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Société Publié le lundi 21 novembre 2011 | Le Quotidien d’Abidjan

Carnet de voyage, Abidjan-Issia / Voyage au coeur d’ une zone en détresse

A la faveur de l’enterrement de feu Désiré Tagro Assignini, notre reporter a séjourné dans la région du Haut Sassandra pendant une semaine. Il raconte...
C’est le lundi 31 Octobre que nous quittons Abidjan, la capitale économique. Destination, Gabia, village de la Sous-préfecture de Saïoua, dans le département d’Issia, région du Haut Sassandra, doit se faire l’enterrement de l’ex-ministre de la Justice , puis de l’Intérieur de Laurent Gbagbo, avant d’occuper le Secrétariat général de la Présidence jusqu’à son assassinat le jour de la capture de celui qu’il a servi avec dévotion et loyauté le 11 Avril 2011. Après quelques coups de fil passés ça et là pour des réglages de dernière minute, nous arrivons à Adjamé, à la gare routière, qui n’a la nouvelle que de nom, comparativement à celle, plus ancienne, située sur l’emplacement de l’ancien cimetière de cette commune, anciennement ‘’Délégation d’Adjamé’’ dirigée par feu Joseph Attoungbré, un des plus fidèles compagnons de feu Félix Houphouët-Boigny, le père-fondateur de la République de Côte d’Ivoire. Pour la petite histoire, l’ancien cimetière d’Adjamé se situait juste derrière la gare Sotra, la société des transports abidjanais, en face de l’actuelle grande Mosquée, à l’emplacement des gares de nombreuses compagnies de transport terrestre qui desservent les régions à l’intérieur du pays. Déplacé pour cause d’installation d’une gare routière moderne dont le projet a fait long feu, le cimetière se retrouve aujourd’hui à ‘’Williams ville’’, à l’emplacement actuel. Puis fut lancée l’idée de construire une gare qui servirait aux autocars venus des régions Nord, Ouest et Est d’Abidjan d’y débarquer leurs passagers. D’où l’appellation ‘’nouvelle gare’’, devenue elle aussi ancienne depuis belle lurette.

Le transit par
Gagnoa ou ‘’Gôzô’’

C’est ici que nous embarquons à bord d’une compagnie de renommée nationale à destination de Gagnoa, la capitale de la région du Fromager. D’une part, pour des raisons purement familiales, cette cité étant un passage obligé pour les usagers à destination d’Issia, chemin moins long que celui passant par Yamoussoukro, et d’autre part, pour voir de plus près ce que des habitants de cette zone racontaient depuis l’arrivée des Forces républicaines de Côte d’Ivoire vers la fin du Mars 2011, quelques jours avant ‘’la capturation’’, pardon, la capture de Laurent Gbagbo, originaire d’ici. Il est 11 heures lorsque Madame Sagou Agathe, fille de feu Kouao Samuel, fondateur de la compagnie, une dame qui nous honore de son amitié, et responsable de la gare, nous remet le ticket, après lui avoir remis le montant correspondant, nous donnant accès à l’autocar, au grand énervement des nombreux passagers qui attendaient là, sous le préau, en rang. C’est cela, aussi, les avantages de l’amitié. Quatre heures et demie de route plus tard, nous voici dans la ‘’cité du Fromager’’, ou ‘’Gôzô’’, comme les Ivoiriens appellent Gagnoa, ou encore ‘’Tahiti’’, pour la simple raison qu’ici, les jeunes filles et les femmes rivalisent de beauté avec leurs sœurs de cette île des Caraïbes.

Début d’une mission
à relent nostalgique

Très tôt le matin du mardi 1er Novembre, le lendemain de notre arrivée à Gagnoa, donc, nous embarquons dans un véhicule de transport en commun appelé ici ‘’Massa’’ qui dit avoir pour destination Issia. C’est une fois au carrefour de Soubré, après Guessihio, village de la Commune de Gagnoa, Tchèdjélet ou ‘’carrefour de Kripahio’’ (village de Krékré Firmin, un des pontes du régime déchu, ex-Secrétaire général de l’ANSI), Niaprahio (village de Didier Drogba), Guibéroua, Gbassi (village réputé pour son efficacité dans le traitement des fractures des membres), Dignago (nouvelle Commune et Sous-préfecture de la région du Fromager et village natal de notre confrère Honoré Sépé), Golihoa, ‘’la scierie’’, pour ne citer que ces villages, que le conducteur et son apprenti nous apprennent qu’ils ne continuent pas avec nous. Ils négocient avec un de leurs collègues qui desservent la ligne d’Issia à partir de ce village pour nous transférer dans sa ‘’Massa’’. Malgré la colère, nous sommes obligés d’embarquer, puisque c’est l’habitude ici, nous apprend-on. Ceux venus de Guibéroua n’ont pas le droit de rentrer dans la ville d’Issia où ils pourraient payer une forte amende en cas de contrôle.

