Le ministre Joël N`Guessan revient de loin. Il est inconsolable, malgré la chute de Laurent Gbagbo. La joie qui devrait être la sienne avec la prise effective du pouvoir par le président Alassane Ouattara dont il est l`un des porte-paroles, reste mitigée. Et pour cause ? Quatre de ses collaborateurs, chauffeur et deux agents chargés de sa sécurité ont été froidement abattus sous ses yeux par les hommes du Commandant Seka Seka des ex-FDS, en service au palais présidentiel, le vendredi 8 avril dernier. Très affecté, il s`explique mal cette barbarie qui aurait pu lui coûté la vie, n`eut été la baraka. Au lendemain de l`annonce par le Président de la république des mesures visant à faire redémarrer les activités, le vendredi 8 avril 2011, il est sorti avec ses quatre collaborateurs pour constater lui-même le dispositif de sécurisation des personnes et des biens. « De 9 h à 13 h, tout semblait normal et nous en avions profité pour rendre des visites aux parents à la Riviera Palmeraie et à la Riviera 3», relate le porte-parole du chef de l`Etat. Cette belle randonnée va connaître un tournant crucial et mortel sur le chemin de retour à Angré 7ème Tranche lorsque le ministre N`Guessan et ses collaborateurs tombent sur une colonne de soldats. Croyant avoir affaire à une équipe de soldats des FRCI, son garde de corps assis auprès du conducteur a cru bon de décliner l`identité de Joël N`Guessan tout en prenant soin de mentionner son statut de porte-parole du président démocratiquement élu de Côte d`Ivoire. Une information qui sera fatale aux occupants de la voiture du ministre, taxés de rebelles. «Sur le chemin de retour, aux environs de 15h, mentionne Joël N`Guessan, nous sommes tombés sur une colonne de soldats que nous avions pris pour des FRCI à Angré 7ème Tranche, non loin de la CNPS. Mon garde qui était devant la voiture à côté du chauffeur a jugé nécessaire de décliner mon identité en précisant que j`étais un porte-parole de Ouattara. Alors qu`il s`agissait de FDS conduits par le Commandant Seka du Palais. Ils n`ont pas hésité à abattre sous mes yeux les quatre collaborateurs sous le prétexte qu`ils sont des rebelles». Une scène macabre sous la caméra de Sidiki Bakaba. «Ce dernier, aux dires du rescapé de cette tuerie, a filmé l`assassinat de mes gars car il participait aux opérations aux côtés du Commandant Seka Seka. Il m`a aussi filmé quand on me mettait dans la voiture pour m`emmener au Palais. Il m`a menacé avec son pistolet en m`interdisant de citer son nom dans quelques témoignages que ce soit. Ce gars est très dangereux. Il a eu des propos incroyables sur le Président Ouattara. S`il est encore en vie, je souhaite le rencontrer pour qu`il donne quelques explications». Les soldats qui voulaient balayer toute trace de leur sale besogne tenaient à abattre le porte-parole du président Ouattara. Mais le Commandant Seka s`oppose et exige qu`il soit transporté à la résidence présidentielle à Cocody comme prisonnier. Injonction lui est faite de s`expliquer sur les raisons de son militantisme auprès de Ouattara alors que son neveu, Stéphane Kipré est voué corps et âme à l`ex-président Gbagbo. Des pures humiliations, il en subira avant que Mme Gbagbo, informée de sa présence, n`exige sa libération. Ordre exécuté à la lettre par son aide de camp qui le conduit par la suite au domicile du ministre Jean Banny où il arrive à 21h 30 pour y passer la nuit. Même s`il reconnaît avoir eu la plus grande peur de sa vie, ses collaborateurs n`ont pas eu cette chance. Lâchement abattus par l`aide de camp de Mme Gbagbo, Seka Seka, en cavale depuis l`arrestation de sa patronne.
OUATTARA Gaoussou
OUATTARA Gaoussou