Il est bel et bien présent et règne sur les communes d`Abobo et d`Anyama comme nous l`écrivions dans les premières heures de cette force qu`il a baptisée ``commando invisible`` face aux ex-forces de défense et de sécurité loyales au président sortant Laurent Gbagbo. Il s`est découvert publiquement à toute la presse, hier, où tous les reporters présents l`ont aperçu en chair et en os dans son fief de PK 18 à Abobo Agouéto, derrière une cinquantaine de barrages érigées et rigoureusement tenus par ses hommes armes aux poings. Après 10 ans d`exil, le major Ibrahim Coulibaly, affublé de son nouveau titre de général de division est bien de retour à Abidjan, où il compte jouer sa partition dans la nouvelle Côte d`Ivoire à construire sous son mentor Alassane Ouattara. Sanglé dans un complet treillis, coiffé d`un béret rouge sang, la barbe toujours bien taillée affichant un coup de blancheur, le désormais ``Général`` IB a animé une conférence de presse à son QG protégé par une centaine de soldats armés jusqu`aux dents. Invité à prendre part à cette conférence de presse, c`est un véritable parcours de combattant que notre équipe de reportage aura effectué pour atteindre l`homme sur qui planait un mystère jusqu`à cette date. Outre les nombreux barrages à traverser, il aura fallu braver avec beaucoup de sang-froid toutes ces recrues en armes parfois nerveux et toujours promptes à donner des ordres pour intimer respect et considération à leur endroit. Il est un peu plus de 10 heures quand nous empruntons la route d`Abobo, la commune la plus peuplée d`Abidjan qui a connu deux mois de violences. Au niveau de l`échangeur qui débouche sur la casse, nous découvrons un autre monde. Les barrages de contrôle, autrefois surveillés par les soldats de l`armée régulière, sont tous tenus aujourd`hui par des jeunes drapés de treillis de toutes sortes et chaussés comme ils le peuvent. Au niveau de l`entreprise Filtisac, on découvre des combattants en civil et d`autres en treillis, sifflant à l`instar des forces de l`ordre réglant la circulation à cet endroit auparavant. Au rond point d`Abobo, les hommes en armes grouillent comme des fourmis. Plusieurs 4X4 surmontés de mitrailleuses lourdes et autres fusils d`assaut sont stationnés sur le terre-plein central. Le rond point n`a cependant pas perdu de son ambiance d`antan. Vendeurs ambulants, transporteurs et badauds s`interpellent dans une cohue indescriptible, malgré la présence d`hommes armés qui donnent l`image d`une armée hétéroclite. Qu`à cela ne tienne, la vie se déroule comme si ces soldats n`existent pas. C`est en ce lieu bruyant et grouillant de monde que nous a donné rendez-vous le service presse de M. Ibrahim Coulibaly. Son véhicule précédant, un petit cortège constitué avec d`autres confrères s`ébranle vers le lieu de la rencontre. Le chemin se fait avec les détresses des véhicules allumées pour se faire ouvrir facilement la voie dans les nombreux barrages érigés sur la voie publique. Du rond point jusqu`au carrefour PK 18, que de barrages rencontrés! Les jeunes, riverains pour la plupart des quartiers traversés, se sont convertis en soldats de circonstance, faisant la loi sur les routes. A bord de véhicules tout terrain sans plaque d`immatriculation, ils traversent la commune en trombe, armes au poing. Ceux qui tiennent les barrages, pour la plupart armés de fusils de chasse, tentent de maintenir un semblant d`ordre. A l`approche du QG d`Ibrahim Coulibaly, le décor change d`aspect.
Abobo essaimé d`hommes en armes
Les barrages faits de pneus usés sont remplacés par des murs de briques tenus par des soldats apparemment plus aguerris. En bordure de la voie, nous découvrons des carcasses de véhicules calcinés. Et aussi des jeunes en tenue de policiers apparemment arrachées ou subtilisées à leurs propriétaires. Ce qui justifie le fait qu`elles (ces tenues) soient trop grandes ou trop petites sur certains des éléments les arborant. Par leur attitude, nous sentons que ces jeunes ont la gâchette facile. Juste à un carrefour de PK 18, nous bifurquons à gauche. A tous les 100 mètres, il faut traverser un barrage. La destination finale se fait proche dans nos esprits. Des sacs de riz bleus remplis de sable derrière lesquels se trouvent des soldats sont visibles, comme si nous avons pénétré une zone rouge. Quelque part sur la voie, nous tournons à gauche, puis à droite, pour déboucher sur un marché de condiments d`un quartier précaire que nous traversons rapidement. Quelques mètres plus loin, encore un labyrinthe pour apparaître dans un autre quartier bien loti, cette fois. On se croirait dans un autre monde tant les maisons sont bien construites. Ce décor tranche avec les centaines d`hommes en armes qui y pilulent. Plusieurs véhicules de types 4X4 sont garés devant et non loin d`un duplex. Des soldats, en tenue de gendarme et de militaire, veillent au grain, l`air nerveux. Plusieurs d`entre eux sont barbus et affichent une mine patibulaire. Notre véhicule de reportage gare devant la villa, sous le regard désapprobateur de la sentinelle. «On ne gare pas ici, allez plus loin», nous lance un soldat, le doigt toujours sur la gâchette de sa kalachnikov. Nous comprenons que nous sommes cette