x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le mardi 26 avril 2011 | Le Patriote

Une journée avec les FRCI à Williamsville

Samedi 23 avril 2011, il est 10H12 minutes. Nous sommes devant l’entrée principale de la caserne de la Compagnie républicaine de sécurité de Williamsville (CRS 1). A notre arrivée, les éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, qui occupent les lieux depuis bientôt un mois, sont en pleine séance de regroupement. Entouré des différents chefs de groupes, le responsable en charge de la zone d’Adjamé et Attécoubé, le commandant Daouda Ouattara, s’atèle à donner les dernières consignes du jour. Avec un visage presque refermé par la barbe et la moustache, ce militaire de formation est un ancien de la célèbre FIRPAC (Force d’intervention rapide des para-commandos), crée dans les années 90, par feu le général Robert Guéi. Tee-shirt dressé sur un pantalon treillis, avec des sandales aux pieds, l’homme est plutôt décontracté. Face à ses éléments, l’essentiel de son message tourne autour des dernières recommandations du président de la République, Son Excellence M. Alassane Ouattara et du Premier ministre, ministre de la Défense, Soro Kigbafori Guillaume. « Des miliciens et des soldats du Commando invisible d’Abobo veulent désarmer et se rendre. Les ordres sont clairs. S’ils se présentent à vous, ne leur faites aucun mal. Recevez-les en frères », recommande-t-il à son tour, avec beaucoup d’insistance.

L’ordre et la discipline

Une fois le débriefing terminé, c’est le top départ. Les uns et les autres se précipitent dans les véhicules. Et les différentes patrouilles se mettent en branle. Chacun retourne à son poste, à travers la commune. Resté seul avec quelques proches collaborateurs, le commandant ‘’Ouatt’’, comme l’appellent affectueusement ses hommes, se tient maintenant à la disposition d’éventuels visiteurs, civiles ou militaires. Les échanges se passent généralement sous les arbres qui se trouvent en face de l’entrée principale du camp. C’est plus tard que nous comprendrons pourquoi.
Scotché au téléphone, il profite entre de coups de fil pour nous demander « les nouvelles », comprenez par là l’objet de notre présence. Une fois la présentation faite, nous lui faisons part de notre désir de passer une partie de la journée au sein de la caserne. Sans trop réfléchir, l’homme ne trouve aucun inconvénient. « Allez partout où vous voulez. Le camp est à votre disposition », lâche-t-il avec beaucoup d’humour. Mais pendant que nous sommes encore arrêtés sous les arbres en face de la caserne, un coup de feu retentit, pas trop loin, dans les environs de l’ancienne casse d’Adjamé. Du coup, le commandant est presque sur les nerfs. « Allez voir celui qui a fait ça. Arrachez-lui son arme », ordonne-t-il à des éléments qui s’exécutent sur le champ.
Juste avant que nous n’entamions notre visite dans l’enceinte même de la caserne, le commandant est appelé d’urgence à aller régler un problème au niveau du Commissariat du 11ème Arrondissement. « C’est chose fréquente ici. Nous nous occupons non seulement de la sécurisation, mais aussi du règlement de différends entre les populations. Il s’agit généralement de cas de véhicules retrouvés qui doivent être remis à leurs propriétaires », nous lance-t-il. Cependant, avant de quitter les lieux avec ses proches collaborateurs, il prend le soit de nous confier à un élément répondant au surnom de « Delta ». C’est lui et deux autres hommes qui nous serviront de guides. D’entrée, ils nous informent dans la causerie qu’ils ont fait partie du commando ayant mené le combat de la libération de Williamsville et de toute la commune d’Adjamé. Vrai ou faux, en tout cas, tous les trois semblent sûrs de ce qu’ils avancent. Même si aucun d’entre eux n’arrive à donner la date exacte de la prise de Williamsville par les FRCI.

La nécessaire réhabilitation

A l’intérieur de la caserne, le décor donne dans la désolation totale. Des appartements saccagés et partis en fumée, des véhicules de police entièrement calcinés, des restes de vêtements, d’ustensiles de cuisine et de meubles trainant encore dans la cour. On imagine aisément que les pilleurs sont passés par là. Bureaux, chambres et autres magasins du camp, tous ont été vidés par ceux qu’il convient d’appeler « les charognards ». Dans le bureau de celui qui commandait la CRS 1 avant les évènements de la crise postélectorale, le commissaire Djédjé Gbagro Bertin, on retrouve encore accrochées au mur des distinctions et des photos de l’homme. Celle la plus frappante le présente en train de se faire mettre ses épaulettes de commissaire par l’ex-Chef d’Etat Laurent Gbagbo.
Au magasin d’armes également, il ne reste pas grande chose. Seuls quelques casques et des caisses vides sont entassés. A cela, s’ajoute près d’une tonne de paperasses. A cet endroit, une odeur suffocante de gaz lacrymogène continue de dégager. Du côté de la place d’arme, l’on remarque de part et d’autre des véhicules totalement endommagés. « Il s’agit de dégâts causés lors des combats avec les soldats pro-Gbagbo qui occupaient encore les lieux », nous fait savoir ‘’chef’’ Fousseny Traoré, supervisant avec trois autres hommes la seconde entrée de la caserne. Lui et bien d’autres personnes interrogées sur place sont formels. « La CRS 1, comme les autres camps militaires, a besoin d’être réhabilité. Tout est à refaire ici », soutiennent-ils. A ce niveau, tous expriment leur espoir en la personne du président Alassane Ouattara. « Nous sommes sûrs et certains qu’il aura les moyens nécessaires pour reconstruire toute la Côte d’Ivoire et la remettre sur la voie du développement et de la prospérité », affirme un soldat, dans un langage plutôt impressionnant. Et pendant que nous sillonnons le camp, nous voyons plusieurs jeunes en treillis militaire en train de nettoyer des chambres. Ils disent vouloir les occuper provisoirement, en attendant la normalisation et le retour effectif des vrais pensionnaires des lieux, les policiers. Toujours au cours de notre promenade, nous retrouvons dans les décombres plusieurs pièces d’identité de personnes de différents pays. « Il y en avait beaucoup plus quand nous arrivions. Ce sont certainement des pièces arrachées à d’honnêtes personnes, dans le cadre des rackets », affirme un de nos guides.
Quand nous quittions les lieux, aux environs de 15H, l’ambiance était la même. Avec des soldats déterminés à la tâche, malgré les maigres moyens et des conditions de travail plutôt difficiles.
Diawara Samou
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