Sergent-chef Lago Léo, sergent Toh Ferdinand, respectivement gardes du corps d’Allou Bity Wanyou Eugène, ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Cameroun et du général Dogbo Blé Brunot (ex-commandant de la Garde républicaine), ainsi que les sergents Toualy Jean-Noël (bataillon blindé), Yapi Yavo dit « Djoudjou » et Lobé Lobé, tous en service à la Garde républicaine, sont aux arrêts depuis quelques jours. Gardés à vue au commissariat du 30 ème arrondissement de la Riviera Attoban, ces cinq soldats ivoiriens font l’objet d’une procédure pénale dans le cadre de la disparition du colonel-major Dosso Adama, ancien pilote d’Houphouët-Boigny, kidnappé dans la nuit du 12 mars 2011, au plus fort de la crise post-électorale. Passés au laminoir par le procureur militaire, Ange-Bernard Kessi Kouamé, ils n’ont fait aucune peine à avouer leur crime, sans en donner, toutefois, les motivations.
Selon le sergent Toh Ferdinand, qui s’est d’ailleurs montré très prolixe, le mardi 07 juin 2011 en fin de matinée, lors de la reconstitution des faits, sur l’Autoroute du Nord, où il affirme avoir « jeté le corps dans la broussaille », « le colonel-major Dosso Adama a été interpellé à la hauteur d’un poste de contrôle des Fds ( Forces de défense et de sécurité) en face de l’Ambassade des Etats-Unis, peu après 20 h alors qu’il rentrait de l’Hôtel du Golf ». Alassane Ouattara, le nouveau président ivoirien et son gouvernement y étaient reclus. Tout de suite, le général Brunot Dogbo Blé, commandant de la Garde républicaine (GR), est informé. « Nous tenons le colonel-major Dosso Adama qui vient de l’hôtel du Golf », lui lance au téléphone son garde du corps. Dogbo Blé donne l’ordre « de finir avec lui », avant de changer d’avis et de demander que « le colonel-major soit conduit à lui ». Ces hommes s’exécutent. En se rendant cette nuit-là au Golf, Dosso Adama était loin d’imaginer qu’il venait de signer son arrêt de mort. Il est alors emmené chez le général Dogbo Blé Brunot « qui ordonne à ses éléments de l’exécuter », toujours, selon Toh Ferdinand, son propre garde du corps. Le sergent Toualy Jean-Noël, qui a arrêté le colonel-major Dosso Adama au poste de contrôle, le sergent-chef Yapi Yavo dit « Djoudjou » et Lobé Lobé se joignent à l’escadron d’exécution. « Le général Dogbo Blé nous a ordonné de le « rafaler ». C’est ce que nous avons fait », ajoute, pour sa part, le sergent-chef Lago Léo, l’homme de main de l’Ambassadeur Allou Eugène, rentré du Cameroun quelques semaines plus tôt.
Douleur et émotion
Ils fourrent le corps criblé de balles du colonel-major dans le coffre de son propre véhicule.
