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Politique Publié le jeudi 26 mai 2011 | L’Inter

Crimes de guerre en cote d’ivoire : Ouattara, Gbagbo et l’ONU épinglés

© L’Inter
Journée internationale de la Femme: quatre morts et de nombreux blessés à Treichville
Mardi 8 mars 2011. Abidjan. Les femmes du RHDP ont fait le deuil des victimes des événements d`Abobo et manifesté pour le départ de Laurent Gbagbo
Amnesty International a publié hier, mercredi 25 mai 2011, un rapport sur la crise post-électorale en Côte d’Ivoire qui accable aussi bien le nouveau président ivoirien, Alassane Ouattara, l’ancien chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, que l’ONU. Ce rapport de 84 pages accuse de crimes de guerre et crimes contre l`humanité les forces fidèles à l`ancien président Laurent Gbagbo `les ex-forces de défense et de sécurité, Fds et les milices et celles d’Alassane Ouattara appelées Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), composées des ex-rebelles des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN) et d`éléments des ex- Forces de défense et de sécurité (FDS). L’ONU a été également épinglé dans ce conflit civil et militaire qui a fait des milliers de morts dans le pays. « Les informations recueillies par Amnesty International montrent que toutes les parties ont commis des crimes au regard du droit international, notamment des crimes de guerre et des crimes contre l`humanité », explique l`organisation dans son rapport. Intitulé « Ils lui ont demandé sa carte d`identité et l`ont abattu », ce document présente les massacres commis par les deux camps belligerants à Abidjan, la capitale économique, et dans l’ouest du pays. Il donne aussi la parole à des témoins de ces massacres, des viols et des chasses à l’homme, principalement à Duékoué, dans l’ouest ivoirien, à 500 km d’Abidjan. Les violences post-électorales se sont aggravées après l’arrestation, le 11 avril 2011, de Laurent Gbagbo à Abidjan. Dix jours de combats intenses avec bombardement des symboles de l’Etat ivoirien et de la résidence présidentielle par les forces françaises ont eu raison du régime de Laurent Gbagbo. Des actes de représailles contre les partisans d’Alassane Ouattara et ceux de l`ancien chef de l`Etat par leurs forces respectives ont suivi cette prise du pouvoir. « Les très graves violations et atteintes aux droits humains commises, depuis l`arrestation de Laurent Gbagbo, par les Forces républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI, pro-Ouattara) et les éléments armés combattant à leurs côtés montrent que les populations appartenant à des groupes ethniques considérés comme partisans de Laurent Gbagbo continuent d`être la cible d`attaques », souligne Amnesty International, faisant état du meurtre de centaines d`hommes à Duékoué par les FRCI, sur la base de considérations politiques et ethniques. « Avant de les tuer, ils ont demandé à leurs victimes de donner leur nom et de montrer leur carte d`identité.

Certaines de ces cartes d`identité ont été trouvées à côté des corps », indique le rapport qui cite des témoins. L’ONU est vivement critiquée dans ce rapport en raison de son « inaction » lors des tueries alors qu’elle est présente dans tout le pays. Pour le cas spécifique de Duékoué, Amnesty International a révélé que l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) était « basée à seulement un kilomètre du principal lieu des tueries commises à Duékoué ». Le camp de Laurent Gbagbo est également accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité par l’organisation de défense des droits humains. « Depuis décembre 2010, les forces et les milices fidèles à Laurent Gbagbo ont également commis des crimes de guerre et des crimes contre l`humanité », accable Amnesty International, qui a cité des témoignages sur des personnes brûlées vives parce qu`elles étaient musulmanes ou soupçonnées de soutenir Alassane Ouattara. L’organisation internationale est également revenue sur le bombardement fin février du quartier populaire d`Abobo à Abidjan, contrôlé par le ‘’Commando invisible’’ commandé par Ibrahim Coulibaly dit IB, un proche d’Alassane Ouattara. Par ailleurs, l’ONG a salué la démarche du nouveau président ivoirien d’enquêter sur tous ces crimes. Parce qu’à en croire cette organisation, « sans justice pour toutes les victimes, les appels à la réconciliation risquent de déboucher sur un compromis instable et insatisfaisant qui pourrait faire le lit de violences et de vengeances futures ». La présidence de la Cour pénale internationale (CPI) avait autorisé récemment la désignation de juges pour enquêter sur les violences post-électorales en Côte d’Ivoire. La directrice de projets pour l’Afrique de l’ouest de Human Rigths Watch, Corinne Dufka, avait aussi plaidé dans une correspondance adressée à Alassane Ouattara, pour que les enquêtes sur les crimes en Côte d’Ivoire soient élargies au coup d’Etat de 1999 et à la guerre de septembre 2002.

Hervé KPODION
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