la communauté internationale: lui trouver un endroit
"pour attendre que cette situation soit plus calme pour que je puisse enfin
rentrer". Pas tout de suite.
Frédéric ne cache pas qu`il était un partisan du général Robert Guei,
assassiné pendant la tentative de coup d`Etat contre Laurent Gbagbo en
septembre 2002. Il fait office de chef de la communauté ivoirienne du camp.
Son errance commence en 2004: il dit avoir alors reçu des menaces de mort
"et puis il y avait des escadrons de la mort". Quatre ans de petits boulots au
Nigeria et direction la Libye en 2008. Deux mois de prison, re-petits boulots
dans le bâtiment. Jusqu`à l`insurrection de février dernier contre le colonel
Mouammar Kadhafi.
Paul, un Abidjanais de 39 ans, accueille gravement mais avec satisfaction
les dernières nouvelles: il a milité dans le parti d`Alassane Ouattara,
"section Banco 2". "Je suis content. Je viens d`un quartier pro Ouatarra où
six femmes ont été été tuées. Toute ma génération est partie".
Pour autant, il craint pour l`avenir: "Avant que les choses ne s`arrangent,
cela va prendre du temps. Notre histoire est trop passionnelle pour que les
choses se passent calmement".
Pour l`instant, Paul ne pense même pas à rentrer au pays. La date de son
départ, il s`en souvient comme si c`était hier: le jeudi 27 novembre 2007. "On
me menaçait, j`ai eu tellement peur des +jeunes patriotes+ (les partisans de
Laurent Gbagbo) que je suis parti tout de suite".
"Je suis arrivé à Tunis avec une petite valise à roulettes. J`ai passé deux
jours dans la rue". Barman dans un restaurant de la capitale tunisienne, il
s`est fait expulser vers la Libye en 2008 par le poste-frontière de Ras Jdir.
C`est par là qu`il est revenu il y a quelques semaines, dépouillé de tout
par des soldats libyens, après deux ans de galère dans un quartier populaire
de Tripoli. "Je veux aller en Europe. Je n`irai jamais plus dans un pays
arabe", dit-il.
Frederic Kouadio faisait aussi de la politique en Côte d`Ivoire: ce
pâtissier quadragénaire d`ethnie Baoulé (centre) militait au PDCI, le parti
d`Henry Konan Bédié. "J`étais membre actif de la sous-section Port-Bouët 1",
raconte-t-il.
En 2008, c`est la fuite, après des appels anonymes et la visite d`inconnus
à son domicile qui demandaient après lui. Quelques semaines au Togo et
direction la Tunisie où il travaillait comme domestique. Arrêté par la police
tunisienne, il est expulsé vers la Libye.
"Je suis ici (au camp) depuis trois semaines. Je suis fatigué moralement et
physiquement. Mais je suis content d`apprendre les événements en Côte
d`Ivoire. Tout ne va pas se résoudre d`un coup de baguette magique. Je ne veux
pas disparaître mais ici à Choucha, je broie du noir".