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Politique Publié le vendredi 19 août 2011 | L’expression

Tueries; traumatisme, usage des gris-gris....Dr Anoumatacky Madjara (psychiatre) ; «Cequ`il faut faire pour ne pas devenir fou"

A la suite de l’enquête que nous publiée hier, sur les fous de la guerre, nous sommes allés à la rencontre d’un spécialiste. Dans cette interview, Dr Anoumatacky Madjara, psychiatre-
psychothérapeute au Programme national de santé mentale donne des recettes pour éviter des troubles mentaux suites aux tueries, traumatismes et au port des gris-gris pendant la crise post-électorale.

Comment définit-on la folie ?

La folie est généralement décrite comme une maladie  de l`esprit. Il ya différent types de maladies mentales. En fonction des diagnostiques, nous avons des attitudes 
thérapeutiques qui sont adéquates. Mais généralement, on  va dire qu`un trouble mental c`est une pertubation soit de la pensée, soit de l’humeur soit du comportement d’un individu, 
parfois ce sont les trois qui sont perturbés ensemble. 


De façon générale, quelles sont les causes des troubles mentaux ?

On a identifié des causes génétiques ; c`est-à-dire la  transmission de parents à enfants,
des causes biologiques  (perturbations hormonales, des neurotransmetteurs) et des
causes psychologiques. Certains troubles mentaux sont des complications de maladies 
organiques,  ainsi, un palu peut  donner un tableau psychiatrique. Une fièvre typhoïde, la 
tuberculose et certains médicaments peuvent aussi engendrer des complications
psychiatriques. 

Après la crise post-électorale, on a observé des troubles psychiques chez certaines personnes. Il se raconte qu’elles ont été traumatisées par la guerre. En tant que spécialiste de la santé mentale, comment expliquez-vous cela ?

Les situations de violence telles que nous en avons connu durant la guerre, et même depuis 
1999, en confrontant  l’individu brutalement à des images difficiles, inhabituelles, 
ces violences viennent bousculer notre équilibre psychologique parce qu`elle nous renvoient à la notion de notre propre mort. Depuis décembre, on a souvent été confrontés  à la mort 
et ces images peuvent être source de perturbations donc de troubles mentaux. Dans le cas des  traumatismes psychiques, l`individu a été confronté à des scènes de guerre, de
bombardements, d`assassinats, d’irruption d`hommes armés dans les domiciles, les viols, etc
qui l’exposent à avoir ces images de façon répétitive, à revivre ces scènes comme si elles étaient en train de se dérouler. Ces images vont se présenter, de façon inopiné au bout d`un
certain temps comme si la situation était de nouveau présente.
A côté de cela, on va avoir des signed
des palpitations et le sentiment de peur invalidant  qui peut 
empêcher la personne de sortir. Celle-ci va éviter de passer 
dans
réveiller
niveau

personne
poser
relations interpersonnelles sont perturbées au niveau 
personnel et familial. Elle va avoir des troubles de sommeil 
car
sueur,
à
faisaient peu, vont abuser de l’alcool pour tenter d’oublier. 
Leur prise de toxique va augmenter. Ce sont des signes qui 
doivent
d’un individu.

 

Dans le cadre d’une enquête, nous avons découvert que des
jeunes qui ont brûlé leurs semblables sont devenus fous. Est-
il possible que ces actes conduisent leurs auteurs à la folie ?

Oui.
nous
qui est à l’initiative d’un acte de violence peut lui-même en 
subir les conséquences, il peut être traumatisé, perturbé. J’ai 
déjà
mais
les
personnes, rencontrer des spécialistes qui vont les aider à 
dépasser cela avant que ça ne se complique pour devenir une 
véritable maladie mentale.

 

Dans la culture africaine, on dit que c’est l’âme des victimes

qui vient tourmenter les criminels. En tant que spécialiste,
partagez-vous cet avis ?

