. Ce qu'il pense de la réconciliation
. Ses projets avec son nouveau groupe
Au détour du conclave des jeunes patriotes en exil, qui s'est tenu le samedi 19 novembre dernier à Accra, nous avons rencontré Paul Mady's le lendemain dimanche 20 novembre, dans un supermarché à Osu, le quartier des affaires (à l'image du Plateau à Abidjan) de la capitale ghanéenne. L'artiste-chanteur engagé en Côte d'Ivoire dans la résistance patriotique sous le régime de l'ex-président Laurent Gbagbo, explique sa nouvelle vie d'exilé, ses activités musicales et ses projets artistiques. Entretien.
Paul Mady's, on est heureux de vous retrouver. Comment se porte l'auteur de la célèbre chanson «Arrêtez, ne détruisez pas mon pays !», 7 mois après la crise post-électorale ?
Paul Mady's: Ça va, vous voyez bien que ça va...
En effet, puisque nous constatons effectivement que vous avez pris de l'embonpoint (il a les joues bien remplies). On peut donc dire que l'exil vous réussit très bien...
(Rires). Oui, moi je prends l'exil du bon côté. Je me porte très bien dans la tête, dans le corps et dans l'esprit par la grâce de Dieu. Dans la vie, il faut toujours prendre tout ce qui vous arrive avec philosophie et voir le côté positif des choses, bonnes ou mauvaises. En tout cas moi, c'est ce que je fais.
Où se cache Paul Mady's et depuis combien de temps êtes-vous en exil ?
Moi, j'ai pris le chemin de l'exil le jour de la chute du président Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, après le coup d’État effectué par la France en Côte d'Ivoire. Je ne me cache pas, je vis ici au Ghana, entre Accra Takoradi et Kumassi où je continue de mener ma carrière d'artiste-musicien-chanteur. Je donne des concerts de temps à autre.
Justement, qu'avez-vous déjà fait ici au Ghana comme activités sur le plan musical?
Ici, il faut dire que tout est positif pour moi. Si vous allez sur mon Facebook, vous verrez tout ce que j'ai déjà réalisé ici sur le plan musical et artistique. Je peux résumer pour dire que j'ai fait plusieurs concerts ici. J'ai donné un live au High Vibes Festival, et bien avant cela, j'ai donné un autre concert live à l'Alliance Française. Maintenant je ne fais que du live, je ne fais plus de play-back. J'ai donné un autre live à l'American House, qui est un grand centre artistique et culturel ici au Ghana. Ici, j'ai monté une bande (band, un groupe musical en anglais, ndlr) qu'on appelle le Tigballa Voice( la Voix du Tambour), composé de jeunes musiciens ivoiriens très talentueux. Vous savez que jadis nos parents utilisaient le tam-tam parleur pour communiquer. Donc c'est ce symbole que j'ai voulu traduire ici pour me faire entendre et passer mes messages.
Que prépare Paul Mady's depuis l'exil ?
Avec le ''Tigballa Voice'', on tourne beaucoup. Et nous préparons un concert pour bientôt au Cameroun, avant la Noël. Donc musicalement, je tourne et cette situation m'a permis de m'aguerrir et de créer ma propre bande; ce que je n'avais pas en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, j'ai pris ma carrière en main et tout se passe bien. Je suis même en train de préparer mon prochain album; il va comporter 14 titres. Je vais taire le nom de l'album pour le moment, mais nous sommes en train de travailler d'arrache-pied là-dessus, et les Ivoiriens l'auront pour très bientôt. Je peux dire juste avant les fêtes de fin d'année. Mais il faut dire aussi que j'ai déjà sorti un single pour occuper l'espace ici, et le titre c'est ''Hymn for Peace'', ''Hymne à la Paix''. Et je peux vous dire que ça cartonne dans les radios et télévisions d'ici, et j'ai même été invité à deux ou trois reprises sur des plateaux de télévision où je me suis produit.
En Côte d'Ivoire, la réconciliation nationale est en marche, et les artistes sont beaucoup sollicités dans ce sens. Ils ont même déjà initié plusieurs caravanes de réconciliation. Quelle est votre contribution pour réconcilier les Ivoiriens ?
