Paul-Antoine Bohoun Bouabré, ancien ministre de l’Économie et des Finances, puis ministre du Plan et du Développement, a tiré sa révérence dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 janvier 2012, dans un hôpital de Jérusalem en Israël. Celui que l`on appelle « le poulain intellectuel de Laurent Gbagbo » est décédé dès suite d`une « grave insuffisance rénale ». Il serait, selon un confrère, « en attente d`une greffe de reins ». Paul-Antoine Bohoun Bouabré, originaire du département d`Issia, est né le 09 février 1957. Professeur Agrégé d`économie, qui jouissait d`une grande vogue auprès de l`ex-couple présidentiel, Laurent et Simone Gbagbo, il a été notamment ministre d’État, ministre du Plan et du développement dans le gouvernement de Charles Konan Banny, avant de voir ses prorogatives réduites dans les gouvernements Soro 1 et Soro 2. « Je vous confie ce jeune Bohoun Bouabré... Il est pour moi, ce qu`un fils est pour son père. Peuple d`Issia, prenez soin de lui. Il est promis à un grand destin national », disait de lui Laurent Gbagbo, lors de sa visite dans cette localité au mois de mars 2008, à l`occasion de l`investiture de l`Union fraternelle des Akan de l`ouest de la Côte d`Ivoire, une organisation mise en place par feu Désiré Assigni Tagro, ancien ministre de l’Intérieur, fils du département, avec qui Bohoun Bouabré se disputait le leadership politique. Laurent Gbagbo n`avait pas tari d`éloges à l`endroit de son « poulain », qui, selon lui, « avait sauvé le pays par sa parfaite maîtrise de l`économie, ce qui lui a permis de mettre en place un « budget sécurisé ». Paul-Antoine Bohoun Bouabré était à deux doigts d`occuper le fauteuil de gouverneur de la Bceao ( Banque Centrale des États de l’Afrique de l`ouest), en remplacement de Charles Konan Banny, nommé Premier ministre suite à la résolution onusienne 1633 votée en 2005. Mais sa candidature s`est heurtée au refus catégorique de certains pays de l`Union économique monétaire ouest africaine ( Uemoa), dont le Sénégal et le Burkina-Faso, notamment. Finalement, le choix des chefs de l’État s`est porté sur Philippe-Henri Dakoury-Tabley. Après la chute du régime Gbagbo dont il était l`un des « mammouths », Bohoun Bouabré, contrairement à ses camarades de l`ex-majorité présidentielle ( Lmp) qui ont trouvé refuge dans les pays de la sous-région, a pris la direction d’Israël pour s’établir à Jérusalem où il vient de trouver la mort. Il avait séjourné récemment, selon des sources digne de foi, dans une clinique en Afrique du Sud, devant la dégradation vertigineuse de sa santé avant de regagner Jérusalem, il y a quelque temps. Paul-Antoine Bohoun Bouabré, dont les avoirs, comme ceux de nombreux proches de Laurent Gbagbo ont été gelés, faisait également l`objet d`une procédure judiciaire devant la justice ivoirienne pour des crimes commis pendant la crise post-électorale. Il était en outre visé par un mandat d`arrêt international. Les démarches qu`il auraient entreprises auprès des nouvelles autorités ivoiriennes, en vue du dégel de ses avoirs n`auraient pas connu un aboutissement heureux. Son nom était régulièrement cité dans l`affaire de la disparition à Abidjan en 2004 du journaliste franco-canadien, Guy-André Kieffer.
Avec la mort de Gnan Raymond récemment au Bénin, celle de Bohoun Bouabré donne le sentiment qu`une fatalité plane sur les proches de Gbagbo en exil...
Armand B. DEPEYLA
Avec la mort de Gnan Raymond récemment au Bénin, celle de Bohoun Bouabré donne le sentiment qu`une fatalité plane sur les proches de Gbagbo en exil...
Armand B. DEPEYLA