Coïncidences ! La Côte d’Ivoire vit au rythme des procédures judiciaires. Alors que la Cour Pénale Internationale rencontre ces jours-ci, les autorités publiques ivoiriennes pour envisager l’éventualité d’enquêter sur les crimes de guerre, la justice ivoirienne, elle, ne reste pas les bras croisés. Du côté du bâtiment A de la cité administrative, les choses bougent. Le Commissaire du Gouvernement, le Colonel Ange Kessy Bernard veut la vérité. L’enquête qu’il a ouverte sur les violences et les crimes postélectoraux a pris un coup d’accélérateur. Selon des sources proches du dossier, le Procureur militaire a décidé d’inculper près de 56 personnes. Ces militaires, gendarmes et policiers, verront automatiquement leurs comptes bancaires gelés par la justice. Au nombre des personnalités militaires inculpées, figurent trois officiers généraux dont l’action dans les tueries et massacres n’est plus à démontrer. En premier lieu, le Général Dogbo Blé Brunot, commandant de la Garde républicaine. Il est le chef de file des officiers généraux pro-Gbagbo qui ont refusé, jusqu’à la dernière minute, de faire droit à la volonté du peuple ivoirien exprimée lors du scrutin du 28 novembre 2010. Dogbo Blé Brunot est soupçonné d’avoir commandité le rapt des quatre ressortissants étrangers à l’hôtel Novotel ainsi que l’assassinat du Colonel Major Dosso Adama, ex-pilote au GATL. Ce sont, en outre, ses éléments qui, en compagnie de ceux du Général Vagba Faussignaux, ex-commandant de la Marine nationale et son adjoint Allah Kassi de la base navale de Locodjoro, ont mis en péril l’équilibre de la Nation en s’opposant par des armes lourdes, à l’avancée des Forces républicaines dans la ville d’Abidjan. Les trois généraux, cerveaux de la stratégie militaire de confiscation du pouvoir, ont refusé de se plier et de faire allégeance aux autorités légales. Dogbo Blé a été capturé dans une cachette dans un immeuble au Plateau. Quand Vagba Faussignaux lui, a été interné dans une clinique après avoir reçu des impacts d’obus sur le champ de combat. Avec eux, d’autres officiers supérieurs sont dans le viseur du Procureur militaire. Les plus connus sont : Le Colonel Konan Boniface du corps d’élite des Fusilleurs Marins Commandos (FUMACO) et le Commandant Abéhi Jean Noël de l’Escadron blindé du camp d’Agban. Ensuite, se trouvent la majorité des soldats arrêtés à la résidence du Chef de l’Etat et internés à Korhogo, dont le Médecin-Colonel Daleba Réné, le chef de bataillon Dua Kouassi et d’autres sous-officiers impliqués dans les différents massacres et tueries contre des populations civiles. Les 56 personnes inculpées se partagent entre 44 militaires et gendarmes et 12 membres de la police nationale dont le Commissaire du 31ème Arrondissement impliqué dans l’enlèvement des étrangers, le Commissaire Monnet Dénis et le Commissaire Guédé Zakali. Le Commissaire du Gouvernement ne veut laisser personne passer entre les mailles des filets de la justice. Ainsi, sous peu, un mandat d’arrêt sera lancé contre tous les soldats ayant fui le pays comme l’ex-attaché militaire à l’ambassade d’Afrique du Sud, Henri César Damalan. C’est désormais clair, la justice ivoirienne entend jouer sa partition pour la manifestation de la vérité dans les événements qui ont secoué notre pays. Nous y reviendrons.
Charles Sanga
Charles Sanga