Issia, capitale
du Rocher

Une quinzaine de kilomètres plus tard, nous voici à Issia, ‘’capitale du rocher’’, ville où viennent en pèlerinage de nombreux Chrétiens de Côte d’Ivoire et d’ailleurs à ‘’la grotte Mariale’’, sur le rocher qui surplombe la ville et qui lui donne son nom. Il est, alors, 10 heures. Il faut trouver une chambre avant toute démarche pour un éventuel déplacement sur Gabia, objet de la mission. Ici, commencent des souvenirs d’enfance, puisque nous y avons passé quatre bonnes années de notre vie, d’Octobre 1975 à Juin 1979. Mais avant notre visite de la ville, nous rencontrons Mme Digbeu Juliette, animatrice à la radio de la ville, sur recommandation de personnes à Abidjan. Celle-ci, en charge de la vente du pagne de l’uniforme dans la ville, nous reçoit avec toute la bienveillance propre aux femmes ‘’Bété’’. Nous nous rendons, après notre brève entrevue, dans un hôtel de la ville où nous rencontrons deux principaux personnages dans l’organisation des obsèques du défunt ministre, notamment Mathurin, son frère cadet et ex-chargé de Mission, et le Capitaine de police Djodjo, un de ses cousins.

Nostalgie des années
collège, élèves…

Au Collège d’enseignement général, CEG, où nous avions été orienté après l’admission au concours d’entrée en sixième cette année-là, nous venions de nous souvenir que nous avions des camarades de classe qui, quelques années plus tard, sont devenus des cadres de ce pays : Soumahoro Inza (notre premier de classe, aujourd’hui Directeur général-adjoint de la SAFCA ), Youssouf Soumahoro ‘frère cadet de l’autre, un de nos nombreux cadets du CEG, devenu ministre de l’Enseignement Technique à la faveur de la formation du Gouvernement Seydou Diarra, après la signature de Linas Marcoussis en 2003, puis ministre du Commerce), Alain Lobognon (actuel ministre de la Jeunesse et du Service Civique, venu beaucoup plus tard après notre départ d’Issia), le Colonel des Douanes Bahin Lejeune (‘‘le bluffeur’’), le Lieutenant des Douanes Zadi Kouko Raphaël (toutes nos excuses au cas où son grade ne serait pas celui-là), Zézé Niégui Honoré (Ingénieur en Robotique), Marie-Louise Lébato (fille de feu Lébato Mimi Georges, bouillant et généreux Secrétaire général du Pdci puis Député à l’Assemblée nationale), Docteurs Gohou Jean-Paul (grand chirurgien dont le talent est reconnu partout en Côte d’Ivoire, aujourd’hui à l’Hôpital Méthodiste de Dabou), Koré Zadi Richard (chirurgien chef au CHR de Daloa), le Professeur Séry Bayé Roger (le petit poussin de toujours 12 ans, le spécialiste de la liaison, Enseignant émérite à l’INP-HB de Yamoussoukro), Commissaires de Police Lago Jean-Michel et Guibahi Kiérou Laurent, l’Avocate Kra Adjoua Jacqueline, N’Dri Kouamé Lucien (Trésorier-payeur à l’Institut de Cardiologie Félix Houphouët¨t-Boigny d’Abidjan), Vincent de Paul, Rose Mahi, Rose Nadaud (Institutrice, devenue Mme Djedjed),Yaméogo Koudougou Amélie, Kouassi Touvoly Luc (Luc’s umbrela), Gbébo Kinan Séraphin, Koné Anzoumana (au service de la télédétection au Bnetd) ‘’Tom Sawer’’, Tchaba Angaman Hubert (Baron de Castagnac, Armagnac de Drolignac, qui boit du cognac), Gounongbé Nazaire (actuel Secrétaire général de la Sifca ), Kipré Thérèse (devenue Mme Ayé), Ahoudjo Yao Barthélémy, Kipré Olga, Vincent de Paul Assi Attingré, Martine Touré (quelle histoire ?), Djoman Bonaventure, Bahi Tahoua Emmanuel, Piazza, Kabié Laciné, Kabié Marie-Claire, Koré Yazé Philippe, Gnandou Déazo Martine (Deafeu), Séry Lagouali Germaine, etc., pour ne citer que ceux-là, tous nous venaient en tête.
Administration
de l’époque…