 La psychiatrie c’est une discipline médicale. Ce que vous 
dites relève de des interprétations  culturelles. Il est vrai que 
nous
nous
de
C’est ce qui réveille chez lui ce genre de symptômes. La 
question de l’âme, je ne peux pas la nier car l’homme est le 
produit
de
pas
même des adultes qui ne supportent pas la vue d’un cadavre 
étaient protégés de cela par des rituels de purification. Que 
nous
ce
des
qui souffrent. Mais cela  n’est pas de notre ressort car nous 
sommes médecins et nous allons traiter ces cas en tant que 
médecins.

 

Il y a d’autres combattants qui ont utilisé des gris-gris
dont les interdits les ont rendus fous. En tant qu’africaine
d’abord et médecin psychiatre ensuite, pensez-vous que
l’usage de gris-gris peut conduire à la folie ?

Je
rendre

retombons dans la culture. C’est la compréhension que nous 
avons
transgression
Il
femme alors que ces personnes ont pu se rendre coupable 
de viol. Dans ce cas, le viol lui-même étant un acte grave, 
peut
a
sentiment
déboucher sur des troubles psychiques. Associée à cela, il 
y a eu beaucoup de consommation de toxiques tels que le 
cannabis
du
cerveau

 

Comment peut-on qualifier la situation des personnes qui,
dans leur folie, révèlent les crimes qu’ils ont commis ?

Difficile
Ce
morale, qui sont en détresse psychologique et il faudrait 
qu’on puisse les prendre en compte. Je reviens toujours sur la 
notion
préparé
tue
d’avoir raison. Beaucoup de ces personnes qui ont tués et 
brulés des gens n’avais jamais été confrontées à la violence 
comme
que

banales.
brutalement,soit le camp, quelque soit le désir d’arriver à cette guerre, une fois confrontée à la réalité on à tous pris conscience de notre fragilité d’humain. On a une espèce de sentiment  d’indestructibilité des sa dernière heure était arrivée.

Des années après la guerre, ces troubles peuvent-ils persister ?

En ce qui concerne le traumatisme psychique, 75 pour-cent des personnes peuvent 
s’en remettre au bout de 3 mois, ça va  s’amender. Mais certaines  personnes ont 
besoin d’être traitées  sinon le mal peut persister même 10 ans plus tard. Il faut les  aider.
s’agit de parler avec elle. Pour certains, une seule séance de psychothérapie  peut leur 
permettre de vider ce qu’elles ont et de reprendre le cours normal de leur vie. D’autres auront besoin d’être survies plus longtemps avec des médicaments. 

 

 

Est-ce que vous pensez que ces personnes peuvent guérir de leurs troubles mentaux ?

Absolument, je suis formelle là-dessus.

 

Combien de temps peut durer le traitement ?

Ça dépend du niveau et du type de trouble mental présenté. Mais le traitement va consister en l`administration de médicaments, mais surtout à des séances de psychothérapie. 
Ces séances, selon la technique, dureront en moyenne trois mois. Mais certaines personnesont besoin d’une seule séance  de psychothérapie pour guérir, Il suffit de parler avec elles,

 

Quelles sont vos conseils pour que les personnes qui ont
assisté à des scènes horribles ne soient pas frappées de
troubles mentaux ?

Elles doivent s`autoriser à parler de ce qu`elles ont vécu, à échanger en s`autorisant à ressentir les émotions. Elle doivent s’autoriser à avoir peur. Chaque fois que je dis cela, je pense aux hommes qui ont été très fragilisés au cours de cette  guerre, car ils ont été 
impuissants à protéger leurs familles, les  personnes qui leur sont chères. Et ça, c`est quelque chose qui est très douloureux à vivre, à supporter. Il faut se parler pour guérir
soit même, pour reconstruire la cohésion nationale et éviter qu’il y ait une autre guerre. 
Toutes les activités sociales  et ludiques qu’on peut mener sont très bonnes. Il faut avoir 
la capacité de se détendre et d`y prendre réellement goût.

Heureusement que ces troubles seront mineurs pour beaucoup de personnes et vont s`amender seuls avec le temps. Il ne faut pas empêcher les gens d’en parler. 
Ces personnes peuvent  aussi se rapprocher des  services de santé mentale pour qu’on 
puisse les aider même si elles pensent qu’elles ne sont pas  malades. 

 

Kra Bernard et Stéphane Assamoi
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