Le sergent Lobé Lobé s’installe au volant. Destination, l’Autoroute du Nord, précisément à une quarantaine de kilomètres, peu après le pont bascule en construction. Parvenu à un endroit idéal pour se débarrasser du corps dans le silence et la pénombre de la nuit, ils font demi-tour dans le sens Sikensi-Abidjan et immobilisent le 4x4. Ils enjambent, selon eux, une glissière de sécurité qui borde la voie et « balance le corps dans la.broussaille ». « C’est moi qui ai revêtu le corps de feuillage », avoue le sergent Toh Ferdinand aux enquêteurs. Le « boulot » terminé, ils regagnent tranquillement leurs domiciles. « Il était 22 h 30 mn, » précise le sergent Toh Ferdinand. Mais avant, ils font les poches au cadavre. « Nous l’avons fouillé et avons découvert sur lui, la somme de 4 millions et deux portables. Nous nous sommes partagés les 4 millions et avons vendu les portables au black-market », ont-ils confessé. Hier, la battue conduite par Ange Kessi et des enquêteurs du Tribunal Militaire pour retrouver le corps n’avait rien donné lorsque nous quittions les lieux en milieu d’après-midi. Les deux accusés ne se rappelant pas exactement, selon eux, le lieu « où ils ont jeté le corps dans la brousse ». Le garde du corps d’Allou Eugène, lui, soutient que « la dépouille a été jetée dans la brousse peu après le premier poste de contrôle de la gendarmerie après Attinguié, tandis que celui de Dogbo Blé affirme que « le corps se trouve dans un ravin, non loin d’un campement situé à deux kilomètres de ce poste ». Des « charbonniers » habitant à proximité du lieu ont été sollicités pour élaguer la voie sur une distance d’au moins deux kilomètres. Ange Kessi a exigé la présence du sergent Lobé Lobé, chauffeur du commando, pour plus de précisions… « Ils ont tué mon frère gratuitement. Moi, si j’ai été ministre, c’est grâce à lui. C’est lui qui m’a élevé. C’est lui qui m’a scolarisé. Au niveau de la famille nous avons déjà pardonné. Il reste à la justice de faire son travail. Mais de grâce, qu’ils ne se moquent pas de nous. Qu’ils nous indiquent clairement là où ils ont mis le corps de mon frère », maugréait l’ex-ministre Youssouf Soumahoro, étreint par la douleur. Idem pour le fils du colonel, dont nous taisons le nom. Son regard était vide, les yeux rouges…
L’émotion était grande hier sur l’autoroute du Nord… La scène de reconstitution a été d’autant plus pénible pour les nombreux parents de la victime venus sur les lieux qu’ils sont hantés par la peur de ne jamais retrouver le corps. « Ils auraient pu se donner un peu de peine de l’enterrer, ne serait-ce que sommairement de sorte à donner une chance de retrouver son corps », s’est indigné l’un des proches de la victime. L’atmosphère était, en tout cas, pesante… Dans une déclaration qu’il a faite, le procureur militaire Ange Kessi Kouamé est revenu sur les conditions, pour le moins effroyables, de l’assassinat du colonel-major avant d’indiquer que les meurtriers sont poursuivis pour quatre délits. « Meurtre, séquestration, vol et recel de cadavre ». Il a indiqué que les meurtriers ont dit avoir agi « sur ordre du général Brunot Dogbo Blé qui a dit finissez avec lui ». Le procureur militaire a ajouté que le colonel-major Dosso Adama « a été tué gratuitement, sans motif. Il n’était pas au combat. Il a été tué simplement parce qu’il revenait de l’Hôtel du Golf ».
Armand B. DEPEYLA
Selon le sergent Toh Ferdinand, qui s’est d’ailleurs montré très prolixe, le mardi 07 juin 2011 en fin de matinée, lors de la reconstitution des faits, sur l’Autoroute du Nord, où il affirme avoir « jeté le corps dans la broussaille », « le colonel-major Dosso Adama a été interpellé à la hauteur d’un poste de contrôle des Fds ( Forces de défense et de sécurité) en face de l’Ambassade des Etats-Unis, peu après 20 h alors qu’il rentrait de l’Hôtel du Golf ». Alassane Ouattara, le nouveau président ivoirien et son gouvernement y étaient reclus. Tout de suite, le général Brunot Dogbo Blé, commandant de la Garde républicaine (GR), est informé. « Nous tenons le colonel-major Dosso Adama qui vient de l’hôtel du Golf », lui lance au téléphone son garde du corps. Dogbo Blé donne l’ordre « de finir avec lui », avant de changer d’avis et de demander que « le colonel-major soit conduit à lui ». Ces hommes s’exécutent. En se rendant cette nuit-là au Golf, Dosso Adama était loin d’imaginer qu’il venait de signer son arrêt de mort. Il est alors emmené chez le général Dogbo Blé Brunot « qui ordonne à ses éléments de l’exécuter », toujours, selon Toh Ferdinand, son propre garde du corps. Le sergent Toualy Jean-Noël, qui a arrêté le colonel-major Dosso Adama au poste de contrôle, le sergent-chef Yapi Yavo dit « Djoudjou » et Lobé Lobé se joignent à l’escadron d’exécution. « Le général Dogbo Blé nous a ordonné de le « rafaler ». C’est ce que nous avons fait », ajoute, pour sa part, le sergent-chef Lago Léo, l’homme de main de l’Ambassadeur Allou Eugène, rentré du Cameroun quelques semaines plus tôt.
