Après l’hystérie et la joie qui ont entouré la capture de Laurent Gbagbo, les populations d’Abobo ont décidé de rendre un hommage à leurs frères et sœurs qui sont tombés sous les balles assassines du Machiavel des lagunes. Ce samedi, en présence de parents, amis et combattants du Commando invisible, le collectif des mouvements de la société civile de la commune martyr dirigé par Diarrassouba Ibrahima a organisé une journée d’hommage et de solidarité aux victimes sur l’esplanade de la mairie. Dans la dignité et le recueillement, des prières ont été dites par les clergés catholique et musulman pour le repos éternel des âmes des abobolais tombés au champ d’honneur. Au nom de l’abbé Patrice Sawadogo, curé de la paroisse Saint François Xavier, l’abbé Eric Coulibaly a demandé aux populations de pardonner et de rejeter toute idée de vengeance et de représailles. Pour sa part, l’imam Ba Soloman Cissé, président du Cosim d’Abobo, a demandé aux fidèles musulmans d’aller sans réserve au pardon et à la réconciliation pour la renaissance d’Abobo et de la Côte d’Ivoire. Au nom du Commando invisible, le commandant Dosso Sory a demandé à ses éléments de déposer les armes. « Mes frères d’arme, je vous demande de déposer les armes. Nous avons combattu pour défendre nos parents. Aujourd’hui la guerre est finie, déposons les armes et mettons-nous au travail pour le développement de la Côte d’Ivoire », a indiqué le commandant Sory. Après avoir rendu un hommage appuyé au Premier ministre Guillaume Soro et au maire Adama Toungara, Diarrassouba Ibrahima a félicité les jeunes qui ont combattu pour sortir les populations des « griffes du monstre Laurent Gbagbo ». Poursuivant, il s’est élevé contre les allégations de violation des droits de l’homme à Abobo. « Au moment où Gbagbo envoyait ses soldats venir extraire nos parents de leur maison pour les tuer devant leurs enfants, où étaient les organisations de défense des droits de l’homme ? Où étaient encore ces organisations quand Gbagbo envoyait ses chars et faisait pleuvoir des obus sur nos marchés ? A Abobo, nous n’avons pas combattu quelqu’un, nous nous sommes défendu contre un monstre. Si d’aventure on emprisonne un habitant d’Abobo pour violation de droit de l’homme, c’est toute la population qui se retrouvera en prison », a prévenu Diarrassouba Ibrahima. Au terme de cette journée de solidarité, 1,5 tonne de riz et deux bœufs ont été distribués aux parents des victimes. Cette journée d’hommage aux martyrs a été présidée par Koné Tiémoko, président du conseil général de Tengrela.
Sidney Kouamé
Sidney Kouamé