Merci, mais de quelle réconciliation parlez-vous ? Moi, je ne pense pas qu'il y ait une réconciliation en Côte d'Ivoire. Et puis ces caravanes, elles réconcilient qui ? Parce que quand on parle de réconciliation, c'est qu'il y a deux entités qui sont opposées. Pour qu'il y ait une vraie réconciliation dans notre pays, il faut faire rentrer tous les Ivoiriens qui sont en exil, libérer tous les prisonniers à commencer par le président Laurent Gbagbo, mettre fin aux arrestations arbitraires auxquelles on assiste tous les jours, etc. C'est à cette seule condition qu'on pourra s’asseoir ensemble, se parler, parler de la réconciliation vraie et sceller la paix dans notre pays. Sinon ce qu'ils font en ce moment est un semblant de réconciliation; c'est de la poudre aux yeux. Les gens font toutes ces caravanes pour faire sortir de l'argent des caisses de l’État, pour se faire un peu de blé (de l'argent, ndlr).
Pour quand envisagez-vous votre retour au pays ?
Pour bientôt, si la paix et la sécurité véritables reviennent en Côte d'Ivoire. Si le président Laurent Gbagbo est libéré, je pense que cela va accélérer les choses pour le retour des exilés qui sont ici et un peu partout dans la sous-région.
Avez-vous un message à l'endroit de vos compatriotes exilés et des Ivoiriens ?
Les patriotes exilés ont mis en place une Coalition et c'est une très bonne chose. Cela va nous permettre de raffermir nos liens de fraternité, de solidarité et d'entraide parce que nous venons du même pays et nous vivons les mêmes difficultés ici en exil. Ce que je peux leur dire, c'est de ne pas négliger ou oublier le rôle de l'art et de la culture dans toutes leurs actions pour notre existence ici et notre retour au pays. Si vous regardez le monde d'aujourd'hui, c'est par l'art et la culture que les grands pays tels que les États-Unis, l'Inde, la Chine, etc se sont développés. Donc je leur demande de mettre les artistes au centre de leurs préoccupations et de leurs combats. A mes frères Ivoiriens restés au pays, je leur demande de tenir bon. Car nous allons célébrer bientôt ensemble la victoire de la Côte d'Ivoire libérée, unie et prospère.
Entretien réalisé par Anassé ANASSE
(Envoyé spécial à Accra, au Ghana)
. Ses projets avec son nouveau groupe
Au détour du conclave des jeunes patriotes en exil, qui s'est tenu le samedi 19 novembre dernier à Accra, nous avons rencontré Paul Mady's le lendemain dimanche 20 novembre, dans un supermarché à Osu, le quartier des affaires (à l'image du Plateau à Abidjan) de la capitale ghanéenne. L'artiste-chanteur engagé en Côte d'Ivoire dans la résistance patriotique sous le régime de l'ex-président Laurent Gbagbo, explique sa nouvelle vie d'exilé, ses activités musicales et ses projets artistiques. Entretien.
Paul Mady's, on est heureux de vous retrouver. Comment se porte l'auteur de la célèbre chanson «Arrêtez, ne détruisez pas mon pays !», 7 mois après la crise post-électorale ?
Paul Mady's: Ça va, vous voyez bien que ça va...
En effet, puisque nous constatons effectivement que vous avez pris de l'embonpoint (il a les joues bien remplies). On peut donc dire que l'exil vous réussit très bien...
(Rires). Oui, moi je prends l'exil du bon côté. Je me porte très bien dans la tête, dans le corps et dans l'esprit par la grâce de Dieu. Dans la vie, il faut toujours prendre tout ce qui vous arrive avec philosophie et voir le côté positif des choses, bonnes ou mauvaises. En tout cas moi, c'est ce que je fais.
Où se cache Paul Mady's et depuis combien de temps êtes-vous en exil ?
Moi, j'ai pris le chemin de l'exil le jour de la chute du président Laurent Gbagbo, le 11 avril 2011, après le coup d’État effectué par la France en Côte d'Ivoire. Je ne me cache pas, je vis ici au Ghana, entre Accra Takoradi et Kumassi où je continue de mener ma carrière d'artiste-musicien-chanteur. Je donne des concerts de temps à autre.
Justement, qu'avez-vous déjà fait ici au Ghana comme activités sur le plan musical?
