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Politique Publié le jeudi 21 juillet 2011 | Nord-Sud

Diabaté Kramoko, maire de Daloa révèle : «Me Kossougro a recruté des miliciens à la mairie»

Un mois après sa prise de fonction, le maire Diabaté Kramoko qui succède à Me Séry Kossougro, fait l’état des lieux à la mairie. Il bat en brèche les déclarations de son prédécesseur qui dit avoir fait d’importantes entrées d’argent en l’espace d’un an.

Voilà un mois que vous êtes à la tête de la commune de Daloa, quels sont vos chantiers ?
J’ai hérité de beaucoup de problèmes et de difficultés. Je peux citer entre autres des feux tricolores en panne, le Black market, un recrutement pléthorique dans lequel la part belle a été faite à des miliciens, des lotissements sauvages et pleins d’autres dossiers obscurs. En connaissant la fonction de mon prédécesseur, qui est un avocat, je suis surpris.

Ces réalisations soulèvent une polémique, qu’en est-il en réalité ?
Un de vos confrères a mené une enquête. Il en est ressorti beaucoup d’anomalies dans la réalisation des feux tricolores d’abord. Ce grand projet qui prend la moitié du budget de la commune a été attribué de gré à gré à une entreprise à plus de 668 millions de Fcfa. Ce qui est inacceptable. Il se raconte même que cette entreprise serait proche du maire sortant. Au plan administratif, la direction générale des marchés publics avait dénoncé la pratique de Kossougro avant de se raviser. Le drame est que les 19 feux tricolores n’ont même pas fait un an de fonctionnement normal. Ensuite, il y a eu la destruction du Black market. Plus de 800 jeunes commerçants ont été mis à la rue. Guédé Guina avait suspendu ce projet en attendant de mieux l’analyser après les élections. C’est Kossougro qui a détruit le Black, posé la première pierre en juin 2010 d’un super-marché dont il a promis la construction sur une période de 18 mois. Au moment où il quittait la mairie, nous étions à 6 mois de la livraison, mais le chantier est encore à l’étape des soubassements. Plus grave, le promoteur a disparu.

Quoi d’autres ?
Me Kossougro a fait construire d’autres bungalows à côté de la radio communale sans lettre d’attribution. La preuve est que Kossougro vient de me demander de lui délivrer cette lettre. Et les recettes issues de ces magasins ne sont versées ni au trésor ni au service financier de la mairie. Renseignements pris, les 300.000 francs exigés aux occupants et les recettes mensuelles sont versés auprès du directeur de cabinet de Kossougro, le colonel à la retraite Zogbo Fa. Nous avons rencontré les occupants et leur avons indiqué de verser désormais les loyers à la régie municipale. En ce qui concerne le recrutement des milices, tout Daloa sait que c’est lui qui les entretenait. Plus de 50 ont été embauchés à la mairie. On les voyait avec des kalachnikovs dans la cour de la mairie, assurer sa garde avec à leur tête un certain Louis Gnonka Prahis, très craint à Daloa et connu sous le nom de commandant Fru-Fru, chef des policiers municipaux.

Quelles sont vos priorités pour Daloa ?
J’ai pour priorité le combat contre l’insalubrité. Et je regrette que Kossougro dise aujourd’hui que Daloa est devenue sale depuis son départ. Il sait dans quelle ordure il a laissé Daloa. Les populations remercient le président de la République dont le programme d’urgence a permis de débarrasser la ville de plusieurs milliers de tonnes d’ordures et de lui donner une embellie. Ensuite, il y a l’insécurité dans certains quartiers du fait de l’absence de l’électricité. C’est le cas des quartiers Orly-extension et Orly 1 où le projet de construction de la maternité est à réactiver. Il ne faut pas oublier le profilage des rues dégradées du fait des pluies, la création d’emplois-jeunes. Nous allons encourager la pratique de la riziculture maraîchère dans les grands bas-fonds de la ville.



Le maire sortant affirme avoir porté en 18 mois le budget de 400 millions à 1, 1 milliard, qu’en est-il?
Le jour où je quittais les fonctions de maire intérimaire, que j’assumais après la mort de Guédé Guina, la recette journalière avoisinait les 2 millions Fcfa. Nous étions entre 45 et 50 millions par mois. Je ne sais pas à quoi les déclarations tapageuses de Kossougro répondent. Que se reproche-t-il pour s’adonner à ces exercices difficiles? Kossougro n’est pas un choix électoral de la population. Son passage l’a desservi et il le sait. Il a bénéficié du soutien du préfet d’alors. C’est ce dernier qui a fait de lui un candidat éligible pour l’aider à battre campagne pour Gbagbo Laurent à Daloa. Ayant accepté cette mission, il a perçu de l’argent pour acheter des conseillers municipaux du Rdr. 11 de nos 25 conseillers bien connus ont mordu à l’hameçon. Ceux-ci ont désobéi aux consignes de vote du parti et ont apporté leurs voix à celui qui a fait de notre président Alassane Ouattara, son ennemi juré, le maire de Daloa. Ils n’ont pas tenu compte non plus de l’illégitimité de Kossougro.

Depuis votre prise de fonction, le 20 juin 2011, vous êtes-vous déjà rencontrés ?
Kossougro est un frère. Je suis allé le trouver pour lui demander si je pouvais entrer en possession du véhicule de commandement du maire que je suis. Il m’a dit que le véhicule lui a été arraché par les Frci. Cette version est différente de celle contenue dans un courrier en réponse au mien, lui demandant de me remettre le véhicule. Dans ce courrier, il dit qu’il me le remettra lors de la passation de charges. Vous comprenez que nous ne savons pas où se trouve la vérité entre les deux déclarations de l’avocat. J’ose croire qu’il donnera des explications fiables au préfet et au ministre de l’Intérieur, auxquels il a fait ampliation de son courrier. Aussi, je viens d’apprendre qu’il a séjourné à Daloa, le week-end dernier, et qu’il aurait rencontré le préfet. Les rumeurs l’annonçaient même venu récupérer sa place à la mairie, le lundi 18 juillet. Mais, aux populations de Daloa, je dirais qu’il n’en est rien. La décision émane d’un gouvernement responsable et d’un ministre réfléchi. Elle a été prise après une étude des dossiers introduits par nos avocats pour dénoncer l’irrégularité de l’élection de Kossougro, le 18 novembre 2009. Donc, Kossougro n’est plus le maire de Daloa. Même la municipalité installée après son élection est caduque et des décisions seront prises à ce propos.

Interview réalisée par Bayo Fatim à Daloa
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