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Politique Publié le lundi 9 janvier 2012 | Le Patriote

Huit ans après la disparition de Kieffer, Où et comment le corps a été découvert

Yaokro. Six lettres pour désigner un petit village paisible et sans histoire. Mais qui, depuis quelques jours, en tout cas, depuis la découverte des restes du corps du journaliste Franco-canadien Guy-André Kieffer, deviendra à coup sûr, le village le plus populaire de la Côte d’Ivoire. Et comment? C’est en effet, dans ce village que, ce qui reste de la dépouille du journaliste a été découvert, vendredi dernier. Situé à une vingtaine de kilomètres d’Issia sur l’axe menant à Saioua, Yaokro est situé juste après le pont qui relie les deux villes. C’est là, juste à côté de la rivière sur laquelle est construit le pont, que les assassins présumés du journaliste l’ont enterré. Pour la petite histoire, Yaokro est un village peuplé majoritairement de Béninois. Selon les informations en notre possession, ce sont des habitants de ce village qui auraient servi de ‘’main-d’œuvre’’ pour enterrer le journaliste déjà mort devant un capitaine de l’armée ivoirienne qui aurait, avec ses hommes, supervisé la mise sous terre de Kieffer, quelques temps après son rapt.

Pendant ce temps, le temps passe

Puis, dans le silence de la nuit et dans le secret le plus absolu, tout le monde a regagné chez lui, certainement avec la certitude que rien ne filtrerait de cet acte plus qu’odieux et inhumain. Pendant ce temps, le temps passe. Indifférent aux calculs des hommes. Indifférent à leur joie et à leur tristesse. Le temps passe tellement vite que huit longues années se sont écoulées sans que l’on ne sache avec exactitude, ce qui s’est réellement passé. Sur la situation de Guy-André Kieffer, que n’a-t-on pas dit. Le pouvoir en place alors, notamment Simone Gbagbo ne se gênait même pas à narguer les amis, parents et connaissances du journaliste. Elle a même poussé le cynisme loin en affirmant que Guy-André Kieffer, se trouvait au Ghana auprès d’une autre de ses épouses et qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. De leur côté, les parents du disparu n’ont jamais douté que le journaliste avait été bel et bien tué. Depuis le vendredi 6 janvier passé, la vérité a éclaté, mettant fin par la même occasion, à un mystère qui aura duré prés d’une décennie. Ce vendredi là, soutiennent nos informateurs, le juge français Patrice Ramaël, en compagnie de deux gendarmes français et sous la direction du Lieutenant Doumbia Alassane, le commandant FRCI du département d’Issia (chef-lieu de département) qui couvre Saioua, Boguedia, Iboguhé, et ses hommes se rendent à Yaokro pour déterrer le corps de Guy-André Kieffer. La question que l’on se pose est de savoir comment a-t-on su que ce corps que l’on cherchait depuis belle lurette, était enterré là, dans ce petit village peuplé majoritairement de Béninois? Qui a eu le courage de mener une enquête pour savoir que c’est ici que le corps du journaliste se trouvait? Qui a eu (enfin) le courage pour dévoiler l’un des plus grands secrets d’Etat que la Refondation a toujours jalousement gardé? Selon des témoignages, l’homme qui a permis l’éclatement de la vérité n’est autre que le Lieutenant Doumbia Alassane. «Depuis son arrivée, il s’est lancé dans une série d’enquêtes, notamment la découverte des caches d’armes, car les barons de l’ancien régime en avait distribué en quantité à leurs parents et partisans. Et parallèlement à cela, il menait aussi sa petite enquête sur la disparition du journaliste », raconte un habitant de la ville d’Issia, sous le couvert de l’anonymat. L’enquête du commandant FRCI aura duré un peu plus d’un trimestre, nous apprend-on. Dans Issia, les langues commençaient déjà à se délier après la chute du régime Gbagbo. Et ces langues racontaient qu’un homme- un Blanc- avait été enterré dans un village. Mais personne ne pouvait dire avec exactitude que c’était le corps du journaliste. Sans doute par peur de connaître le même sort que lui, au moment où la Refondation était au summum de la violation des droits de l’Homme et surfait allégrement sur les vagues des assassinats extrajudiciaires. Les supputations, quant à elles, continuaient d’aller bon train. Elles ont même soutenu qu’il pourrait s’agir de la dépouille d’un Libanais qui, rapporte la rumeur, aurait disparu de la ville. En tout cas, tout Issia bruissait et les bruits soutenaient qu’un Blanc avait été enterré dans le département. C’est de ce point qu’est partie l’enquête du Lieutenant Doumbia. Qui a été facilitée par un informateur qui lui aurait dit qu’un homme blanc a été enterré dans cette zone sans plus de précision. De fil en aiguille, le militaire a cherché et trouvé l’endroit exact où se trouvait le corps. C’est pourquoi, le jeudi dernier, le juge Patrick Ramaël qui a passé la nuit à Issia s’est rendu le lendemain vendredi sur les lieux. Quelques coups de pioche et oh ‘’miracle’’, des ossements humains sont découverts. Il s’agit des restes du journaliste qui a été enlevé un 16 avril 2004 sur un parking d’un super marché de la capitale ivoirienne. Les ossements ont été ramassés après l’exhumation du corps et transférés sur Abidjan le même jour, c’est-à-dire vendredi, après que des prélèvements aient été faits pour les analyses ADN. En attendant les résultats qui vont confirmer qu’il s’agit bel et bien du corps du journaliste Guy-André Kieffer, Issia en général et le village de Yaokro en particulier, ont la gueule de bois. Les populations se sont réveillées hier dimanche, jour saint pour les chrétiens catholiques, avec la lourde et insupportable réputation d’avoir été la ville et le village où le corps de Guy-André Kieffer a été découvert. Près de dix ans plus tard.

Yves-M. ABIET, Envoyé spécial à Issia
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