Idem pour le ministre Bandama N’Guetta, qui était Sous-préfet, avant feu Dagobert Konan, le père de notre camarade Konan Amenan Julienne (elle était dans un des services de la Présidence de la République la dernière fois que nous nous rencontrions, en 1992). Nos directeurs, d’abord Monsieur Gara Diérénouon, puis Monsieur Akpa Lath Barnabé, grands formateurs, et leurs collaborateurs, les surveillants, Messieurs Labé, Boni, ‘’tonton’’ (ah ! le vieux, très pointilleux sur la tenue vestimentaire des élèves), Koudou, Soumahoro, Mlles Koné et Elisa (Garde pénitentiaire aujourd’hui), au secrétariat, etc., tous nous rendaient nostalgique. Et les professeurs, alors ? Désouter René (attention à ne pas écorcher l’écriture de son nom), Fontaine, Olivier et son épouse Pamela, feu Attingré Inzan Auguste (notre professeur d’Anglais qui créa le club d’anglais de la ville), Goli, Oka, Blaise, Zana, Karnon Bamba. Et tout, logiquement, un tour au CEG, devenu Lycée Moderne d’Issia aujourd’hui, nous fait comprendre que les choses avaient bien évolué ici. Devenue Commune de plein exercice depuis plus de 20 ans maintenant, la ville de Madame le Maire Adèle Dédi Tapé prenait ses marques. Et qu’Issia, cette coquette cité jadis envahie par les ruraux tous les vendredis, le jour du marché ou ‘’djouma’’, jour de grande animation avec l’orchestre ‘’Ahizé Pitiki’’, installé au sein de l’unique bar-dancing du coin, propriété d’une grande exploitante forestière, feue Mme Yao Hélène, n’était plus la même ville. Le Monument dédié aux morts de la guerre 1939-1945 abrite désormais les bureaux de la Préfecture du département, juste à côté des bureaux de la Sous-préfecture. Le petit hôpital situé à Issia 2, à la sortie de la ville à destination de Daloa, s’est retrouvé entouré de quartiers, jusqu’à Kiprégogoua, village de Madame Alexise Gogoua, sœur aînée de notre éminent aîné, aussi bien en âge que dans le métier, Raphaël Oré Lakpé que nous saluons au passage.


…et un tour de la ville

Le Hall d’information, la plus grande salle de spectacle de l’époque, avec une capacité de moins de 500 places, est devenue ‘’la salle des fêtes de la Mairie ’’, Issia étant devenue Commune de plein exercice depuis 1990, avec comme tout premier Magistrat le ministre Alphonse Bissouma Tapé, anciennement en charge du département de la Jeunesse et des Sports d’un des Gouvernements Houphouët. La plus grande agence de banque de l’époque, la SGBCI , est devenue l’ombre d’elle-même, quand les bureaux de la poste, dont le père de Youssouf Sow, notre aimable camarade de classe, était le receveur demeure à son ancien emplacement. Des pharmacies modernes ont remplacé l’unique dépôt de pharmacie tenue à l’époque par feu Jacques Agnès, un ancien exploitant forestier établi à Issia où il a fait de nombreux enfants avec l’une de ses épouses, Bété (tante de Barthélemy Inabo Zouzoua). L’unique salle de cinéma de la ville a fait place à une Eglise Evangélique, de même que les bureaux de la direction des TP occupés aujourd’hui par les Frci basées à Issia, sous le commandement du chef Doumbia, natif d’un des villages de la Commune.

