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Politique Publié le lundi 18 juillet 2011 | Nord-Sud

Campagne haineuse des pro-Gbagbo : La France a-t-elle acheté la Côte d’Ivoire?

L’ancienne puissance coloniale est vouée aux gémonies pour avoir fait barrage au hold-up électoral de Gbagbo. Pourtant…

La Côte d’Ivoire, une sous-préfecture de la France. La recolonisation de la Côte d’Ivoire. Le pays vendu à la France. Etc.

Le camp Gbagbo ne manque aucune occasion pour ruer dans les brancards contre le réchauffement des relations entre Yamoussoukro et Paris. Certes, l’appui français a été déterminant pour finir le boulot, c’est-à-dire permettre aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) de mettre fin à l’aventure sanglante de Gbagbo. Il est vrai aussi que ceux qui ont été bernés depuis 2002 par le discours souverainiste de Gbagbo et consorts peuvent mal comprendre le cours actuel des évènements.

Mais, une petite incursion dans l’histoire récente apportera un éclairage nouveau sur la réalité d’aujourd’hui.

La France a installé Gbagbo en 2000

En octobre 2000, en plein bras de fer avec le général Guéi Robert, la prise de position officielle de la France fera pencher la balance du côté de Laurent Gbagbo, dont les camarades socialistes occupent Matigon.

Alors que Jacques Chirac, houphouétiste, était écarté du dossier.

Dès le 24 octobre 2000, deux jours après le scrutin, l’ambassadeur français Hubert Védrine désavoue le général Guéi: “nous assistons à Abidjan à une tentative de coup de force. La France ne l'acceptera pas, ni l'Union européenne, et en tirera les conséquences”.

“La France demeure attachée à ce que la volonté exprimée par le peuple ivoirien soit pleinement respectée, et met en garde contre toute tentative de la contrarier”, appuyait le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, François Rivasseau.

C’est donc en toute logique que Lionel Jospin adoubera le camarade Gbagbo, en déclarant que la France respectait les résultats du scrutin présidentiel du dimanche 22 octobre en Côte d’Ivoire. Selon lui, il fallait mettre fin au risque de vacance de pouvoir.

Paris devenait ainsi le premier pays à reconnaître le gouvernement de Gbagbo, installé dans le sang des militants du Rassemblement des républicains (Rdr), qui exigeaient un nouveau scrutin.

“Quelles que soient les personnalités, quels que soient les partis politiques, j’ai la même position et les mêmes critères, qui consistent au respect des règles de la démocratie et de la légalité", avait soutenu Jospin. La position de la France s’opposait à celle des Etats-Unis qui appellaient à de nouvelles élections.

Le Front populaire ivoirien (FPI) de Gbagbo était alors membre de l’Internationale Socialiste.

Paris dépêchera ensuite des experts à Abidjan pour encadrer les premiers pas économiques des camarades. La France a également fait pression pour que soit octroyé à la Côte d'Ivoire un crédit d'urgence de l'Union européenne. Toujours dans la même veine, le soutien financier et diplomatique de Paris permettra au pays de renouer avec les institutions de Bretton Wood.

Même en pleine dérive populiste, le pouvoir Gbagbo a ménagé les intérêts français. Bien entendu, les quelques 20.000 Français vivant en Côte d’Ivoire ont très souvent été utilisés comme moyen de pression sur Paris.

Des secteurs aussi stratégiques que l’eau et l’électricité sont restés aux mains d’intérêts français. De même que le port d’Abidjan, véritable poumon de l’économie. L’aéroport d’Abidjan est toujours contrôlé par un consortium mené par l’Aéroport de Marseille. Total reste très dynamique dans l’exploration pétrolière, malgré l’arrivée des Russes et des Chinois. C’est l’architecte français Pierre Fakhoury que Gbagbo a choisi pour le palais qu’il entendait bâtir à Yamoussoukro et son fameux projet du Grand Abidjan. Avec en contrepartie un contrat léonin dans le pétrole.

La France au secours de la démocratie

Si l’élection de Gbagbo s’est faite dans des conditions calamiteuses, de son propre aveu, celle d’Alassane Ouattara ne souffre d’aucune contestation. Contrairement à 2000 où le Parti démocratique de Côte d’ivoire (Pdci) et le Rdr ont été exclus, la compétition de 2011 a été la plus ouverte, la plus transparente et la plus libre. Plus de 80% de l’électorat s’est déplacé contre à peine 38% en 2000.

L’intervention française pour défendre la démocratie était donc plus légitime après le vote du 28 novembre dernier. Ouattara a recueilli 54% des voix.

Ensuite, la sauvegarde de la démocratie revenait à toute la communauté internationale (Cedeao, Ua, Onu, Ue, etc). C’est sous mandat onusien et en appui à l’Onuci que Paris a détruit les armes de destruction massive de Gbagbo (chars, Bm21, etc.). Cela, alors que les Frci avaient pacifié la totalité du pays, à l’exclusion d’Abidjan.

La coopération économique

Dans ce domaine, il convient détablir un parallèle entre le soutien de la France à Gbagbo et la politique actuelle.

Quel est aujourd’hui le bilan du soutien massif des socialistes au camarade? L’exclusion du Fpi de l’Internationale socialiste est un signe qui ne trompe pas. Le constat est triste. Sous Gbagbo, la Côte a vécu au rythme des détournements, de la gabegie, de la corrupuption,…

L’état de délabrement actuel du pays témoigne du manque de vision du camarade Gbagbo.

Pendant la campagne électorale, le candidat de Lmp se vantait lui-même d’avoir construit beaucoup de monuments. Mais, point d’infrastructures indispensables au développement. Gbagbo laisse une Côte d’Ivoire en ruines. Les entreprises n’ont pas prospéré, le chômage et la pauvreté sont galopants. Selon des estimations officielles, un Ivoirien sur deux vit en dessous du seuil de pauvreté. Les camarades et autres soi-disant patriotes ont beaucoup insulté la France, mais n’ont rien apporté en remplacement.

Et si le pays avait accédé à l’indépendance avec un Gbagbo? Le résultat ne serait sans doute pas meilleur à ce que la Guinée a souffert. C’est pourquoi, la majorité des Ivoiriens est d’accord avec le président Ouattara lorsqu’il évoque le passé glorieux du pays sous la conduite du père de la Nation. “Ce sont des liens très forts, des liens historiques (ndlr, entre la France et la Côte d’Ivoire). Le président Houphouet a été deux fois ministre, sous la quatrième République, il a été député. Et nous, nous sommes des houphouétistes. Donc cela veut tout dire”, a affirmé avec conviction Ouattara, lors de la récente visite à Abidjan de François Fillon. Quelles que puissent être les critiques, c’est ce cordon ombilical, si précieusement entretenu par le Vieux, qui fera de la Côte d’Ivoire la locomotive de la sous-région.

Au-delà de ce cadre global, la France est le premier partenaire commercial de la Côte d’Ivoire. Certes, l’actualité c’est la mondialisation, la multipolarité, etc. Mais, il convient d’y aller fort sur des bases solides. Tout en se modernisant, la coopération entre les deux pays s’appuiera d’abord sur ses fondamentaux. A part la France, quel pays a accepté d’annuler 2.000 milliards de Fcfa de dette bilatérale à la Côte d’Ivoire? S’il devait y avoir aujourd’hui un référendum sur l’orientation actuelle des relations entre la Côte d’Ivoire et la France, le oui ferait assurément un raz-de-marée. Sans que cela ne remette en cause l’indépendance du pays.

Kesy B. Jacob
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