Alpha Condé n’est pas le démocrate qu’on aurait pu rêver pour un pays comme la Guinée. Sorti de plus d’un demi siècle de ténèbres avec les régimes successifs de Sékou Touré puis de Lassana Conté sans oublier le très théâtral mais non moins autocrate capitaine Dadis Camara, ce grand pays d’Afrique de l’Ouest, à la civilisation et aux traditions bien connues dans le monde entier, a vu arriver à sa tête un des vieux routiers de l’opposition. Ces opposants blanchis dans la lutte contre les régimes en place se croient des messies et des intouchables une fois au pouvoir. Les Ivoiriens pansent encore difficilement les dégâts causés par le leur. Laurent Gbagbo a en effet ramené la Côte d’Ivoire dix ans en arrière. Le Sénégal a du mal à retrouver le rayonnement de sa démocratie citée en exemple depuis que le champion du Sopi, Abdoulaye Wade, a pris les rênes du pays. Alpha Condé travaille plus à museler son opposition qu’à résoudre les énormes problèmes économiques et sociaux de ses compatriotes. L’accueil de son principal adversaire, Cellou Diallo, de retour d’un long séjour à l’extérieur, a été l’occasion d’envoyer les soldats et policiers mater les partisans de ce dernier. Le pouvoir Condé entend mettre en cause le recensement électoral en place, celui-là même sur la base duquel il a été élu. Question de se fabriquer une majorité sur mesure. Des failles importantes. Cependant, la Guinée ne mérite plus un retour en arrière. Le civil, aux premiers pas boiteux, est une avancée malgré tout. Il faut, en interne et à l’extérieur, s’organiser et mettre suffisamment de pression pour éviter le dérapage démocratique de s’installer. C’est ce qu’il faut et non un énième coup de force. L’attaque contre la résidence du chef de l’Etat de Guinée est donc une atteinte à la stabilité de ce pays. Une opération pour un retour à l’ordre ancien. C’est totalement inacceptable.
D. Al Seni
D. Al Seni