La résidence de Désiré Tagro saccagée

Les locaux du service vétérinaire sont devenus la direction départementale de la Santé d’Issia, et la Radio locale, qui occupe les anciens locaux de la Construction , émettent depuis Issia 1, non loin de l’école primaire du même nom. C’est en face de cette école, à l’emplacement de l’ancien hôtel-bar-restaurant ‘’le Sipo’s bar’’ et de la boulangerie située juste à l’arrière plan, en bordure de la voie principale qui traverse la ville du Sud au Nord, que feu Désiré Tagro a bâti sa résidence de cette ville. Celle-ci, en même temps que la pharmacie, située du côté gauche de la voie en venant du quartier ‘’commerce’’, a été entièrement pillée et détruite par une horde de militants du Rdr, selon des sources concordantes de la ville. Il aura fallu aux Frci, selon les mêmes sources, de déployer les grands moyens pour venir à bout de la haine dévastatrice des voyous.


Un seul cybercafé …
sans connection, pour une si grande ville

Un autre tour de la ville nous conduit à l’ancienne gare de Saïoua, où se trouve un cybercafé afin d’envoyer ‘’les premiers papiers’’ à la rédaction. Bien qu’ouvert en cette journée de la fête de Toussaint, le tenant du petit établissement nous fait savoir que marchant avec une clé USB d’une compagnie de téléphonie mobile de la place, aucune connection n’est possible, puisque celle-ci a des problèmes que ‘’je ne comprends pas’’, se défend-il. Un petit mensonge utile pour maintenir le probable futur client que nous constituons, au regard de notre ‘’arsenal de travail’’ qu’il vient de voir (le dictaphone bien mis en évidence, plus pour effets que pour la retranscription d’une interview qui n’existait pas encore). Sait-on jamais, la nuit tombe bientôt, et une jeune fille pourrait être influencée par ‘’la découverte’’. Ça n’a pas tardé, effectivement. Passons les détails (‘’on ne dit jamais sa source d’information’’, surtout pour un vieux briscard du métier). Passons, donc.


Un article de presse
écrit par sms

Ne sachant pas à quel Saint me vouer, avec un rédacteur en chef qui appelle toutes les cinq minutes (éééh ! Okoué ; toi aussi. Pour avoir son papier, nous nous résolvons à arrêter la visite, et à commencer la rédaction du ‘’papier’’ sur notre téléphone portable. Par ‘’sms’’, nous envoyons le texte à Jonas, un collaborateur à la rédaction à Abidjan, chargé de le reproduire. Il est 21 h 30 mns. Ouf ! On peut se reposer, si d’autres besoins ne se faisaient pas sentir. Malgré tout, il faut reprendre des forces pour être d’aplomb le lendemain.
Mercredi 2 Novembre. Nous sommes sur pieds dès 6 heures. La journée semble être longue, puisque c’est ce jour-là que nous décidons de nous rendre à Gabia. Une fois dehors, un appel d’urgence nous convoque, presque, à Daloa, à 45 mns de route, par une autorité politique de la région, où il exerce. C’est d’ici que, après des échanges fructueux, nous rédigeons nos ‘’papiers’’ du jour, cette fois-ci dans un cybercafé bien équipé. Monsieur Dogbo Georges, ancien correspondant de ‘’la voie’’, puis ‘’notre voie’’, respectivement à Aboisso et Bouaké où nous sommes rencontrés, actuel Directeur régional de l’éducation nationale, DREN, du Haut Sassandra, nous aura, aussi, entretenu, au cours de la journée. Un des plus proches collaborateurs du ministre Tagro sur le terrain politique à Issia, il nous aura été d’un apport utile pour la bonne compréhension des évènements dans le département. Il était presque minuit lorsque nous avons retrouvé notre chambre à Issia.


Gabia, village natal de feu Désiré Tagro, avant l’arrivée
du corps

Jeudi 3 Novembre, veille de l’arrivée du corps de l’illustre disparu. C’est, finalement, ce jour-là que nous nous rendons à Gabia. Gabia, village cosmopolite, à l’image de la quasi-totalité des villages du Sud forestier de la Côte d’Ivoire, vit des moments difficiles à cause de l’approche d’un évènement qui s’annonce inoubliable. Malgré cela, le village vit au rythme de ce jour de marché. Moins achalandé que d’habitude, comme nous l’indiquera Djodjo Clément, frère cadet du Capitaine Djodjo, notre guide que nous a confié l’ami, le frère Djodjo depuis l’hôtel Agip, à Issia où nous rencontrions deux jours plus tôt, par simple coup de fil, le marché grouille de son monde. Des femmes et des hommes, Malinké, venues d’Issia et de Saïoua pour la plupart, vantent les qualités de leurs marchandises. Nous y sommes arrivé par un véhicule ‘’Dyna’’ que nous avons emprunté au carrefour où nous a laissé le premier qui nous transporté d’Issia, aux environs de 8 h 30 mns, comme nous avions quitté notre chambre dès 6 heures comme nous l’a conseillé Clément que nous avons appelé la veille.


