La bataille pour la conquête de la capitale économique de la Côte d’Ivoire Abidjan qui a débuté le jeudi 31 Mars 2011, a pris fin par la victoire des Forces républicaines le lundi 11 Avril 2011. La guerre est finie, mais la cité des ‘’jeunes patriotes’’ qui ne s’est toujours pas remise des stigmates de cette guerre, traine encore les pas. La chronologie des faits à partir de la commune de Yopougon où les bruits d’obus et de roquetteS font désormais partie du train-train quotidien des habitants.
La chronologie des faits
Lundi 28 Mars 2011, lancement de la grande offensive des forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) à travers toutes les villes de l’intérieur. Trois jours après le lancement de cette offensive, elles arrivent à la lisière d’Abidjan.
Le Jeudi 31 Avril 2011, les FRCI lancent l’assaut final sur Abidjan et viennent à bout des FDS le lundi 11 Avril 2011 après douze jours de combats intenses. A Yopougon-Siporex, Keneya, Port-Bouet 2, Sicogi, Mossikro et Cité Aboulaye Diallo, les combats font rage. On dénombre plusieurs morts des deux côtés. Le Dimanche 3 Avril 2011, une colonne des FRCI est stoppée au niveau de la pharmacie Phoenix. Le bilan est lourd. Les FRCI qui font un repli stratégique. Le Lundi 4 Avril 2011, plusieurs nouvelles recrues des FDS tombent sous les balles des FRCI au Nouveau-Goudron, route Siporex-Gesco. Les jours suivants, les combats gagnent en intensité et les populations apeurées se terrent chez elles. Le Dimanche 10 Avril 2011, les FRCI démolissent à l’aide d’une pelleteuse la statue de la liberté située au carrefour de Yopougon-Siporex. Une heure après, des affrontements à l’arme lourde ont lieu jusqu’à tard dans la nuit. Le matin du Jeudi 14 Avril 2011, les habitants de Yopougon Centre qui ont passé deux semaines dans leurs maisons, ont pu découvrir le visage hideux de leur commune. Jusqu’à hier encore le boulevard de la paix qui part de Siporex à Kouté ressemblait à un véritable champ de bataille. De grands barrages y sont dressés avec des sacs de sable, des véhicules calcinés et des briques jonchent les rues. S’il y a une accalmie à la Gesco et à Andokoi, ce n’est pas le cas dans les quartiers Mamie Faitaih, Sideci, Niangon St-Pierre, Sicogi, Selmer, Yopougon Centre et Gbinta qui se vident chaque jour de leur monde à cause des affrontements meurtriers qui s’y déroulent. Un véhicule de la Croix Rouge, avec un drapeau blanc sillonne les artères de la commune pour ramasser les corps en putréfaction avancée. Tous les magasins ont été pillés et des coffres forts de certaines banques emportées. Subitement, de nouveaux marchés ont refait surface aux abords des grandes voies. Les vandales profitent de la situation de semblant d’accalmie par endroits pour revendre les objets volés à vils prix. Aucune station d’essence ne fonctionne, car tout a été saccagé. Quatre litres d’essence sont vendus à 1.500 FCFA dans des bidons. Les populations n’ont plus d’argent et les marchés d’approvisionnement sont vides. L’entrée de Yopougon-Gesco est aux mains des FRCI et les femmes du vivrier qui étaient rentrées en brousse ont commencé à regagner Abidjan. Quelques gbakas de la Gesco desservent la ligne d’Adjamé. Les FRCI assurent également la sécurité de la zone industrielle qui a été complètement pillée ces derniers jours.
Le Mardi 19 Avril 2011, la pharmacie Keneya et tous les magasins aux environs ont été vidés de leurs contenus par des hommes en armes. Des combats ont eu lieu toute la journée à Wassakara et au Sable. A Yopougon, la loi du plus fort est la meilleure. Des hommes en armes difficiles à d’identifier règnent en maîtres absolus. Deux corps trainent à l’entrée principale de la gare UTB. On ne sait pas qui est qui et qui fait quoi…car des armes continuent de tonner à des heures imprévues… C’est dans ce tohu-bohu infernal que Zou Bi Irié, chef de la communauté Gouro de Yopougon-Gesco ‘’Pays-Bas’’ enlevé par des inconnus en armes à son domicile le 11 Avril 2011, à été retrouvé mort et décapité le Dimanche 17 Avril 2011 à la lisière de la forêt du Banco du côté de l’autoroute qui mène à Adjamé.
