Abidjan sent déjà l’ambiance des fêtes. Les rues et les magasins portent déjà les couleurs. Après la crise postélectorale, les Ivoiriens sont à pied d’œuvre pour fêter dignement Noël et le Nouvel an.
Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Après le réveillon de Noël des tout-petits le 24 décembre, les Ivoiriens célèbreront la Saint Sylvestre le 31 décembre. Avec les événements douloureux qui ont secoué le pays, beaucoup d’Ivoiriens attendent impatiemment ces fêtes pour tourner définitivement la page sombre. Tuo Yolande gère un salon de coiffure à Yopougon. «Noël c’est pour les enfants, mais le 31 décembre, c’est pour nous autres. J’ai déjà acheté mes habits de fête et les chaussures depuis fin novembre. Quand tu attends les derniers jours pour le faire, cela te revient plus cher. Avec 10.000 Fcfa, j’ai eu tout ce dont j’ai besoin. Cela est nécessaire pour finir l’année en beauté », explique-t-elle. Pour Coulibaly Lassina, enseignant de Français au collège moderne du Plateau, cette année, les fêtes auront une signification plus profonde. Ses enfants, indique-t-il, sont venus exceptionnellement le voir pour lui demander d’organiser une petite cérémonie réunissant parents et amis. «Ils m’ont dit que c’était une grâce divine qu’on soit tous sortis vivant de la crise postélectorale. Surtout que nous habitons le quartier ‘’Base Cie’’ à Yopougon où nous avons vu des choses terribles. Mes enfants pensent donc qu’on doit bien fêter et mieux que l’année précédente. Ils n’ont pas pensé à l’argent que cela allait me coûter. Actuellement, je réfléchis, car les poches sont vides après la rentrée et la Tabaski», confie-t-il. Du côté des magasins et des supermarchés, l’heure est à la fête. La grande surface Chic Shop d’Adjamé mosquée est décorée de guirlandes et de sapins, les clients visitent les rayons de jouets . Mais les caddies et les paniers sont remplis de guirlandes et d’objets nécessaires à la décoration des sapins. A la question de savoir pourquoi les cadeaux ne sont pas encore pris, la majorité des parents répondent qu’ils attendent les soldes. Au froid industriel, les parents ne ménagent pas d’efforts pour faire plaisir à leurs progénitures. Voitures géantes, poupées grandeur nature et autres objets remplissent les caddies et de longues files de clients devant les caissières. «On sent Noël et les parents affluent. Mais par rapport aux années passées, les parents sont hésitants. Il y a un de nos clients qui me laisse toujours un peu d’argent quand je l’aide à porter ses bagages jusqu’à sa voiture. Mardi, il a pris des jouets et il n’a pas hésité sur la somme à me donner. C’est comme par le passé, il n’y a aucun changement », explique-t-elle. Silué F., cadre dans une entreprise, explique que ces deux derniers enfants ont déjà écrit leurs lettres au père Noël depuis longtemps.
La peur et le manque d’argent, un frein
Si beaucoup d’Ivoiriens sont dans l’ambiance des fêtes et enthousiastes, certains sont encore hésitants. K. Martin, 57 ans, père de cinq enfants ne cache pas son inquiétude. Il estime qu’il est encore tôt pour fêter et se réjouir, car les blessures du passé ne sont pas encore totalement refermées. «Nous qui avons perdu des êtres chers ne pouvons pas fêter. Je ne le dis pas seulement par rapport à moi, mais à tous ceux qui ont perdu des êtres chers durant cette crise. On n’a pas encore fini de se réconcilier », évoque-t-il. Si pour Martin, les évènements récents et douloureux sont un frein à la célébration des fêtes, Tanoh A., instituteur, préfère prendre son temps et attendre la fin des élections législatives. Pour lui, la tension est trop vive pour parler de fêtes ou faire des préparatifs. « Quand on prend un journal, c’est écrit que les militants des différents partis sont au bord de l’affrontement. J’ai très peur », explique-t-il. Le manque d’argent constitue aussi un frein pour certains qui ne pourront pas célébrer Noël et la Saint Sylvestre comme ils le souhaitent. K. S, enseignante de physiques au lycée technique de Cocody, confie qu’il ne lui reste plus rien après l’inscription de sa fille en classe de 6ème au lycée Sainte Marie de Cocody. Cette mère de famille explique qu’elle a dû débourser énormément d’argent pour les frais de scolarité, l’uniforme et les fournitures. « J’avoue que j’ai été prise au dépourvu. Je ne m’attendais pas à tous ces frais. Il m’a été demandé de payer des maillots de bain pour ma fille, du matériel pour des cours de cuisine et j’en passe. J’ai tout acheté pour ne pas qu’elle soit complexée vis-à-vis de ses camarades qui auront toutes leurs fournitures. Les deux autres en classes de Cm1 et Cp1 sont au Groupe Rodin de Yopougon et avec les inscriptions et les fournitures, nous avons dépensé environ 500.000 Fcfa mon mari et moi. Il n’y a plus d’argent. On attend de voir, Noël et le nouvel an ne sont pas des priorités, on peut manger juste deux poulets », estime-t-elle. Une vision partagée par Yolande Kouamé. Elle explique que chaque 30 décembre depuis qu’elle a eu le Bepc, son père lui remet la somme de 10.000 Fcfa pour les fêtes. « Dans ces conditions, il faut que je coure dans tous les sens pour avoir quelque chose à me mettre. Car l’argent qu’il donne n’est pas suffisant, ce sont mes économies que je prends pour compléter », confie-t-elle.