Visite d’un village presqu’en ruine

Avec la générosité qui le caractérise, Clément Djodjo Mahi et sa charmante épouse nous reçoivent dans la pure tradition ‘’Bété’’, avec de l’eau et de la banane braisée, accompagné d’un peu de piment en poudre, avant de demander ‘’les nouvelles’’. De toutes les façons, l’homme connaissait l’objet de notre visite dans le village avant notre arrivée, puisque son frère le lui avait dit au téléphone deux jours plus tôt. Une bouteille de vin, qui avait été réservée par notre hôte, a même été entamée aux trois quarts pendante bref mais copieux petit déjeuner. Après quoi nous visitons le village. Première escale, le domicile du chef du village, qui nous accueille avec ‘’toute la considération due à notre rang’’ -qui va se négliger ?- (voir le compte-rendu du vendredi 5 Novembre 2011). Ensuite chez le président des jeunes, Djodjo Guédé Hervé, qui nous retrace les effroyables journées que son village a vécues dès l’annonce du décès du ministre Tagro. Il ressort de ses explications que, traqués par les allogènes et étrangers du village, ils ont dû passer plus de trois mois en pleine brousse avant de revenir au village. Sa maison a été incendiée, puis les installations électriques sectionnées, à l’instar de nombreuses autres des autochtones, par les assaillants qui, non satisfaits de leur forfait, continuent d’alerter les FRCI basées à Saïoua, pour peu qu’ils se disputent. Quand ces dernières arrivent, c’est toujours du côté des étrangers qu’elles se mettent. Malgré tout, Hervé dit ne pas avoir de ressentiment à l’endroit de leurs hôtes qu’il demande à tous les jeunes de Gabia et de tous les autres du département, et partant, de toute la région de tolérer, étant appelés à vivre ensemble pendant encore longtemps. Idem chez les autres que nous avons rencontrés.

De la viande
de python au menu

De retour à la maison, l’épouse de Clément nous réservera une surprise de taille : un bon plat de riz fumant nous attend, avec dans la sauce de la viande de python. Viande certes délicieuses, mais que votre serviteur mangeait pour la première fois, donc, avec beaucoup d’appréhension que nous n’avons pas voulu faire apercevoir par le généreux couple. Nous en avons même redemandé pour montrer notre caractère d’aventurier, prêt à se nourrir avec tout ce qui lui tombe sous la dent.
A Gabia, depuis la nuit du mercredi 2 Novembre, les populations avaient commencé ‘’les funérailles’’ de feu Tagro. Les ressortissants du village ont dû abandonner leurs maisons aux nombreux visiteurs. Les buvettes, notamment ‘’le banguidrôme’’, ‘’le tchapalodrôme’’ les boutiques tenues par des Burkinabés et les lieux de vente de la bière et du vin rouge ne désemplissaient pas à notre passage. Votre serviteur s’est même abreuver au ‘’tchapalo’’, pour faire ‘’in’’ dans le village. Déjà 14 heures, et il faut revenir en ville. La peur au ventre, peur de ne pas avoir de connection dans l’unique cybercafé de la ville, nous empruntons à nouveau une ‘’Dyna’’ garée au marché. La longue attente des passagères, qui repartaient en ville après la vente, a été mise à profit pour ‘’un bon p’tit som’’. Même la chaleur qui nous faisait transpirer à grosses gouttes, à l’intérieur du véhicule où nous avons pris place pour espérer voyager, ne pouvait résister à la fatigue due aux nombreux déplacements depuis notre départ d’Abidjan, mais surtout des séances de coude en l’air auxquelles nous nous sommes adonnés dans le village, avec un Clément généreux en vin de table.


Enfin, le cybercafé ouvert !