Les ménages broient du noir
La cherté de la vie a gagné du terrain. L’instabilité du pays fait l’affaire des prisonniers libérés et autres délinquants qui se la coulent douce avec les objets et marchandises volés. Tous les magasins, les marchés de ravitaillement ou d’approvisionnement et grandes surfaces ont été saccagés par des vandales. Le prix de la bouteille d’huile est passé de 900 FCFA et 3000 FCFA. Le prix de la boule d’Attiéké de 300 F est passé à 1000 F. Le sucre, le sel, le piment l’aubergine, l’oignon…, tous ont flambé. Les prix des denrées alimentaires ont triplé avec la complicité des certaines femmes qui les achètent à vil prix avec les voleurs avant de les revendre très chère sur le marché. Les victimes collatérales de la guerre d’Abidjan ne se comptent plus. Dans certains endroits, c’est à peine si on réussit à manger une fois par jour. Les pères de famille qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, sont devenus ridicules aux yeux de leurs femmes et de leurs enfants. ‘’Voisine tu n’as pas un bol de riz pour mon enfant ? ‘’, lance dame S.V à sa voisine. La guerre a davantage renforcé la solidarité entre les voisins de quartier. A cela s’ajoutent les rumeurs qui font accroitre les cas d’ulcère, les crises cardiaques, la migraine et le manque d’appétit. Encore une aubaine pour les vendeuses de médicaments périmés de faire fortune.
On escroque au nom de la cie
Profitant de cette période de délestage et de coupure d’eau, des agents véreux de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) viennent abuser des populations cloitrées dans leurs maisons pendant des jours et meurtries dans leurs chairs à cause des tirs d’obus et des rafales des fameux fusils d’assaut 12/7, RPG, AK47, M16... Ces agents (?) de la CIE font cotiser les populations entre 50 mille et 100 mille FCFA pour rétablir l’électricité dans leur secteur. Croupissant dans la chaleur, la peur et coupées de toute information depuis des jours, celles-ci n’hésitent à cotiser rapidement pour avoir de l’électricité. A Yopougon, certains personnes qui ont pris goût à ce jeu et n’hésitent pas à disjoncter ou à saboter les installations de la CIE, pour venir ensuite faire du chantage sur les pauvres populations.
L’appétit sexuel a foutu le camp
Tout comme l’argent, le sexe n’aime pas le bruit. C’est lorsqu’on a le cœur tranquille qu’on peut se faire plaisir. Pendant la guerre d’Abidjan, les hommes et les femmes se tournaient le dos le soir venu et luttaient le drap pour mieux se mettre à l’abri afin de ne pas entendre les tirs d’obus qui font trembler les maisons et parfois battre le cœur. Quand les armes tonnent, l’appétit sexuel fout le camp.
Dosso Villard
La chronologie des faits
Lundi 28 Mars 2011, lancement de la grande offensive des forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) à travers toutes les villes de l’intérieur. Trois jours après le lancement de cette offensive, elles arrivent à la lisière d’Abidjan.
Le Jeudi 31 Avril 2011, les FRCI lancent l’assaut final sur Abidjan et viennent à bout des FDS le lundi 11 Avril 2011 après douze jours de combats intenses. A Yopougon-Siporex, Keneya, Port-Bouet 2, Sicogi, Mossikro et Cité Aboulaye Diallo, les combats font rage. On dénombre plusieurs morts des deux côtés. Le Dimanche 3 Avril 2011, une colonne des FRCI est stoppée au niveau de la pharmacie Phoenix. Le bilan est lourd. Les FRCI qui font un repli stratégique. Le Lundi 4 Avril 2011, plusieurs nouvelles recrues des FDS tombent sous les balles des FRCI au Nouveau-Goudron, route Siporex-Gesco. Les jours suivants, les combats gagnent en intensité et les populations apeurées se terrent chez elles. Le Dimanche 10 Avril 2011, les FRCI démolissent à l’aide d’une pelleteuse la statue de la liberté située au carrefour de Yopougon-Siporex. Une heure après, des affrontements à l’arme lourde ont lieu jusqu’à tard dans la nuit. Le matin du Jeudi 14 Avril 2011, les habitants de Yopougon Centre qui ont passé deux semaines dans leurs maisons, ont pu découvrir le visage hideux de leur commune. Jusqu’à hier encore le boulevard de la paix qui part de Siporex à Kouté ressemblait à un véritable champ de bataille. De grands barrages y sont dressés avec des sacs de sable, des véhicules calcinés et des briques jonchent les rues. S’il y a une accalmie à la Gesco et à Andokoi, ce n’est pas le cas dans les quartiers Mamie Faitaih, Sideci, Niangon St-Pierre, Sicogi, Selmer, Yopougon Centre et Gbinta qui se vident chaque jour de leur monde à cause des affrontements meurtriers qui s’y déroulent. Un véhicule de la Croix Rouge, avec un drapeau blanc sillonne les artères de la commune pour ramasser les corps en putréfaction avancée. Tous les magasins ont été pillés et des coffres forts de certaines banques emportées. Subitement, de nouveaux marchés ont refait surface aux abords des grandes voies. Les vandales profitent de la situation de semblant d’accalmie par endroits pour revendre les objets volés à vils prix. Aucune station d’essence ne fonctionne, car tout a été saccagé. Quatre litres d’essence sont vendus à 1.500 FCFA dans des bidons. Les populations n’ont plus d’argent et les marchés d’approvisionnement sont vides. L’entrée de Yopougon-Gesco est aux mains des FRCI et les femmes du vivrier qui étaient rentrées en brousse ont commencé à regagner Abidjan. Quelques gbakas de la Gesco desservent la ligne d’Adjamé. Les FRCI assurent également la sécurité de la zone industrielle qui a été complètement pillée ces derniers jours.
