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Société Publié le mardi 10 mai 2011 | Soir Info

Plus de place dans les morgues à Abidjan - Des conteneurs pour conserver les corps

© Soir Info
Abidjan: plus de 60 cadavres ramassés en deux jours dans le quartier de Yopougon (Croix-Rouge)
Les cadavres de plus de 60 personnes tuées dans des violences ces derniers jours ont été retrouvés mardi et mercredi à Abidjan dans le quartier de Yopougon, où des combats opposent miliciens pro-Gbagbo et forces du président Ouattara, a-t-on appris auprès de la Croix-Rouge ivoirienne.
La crise post- électorale a atteint son point culminant, entre le 31 mars et le 21 avril 2011, avec les combats pour l’installation au pouvoir du Président Alassane Ouattara. Plusieurs morts ont été enregistrés. A Abidjan, en moins de deux semaines, courant avril, la Croix rouge a ramassé 340 corps. Les morgues ont fait leur plein. Nous en avons visitées, le lundi 9 mai 2011.
C’est vers 9h45 que nous arrivons, ce lundi 9 mai 2011, à la morgue du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville. L’entrée ouest est gardée par un soldat des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). La cour n’est pas bondée de monde. Normal, selon nos renseignements, parce que les jours d’affluence pour les levées de corps sont le vendredi et le samedi. Les hommes et les femmes, assis ou debout, le visage grave, ont pour la plupart la main sur les narines. Nous ne finissons pas de nous poser la question quand une bouffée d’air nous envahit. L’odeur pestilentielle qu’elle véhicule nous coupe la respiration, pour un bref moment. En promenant nos regards, dans l’intention de découvrir son origine, nous tombons sur la présence inhabituelle d’un conteneur de près de 15 m de long, sur 2m de large, bien fermé. Le contenu semble bien au frais, vu que des hélices qui tournent sont perceptibles de l’extérieur.
Nous demandons à rencontrer le maître des lieux. Un corbillard gare entre le bureau de ce dernier et le conteneur. Des agents portent des gants et se précipitent vers l’issue de sortie des corps prêts à être ensevelis. Quelque 5mn, plus tard, le corbillard quitte les lieux. Un coup d’œil sur l’espace que vient de libérer le véhicule, nous permet de constater le dépôt d’un essaim de mouches, certainement attirées par l’odeur de viande pourrie qui ne laisse personne indifférent. Ne pouvant pas supporter la forte odeur, nous nous empressons de rencontrer le responsable d’Ivoire sépulture (Ivosep) pour qu’il confirme ou infirme l’information tendant à faire croire au manque de casiers dans les morgues et l’origine des odeurs. Ce dernier nous ramène au siège. Quand nous sortons, l’air irrespirable ne nous laisse le choix que de nous boucher les narines.

Environnement pollué
Une fois hors de l’enceinte de la morgue, nous poussons un grand ouf de soulagement. Pour bénéficier, davantage d’air pur et du temps clément, nous entreprenons de marcher jusqu’au grand carrefour de Treichville, en bordure du boulevard Giscard d’Estaing, sur environ deux kilomètres, pour atteindre ledit siège. Ici, nous constatons également, devant nous, une fois dans l’enceinte de la morgue, un conteneur. Mais nous n’aurons pas, officiellement de réponse à notre préoccupation. « Vous verrez qu’il n’y a plus de corps dans la ville. Nous avons fait ce que les autorités nous ont demandé », indique une source proche de la direction, après avoir porté nos questions à sa hiérarchie. Il ne s’en tiendra qu’à cette réponse quand nous lui demanderons la capacité d’accueil des morgues. Mais un huissier nous dira que les conteneurs contiennent des corps. A la morgue du Chu de Yopougon où nous arrivons, peu après
11h, l’air est également irrespirable. Plus nous approchons du local où l’on habille les corps, plus l’odeur devient teigneuse. Après une dizaine de minutes passées dans la cour à observer les faits et les gestes d’arrivants, nous découvrons un conteneur, en face du local d’embarquement des corps. Il a pratiquement la même dimension que celui du Chu de Treichville. Nos tentatives d’avoir les informations recherchées sont vaines. Nous décidons alors de regagner la rédaction. Une fois hors de la clôture, nous sentons encore l’odeur sur une distance d’une centaine de mètres. Nous nous posons donc la question de savoir comment les agents des morgues arrivent à travailler dans un environnement aussi pollué, sans même un cache-nez.

Dominique FADEGNON
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