fois bien à la caverne du major Ibrahim Coulibaly. Une villa toujours en construction, dans un quartier paisible, mais stratégiquement bien choisi pour résister à tous les assauts. Ceux-ci ne pouvant se faire sans d`importants dégâts collatéraux sur une bonne part des domiciles de civils et de ces populations visiblement accommodées à la présence de cette troupe constituée au cœur de leur cité. Nous descendons du véhicule pour nous engouffrer, sous la protection du chargé de presse, dans la bâtisse. IB est assis parmi une cinquantaine de soldats, tous bien habillés et coiffés de bérets de diverses couleurs. Sanglé dans un treillis impeccable et entouré de ses guerriers, Ibrahim Coulibaly alias IB répondait aux questions des journalistes qui voulaient percer le mystère qu`il constitue depuis maintenant trois mois. Il s`est présenté comme un soldat de paix qui a décidé de se mettre à la disposition du président de la République, Alassane Ouattara dont il a salué «la brillante élection» dans sa déclaration liminaire. En revanche, le patron des commandos invisibles souhaite obtenir une audience avec le nouveau locataire du palais présidentiel d`Abidjan afin de prendre sa place dans la réconciliation nationale. Celui qui s`est attribué le grade de Général de division - en témoigne les trois étoiles qui scintillent sur son béret - a balayé du revers de la main les supputations et autres rumeurs qui couraient sur son compte. Entre autres rumeurs, celle relative à la prise manquée de la télévision nationale avant l`entrée des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) à Abidjan, mais aussi son rapprochement avec les miliciens combattant pour l`ex-régime dans la commune de Yopougon jusqu`à présent.
Y. DOUMBIA
Abobo essaimé d`hommes en armes
Les barrages faits de pneus usés sont remplacés par des murs de briques tenus par des soldats apparemment plus aguerris. En bordure de la voie, nous découvrons des carcasses de véhicules calcinés. Et aussi des jeunes en tenue de policiers apparemment arrachées ou subtilisées à leurs propriétaires. Ce qui justifie le fait qu`elles (ces tenues) soient trop grandes ou trop petites sur certains des éléments les arborant. Par leur attitude, nous sentons que ces jeunes ont la gâchette facile. Juste à un carrefour de PK 18, nous bifurquons à gauche. A tous les 100 mètres, il faut traverser un barrage. La destination finale se fait proche dans nos esprits. Des sacs de riz bleus remplis de sable derrière lesquels se trouvent des soldats sont visibles, comme si nous avons pénétré une zone rouge. Quelque part sur la voie, nous tournons à gauche, puis à droite, pour déboucher sur un marché de condiments d`un quartier précaire que nous traversons rapidement. Quelques mètres plus loin, encore un labyrinthe pour apparaître dans un autre quartier bien loti, cette fois. On se croirait dans un autre monde tant les maisons sont bien construites. Ce décor tranche avec les centaines d`hommes en armes qui y pilulent. Plusieurs véhicules de types 4X4 sont garés devant et non loin d`un duplex. Des soldats, en tenue de gendarme et de militaire, veillent au grain, l`air nerveux. Plusieurs d`entre eux sont barbus et affichent une mine patibulaire. Notre véhicule de reportage gare devant la villa, sous le regard désapprobateur de la sentinelle. «On ne gare pas ici, allez plus loin», nous lance un soldat, le doigt toujours sur la gâchette de sa kalachnikov. Nous comprenons que nous sommes cette fois bien à la caverne du major Ibrahim Coulibaly. Une villa toujours en construction, dans un quartier paisible, mais stratégiquement bien choisi pour résister à tous les assauts. Ceux-ci ne pouvant se faire sans d`importants dégâts collatéraux sur une bonne part des domiciles de civils et de ces populations visiblement accommodées à la présence de cette troupe constituée au cœur de leur cité. Nous descendons du véhicule pour nous engouffrer, sous la protection du chargé de presse, dans la bâtisse. IB est assis parmi une cinquantaine de soldats, tous bien habillés et coiffés de bérets de diverses couleurs. Sanglé dans un treillis impeccable et entouré de ses guerriers, Ibrahim Coulibaly alias IB répondait aux questions des journalistes qui voulaient percer le mystère qu`il constitue depuis maintenant trois mois. Il s`est présenté comme un soldat de paix qui a décidé de se mettre à la disposition du président de la République, Alassane Ouattara dont il a salué «la brillante élection» dans sa déclaration liminaire. En revanche, le patron des commandos invisibles souhaite obtenir une audience avec le nouveau locataire du palais présidentiel d`Abidjan afin de prendre sa place dans la réconciliation nationale. Celui qui s`est attribué le grade de Général de division - en témoigne les trois étoiles qui scintillent sur son béret - a balayé du revers de la main les supputations et autres rumeurs qui couraient sur son compte. Entre autres rumeurs, celle relative à la prise manquée de la télévision nationale avant l`entrée des Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI) à Abidjan, mais aussi son rapprochement avec les miliciens combattant pour l`ex-régime dans la commune de Yopougon jusqu`à présent.
Y. DOUMBIA