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Société Publié le jeudi 12 janvier 2012 | Le Temps

Après les Affrontements de Sikensi : La population accuse l’Onuci

Sikensi, il est 9 h lorsque notre véhicule aborde la ruelle principale qui mène vers la gare d’Abidjan. L’ambiance à cet endroit est bon enfant. Tout semble se passer comme si de rien n’était. Les vendeurs et autres marchands que nous dépassons sont très préoccupés par leur business. Notre car s’immobilise dans un coin de la rue. Le convoyeur nous demande de descendre, parce qu’il ne peut plus continuer. Nous descendons du car. Nous nous adressons à une commerçante pour qu’elle nous indique le chemin qui pourrait nous mener chez le chef des Abidji. « Vous n’êtes pas loin de la maison du chef. Empruntez la ruelle à votre droite, et renseignez-vous dès que vous serez sur la côte la haut » dit-elle. Au fur et à mesure que nous avançons, nous découvrons les dégâts causés par les affrontements. Des maisons éventrées, des toits brûlés, des magasins saccagés… Le spectacle est saisissant. Nous marquons alors un arrêt. Un homme d’un âge assez respectable, nous suit du regard, de sa cour aux toits calcinés. Il s’approche de nous et se présente.
«Je suis natif de ce village. Vous êtes certainement des étrangers. Mais vous êtes ici au quartier B. Comme vous le constatez, c’est le quartier qui a été attaqué par les jeunes du Rhdp. Voyez vous-même l’ampleur des dégâts. Nous avons perdu beaucoup de nos biens ici ». Il indique avec empressement, les deux maisons de ses parents qui sont parties en fumée. Derrière la cour, il montre une autre maison dont les portes sont fermées. Mais à travers les fenêtres brisées, on aperçoit le reste des effets vestimentaires consumés par les flammes. Dans cette maison, tout est parti en fumée. Cet homme dont les initiales de son nom sont A. S. F, a du mal à expliquer le drame qui s’est abattu sur leur famille ce lundi 26 décembre aux environs de 10 h. Il se contente de dire tout simplement qu’il a eu la vie sauve par la grâce de Dieu. Notre conversation attire ses voisins galvanisés par notre présence. Des villageois nous interrogent et exigent que nous nous présentions. Après les civilités, les langues commencent à se délier. L’amertume est grande dans la population surprise par l’ampleur de l’attaque. Pour certains, cette attaque est préméditée. Parce que les magasins détruits appartiennent tous aux opérateurs économiques autochtones. Pour Mme A. K. S, la vie s’est arrêtée ce lundi 26 décembre 2011.
Un préjudice très lourd
A la veille des fêtes de fin d’année, elle a fait le plein de son magasin dans lequel elle a installé cinq congélateurs. Elle évalue de ce fait, ces dépenses à plus de six millions de Fcfa. Mais dame A K S n’a jamais pensé que son commerce allait subir la furia des jeunes du Rhdp. Tout a été pillé, et les cinq congélateurs ainsi que des caisses de liqueurs et autres boissons de qualités ont été emportées.
«C’est un malheur qui s’est abattu sur moi. Ils ont tout pillé. Même les caisses vides et les casiers de viande ont été pris. J’ai du mal à comprendre ce qui m’est arrivé. Je ne suis pas la seule qui tient ce genre de magasin. Regardez là-bas, tous les magasins de mes voisins qui eux sont des commerçants allogènes sont épargnés. C’est un acte prémédité et cela n’est pas bon », se lamente A.K .S. Dans le même voisinage, les domiciles de M. Poda Jean-Marc et Sœur Catherine Poda, ont été brûlés. Ils ont ce jour là, quitté leurs cours en flammes pour éviter d’être consumés par l’incendie. « J’ai eu juste le temps de fuir la maison. Les enfants et les femmes ont bien fait de quitter la cour familiale avant l’incendie. Nous avons perdu des biens inestimables. Aujourd’hui, nous vivons comme des nécessiteux » raconte Jean-Marc. Dans l’arrière cour, un peu plus loin, discute discrètement un groupe. C’est une réunion de concertation entre les membres d’une même famille qui a subi la furia des manifestants du Rhdp. Leur maison est détruite par les flammes. Mme Y. C.S est dépassée par l’ampleur du désastre. Son bistrot a été pillé sous ses yeux, par des hommes qu’elle a bien identifiés. «J’ai été surprise par ce que j’ai vu. L’Onuci couvre les pillards. La plupart de ceux qui ont pillé mon commerce ont l’habitude de venir consommer l’alcool chez moi. De ma cachette, je les voyais se ruyer sur mon magasin pour le vider. Ils ne l’ont pas brûlé, parce qu’ils savaient ce qu’ils sont venus chercher » conclu-t-elle. Des villageois soutiennent que lorsque les autochtones ont voulu répliquer, la force Onusienne (Onuci), s’est interposée. Certains font savoir que c’est pourtant devant les soldats de l’Onuci que les jeunes du Rhdp ont fait ce pillage. Ce que soutient le patriarche Allaba T. Christophe (75 ans), enseignant à la retraite. Il a vu les vitres de sa villa voler en éclats, et la toiture défoncée. Il se propose de déposer une plainte à la gendarmerie pour destruction gratuite de biens d’autrui. La maison du chef de terre Adou Adehi Denis, a été aussi pillée. A cet effet, le chef de Sikensi, quartier B, Podda Barthelemy assisté du notable Ayiba Ernest de la chefferie centrale de Sikensi, vient constater les dégâts. Il exprime son indignation de voir la maison d’un dignitaire et propriétaire terrien subir un tel pillage.
La purification pour consolider la réconciliation
Le chef Podda est triste de constater que la confiance qui existait entre les Malinké et les Abidji s’effrite. Il s’insurge à cet effet, contre les allégations d’un certain Fofana qui au plus fort de cette crise a jeté l’huile sur le feu. Il rassure la communauté Malinké, et remercie surtout le préfet de Sikensi qui s’est personnellement investi pour que la paix revienne dans sa ville. « Nous nous sommes déjà rencontrés avec nos frères Malinké sous les auspices du préfet. Nous œuvrons ensemble pour ramener la paix. Cependant, pour que cette réconciliation soit effective, nous avons demandé au gouvernement pour que les victimes des pillages et autres exactions soient dédommagées. Nous sommes pour la réconciliation et nous ferons tout pour que la paix revienne à Sikensi » insiste le chef Podda. Les sages exigent avant tout autre acte, la purification de tout Sikensi. Ce qu’attend le peuple Abidji pour engager la réconciliation avec leurs frères malinkés.
Jean-Baptiste Essis
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