Ici, il faut dire que tout est positif pour moi. Si vous allez sur mon Facebook, vous verrez tout ce que j'ai déjà réalisé ici sur le plan musical et artistique. Je peux résumer pour dire que j'ai fait plusieurs concerts ici. J'ai donné un live au High Vibes Festival, et bien avant cela, j'ai donné un autre concert live à l'Alliance Française. Maintenant je ne fais que du live, je ne fais plus de play-back. J'ai donné un autre live à l'American House, qui est un grand centre artistique et culturel ici au Ghana. Ici, j'ai monté une bande (band, un groupe musical en anglais, ndlr) qu'on appelle le Tigballa Voice( la Voix du Tambour), composé de jeunes musiciens ivoiriens très talentueux. Vous savez que jadis nos parents utilisaient le tam-tam parleur pour communiquer. Donc c'est ce symbole que j'ai voulu traduire ici pour me faire entendre et passer mes messages.
Que prépare Paul Mady's depuis l'exil ?
Avec le ''Tigballa Voice'', on tourne beaucoup. Et nous préparons un concert pour bientôt au Cameroun, avant la Noël. Donc musicalement, je tourne et cette situation m'a permis de m'aguerrir et de créer ma propre bande; ce que je n'avais pas en Côte d'Ivoire. Aujourd'hui, j'ai pris ma carrière en main et tout se passe bien. Je suis même en train de préparer mon prochain album; il va comporter 14 titres. Je vais taire le nom de l'album pour le moment, mais nous sommes en train de travailler d'arrache-pied là-dessus, et les Ivoiriens l'auront pour très bientôt. Je peux dire juste avant les fêtes de fin d'année. Mais il faut dire aussi que j'ai déjà sorti un single pour occuper l'espace ici, et le titre c'est ''Hymn for Peace'', ''Hymne à la Paix''. Et je peux vous dire que ça cartonne dans les radios et télévisions d'ici, et j'ai même été invité à deux ou trois reprises sur des plateaux de télévision où je me suis produit.
En Côte d'Ivoire, la réconciliation nationale est en marche, et les artistes sont beaucoup sollicités dans ce sens. Ils ont même déjà initié plusieurs caravanes de réconciliation. Quelle est votre contribution pour réconcilier les Ivoiriens ?
Merci, mais de quelle réconciliation parlez-vous ? Moi, je ne pense pas qu'il y ait une réconciliation en Côte d'Ivoire. Et puis ces caravanes, elles réconcilient qui ? Parce que quand on parle de réconciliation, c'est qu'il y a deux entités qui sont opposées. Pour qu'il y ait une vraie réconciliation dans notre pays, il faut faire rentrer tous les Ivoiriens qui sont en exil, libérer tous les prisonniers à commencer par le président Laurent Gbagbo, mettre fin aux arrestations arbitraires auxquelles on assiste tous les jours, etc. C'est à cette seule condition qu'on pourra s’asseoir ensemble, se parler, parler de la réconciliation vraie et sceller la paix dans notre pays. Sinon ce qu'ils font en ce moment est un semblant de réconciliation; c'est de la poudre aux yeux. Les gens font toutes ces caravanes pour faire sortir de l'argent des caisses de l’État, pour se faire un peu de blé (de l'argent, ndlr).
Pour quand envisagez-vous votre retour au pays ?
Pour bientôt, si la paix et la sécurité véritables reviennent en Côte d'Ivoire. Si le président Laurent Gbagbo est libéré, je pense que cela va accélérer les choses pour le retour des exilés qui sont ici et un peu partout dans la sous-région.
Avez-vous un message à l'endroit de vos compatriotes exilés et des Ivoiriens ?
Les patriotes exilés ont mis en place une Coalition et c'est une très bonne chose. Cela va nous permettre de raffermir nos liens de fraternité, de solidarité et d'entraide parce que nous venons du même pays et nous vivons les mêmes difficultés ici en exil. Ce que je peux leur dire, c'est de ne pas négliger ou oublier le rôle de l'art et de la culture dans toutes leurs actions pour notre existence ici et notre retour au pays. Si vous regardez le monde d'aujourd'hui, c'est par l'art et la culture que les grands pays tels que les États-Unis, l'Inde, la Chine, etc se sont développés. Donc je leur demande de mettre les artistes au centre de leurs préoccupations et de leurs combats. A mes frères Ivoiriens restés au pays, je leur demande de tenir bon. Car nous allons célébrer bientôt ensemble la victoire de la Côte d'Ivoire libérée, unie et prospère.
Entretien réalisé par Anassé ANASSE
(Envoyé spécial à Accra, au Ghana)