Napargalè Marie
Les fêtes de fin d’année approchent à grands pas. Après le réveillon de Noël des tout-petits le 24 décembre, les Ivoiriens célèbreront la Saint Sylvestre le 31 décembre. Avec les événements douloureux qui ont secoué le pays, beaucoup d’Ivoiriens attendent impatiemment ces fêtes pour tourner définitivement la page sombre. Tuo Yolande gère un salon de coiffure à Yopougon. «Noël c’est pour les enfants, mais le 31 décembre, c’est pour nous autres. J’ai déjà acheté mes habits de fête et les chaussures depuis fin novembre. Quand tu attends les derniers jours pour le faire, cela te revient plus cher. Avec 10.000 Fcfa, j’ai eu tout ce dont j’ai besoin. Cela est nécessaire pour finir l’année en beauté », explique-t-elle. Pour Coulibaly Lassina, enseignant de Français au collège moderne du Plateau, cette année, les fêtes auront une signification plus profonde. Ses enfants, indique-t-il, sont venus exceptionnellement le voir pour lui demander d’organiser une petite cérémonie réunissant parents et amis. «Ils m’ont dit que c’était une grâce divine qu’on soit tous sortis vivant de la crise postélectorale. Surtout que nous habitons le quartier ‘’Base Cie’’ à Yopougon où nous avons vu des choses terribles. Mes enfants pensent donc qu’on doit bien fêter et mieux que l’année précédente. Ils n’ont pas pensé à l’argent que cela allait me coûter. Actuellement, je réfléchis, car les poches sont vides après la rentrée et la Tabaski», confie-t-il. Du côté des magasins et des supermarchés, l’heure est à la fête. La grande surface Chic Shop d’Adjamé mosquée est décorée de guirlandes et de sapins, les clients visitent les rayons de jouets . Mais les caddies et les paniers sont remplis de guirlandes et d’objets nécessaires à la décoration des sapins. A la question de savoir pourquoi les cadeaux ne sont pas encore pris, la majorité des parents répondent qu’ils attendent les soldes. Au froid industriel, les parents ne ménagent pas d’efforts pour faire plaisir à leurs progénitures. Voitures géantes, poupées grandeur nature et autres objets remplissent les caddies et de longues files de clients devant les caissières. «On sent Noël et les parents affluent. Mais par rapport aux années passées, les parents sont hésitants. Il y a un de nos clients qui me laisse toujours un peu d’argent quand je l’aide à porter ses bagages jusqu’à sa voiture. Mardi, il a pris des jouets et il n’a pas hésité sur la somme à me donner. C’est comme par le passé, il n’y a aucun changement », explique-t-elle. Silué F., cadre dans une entreprise, explique que ces deux derniers enfants ont déjà écrit leurs lettres au père Noël depuis longtemps.
La peur et le manque d’argent, un frein
Si beaucoup d’Ivoiriens sont dans l’ambiance des fêtes et enthousiastes, certains sont encore hésitants. K. Martin, 57 ans, père de cinq enfants ne cache pas son inquiétude. Il estime qu’il est encore tôt pour fêter et se réjouir, car les blessures du passé ne sont pas encore totalement refermées. «Nous qui avons perdu des êtres chers ne pouvons pas fêter. Je ne le dis pas seulement par rapport à moi, mais à tous ceux qui ont perdu des êtres chers durant cette crise. On n’a pas encore fini de se réconcilier », évoque-t-il. Si pour Martin, les évènements récents et douloureux sont un frein à la célébration des fêtes, Tanoh A., instituteur, préfère prendre son temps et attendre la fin des élections législatives. Pour lui, la tension est trop vive pour parler de fêtes ou faire des préparatifs. « Quand on prend un journal, c’est écrit que les militants des différents partis sont au bord de l’affrontement. J’ai très peur », explique-t-il. Le manque d’argent constitue aussi un frein pour certains qui ne pourront pas célébrer Noël et la Saint Sylvestre comme ils le souhaitent. K. S, enseignante de physiques au lycée technique de Cocody, confie qu’il ne lui reste plus rien après l’inscription de sa fille en classe de 6ème au lycée Sainte Marie de Cocody. Cette mère de famille explique qu’elle a dû débourser énormément d’argent pour les frais de scolarité, l’uniforme et les fournitures. « J’avoue que j’ai été prise au dépourvu. Je ne m’attendais pas à tous ces frais. Il m’a été demandé de payer des maillots de bain pour ma fille, du matériel pour des cours de cuisine et j’en passe. J’ai tout acheté pour ne pas qu’elle soit complexée vis-à-vis de ses camarades qui auront toutes leurs fournitures. Les deux autres en classes de Cm1 et Cp1 sont au Groupe Rodin de Yopougon et avec les inscriptions et les fournitures, nous avons dépensé environ 500.000 Fcfa mon mari et moi. Il n’y a plus d’argent. On attend de voir, Noël et le nouvel an ne sont pas des priorités, on peut manger juste deux poulets », estime-t-elle. Une vision partagée par Yolande Kouamé. Elle explique que chaque 30 décembre depuis qu’elle a eu le Bepc, son père lui remet la somme de 10.000 Fcfa pour les fêtes. « Dans ces conditions, il faut que je coure dans tous les sens pour avoir quelque chose à me mettre. Car l’argent qu’il donne n’est pas suffisant, ce sont mes économies que je prends pour compléter », confie-t-elle.
Napargalè Marie