Douleur et émotion
Ils fourrent le corps criblé de balles du colonel-major dans le coffre de son propre véhicule.
Le sergent Lobé Lobé s’installe au volant. Destination, l’Autoroute du Nord, précisément à une quarantaine de kilomètres, peu après le pont bascule en construction. Parvenu à un endroit idéal pour se débarrasser du corps dans le silence et la pénombre de la nuit, ils font demi-tour dans le sens Sikensi-Abidjan et immobilisent le 4x4. Ils enjambent, selon eux, une glissière de sécurité qui borde la voie et « balance le corps dans la.broussaille ». « C’est moi qui ai revêtu le corps de feuillage », avoue le sergent Toh Ferdinand aux enquêteurs. Le « boulot » terminé, ils regagnent tranquillement leurs domiciles. « Il était 22 h 30 mn, » précise le sergent Toh Ferdinand. Mais avant, ils font les poches au cadavre. « Nous l’avons fouillé et avons découvert sur lui, la somme de 4 millions et deux portables. Nous nous sommes partagés les 4 millions et avons vendu les portables au black-market », ont-ils confessé. Hier, la battue conduite par Ange Kessi et des enquêteurs du Tribunal Militaire pour retrouver le corps n’avait rien donné lorsque nous quittions les lieux en milieu d’après-midi. Les deux accusés ne se rappelant pas exactement, selon eux, le lieu « où ils ont jeté le corps dans la brousse ». Le garde du corps d’Allou Eugène, lui, soutient que « la dépouille a été jetée dans la brousse peu après le premier poste de contrôle de la gendarmerie après Attinguié, tandis que celui de Dogbo Blé affirme que « le corps se trouve dans un ravin, non loin d’un campement situé à deux kilomètres de ce poste ». Des « charbonniers » habitant à proximité du lieu ont été sollicités pour élaguer la voie sur une distance d’au moins deux kilomètres. Ange Kessi a exigé la présence du sergent Lobé Lobé, chauffeur du commando, pour plus de précisions… « Ils ont tué mon frère gratuitement. Moi, si j’ai été ministre, c’est grâce à lui. C’est lui qui m’a élevé. C’est lui qui m’a scolarisé. Au niveau de la famille nous avons déjà pardonné. Il reste à la justice de faire son travail. Mais de grâce, qu’ils ne se moquent pas de nous. Qu’ils nous indiquent clairement là où ils ont mis le corps de mon frère », maugréait l’ex-ministre Youssouf Soumahoro, étreint par la douleur. Idem pour le fils du colonel, dont nous taisons le nom. Son regard était vide, les yeux rouges…
L’émotion était grande hier sur l’autoroute du Nord… La scène de reconstitution a été d’autant plus pénible pour les nombreux parents de la victime venus sur les lieux qu’ils sont hantés par la peur de ne jamais retrouver le corps. « Ils auraient pu se donner un peu de peine de l’enterrer, ne serait-ce que sommairement de sorte à donner une chance de retrouver son corps », s’est indigné l’un des proches de la victime. L’atmosphère était, en tout cas, pesante… Dans une déclaration qu’il a faite, le procureur militaire Ange Kessi Kouamé est revenu sur les conditions, pour le moins effroyables, de l’assassinat du colonel-major avant d’indiquer que les meurtriers sont poursuivis pour quatre délits. « Meurtre, séquestration, vol et recel de cadavre ». Il a indiqué que les meurtriers ont dit avoir agi « sur ordre du général Brunot Dogbo Blé qui a dit finissez avec lui ». Le procureur militaire a ajouté que le colonel-major Dosso Adama « a été tué gratuitement, sans motif. Il n’était pas au combat. Il a été tué simplement parce qu’il revenait de l’Hôtel du Golf ».
Armand B. DEPEYLA