Heureusement, nous trouvons le cybercafé ouvert, mais il nous faut faire vite, puisque les deux jeunes gérants que nous avons trouvés sur place ferment, impérativement, à 19 heures précises. Sécurité oblige. L’unique poste en état de fonctionnement étant occupé par une jeune élève, se préoccupant de retrouver le site internet du ministère de l’Education nationale afin de vérifier la réussite de son transfert d’Akoupé à Issia, nous nous sommes mis au travail à 17h, et nous avons, quand même, débordé un peu, ayant expédié ‘’les papiers’’ à 19 h 20 mns. Un frère aîné, Madou Séri Joseph, Adjudant-chef de police à la retraite installé dans la ville qui nous accueilli, nous reçoit à la terrasse de sa villa, où son épouse Simone (‘’Simca’’ pour les intimes) nous a réservé un repas copieux fait de riz local et de la bonne sauce graine aux asperges, en somme, un plat du village pour un dîner bien arrosé, avant de regagner notre chambre pour un repos bien mérité.


Arrivée de la
dépouille du ministre Tagro et veillée
à Gabia

C’est vendredi 4 Novembre, jour de marché de la ville d’Issia qui a gardé l’habitude malgré le semblant de modernité que gagne la ville. Plus par son étendue que par la qualité des bâtisses. L’effervescence ici n’a rien à avoir avec l’arrivée du corps de feu Désiré Tagro qui, dans le programme des organisateurs, passera par Yamoussoukro pour traverser respectivement les villes de Sinfra et Saïoua avant d’arriver à Gabia. Aucune escale n’est, donc, prévue à Issia où le défunt compte pourtant de nombreux amis et sympathisant qui, pris de peur avec la folle rumeur de bagarres dans le village, n’ont eu que leurs yeux pour pleurer. Et se résigner. A la gare du village où nous arrivons à 16 heures, après avoir pris soin de prendre deux exemplaires de ‘’le Quotidien d’Abidjan’’, numéro dans lequel paraissaient les propos de la veille du chef du village et le reportage, nous prenons place au milieu d’une famille composée d’une jeune dame, Ouakoubo Annick-Olga Mireille, comme nous apprendrons plus tard ses nom et prénoms, notre voisine immédiate, sa mère, sa tante, son oncle et son frère cadet, venus de Gagnoa pour assister aux obsèques.


Notre reporter échappe à la mort…
à cause d’un
chauffard

Partis de la gare aux environs de 17 h une fois toutes les places de la vieille ‘’Dyna’’ occupées, nous parcourons la voie bitumée sans aucun problème. C’est une fois sur la piste, qui mène au village de Gabia, après quelques trois kilomètres, que le conducteur, de 25 ans environ, calle le moteur à la montée de la côte juste avant le campement de Golikro, un grand campement d’allogènes Baoulés. Un talus a arrêté la folle course à reculons du véhicule qui partait tout droit dans le décor, manquant ainsi de renverser tous ses passagers. ‘’Désiré Tagro veut aller avec des gens’’, s’écriaient nos vieilles compagnes. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal, et le voyage pouvait continuer, avec pour consignes données au conducteur de nous faire descendre à l’approche de chaque côte. Nous sommes, finalement arrivé à Gabia à 21 heures, pour une distance de moins de trente kilomètres depuis la ville d’Issia. Le corps arrivé beaucoup plus tôt avant nous était exposé sur la place publique, ou ‘’place Ficgayo’’ du village (voir numéro du mardi 8 Novembre pour le reportage sur l’enterrement du ministre Désiré Tagro). Mais, quelle nuit de veillée funéraire !

Retour sans
problème à Abidjan

De retour du village, samedi 5 Novembre après l’enterrement qui s’est effectué à 14 heures, il fallait regagner Abidjan. Seulement, gagné par la fatigue, et lundi 7 Novembre, lendemain de la fête de Tabaski, ayant été déclaré férié, nous pouvions regagner la ville de Gagnoa pour y rester le week-end durant, en famille. Cela s’est passé dimanche après-midi, après une nuit de repos à Issia. Prévu pour ce lundi-là, le voyage retour n’a pu se faire que mardi midi, la journée de lundi ayant servi à la rédaction ‘’des papiers’’ dans un cybercafé de la capitale de la région du Fromager. Qui plus est, ici, la principale compagnie de transport dirigée par notre amie ne lance plus de véhicule après 17 heures, pour raison de sécurité. Surtout qu’une pluie s’est abattue sur la ville aux environs de 16 heures, rendant la chaussée glissante, toute chose qui ne pouvait nous rassurer.
J.C. envoyé spécial à Issia
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