Le Mardi 19 Avril 2011, la pharmacie Keneya et tous les magasins aux environs ont été vidés de leurs contenus par des hommes en armes. Des combats ont eu lieu toute la journée à Wassakara et au Sable. A Yopougon, la loi du plus fort est la meilleure. Des hommes en armes difficiles à d’identifier règnent en maîtres absolus. Deux corps trainent à l’entrée principale de la gare UTB. On ne sait pas qui est qui et qui fait quoi…car des armes continuent de tonner à des heures imprévues… C’est dans ce tohu-bohu infernal que Zou Bi Irié, chef de la communauté Gouro de Yopougon-Gesco ‘’Pays-Bas’’ enlevé par des inconnus en armes à son domicile le 11 Avril 2011, à été retrouvé mort et décapité le Dimanche 17 Avril 2011 à la lisière de la forêt du Banco du côté de l’autoroute qui mène à Adjamé.
Les ménages broient du noir
La cherté de la vie a gagné du terrain. L’instabilité du pays fait l’affaire des prisonniers libérés et autres délinquants qui se la coulent douce avec les objets et marchandises volés. Tous les magasins, les marchés de ravitaillement ou d’approvisionnement et grandes surfaces ont été saccagés par des vandales. Le prix de la bouteille d’huile est passé de 900 FCFA et 3000 FCFA. Le prix de la boule d’Attiéké de 300 F est passé à 1000 F. Le sucre, le sel, le piment l’aubergine, l’oignon…, tous ont flambé. Les prix des denrées alimentaires ont triplé avec la complicité des certaines femmes qui les achètent à vil prix avec les voleurs avant de les revendre très chère sur le marché. Les victimes collatérales de la guerre d’Abidjan ne se comptent plus. Dans certains endroits, c’est à peine si on réussit à manger une fois par jour. Les pères de famille qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts, sont devenus ridicules aux yeux de leurs femmes et de leurs enfants. ‘’Voisine tu n’as pas un bol de riz pour mon enfant ? ‘’, lance dame S.V à sa voisine. La guerre a davantage renforcé la solidarité entre les voisins de quartier. A cela s’ajoutent les rumeurs qui font accroitre les cas d’ulcère, les crises cardiaques, la migraine et le manque d’appétit. Encore une aubaine pour les vendeuses de médicaments périmés de faire fortune.
On escroque au nom de la cie
Profitant de cette période de délestage et de coupure d’eau, des agents véreux de la Compagnie Ivoirienne d’Electricité (CIE) viennent abuser des populations cloitrées dans leurs maisons pendant des jours et meurtries dans leurs chairs à cause des tirs d’obus et des rafales des fameux fusils d’assaut 12/7, RPG, AK47, M16... Ces agents (?) de la CIE font cotiser les populations entre 50 mille et 100 mille FCFA pour rétablir l’électricité dans leur secteur. Croupissant dans la chaleur, la peur et coupées de toute information depuis des jours, celles-ci n’hésitent à cotiser rapidement pour avoir de l’électricité. A Yopougon, certains personnes qui ont pris goût à ce jeu et n’hésitent pas à disjoncter ou à saboter les installations de la CIE, pour venir ensuite faire du chantage sur les pauvres populations.
L’appétit sexuel a foutu le camp
Tout comme l’argent, le sexe n’aime pas le bruit. C’est lorsqu’on a le cœur tranquille qu’on peut se faire plaisir. Pendant la guerre d’Abidjan, les hommes et les femmes se tournaient le dos le soir venu et luttaient le drap pour mieux se mettre à l’abri afin de ne pas entendre les tirs d’obus qui font trembler les maisons et parfois battre le cœur. Quand les armes tonnent, l’appétit sexuel fout le camp.
Dosso Villard